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Chris Hadfield a eu l’idée
de devenir astronaute le 20 juillet 1969, le soir où Neil Armstrong a
marché sur la lune. Quelque 30 ans plus tard, le 22 avril 2001, il est
devenu le premier Canadien à quitter un vaisseau spatial pour flotter
librement dans l’espace.
Chris Hadfield est très conscient du rôle que les enseignantes et
enseignants ont joué pour lui permettre d’atteindre le but qu’il s’était
fixé.
«Dans la vie, chaque personne que vous rencontrez a accompli quelque chose
que vous n’avez pas fait et chacune d’entre elles à quelque chose à vous
dire, dit-il. Les enseignants ont eu une influence directe sur ce que je
sais et comment j’apprends. J’ai une dette considérable envers eux.»
Quand il se rappelle les enseignantes et enseignants qui l’ont aidé à
atteindre son but, l’un des premiers noms qui lui vient à l’esprit est
celui de Dean Murray, son enseignant de mathématiques de 13e
année à la Milton District High School en 1976. Ironie du sort, c’est
son empressement à quitter l’école secondaire qui l’a amené dans la
classe de Murray.
«Je suis arrivé à l’école Milton en 13e année parce que
son horaire fonctionnait par semestre. Je voulais finir l’école plus tôt
afin de faire du stop en Europe avant de commencer l’université. Je
pouvais gagner six mois en changeant d’école», ajoute Hadfield. Il s’en
trouvait pour le décourager de ses projets, «notamment mes parents», se
rappelle-t-il, mais ses plans l’ont mis sur le chemin d’un enseignant
qui a eu une influence durable sur lui.
«Dean Murray a été le premier enseignant, si je me rappelle bien, à me
montrer un manuel qui n’avait pas subi l’usure du temps, simplement un
livre écrit par quelqu’un d’autre qui essayait de démontrer sa
théorie. Nous avons même utilisé ce livre comme manuel en classe, l’avons
lu en entier, y compris l’introduction, et pas seulement passé à la page
18 et fait les exercices 12 à 14», précise Hadfield.
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Murray «a rendu les mathématiques pratiques, logiques et intéressantes,
il m’a fait comprendre la matière et sa portée et comment on en était
venu à inventer les mathématiques pour expliquer le monde qui nous entoure.»
Pourtant, Hadfield croit que l’influence de Murray allait bien au-delà de
la matière enseignée; sa méthode enseignait aussi aux élèves comment
apprendre.
«Il abordait les mathématiques avec rigueur, de façon ordonnée. Il posait
un problème, nous disait "votre tête est comme un tiroir rempli de
compétences et quelque part dans ce tiroir se trouvent les compétences requises
pour résoudre ce problème que vous n’avez jamais vu avant. Il vous reste
donc à puiser à même ce problème les éléments que vous reconnaissez, ce
qui vous semble familier ou à mettre ensemble ce que vous avez appris jusqu’à
maintenant d’une nouvelle façon pour parvenir à résoudre le problème".
C’était le genre d’attitude qu’il inculquait qui m’a servi depuis toujours
et a sans aucun doute largement contribué à mon succès», dit Hadfield.
Dean Murray, qui enseigne toujours à l’école Milton, se souvient d’avoir
parlé à Hadfield de ses rêves de devenir astronaute. Il n’a jamais
douté qu’un jour il atteindrait son but. «Chris travaillait sans
relâche, il pouvait réussir tout ce qu’il entreprenait.»
«Quand il ne comprenait pas quelque chose dans une leçon, il l’étudiait
jusqu’à l’avoir bien comprise», ajoute Murray, plutôt que de simplement
baisser les bras et s’avouer vaincu.
Murray était l’un des membres du groupe de la région de Milton qui s’est
rendu à Cap Canaveral en 1995 pour assister au décollage de la navette
spatiale de Hadfield qui se rendait à la rencontre de la station russe Mir.
«Ce fut une expérience incroyable, se rappelle Murray. J’en ai eu le
souffle coupé. J’ai été rempli d’une immense fierté, et je lui suis
reconnaissant d’avoir eu une opinion aussi élevée de moi à l’époque
que celle que j’ai de lui maintenant. Il est l’un des plus grands
Canadiens que nous ayons jamais eus.»
Hadfield a d’excellents souvenirs d’autres enseignants. Irene Wedeles,
son enseignante du programme d’enrichissement de la 5e à la 7e
année à la W.H. Morden Elementary School à Oakville, «percevait tout
apprentissage comme une aventure.»
Hadfield dit, «qu’elle nous ouvrait des portes en disant "voici ce
que nous allons apprendre et je veux vous voir utiliser vos propres
capacités pour découvrir des choses, les examiner, les comprendre et pour
étudier le monde qui vous entoure et ne pas percevoir les choses de
manière statique".»
À son retour d’Europe, Hadfield a étudié avec Craig Moffatt au Collège
royal militaire de Kingston, professeur réputé qui avait «un don inouï
pour susciter l’intérêt de ses étudiants, pour enseigner la matière d’une
manière stimulante et intéressante plutôt que d’un point de vue
simplement informatif où l’on absorbe le plus de matière possible pour
ensuite la régurgiter dans un examen final pour ensuite tout oublier.»
«Si j’avais voulu devenir enseignant, ajoute Hadfield, j’aurais
combiné la personnalité de ces trois personnes, avec leur sens du défi,
de la compréhension et leur engagement continu envers ce qu’ils font.»
Hadfield, qui visite régulièrement des écoles au Canada, y compris celles
à Milton où a été créée une bourse en son nom pour aider les élèves
à se rendre à l’université, est reconnaissant du fait que sa carrière
et ses réalisations lui permettent de rester en contact avec ceux de qui il
a tant appris.
«Avec ma carrière et la vie publique qui l’accompagne, il est très
agréable de pouvoir rencontrer maintenant de nombreuses personnes que je
connais depuis longtemps. Et il est encore plus réconfortant de pouvoir
remercier en personne ceux qui m’ont enseigné au fil des années.»
«À mon avis, pour bon nombre d’enseignantes et d’enseignants, c’est
de voir tout le potentiel chez leurs élèves qui fait leur joie d’enseigner.
J’espère qu’ils se rendent compte que je réalise toute l’influence
qu’ils ont eu sur moi.»
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