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Les enfants veulent avoir du fun Enseigner les arts en Ontario. |
de Joyce Mason L'idée que l'art contient des messages, révèle une signification et facilite la compréhension est peut-être la principale raison pour laquelle les enseignants considèrent qu'il fait partie intrinsèque de l'éducation. L'art nous apprend des choses. L'art dans les écoles est source de plaisir. Qualité à double tranchant, certains y verront plutôt une frivolité superflue. Il n'est donc pas surprenant que les programmes d'art soient les premiers à disparaître dans un système d'éducation en quête d'économies. Il est indéniable que l'enseignement des arts en Ontario est jonché d'obstacles, mais le manque de données statistiques précises pour évaluer la situation et remédier à ses problèmes est certainement son pire ennemi. «En vérité, une des tragédies de la situation c'est que les statistiques dont nous avons besoin n'existent pas», explique George Bishop, président de la Coalition for Music Education in Canada. Afin de rassembler des données courantes sur la situation au niveau de la province, il faudrait beaucoup d'argent et de coopération. Selon Bishop, certains sembleraient hésiter à fournir l'information nécessaire. «Le ministère de l'Éducation doit avoir des statistiques. En tout cas, il ne les divulgue pas, se plaint Bishop. Au niveau de l'école, lorsqu'un directeur décide de supprimer le programme de musique pour garder la bibliothèque ouverte, il est évident qu'il ne va pas se porter volontaire pour répondre à un sondage dont le but est d'évaluer l'enseignement de l'art dans les écoles. «Je peux seulement vous dire qu'en 1992, lorsque nous nous avons examiné 32 principaux conseils scolaires dans le sud de l'Ontario, chaque conseil avait son propre coordonnateur de musique, remarque Bishop. Aujourd'hui, il n'en reste qu'un : Alfredo Harrison, à Toronto. Après la fusion des conseils, Harrison s'est soudain retrouvé responsable de l'équivalent de six conseils scolaires!» La demande perdure, les ressources diminuent
«On craignait que la compression de cinq années en quatre et l'augmentation des crédits exigés (18 au lieu de 16) aient un impact négatif sur les arts. Pourtant, les données montrent que proportionnellement, les élèves du secondaire fréquentent les cours d'arts autant qu'avant. Le nombre d'élèves de 11e année qui suivent des cours de musique (16 %), d'arts visuels (20 %) et d'art dramatique (12 %) reste le même. Le changement est ailleurs. «Il y a moins d'élèves à cause de la perte d'une année. Et puisque la musique et l'art visuel sont des sections généralement plus restreintes, la baisse de l'effectif rend la survie des programmes difficile dans certaines écoles.» Si les programmes existent toujours, ils sont souvent combinés à d'autres. Certaines écoles mettent les 11e et 12e années ensemble, et les plus petites écoles s'allient à d'autres. Susan Davies, coordonnatrice des arts au conseil d'Hastings et Prince Edward est d'accord. «Dans notre cas, le plus gros problème a été la réduction d'une année au secondaire, car nous avons eu du mal à maintenir des programmes comme le théâtre musical et la musique d'orchestre.» Les ressources étant distribuées en fonction de la popularité d'un cours, les conséquences pour les programmes d'arts sont claires. Dans le comté de Simcoe, certaines écoles secondaires se sont associées avec celles qui les alimentent afin d'offrir des cours d'introduction à la musique instrumentale aux élèves de l'élémentaire et ainsi encourager leur participation au secondaire. Les écoles élémentaires font face à d'autres problèmes. Si les défenseurs de l'enseignement des arts au secondaire déplorent que l'augmentation des cours obligatoires et la réduction du nombre d'années se fassent aux dépends des arts, le nouveau curriculum, à l'élémentaire, a créé un autre problème. Le curriculum des arts de 1998 confirme l'importance de la matière, mais les enseignants ont eu moult difficultés à le suivre. «Le plus gros problème, c'est la réduction des ressources, dit King, surtout à l'élémentaire.» Malgré la rigueur et les exigences du programme d'arts et le respect implicite que cela leur donne, certains enseignants chevronnés continuent de se demander si l'apprentissage séquentiel qui en ressort est vraiment réalisable à l'élémentaire et comment l'enseigner. «Alors que le curriculum semble renforcer le sérieux de cette matière et le respect qui lui est dû, on a quelquefois l'impression de compter des billes, dit Wendy Hughes, qui enseigne cette année la 5e année à Toronto. On peut compter dans un ordre ou dans l'autre. «En mathématiques, c'est vrai, il faut savoir comment multiplier avant de pouvoir diviser, dit-elle, mais pour apprendre à peindre, les élèves ne sont pas forcés de suivre une séquence précise. Il n'y a pas d'avantage à leur enseigner le tracé des lignes horizontales avant le disque des couleurs. Il faut mettre ces connaissances à la disposition des élèves chaque année. Il s'agit surtout de se familiariser avec les matériaux!» Une classe d'art visuel à l'élémentaire peut être chaotique, exigente et coûteuse. «Je dispose de 10 $ par élève pour les fournitures d'arts, de sciences, les cahiers... tout quoi!» s'exclame Kevin Hunt, enseignant de 7e année et directeur-enseignant des arts durant l'été à Richmond Hill. Les restrictions budgétaires combinées aux nombreuses attentes obligent les enseignants à faire preuve de créativité. Hunt s'inquiète qu'avec seulement une classe sur 40 consacrée à l'art visuel, certains enseignants font d'une pierre deux coups et demandent aux élèves d'illustrer la page couverture de leur projet de recherche pour s'acquitter des exigences du programme. Hughes fait remarquer que «le curriculum permet aux enseignants qui s'intéressent moins à l'art ou qui sont moins à l'aise de transformer l'art en une autre matière. Je vois de moins en moins d'activités artistiques réelles.» Trouver de l'aide
L'augmentation du budget du Conseil des arts de l'Ontario (OAC) devrait rendre ces activités plus disponibles. Le programme des artistes de l'OAC dans les écoles, qui s'occupe des honoraires et du déplacement des artistes qui travaillent avec les enseignants, se verra attribuer 621 000 $ de plus cette année, soit une augmentation de 50 %. Jay Pitter, coordonnateur de programme, dit qu'ils veulent élargir l'étendue du programme et permettre aux artistes de rester plus longtemps dans les classes. En général, ce sont les artistes qui offrent leurs services aux écoles, mais les écoles peuvent aussi prendre contact avec l'OAC si elles ont besoin d'aide pour trouver un artiste (jpitter@oac.on.ca). «Les commentaires sont très positifs et témoignent de l'impact formidable des visites d'artistes sur les élèves.» Steven Campbell, directeur des partenariats communautaires à l'OAC, affirme que l'enseignement est une des clés de leur plan stratégique. Des fonds supplémentaires seront donc alloués aux programmes d'enseignement de l'art (qui financent les groupes qui se rendent dans les écoles) et la source principale du financement d'organismes qui offrent des programmes éducatifs. Les ressources communautaires et les partenariats sont des thèmes qui reviennent lorsque les éducateurs parlent de leurs efforts de maintenir leurs programmes d'arts visuels, d'art dramatique et de musique. «Nos programmes d'arts ont continué malgré le manque de budget et de personnel, rapporte Lorne Keon, directeur du conseil scolaire du district catholique du comté de Renfrew. Grâce à l'expertise de notre personnel et à l'aide de nos enseignants retraités, les programmes de musique vocale ont toujours du succès.» «Une petite école comme la nôtre doit faire preuve d'innovation, dit Cheryl St-Elier, directrice de l'école élémentaire Our Lady of Grace. Avec 35 élèves répartis en deux classes au cycle moyen, les deux enseignants de l'école ont combiné l'art dramatique et le programme d'anglais. Afin de monter une représentation du Carnaval des animaux, une composition de Saint-Saëns, ils s'essayent à la rédaction de scénarios, à la co-édition et au remue-méninges. Chaque élève écrit une histoire inspirée des éléments et des thèmes de la pièce musicale. Élèves et enseignants profitent de l'expérience puisque les enseignants apprennent de nouvelles méthodes. «Ces connaissances nous suivront où que nous allions, d'observer St-Elier. C'est un autre modèle pédagogique d'enseignement et de préparation de cours.» Pour l'école Our Lady of Grace, le résultat a été tout autant payant qu'éducatif. Les autres écoles de la région ont amené leurs élèves par bus entiers pour assister à la pièce, et la troupe est même partie en une mini-tournée. Bien que le coût initial de production ait frisé les 500 $, le projet a rapporté près de 2 000 $. D'un autre côté
People for Education rapporte qu'en 1997-1998, 58 % des écoles élémentaires avaient un enseignant de musique à temps plein, alors qu'en 2002-2003, cette proportion était de 41 %. Pour les arts visuels, un domaine encore plus limité, la proportion est passée de 20 % en 1998-1999 à 19 % en 2002-2003. Chaque conseil, chaque école fait des choix différents. Mais en général, comme le remarque Annie Kidder de People for Education, les chiffres reflètent l'élimination de la musique instrumentale dans la plupart des écoles élémentaires. Quant à la musique vocale, les exigences du curriculum et le modeste coût de l'instrument sont deux facteurs qui l'ont aidée à survivre. N'oublions pas de créditer l'expérience des spectateurs dans l'enseignement de l'art. Dans l'apprentissage de la lecture, on sait bien qu'il est essentiel de voir d'autres lire. De là, il n'y a qu'un pas à faire pour dire qu'il est tout aussi important de voir que l'art est une expérience partagée. De voir les autres faire de l'art, vivre dans un environnement qui fait de la place à l'art, on est plus à même de les valoriser une fois adulte. «L'impact qu'ont les visites d'artistes de haut niveau sur l'inspiration des élèves est incalculable, dit Hughes. Lorsque vous voyez l'émerveillement dans les yeux d'un enfant qui n'avait jamais eu l'occasion d'assister à un spectacle en direct, c'est émouvant.» En fait, le facteur inspiration est tout aussi important pour l'enseignant que pour l'élève. Les questions sont nombreuses quant on en vient à se demander pourquoi enseigner l'art et comment le faire. Les réponses ne sont pas simples. Le monde de l'enseignement, tout comme l'art, comporte différents niveaux d'intention, de signification et de possibilités. Dans les prochains numéros de Pour parler profession, nous offrirons aux lecteurs des idées et des histoires vécues de ceux et celles qui enseignent les arts dans leur classe. |
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