Pour parler professionLa revue de L’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario
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Intimidation cybernétique

de Béatrice Schriever

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Parlement jeunesse

de Véronique Ponce

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État de la profession enseignante en 2007

de Lois Browne 

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de Leanne Miller

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État de la profession enseignante en 2007

84 % d’entre nous victimes d’intimidation cybernétique

de Lois Browne

La grande majorité des 210 000 enseignants certifiés de l’Ontario ont été la cible d’élèves s’adonnant à l’intimidation cybernétique. Le but de ces élèves est d’embarrasser les enseignants ou de les intimider en critiquant leur apparence ou leurs compétences à attribuer une note, en tenant des propos diffamatoires, ou encore en les menaçant de dommages corporels.

C'est la réponse qu’ont donnée les 1 000 membres de l’Ordre ayant participé au cinquième sondage annuel sur l’état de la profession qui a été effectué par téléphone, en juillet.

Les francophones, soit les membres qui ont choisi de communiquer en français avec l’Ordre, ont des points de vue fort différents de leurs collègues anglophones à plusieurs égards. Ils sont plus nombreux à dire que des élèves ont été victimes d’intimidation cybernétique et que les écoles et les conseils scolaires doivent prendre des mesures pour affronter ce problème; par contre, ils ont moins tendance à vouloir impliquer la police.

Les francophones ont aussi une attitude plus optimiste envers les changements au chapitre de la qualité de l’éducation et de la politique visant à réduire le nombre d’élèves par classe au cycle primaire.

force du cyberespace

Quatre-vingt-quatre pour cent des enseignants de l’élémentaire et du secondaire ont dit avoir été victimes d’intimidation cybernétique, un chiffre qui atteint 93 pour cent chez les enseignants francophones du secondaire.

(Lisez comment les écoles et le personnel enseignant de l’Ontario tentent de régler le problème dans «Intimidation cybernétique : menace ou occasion d’apprendre?».)

Les jeunes qui s’adonnent à l’intimidation cybernétique visent les enseignants et les autres élèves par l’entremise de courriels, de messagerie texte, de sites de clavardage ou de blogues, ainsi que par le biais de sites web avec isoloirs de vote, dans lesquels on trouve parfois des photographies et des vidéos.

Les enseignants indiquent qu’ils ont été eux-mêmes victimes ou qu’ils connaissent quelqu’un qui l’a été, de l’une des façons suivantes :

  • critique des vêtements, de l’apparence ou des manies particulières
  • critique du niveau d’impartialité en attribuant une note
  • propos diffamatoires
  • légère menace de dommage corporel
  • menace explicite de dommage corporel.

Près de 40 pour cent d’entre eux croient que l’intimidation cybernétique forcera certaines personnes à abandonner la profession, et 28 pour cent sont d’avis qu’elle contribue à convaincre certains élèves d’abandonner l’école. Les enseignants trouvent aussi qu’elle diminue la qualité de l’enseignement, a un effet néfaste sur la satisfaction au travail et favorise le piètre rendement des élèves.

Une minorité pense que la situation est grave, mais son nombre suggère que le problème pourrait avoir un effet perturbateur. Vingt pour cent disent que les critiques sur les vêtements ou les manies sont les plus blessantes. La majorité trouve que les propos diffamatoires et les menaces de dommage corporel n’ont aucune incidence.

Les enseignants francophones ont été ciblés par courriel et dans les sites de clavardage au même degré, mais ont accordé moins d’importance aux autres formes d’intimidation que l’ensemble de leurs collègues.

Même si davantage de francophones que d’anglophones disent avoir fait l’objet d’intimidation cybernétique, ils sont moins nombreux à dire que l’on risque de quitter la profession pour cette raison.

Les répondants ne sont pas satisfaits du soutien qu’ils obtiennent au sujet de l’utilisation et de l’abus des communications électroniques.

La majorité dit que très peu d’écoles ont des règles formelles sur l’intimidation cybernétique envers le personnel enseignant, et que celles qui existent ne sont pas forcément bien comprises.

Que ce soit des élèves ou des enseignants qui sont victimes d’intimidation cybernétique, les répondants ont sensiblement la même réaction.

Seulement sept pour cent disent que l’école ou le conseil scolaire ne peut pas faire grand-chose à ce sujet. Près de la moitié des répondants disent que leur employeur devrait punir les élèves qui intimident les enseignants en ligne, et plus de 40 pour cent croient qu’il faut aviser la police dans presque tous les cas.

Les enseignants francophones préfèrent que l’école ou le conseil scolaire s’occupe du problème (59 pour cent) plutôt que de le signaler à la police (30 pour cent).

Communication par courriel

Il existe un manque de règles claires sur l’utilisation des moyens de communication électronique entre les enseignants et les élèves.

Alors qu’environ la moitié des répondants disent que les écoles ou les conseils scolaires ont des règles formelles et bien comprises sur la façon dont les élèves peuvent utiliser l’internet et le courriel, seulement un cinquième trouve que les règles sur les communications électroniques entre les enseignants et les élèves sont formelles et bien comprises de façon égale.

Du côté francophone, les enseignants nous font savoir qu’environ une école sur cinq a des règles formelles et bien comprises. Comparativement aux autres enseignants, les francophones trouvent qu’il n’y a pas assez de directives à ce sujet.

Que le manque de directives soit la cause ou qu’il y ait d’autres raisons, la plupart des enseignants soulignent qu’ils adoptent une approche prudente.

Seulement trois pour cent disent qu’ils communiquent souvent par courriel avec leurs élèves, alors que 83 pour cent ne le font jamais (80 pour cent chez les francophones). En général, les enseignants ont plus tendance à utiliser le courriel pour communiquer avec les parents, et seulement 60 pour cent disent qu’ils ne le font jamais (51 pour cent chez les francophones).

Problèmes difficiles

Malgré l’intimidation cybernétique et l’incertitude entourant l’état de la profession, la majorité des enseignants considèrent que les défis auxquels ils font face sont moyennement importants, sans plus.

Les préoccupations principales sont toujours les tests normalisés, l’état des installations scolaires et la sécurité dans les écoles. Le manque de respect envers la profession et l’intégration des élèves ayant des besoins spécialisés, deux défis qui étaient considérés comme très importants par le passé, sont maintenant moyennement importants.

Parmi les enseignants, seulement 29 pour cent pensent que les tests normalisés sont un défi très important pour les écoles; 32 et 31 pour cent respectivement trouvent que l’état des installations scolaires et la sécurité dans les écoles sont des problèmes graves ou très graves.

Les francophones sont du même avis que les enseignants en général au sujet des tests normalisés, mais pour presque tous les autres défis, ils les trouvent moins importants dans une proportion significative.

Le taux d’enseignants qui seront définitivement ou probablement toujours dans la profession dans cinq ans continue de monter; de 65 pour cent en 2003, il est passé aujourd’hui à 79 pour cent. Chez les jeunes enseignants de 18 à 34 ans, 97 pour cent planifient être toujours dans la profession dans cinq ans. Quatre-vingt-treize pour cent des enseignants de 35 à 49 ans disent la même chose.

Respect de la part du public

En ce qui concerne le respect de la part du public, les membres de l’Ordre placent les enseignants vers le milieu d’une échelle de six professions, dont les médecins, les comptables, les avocats, les agents immobiliers et les courtiers d’assurances. Selon les enseignants, les médecins auraient le taux de respect le plus élevé et les courtiers d’assurances le moins élevé.

Les répondants qui croient que les enseignants obtiennent une reconnaissance équivalente à leurs qualifications sont légèrement plus nombreux que ceux qui ne le pensent pas.

Malaises sous-jacents à la satisfaction

L’intimidation cybernétique ne semble pas avoir raison de l’enthousiasme des enseignants envers leur profession, puisque 79 pour cent s’attendent à l’exercer toujours dans cinq ans. Si l’on ajoute les 17 pour cent qui prévoient prendre leur retraite dans la même période, il reste seulement quatre pour cent des répondants qui pensent changer de carrière.

Mais on constate que certains malaises s’amplifient dans la profession.

En 2006, les enseignants ont dit qu’ils étaient très satisfaits de leur travail, de leur école et de la profession.

Cette année, ils indiquent un faible taux de satisfaction, ce qui était imprévu. Seulement 78 pour cent sont satisfaits du travail qu’ils font, alors que 70 pour cent sont satisfaits de leur école et 73 pour cent de la profession en général.

On constate la même baisse pour ce qui est de la qualité de l’éducation en général : 67 pour cent accordaient leur confiance au système en 2006; seulement 54 pour cent disent qu’ils en sont satisfaits en 2007.

Les chiffres de 2006 peuvent refléter le climat de paix et d’harmonie grâce au gouvernement provincial qui a donné des augmentations de salaire et plus d’argent pour les programmes de littératie, les livres et autres ressources pédagogiques.

Ceci peut aussi vouloir dire que, du point de vue démographique, la profession enseignante est en train de rajeunir. En Ontario, des milliers d’enseignants prennent leur retraite chaque année et sont remplacés par de jeunes enseignants sans expérience qui passent leurs premières années à remonter la courbe raide d’apprentissage de la profession.

Qualité et taille des classes

Les enseignants sont également divisés à savoir si la qualité des classes s’est améliorée, est restée la même ou s’est détériorée au cours des cinq dernières années. Les francophones ont un point de vue fort différent : 41 pour cent disent que la situation s’est améliorée et seulement 18 pour cent trouvent que ce n’est pas le cas.

La raison de cette différence est peut-être la politique visant à diminuer le nombre d’élèves par classe au cycle primaire.

En 2005, les enseignants ont déclaré que les classes comptant trop d’élèves étaient un problème dans les écoles de l’Ontario, et que diminuer la taille des classes serait l’une des mesures les plus efficaces pour améliorer l’apprentissage. Le gouvernement provincial a d’ailleurs mis en œuvre cette politique dès 2003.

Cette année, 66 pour cent des enseignants disent que la taille des classes au cycle primaire a été réduite, et 68 pour cent déclarent que l’effet fut positif. Les enseignants francophones sont plus enthousiastes : 84 pour cent disent que ce fut une décision positive.

Excédent d’enseignants

Au cours des dix dernières années, on est passé d’un manque grave dans toutes les matières à la situation actuelle, où il y a trop d’enseignants, sauf dans les domaines spécialisés comme les sciences, les mathématiques, l’informatique et le français.

Le temps qu’il faut aux nouveaux enseignants pour trouver un emploi permanent est d’environ trois ans, alors que les facultés d’éducation de l’Ontario et les collèges frontaliers continuent de décerner des diplômes au même rythme.

Les enseignants considèrent que l’excédent d’enseignants est moyennement important ou pas très grave, et ne sont pas en faveur de stratégies pour cibler les inscriptions dans les facultés d’éducation.

Seulement 15 pour cent des enseignants sont en faveur de trouver des moyens pour contrôler le nombre d’enseignants qui arrivent sur le marché du travail chaque année en fonction du nombre ou du type d’emplois disponibles, mais 22 pour cent des enseignants francophones trouvent que c'est une question importante.

Évidemment, comme le français est encore un domaine où on a de la difficulté à trouver du personnel enseignant, les francophones sont beaucoup moins sensibilisés sur ce point : seulement 11 pour cent sont très au courant comparativement à 33 pour cent pour tous les enseignants. Cependant, une plus grande proportion de francophones est d’avis qu’il s’agit d’un problème grave (37 pour cent par rapport à 25 pour cent pour l’ensemble de la profession).