de Michel Bénac
Richard Ranger, EAO
d’Annik Chalifour
Membre fondateur et leader
du groupe franco-ontarien SWING, Michel Bénac se souvient des pédagogues
et directions d’école qui, tout au long de son parcours scolaire, l’ont
appuyé dans son ardent désir de devenir musicien. Leur soutien indéfectible
lui a permis de devenir le leader d’un groupe musical reconnu dans
les communautés francophones et anglophones de l’Ontario, qui célèbre
cette année son 10e anniversaire.
Né à Ottawa, Michel Bénac a fait ses études élémentaires à l’école
Baribeau de Vanier, quartier francophone d’Ottawa. Vers la fin des
années 1970, cette école (qui n’existe plus aujourd’hui) faisait partie
du système scolaire des écoles catholiques séparées d’Ottawa. «Je n’étais
pas un élève modèle, mais plutôt un fauteur de troubles. J’avais le
don d’être toujours dans le pétrin et j’étais souvent réprimandé pour
mon comportement indiscipliné. À cette étape de ma vie, l’école m’apparaissait
comme une longue retenue de huit heures par jour, confie le musicien.
«Mon enseignante de 1re année, Mme Gervais,
ainsi que la directrice d’école, Mme Désormeaux, sont
les personnes qui m’ont le plus marqué, à l’école élémentaire. De la
1re à la 7e année, j’ai maintenu une
excellente relation avec Mme Gervais, une femme douce et
compréhensive. Quant à Mme Désormeaux, je me souviens
d’elle comme d’une personne qui savait écouter et qui m’encourageait
sans cesse, malgré mes innombrables bévues; deux femmes cool, dignes
des années 1970.»
Le secondaire, une étape décisive dans sa carrière
Michel Bénac a fréquenté deux écoles secondaires : le collège
catholique Samuel-Genest pendant un an et l’école secondaire André-Laurendeau
pendant quatre ans.
«Le secondaire ne s’est pas avéré plus facile pour moi que l’élémentaire.
Je continuais d’être un élève distrait, régulièrement mis à la porte
de la classe, et ce, jusqu’en 11e année. Mes notes
étaient passables dans toutes les matières de base. Ce qui m’a sauvé,
ce sont les cours de musique. C’était d’ailleurs la seule matière qui
m’intéressait vraiment et j’y excellais; mes notes en musique atteignaient
98 %.»
«J’aime croire que ma passion pour
le folklore a influencé le style musical de Michel.»
«C’est en 10e année, à l’école André-Laurendeau, que
j’ai fait la connaissance de Richard Ranger, qui m’a enseigné la musique
jusqu’à la fin de ma 12e année. Sans lui, je ne serais
sans doute pas l’homme et l’artiste que je suis devenu aujourd’hui.
Il m’a appris, en plus de la musique, à développer ma confiance en
moi-même, mon sens de l’écoute des autres, à devenir un adulte. Il
m’a encouragé à me surpasser sur le plan de la créativité artistique,
en me donnant constamment des défis qui m’ont permis de surmonter mes
doutes.»
Depuis la fin du secondaire jusqu’à aujourd’hui, Michel Bénac communique
régulièrement avec son ancien enseignant, une ou deux fois par année.
Celui-ci est maintenant conseiller en orientation à l’école Béatrice-Desloges
d’Ottawa. M. Ranger figure parmi les premières personnes à être
exposées aux nouvelles créations musicales du groupe SWING.
Accent sur la musique plutôt que sur les matières
traditionnelles
«J’ai aussi été fortement influencé par la directrice adjointe de
l’école André-Laurendeau, Mme Juliette Dazé. Je me
suis senti compris par cette femme qui, malgré mon comportement de
décrocheur, a pris le temps de m’écouter et de miser sur mon goût pour
la musique, afin de me sauver d’un pauvre avenir. Grâce à cette dame,
j’ai appris à me respecter et éventuellement à respecter les règles.
Nous avons continué à nous parler pendant nombre d’années, jusqu’à
il y a cinq ou six ans.»
En 10e année, Michel Bénac rêvait de mettre sur pied
son premier groupe. Avec l’appui de son enseignant de musique et l’approbation
de la directrice adjointe, il y a réussi. «Le groupe se nommait Vision
et était constitué de cinq à six élèves, mais on en avait parfois jusqu’à
neuf. Nous étions chargés d’organiser la programmation musicale lors
des danses d’école, cinq fois par année.» Cette expérience lui a permis
de se familiariser avec les arts de la scène et les relations publiques
liées à la tenue de spectacles. Vision a donné plusieurs spectacles
dans le cadre de différentes festivités pour la ville de Vanier.
«Je peux dire aujourd’hui que j’ai une carrière de musicien et de
leader d’un groupe reconnu grâce à l’apport inestimable de ces personnes
qui, au cours de mon secondaire, ont cru en mon potentiel de réussite
et m’ont toujours soutenu dans mes initiatives artistiques à l’école
et dans la communauté.
«J’étais vraiment sur le point de décrocher des études. J’ai obtenu
mon diplôme d’études secondaires de justesse, avec à peine les notes
de passage. Par contre, c’est aussi durant cette période que j’ai commencé
à me réaliser comme artiste, et ce, grâce à l’appui de Richard Ranger
et de Juliette Dazé, qui m’ont permis de m’accrocher à ma passion :
la musique. J’ai passé toutes mes périodes libres et au-delà des cours,
à faire de la musique.»
Quelques années après avoir terminé son secondaire, Michel Bénac s’est
inscrit à la Faculté de musique de l’Université d’Ottawa en tant qu’étudiant
adulte. Il a obtenu un baccalauréat en musique avec une moyenne élevée.
Un sens du leadership précoce
Richard Ranger, qui a enseigné la musique au secondaire en Ontario
pendant 25 ans, et qui a aussi enseigné en Europe, se souvient
de Michel comme d’un élève doué sur le plan musical, très créatif,
motivé et motivant.
«Michel démontrait déjà des qualités de leader. Il était convaincu
de ce qu’il voulait faire : de la musique. Il exerçait une influence
positive sur ses camarades, et il avait un fort sens de l’engagement
communautaire», dit-il.
À l’époque, vers la fin des années 1980, M. Ranger était chargé
de l’animation culturelle à l’école André-Laurendeau. «Michel faisait
partie de l’harmonie constituée d’une trentaine d’élèves musiciens;
il jouait de la trompette. Le groupe répétait une fois par semaine
en plus d’organiser de nombreux concerts annuellement. Michel participait
activement à toutes ces activités», ajoute Richard Ranger.
Il se rappelle avoir recommandé Michel à un groupe musical, pour l’encourager
davantage à mettre en valeur ses talents de musicien. «C’était important
pour moi, à cette époque, d’encourager les élèves à participer à toute
activité artistique. Ce groupe a organisé une danse de grande envergure
à l’école secondaire André-Laurendeau, durant laquelle il a joué de
la musique qu’il avait lui-même composée, dit-il. Par la suite, Michel
a eu son propre groupe nommé Michael B. and the Power, qui jouait
plutôt de la musique en anglais, très populaire auprès de la jeunesse.
Il a même enregistré à Nashville. Je me souviens que Michel est aussi
venu me voir en Allemagne lors de la promotion de l’un de ses CD.»
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Michel Bénac (à droite) communique
régulièrement avec son ancien enseignant, Richard Ranger (à gauche). |
L’ancien enseignant de musique est originaire du Rang de la 7, situé
entre Sainte-Anne et Saint-Eugène-de-Prescott. Amoureux de la musique
folklorique et des danses du terroir, il a présenté cette musique à
ses élèves. «J’aime croire que ma passion pour le folklore a influencé
le style musical de Michel qui, à travers le répertoire de SWING, a
su produire un mélange original de folklore traditionnel et de musique
techno qui sort de l’ordinaire. SWING a vu le jour huit ou neuf ans
après la fin des études secondaires de Michel. Le groupe a travaillé
très fort, durant nombre d’années, pour en arriver à ce qu’il est devenu
aujourd’hui.
«Michel est un être généreux et reconnaissant, à l’écoute des autres,
et vivement animé par l’esprit francophone. Au cours des années, il
a su retrouver son identité culturelle comme Franco-Ontarien originaire
de Vanier. Même si SWING s’adresse tant aux anglophones qu’aux francophones,
Michel demeure fier de sa communauté d’origine, ce qui ressort dans
sa musique.»
«C’était important pour moi, à cette époque,
d’encourager les élèves à participer à toute activité artistique.»
Ayant grandi avec la musique américaine, Michel Bénac a tout d’abord
puisé son influence chez les Beastie Boys et Run DMC, Prince et Michael
Jackson. Passionné de hip-hop, il a tenté sa chance dans ce mouvement;
mais cette expérience lui a valu, dit-il, de dures critiques. C’est
ainsi qu’il est allé puiser dans ses souches francophones pour trouver
une identité et un nouveau son. Il est allé jumeler le violon que jouaient
ses grands-parents avec le hip-hop. Le résultat final est un mélange
hétéroclite incomparable qui lui vaut un grand succès.
Rester attentif au jeune qui est différent
Selon Michel Bénac, un bon enseignant doit aider les élèves à ne jamais
douter du chemin qui s’ouvre devant eux, en restant attentif aux jeunes
qui sont différents. Puisque les élèves qui sortent des sentiers battus
s’intéressent souvent moins aux matières d’apprentissage conventionnelles,
il est encore plus important pour les enseignants de savoir les écouter.
Richard Ranger est un de ces enseignants-là.
«Tous les élèves peuvent réussir dans la vie, croit-il, s’ils sont
encouragés à s’adonner à ce qu’ils aiment faire. Cela développera davantage
leur motivation et leur confiance en l’avenir. Il faut trouver des
moyens, dans les systèmes scolaires et parascolaires, de permettre
à ces jeunes de s’épanouir.»
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