Abolir les barrières pour les enseignantes et enseignants
L’ensemble de la profession doit se sentir touchée par le sort de ses nouveaux membres.
de Liz Papadopoulos, EAO
Pour mon premier poste permanent en enseignement, j’étais titulaire d’une classe de 2e-3e année dans l’ancienne ville de York. C’était le troisième mardi de septembre. Il était 9 h 30. Alors que je préparais ma classe pour une sortie pédestre jusqu’à la bibliothèque, on m’a demandée de me présenter immédiatement au bureau de la direction.
Là, la direction et la surintendance des ressources humaines m’ont annoncé la nouvelle le plus délicatement possible : j’étais surnuméraire à l’école. Il fallait que je ramasse mes affaires pour quitter l’école au plus tard le vendredi. J’allais être affectée à deux postes différents, dans deux écoles différentes.
Je tenais le journal d’un élève et le bol de céréales d’un autre. Les larmes aux yeux, je suis retournée en classe pour continuer ma journée. J’étais sous le choc.
C’est la réalité à laquelle j’ai dû faire face en tant qu’enseignante débutante, même après six mois de suppléance. La situation a empiré. Les nouveaux enseignants d’un bout à l’autre de l’Ontario comptent de plus en plus sur la suppléance en début de carrière.
Le sondage de l’Ordre sur la transition à l’enseignement 2009 exprime clairement cette réalité. Cette étude révèle que le marché de l’emploi continue d’être très concurrentiel pour les postes en enseignement en anglais.
Chaque année en Ontario, il y a plus d’enseignants qualifiés et agréés qui entrent dans la profession qu’il n’y a d’enseignants qui prennent leur retraite, environ 7 000 de plus. Peut-être êtes-vous l’un de ces nouveaux enseignants?
Je suis très heureuse d’avoir poursuivi ma carrière dans cette profession, malgré les défis.
Il existe sans doute des possibilités d’emploi pour les pédagogues de l’Ontario dans les autres provinces du pays. En janvier 2009, les premiers ministres du Canada ont signé l’Accord sur le commerce intérieur (ACI) en vertu duquel on considère que les professionnels et ouvriers agréés dans un territoire de compétence du Canada répondent aux exigences d’agrément dans un autre territoire de compétence du pays, et ce, sans devoir suivre une formation supplémentaire, subir une évaluation ni répondre à des exigences d’expérience additionnelles.
À la mi-décembre, le gouvernement de l’Ontario a adopté la Loi ontarienne sur la mobilité de la main-d’œuvre. L’objectif était d’énoncer les obligations des organismes de certification, tels que l’Ordre, conformément à l’accord pancanadien sur la mobilité de la main-d’œuvre.
Cette nouvelle législation signifie que l’on peut déménager dans une autre province et être en mesure d’exercer sa profession sans trop d’obstacles bureaucratiques.
Les enseignantes et enseignants de l’Ontario ne laissent pas seulement leur marque au Canada. Partout dans le monde, nous avons depuis longtemps la réputation d’être des professionnels hautement scolarisés, responsables et empathiques, qui ont à cœur d’aider les élèves à réussir.
Toutefois, il est de plus en plus clair que, dans l’ensemble du monde et surtout pour les pédagogues qui travaillent en anglais, on est passé du stade de pénurie à celui de surplus.
La Loi ontarienne sur la mobilité de la main-d’œuvre permet aussi à l’Ordre de poursuivre ses efforts pour éliminer les barrières qui entravent l’agrément des enseignantes et enseignants formés ailleurs au Canada.
C’est une bonne nouvelle pour les pédagogues canadiens qualifiés pour enseigner le français, et pour les conseils scolaires et les écoles qui éprouvent des difficultés à trouver des enseignants qualifiés qui peuvent enseigner en français. Selon notre plus récent sondage sur la transition à l’enseignement, le marché de l’emploi pour les professionnels qualifiés qui peuvent enseigner en français ou le français langue seconde demeure vigoureux, même s’il s’est rétréci.
À mesure que le surplus d’enseignants augmente en Ontario, l’ensemble des membres de la profession doivent être conscients des défis qui attendent les nouvelles recrues.
Je suis très heureuse d’avoir poursuivi ma carrière dans cette profession, malgré les défis. Mais je n’aurais pas survécu à ma première année de carrière sans l’appui de mes collègues, et je vous suis très reconnaissante.