David deBelle, enseignant et bibliothécaire à l’école publique Joyce Roméo Dallaire se souvient des Frères Hillaire et Léonidas |
«Je m’efforce d’entretenir de bonnes relations avec les élèves parce que je crois que cela favorise leur apprentissage.» Cette conviction à la fois simple et profonde guide David dans l’exercice de sa profession depuis ses débuts à l’école Joyce du Toronto District School Board en 1987. Il a enseigné de la maternelle à la 5e année, en passant par le français et l’éducation physique, et depuis 2000, il est aussi bibliothécaire et responsable de la technologie. Il collabore régulièrement avec ses collègues. «Mon travail consiste à répondre aux besoins des élèves, à établir des liens avec eux et à les inciter à participer au processus d’apprentissage, et à aider mes collègues de toutes sortes de manières, pas seulement sur le plan technologique.» En plus de s’occuper de la bibliothèque, David enseigne les mathématiques avec des enseignants de 3e, 4e et 5e année, élabore des projets technologiques, aide à la préparation de cours. Il a collaboré à l’adaptation et à la préparation du curriculum et a créé un milieu d’enseignement et d’apprentissage à la fois enrichissant et convivial dans lequel les enseignants unissent leurs efforts. Il a rédigé des curriculums pour le ministère de l’Éducation, donné un cours menant à une qualification additionnelle et obtenu une maîtrise, mais c’est auprès des élèves qu’il s’illustre le plus. Son enthousiasme et sa gentillesse les captivent et les poussent à donner le meilleur d’eux-mêmes. Selon Cheryl Paige, directrice de l’école Joyce, qui a soumis la candidature de David pour le Prix du premier ministre : «David est un animateur né qui ne recule devant rien pour faire participer les élèves et mettre ses collègues en valeur.» Une vision globaleQue ce soit pour élaborer un curriculum qui intègre la technologie de façon novatrice et captivante ou pour animer des activités parascolaires, David a une vision globale de l’enfant. Il travaille dans la même école depuis des années, ce qui lui permet de voir grandir et évoluer les élèves. Des anciens reviennent même à l’école pour faire du bénévolat. L’école travaille en étroite collaboration avec les parents, en particulier ceux qui hésitent à s’engager parce que l’anglais n’est pas leur langue maternelle. À l’école Joyce, près de 70 % des élèves parlent une langue étrangère à la maison. Parents et enfants prennent plaisir à participer aux ateliers de musique et d’amélioration des compétences linguistiques qui utilisent la technologie. David a collaboré à la création d’un atelier de lecture pour les parents et les enfants faisant appel à un logiciel interactif appelé WiggleWorks, affiché sur le site web du conseil scolaire. «L’atelier de lecture a attiré plus d’une vingtaine de parents, affirme Mme Paige, directrice de l’école Joyce. La première année de l’atelier de musique, nous avons été dépassés par la réaction des gens. Dès la deuxième année, nous avons accueilli une centaine de personnes et ça continue.
«Les parents sont peu nombreux à assister aux rencontres, mais ceux qui le font participent à la vie scolaire et aident leurs enfants, ajoute Mme Paige. Ce qui est génial, c’est que ces ateliers permettent aux parents qui ne parlent pas anglais de faire leur part.» L’apprentissage se fait dans un cadre ludique et convivial. La musique fait tomber la barrière linguistique et WiggleWorks enseigne aux parents des techniques de lecture qu’ils peuvent utiliser pour aider leurs enfants. Les exercices audio interactifs les aident à améliorer leurs aptitudes de lecture. En aidant les parents et en leur donnant les outils pour aider leurs enfants, David et ses collègues augmentent les chances de réussite des élèves. David a créé le Joyce Green Club et obtenu une subvention de la Banque TD pour reboiser une partie de la cour d’école. Cette initiative lui a permis d’élaborer un cours pratique en plein air portant sur les animaux, les plantes et les arbres, sans oublier la responsabilité envers l’environnement. Il a parrainé un club d’échecs et des compétitions d’échecs et de mathématiques à l’échelle du conseil scolaire. Ancien champion canadien de badminton, David soutient que l’activité physique quotidienne contribue directement à la réussite des élèves; c’est pourquoi il anime diverses activités parascolaires allant du hockey au Tai Chi. Mathématiques, musique et robotiqueDavid privilégie l’équilibre entre le constructivisme et la transmission des connaissances. Il mise à la fois sur la théorie et sur la pratique. «D’une manière ou d’une autre, s’ils ne sont pas motivés, les élèves apprennent très peu. C’est pourquoi je fais toujours appel à plusieurs méthodes pédagogiques, dont l’apprentissage visuel et cinétique.» Dans le module de robotique de 5e année, les élèves travaillent en groupes de trois. Ils doivent construire une voiture en blocs Lego, programmer l’ordinateur de bord et rédiger un rapport. Ils apprennent des notions de résolution de problèmes, de programmation et de travail d’équipe, tout en atteignant les objectifs du curriculum. Ils sont motivés et ont du plaisir tout en apprenant. À la fin, leurs efforts sont récompensés par un jeu d’autos tamponneuses qui met à l’épreuve la qualité de leur conception et de leur programmation. David a aussi collaboré à la mise sur pied de cours de mathématiques et de musique novateurs et attrayants avec son collègue Anthony Micallef, spécialiste en musique et en éducation de l’enfance en difficulté. À l’école Joyce, les élèves suivent au moins deux cours de musique par semaine dans un laboratoire à la fine pointe de la technologie, équipé d’ordinateurs iMac, de synthétiseurs Roland et de logiciels pédagogiques.
Les élèves du cycle moyen bénéficient d’un programme intensif et structuré faisant appel à diverses notions de mathématiques, dont les nombres, les fractions, la gestion des données et la résolution de problèmes, pour composer des pièces musicales originales à la sonorité étonnamment juste et complexe. David et Anthony ont puisé dans les recherches pour faire le pont entre l’enseignement de la musique et l’amélioration des résultats scolaires en mathématiques. Dans The Arts with the Brain in Mind, Eric Jenson soutient que la musique fait non seulement partie intégrante de notre métabolisme, mais qu’elle contribue à la formation de systèmes neurobiologiques essentiels. Selon la théorie des intelligences multiples de Howard Gardner, la musique est l’un des moyens les plus efficaces pour contempler et comprendre le monde. Loin d’être un cours de mathématiques ou de musique complet, le programme de l’école intègre les deux matières pour favoriser l’apprentissage et motiver les élèves. Ce projet a servi de fondement à un curriculum intitulé Enriching Mathematical Concepts through Music, rédigé par David et Anthony et présenté au ministère de l’Éducation. En 2002-2003, Lee Willingham, instructeur en formation à l’enseignement à l’IEPO, a étudié les bienfaits du programme de l’école Joyce. Dans son rapport, il souligne l’amélioration des résultats scolaires et l’attitude des élèves, des enseignants et de la collectivité, et donne des exemples du programme de mathématiques et de musique. Pour en savoir plus, lisez son rapport à schools.tdsb.on.ca/joyce/main/pathfinder/midi_index.html. L’avantage technologiqueL’accès à la technologie est une précieuse ressource pour David et ses collègues. Le laboratoire d’informatique de l’école est équipé d’ordinateurs iMac, d’imprimantes, de numériseurs, d’un vidéoprojecteur et d’un clavier tactile SmartBoard. Dans ses cours, David a beaucoup recours à la technologie, notamment à PowerPoint et au vidéoprojecteur. Persuadé que la technologie contribue largement à l’enseignement et au processus d’apprentissage, David se réjouit de travailler dans une école qui dispose d’autant de ressources qui lui font gagner du temps et lui facilitent la tâche. «Aujourd’hui, dans le cours de mathématiques, j’ai appris à 60 élèves à numériser un document pour pouvoir l’afficher sur un écran de 10 pieds. Enseigner avec ce matériel est à la fois efficace et agréable.» Il est vrai que la technologie facilite le travail et motive les élèves, mais ça reste un outil. Quand nous lui avons demandé ce que l’école avait fait de la bourse de 5 000 $ qui accompagnait le Prix du premier ministre pour l’excellence dans l’enseignement qui lui a été décerné récemment, David a répondu qu’elle avait servi à l’achat de livres pour la bibliothèque. «Nous ne misons pas uniquement sur la technologie; nous voulons créer un milieu d’enseignement et d’apprentissage à la fois enrichissant et convivial.
«Je veux que les élèves vivent chaque jour des expériences stimulantes et intéressantes, et qu’ils relèvent des défis. Je les accueille avec le sourire et leur fait savoir que chacun est unique.» La réussite du programme de technologie à l’école Joyce a permis à David de rencontrer des enseignants du monde entier. Il est allé en Angleterre, s’est adressé à ses collègues provinciaux dans le cadre de présentations au ministère de l’Éducation, a donné des entrevues à TV Ontario et a pris la parole à plusieurs occasions. Il donne un cours menant à une qualification additionnelle (ordinateurs dans la salle de classe) dans le laboratoire d’informatique de l’école. Ce printemps, malgré son emploi du temps chargé, David a terminé sa maîtrise en éducation portant sur la technologie et le rendement des élèves. Cet été, il veut s’inscrire au programme menant à la qualification de directeur d’école. «L’enseignement est un travail très exigeant qui doit être apprécié et reconnu à sa juste valeur. J’espère ne jamais l’oublier, surtout si je deviens directeur d’école.» Enseigner, apprendre et vice versaLorsqu’on lui demande de donner des conseils, il vante les mérites du dialogue et de la transmission de connaissances. «Notre profession tend à nous isoler. Il faut ouvrir la porte de nos classes, se parler et travailler ensemble, pour le mieux-être des élèves et le nôtre.» Il sait combien le temps est un luxe pour les enseignants, ce qui nuit à leur efficacité et à leur capacité d’apprendre, d’innover et d’aider les enfants. «Il faudrait enseigner en équipe le plus possible.» Il croit que le fait d’unir leurs efforts permet aux enseignants de se spécialiser. «Comme on ne peut pas exceller en tout, il faut se spécialiser.» David songe à mettre sur pied le Davis Dyslexia Correction Program et les Davis Learning Strategies, le premier étant un programme intensif d’enseignement individuel pour les élèves plus vieux qui éprouvent des difficultés d’apprentissage, et l’autre un programme d’intervention précoce qui s’adresse aux élèves du jardin d’enfants à la 3e année. Il sait que ces programmes fonctionnent, et c’est pourquoi il a présenté une demande au Fonds d’innovation du Toronto District School Board pour lancer un projet pilote l’an prochain. Cet animateur-né déborde d’énergie et d’enthousiasme. Dagmar Grasser, présidente du conseil scolaire, a trouvé les mots pour le décrire : «David a un talent particulier avec les enfants. Ils l’aiment et ont confiance en lui. Il est brillant, travailleur, dévoué, sincère, patient et sportif. C’est un modèle pour tous.»
David sait bien que les élèves apprennent par imitation et veut montrer l’exemple. «Je veux maintenir une attitude positive et établir un lien avec les élèves. Je sais toujours combien d’entre eux me regardent. Ils apprennent en nous observant, pas seulement en nous écoutant.» David a étudié et enseigné le Tai Chi pendant 25 ans et remercie son premier professeur de Tai Chi, qui est aussi son mentor, de lui avoir donné de précieux conseils sur l’enseignement. «Il parlait très peu anglais, mais ses conseils étaient simples, directs et pleins de sagesse. Il me rappelle qu’il vaut mieux parler peu et observer les élèves.» Il existe d’innombrables moyens de transmettre un message sans parler, et David deBelle en découvre constamment de nouveaux. Le don de la technologieLe talent de David deBelle ne dépend pas de la technologie, mais des ressources informatiques de son école qui lui permettent de travailler avec des outils qui le passionnent. En 1999-2000, Leon Lenchner (enseignant de l’année 2001 du Toronto Sun et récipiendaire du prix Claude Watson), enseignant et bibliothécaire, a supervisé un projet réalisé grâce à une subvention de 700 000 $ du ministère de l’Éducation qui visait à promouvoir l’utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC) dans les écoles. L’école publique Joyce est l’une des sept écoles du Toronto District School Board qui ont reçu le mandat d’intégrer la technologie au curriculum. En 2000, M. Lenchner, enseignant à la Faculté d’éducation de l’Université York, a été secondé par David deBelle pour réaliser sa vision. Comme la technologie a littéralement envahi l’école, le défi était surtout de veiller à ce que les enseignants sachent s’en servir. Aujourd’hui, David continue d’assurer la formation et le soutien en TIC. Prix du premier ministre pour l’excellence dans l’enseignementEn mars 2005, David deBelle a mérité le Prix du premier ministre (2003-2004). Son Certificat d’excellence souligne ses méthodes d’enseignement enrichissantes qui donnent aux élèves l’occasion de faire une différence dans leur école et dans leur collectivité. Ce prix récompense des enseignants exceptionnels qui insufflent à leurs élèves le goût d’apprendre et de contribuer à la croissance et à la prospérité du Canada et au mieux-être de tous. Pour obtenir plus de précisions sur le programme, visitez le pma-ppm.ic.gc.ca, composez le 1-800-575-9200 ou envoyez un courriel à pmawards@ic.gc.ca. RessourcesLa vision de la technologie et de l’enseignement de David deBelle s’inspire de diverses sources. Seymour Papert, mathématicien et cofondateur de l’Artificial Intelligence Lab de la MIT, a collaboré avec Jean Piaget pendant longtemps. Dans son livre, Mindstorms: Children, Computers and Powerful Ideas, Papert soutient que les outils informatiques alliés aux idées donnent aux enfants de nouveaux moyens d’apprendre, de penser et de croître sur le plan émotionnel et cognitif. David s’inspire aussi de Neil Postman, critique et théoricien de la communication, de Marlene Scardamalia et Carl Bereiter, théoriciens de l’apprentissage, et de Larry Cuban, commentateur en éducation. Eric Jenson, The Arts with the Brain in Mind, Alexandria (Virginie), ASCD, 2001 Seymour Papert, Mindstorms: Children, Computers and Powerful Ideas, New York, Basic Books, 1980 Seymour Papert, The Children’s Machine: Rethinking School in the Age of the Computer, New York, Basic Books, 1980 Pour lire sur le Prix du premier ministre pour l’excellence dans l’enseignement ou faire une mise en candidature, consultez le site d’Industrie Canada à pma-ppm.ic.gc.ca/pub/k12/index.html Site de l’école publique Joyce : schools.tdsb.on.ca/joyce Pour lire sur le Davis Dyslexia Correction Program et les Davis Learning Strategies, rendez-vous à www.dyslexia.com ou à www.davislearn.com Pour lire les travaux de Marlene Scardamalia et de Carl Bereiter, allez à ikit.org/people/~bereiter.html Pour vous documenter sur Larry Cuban, visitez www.edtechnot.com/notcuban.html Pour accéder à des liens et critiques des nombreux livres de Neil Postman, rendez-vous à www.alteich.com/links/postman.htm. |