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Chroniques

John D’Arcy encourage les élèves à explorer de nouveaux médias

un enseignant remarquable

Susan Aglukark se souvient de David Owingayak

 

John D’Arcy

Plusieurs fois lauréat, John D’Arcy enseignant de l’école secondaire catholique Marshall McLuhan, encourage les élèves à explorer l’univers des nouveaux médias.

Pour pouvoir s’exprimer, les artistes contemporains ont besoin d’outils contemporains.

«Il y a plusieurs années, j’étais à New York avec mon groupe d’art, se rappelle John D’Arcy, enseignant de Toronto. Tandis que nous visitions les musées, j’ai été anéanti de voir que les élèves ne passaient pas plus de 30 secondes devant de véritables chefs-d’œuvre. Dans l’impressionnante cathédrale gothique St. John the Divine, nous sommes tombés sur une exposition d’art contemporain. C’était une installation vidéo sur le thème de la vie et de la mort réalisée par l’artiste Bill Viola. Les élèves étaient captivés par les images, et quelque chose que nous savons depuis des siècles m’est soudain venu à l’esprit. Les artistes contemporains ont recours à des outils contemporains pour s’exprimer. C’était déjà vrai au temps des peintures rupestres et des sculptures sur pierre; les Impressionnistes ont puisé leur inspiration dans des découvertes en matière d’optique et de théorie des couleurs, et la photographie, technologie nouvelle à l’époque, a servi de base à certaines des peintures les plus vivantes de Degas. Les jeunes d’aujourd’hui se passionnent pour les nouveaux médias, et si nous voulons qu’ils s’intéressent à l’art, nous devons favoriser l’utilisation de ces outils modernes.»

En 1999, après avoir visité des expositions dans d’autres écoles, M. D’Arcy et des élèves de l’école secondaire catholique Marshall McLuhan à Toronto ont décidé de monter eux aussi une exposition. Compte tenu du mandat de l’école, à savoir intégrer la technologie au curriculum, et de leur désir de présenter des nouveaux médias dans le cadre d’un forum auquel participeraient des élèves d’autres écoles et des gens de l’industrie, ils ont créé le McLuhan MultiMedia Festival (M3F) qui a fait l’objet de 57 soumissions venues de tous les coins de Toronto.

«Il faut trouver des occasions, comme le M3F, de rendre hommage à notre diversité.»

En 2004, M3F était devenu un festival national primé ayant attiré plus de 1 000 soumissions dans neuf catégories différentes. Les organisateurs du festival entrevoient un avenir où des élèves étudiant les nouveaux médias et des enseignants du monde entier soumettraient des œuvres d’art et viendraient à Toronto pour se pencher sur des questions telles que les effets de la mondialisation sur l’art, la technologie, l’éducation et la narration de contes dans le cadre d’un symposium d’une semaine. «Notre objectif est de favoriser la création d’un village planétaire peuplé de gens informés et œuvrant pour la paix», précise M. D’Arcy.

Celui-ci souligne que l’important n’est pas de remporter un prix, même si 40 professionnels des nouveaux médias et commanditaires évaluent les créations et remettent des prix pour les trois meilleures soumissions dans chaque catégorie. «Le but du festival est de favoriser le partage et de rendre hommage à des nouvelles méthodes qui constituent une amélioration. Il s’agit d’inciter les jeunes artistes à utiliser la technologie pour faire preuve de créativité et de leur donner un moyen d’expression.» Cette année, ses élèves ont décidé de fournir un effort particulier afin que des élèves francophones et des Premières nations participent au festival.

Des élèves de l’école secondaire catholique Marshall McLuhan se préparent pour le M3F.

Créé par des élèves inscrits à des cours variés, le M3F est actuellement organisé par un groupe hétérogène composé de cinq membres du personnel de l’école Marshall McLuhan et de 70 élèves. L’ampleur qu’a pris le M3F a mené à l’élaboration d’un cours interdisciplinaire qui permet aux élèves d’acquérir des aptitudes au leadership et à la gestion de projets, et d’utiliser ensuite ces aptitudes pour promouvoir une section du festival qui correspond à leurs intérêts et à leurs capacités.

Ce cours comporte un aspect interdisciplinaire important qui attire les élèves, car ils doivent savoir s’exprimer au téléphone, rédiger des lettres convaincantes, recueillir des fonds et en faire le suivi, créer et utiliser des bases de données, et se comporter comme des personnes fiables, organisées et motivées. Ce faisant, ils développent leurs aptitudes à la vie quotidienne», poursuit M. D’Arcy.

Le succès du festival dépend beaucoup des partenariats avec des entreprises, et
M. D’Arcy espère obtenir le statut d’œuvre de bienfaisance. «L’argent nous aide avec l’organisation et la promotion, mais il nous permet surtout de donner un caractère professionnel au festival.» Il aimerait d’ailleurs créer des bourses afin de permettre aux élèves défavorisés de suivre des études postsecondaires dans le domaine des nouveaux médias.

«Les artistes contemporains ont besoin d’outils contemporains.»

Simple au premier abord, la conception de l’éducation de M. D’Arcy n’en est pas moins incroyablement complexe à appliquer. «Je pense que nous devons instaurer un climat de confiance et fournir aux élèves des occasions de se dépasser. Il n’y a pas besoin d’exercer un contrôle sur eux; ce qui doit arriver arrivera.» Établissant un parallèle entre sa classe et la société, il explique que, s’il est vrai que d’entendre toutes ces voix s’exprimer pose des défis, il invite toutefois ses élèves à se concentrer sur l’échange d’idées et sur la promotion d’un amour de l’art et des nouveaux médias, notions qui transparaissent constamment dans les enseignements de l’école Marshall McLuhan à propos de la société et de la technologie. «Je m’efforce de donner l’exemple de la compassion et de la raison, et de ne jamais favoriser la confrontation. J’apprends aux élèves à se respecter et à s’attacher à ce qu’ils ont en commun; parce que s’arrêter sur les différences, ce n’est pas ainsi qu’on avance. Accepter ou comprendre nos différences ne suffit pas. Il faut trouver des occasions, comme le M3F, de rendre hommage à notre diversité. C’est la meilleure façon d’édifier un village planétaire doté de qualités humaines.»

M. D’Arcy reconnaît que les élèves ont assumé la plupart des travaux, mais il admet aussi que le festival n’aurait pu avoir lieu sans les contributions importantes de ses collègues et des administrateurs. Les enseignantes Teresa Kelly, Cheryl Madeira et Sandra Mustacato ainsi que Vickie West, qui travaille auprès des jeunes, font partie de l’équipe qui encadre les élèves. M. D’Arcy rend également hommage à Anna Convertini, la directrice de l’école, et à Mark Fenwick, le surintendant, qui l’ont beaucoup soutenu. «Anna m’affirme toujours que je peux agir à ma guise, avec un petit sourire en coin. Elle me fait confiance, et je fais confiance à mes élèves. Nous ne laisserons jamais tomber personne.»

John D’Arcy au festival M3F 2004

M. D’Arcy reconnaît que la façon dont il enseigne prend beaucoup plus de temps que le cadre traditionnel d’une journée de classe. «Pour moi, enseigner n’est pas un simple métier; c’est une vocation. Je considère cela comme ma contribution à la société, à notre planète», explique-t-il avec douceur, mais détermination. Les élèves de l’école Marshall McLuhan ont bien de la chance!

M3F espère grossir les rangs de l’équipe qui organise le festival en établissant des sous-comités dans les classes partout au Canada. Ces groupes seront gérés par le biais de forums Internet et de vidéoconférences. Pour participer ou en savoir plus : darcy@m3f.org.

M3F

Le McLuhan MultiMedia Festival est à la fois un véritable festival qui a lieu au Centre des sciences de l’Ontario en mai et un festival virtuel qui se déroule en ligne à www.m3f.org.

Le site web présente les soumissions, mais c’est aussi un lieu de réseautage grâce à des forums de discussion et d’échange de ressources entre élèves et enseignants; tandis que les participants au véritable festival se rencontrent en personne pour fêter l’art et forger de nouveaux liens.

Le festival de quatre jours comporte des ateliers et des séminaires. On y présente également les œuvres d’art des élèves soumises entre janvier et avril. Par ailleurs, les élèves ont l’occasion de discuter avec d’autres artistes et des professionnels des nouveaux médias.

Les catégories de soumission comprennent l’animation, la photographie, la manipulation d’images, l’éditique, les médias interactifs, la vidéo, l’illustration, l’audio et la fusion – nouvelle catégorie pour les projets faisant appel à trois médias ou plus. Les catégories devront sans aucun doute changer au fur et à mesure qu’évoluent les nouveaux médias.

Au nombre des participants, on compte des élèves, des enseignants et des agents de l’administration d’écoles secondaires de l’Ontario et du Québec, de même que des représentants de l’industrie des nouveaux médias et des programmes postsecondaires offerts dans ce domaine, ainsi que des commanditaires. Le festival M3F se termine par une soirée de gala organisée en l’honneur des lauréats.

Pour obtenir des renseignements sur le McLuhan MultiMedia Festival, notamment sur la façon de soumettre des œuvres d’art ou d’afficher des soumissions, rendez-vous à www.m3f.org.

Prix en innovation technique

En 2004, John D’Arcy a remporté un prix en innovation technique de l’Alliance-Éducation pour le festival M3F.

Ce prix souligne les réalisations d’éducateurs dans des écoles, des universités et des collèges financés par la province, dont les méthodes innovatrices ont favorisé la création de milieux d’apprentissage modernes. Les projets sont axés sur l’utilisation de la technologie, les milieux d’apprentissage adaptés, la transmission du savoir, l’apprentissage organisationnel, le perfectionnement professionnel ou les besoins des élèves en difficulté.

Pour obtenir la liste des lauréats des années précédentes et visualiser leurs créations ou pour proposer la candidature d’autres éducateurs innovateurs, rendez-vous à www.thelearningpartnership.ca.