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Débordants d'énergie, des centaines d'adolescents venant de 70 écoles secondaires francophones des quatre coins de la province ont débarqué à Cornwall en mai dernier à l'occasion des 11e Jeux franco-ontariens – leur plus gros party de l'année. Chaque printemps depuis 11 ans, des jeunes de 14 à 18 ans se donnent rendez-vous pour faire valoir leurs talents dans six disciplines : sports et athlétisme, arts visuels, chanson et musique, improvisation théâtrale et amuseurs publics, et quiz sur l'Ontario français. Les Jeux ont été organisés par la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne avec l'appui d'une quarantaine de partenaires, et ont eu lieu à l'école secondaire La Citadelle et à l'école élémentaire Jean XXIII. Comme tous les ans, les compétitions, les ateliers de formation pratique, les performances et les spectacles se sont avérés de véritables tremplins pour jeunes talents. Mais c'était surtout une occasion de faire la fête en français, de se réunir, de placoter et de nouer de nouvelles amitiés. Raviver la flamme francophone«C'est l'fun de voir tous ces jeunes de partout en Ontario, s'exclame Joseph Morin, un bénévole en 12e année à l'école La Citadelle. À première vue, tous ces jeunes ont l'air différents, mais comme moi, ils vivent les mêmes obstacles et les mêmes luttes dans le milieu minoritaire qu'est la francophonie en Ontario.» Cette formule est unique au Canada. On ne mesure pas les écoles ou les régions entre elles, mais les équipes sont formées des meilleurs de tous les coins de l'Ontario. Les performances individuelles sont autant célébrées que celles des équipes. Créés par les jeunes pour les jeunes, les Jeux sont axés sur la performance, la co-opération et la fierté de la culture franco-ontarienne. «On offre aux élèves la chance de vivre une fin de semaine en français, explique Émile Maheu, directeur provincial des Jeux, qui participe depuis leur création. C'était important quand j'étais au secondaire et ça l'est encore maintenant.» Selon lui, «c'est inquiétant d'entendre de plus en plus de jeunes francophones parler anglais dans les couloirs des écoles et de savoir que certains enseignants doivent parfois fournir des explications en anglais».
Dans ce contexte, il n'est pas surprenant que plusieurs pensent que les Jeux ont un rôle primordial dans la survie du français en Ontario. «Je suis ici parce que je suis fière d'être francophone, affirme Christine Boudreau d'Orléans, élève de 10e année en train d'applaudir les équipes de volley-ball. Je suis fière de montrer que les Québécois ne sont pas les seuls à parler français au Canada.» Pour Marina Musasiri de l'école Jeunes sans frontières de Mississauga, ces Jeux sont une véritable révélation. «Je ne savais pas qu'il y avait autant de francophones en Ontario. Cela m'encourage à m'exprimer en français.» Tout en essayant de jongler avec des balles lors d'un atelier sur l'art du cirque, une élève d'Hamilton qui participe aux Jeux pour la troisième fois explique : «On est tellement éparpillés aux quatre coins de l'Ontario que c'est extraordinaire de se réunir aux Jeux chaque année entre nous. Comme on est peu nombreux, c'est important de conserver notre patrimoine».
Les Jeux permettent aussi aux jeunes de revoir des amis et de s'en faire de nouveaux. «En mélangeant les membres des équipes, on en vient nécessairement à connaître des gens de partout. Quelqu'un de Windsor ou de Hearst peut faire équipe avec quelqu'un d'Alexandria, de Toronto ou de Timmins. Ça fait partie de la formule magique des Jeux», s'enthousiasme Émile Maheu. «C'est impressionnant de voir des jeunes se rassembler et participer à un festival destiné à promouvoir la langue française. On en est fiers et on a hâte de le montrer», affirme Jean-Paul Ricard de l'école Nouvelle-Alliance de Barrie. L'enthousiasme et la fierté semblent engendrer l'optimisme. «Notre histoire est riche et je suis certain qu'en tant que francophones, notre avenir sera tout aussi riche», avance Ghislain Huneault du Collège Notre-Dame de Sudbury. Quelle que soit l'activité, une joute d'improvisation, un atelier sur le soccer ou bien un récital de piano, le dynamisme des jeunes donne vie aux disciplines. Le temps des Jeux, entourés des leurs, les élèves oublient toute timidité, apprennent à mieux se connaître et à tester leurs limites.
Durant quatre journées intenses, les Jeux touchent les jeunes, mais aussi les jeunes de cour comme Richard Bissonnette, ancien directeur d'école, qui compte 33 ans d'expérience en enseignement dans la région de Cornwall. Il est visiblement ému que d'anciens élèves l'aient nommé président d'honneur cette année. «Je pense que les Jeux vont stimuler certains francophones endormis. Nos jeunes se sentent souvent isolés dans leur coin, ils n'ont pas toujours le goût de s'affirmer en français. Les Jeux ravivent leur désir de vivre en français. C'est magnifique de les voir s'impliquer. Il règne entre eux une solidarité, une camaraderie, une joie de vivre. Ensemble, tout leur semble moins compliqué», explique-t-il. Développement du leadershipLes Jeux ont pour objectif d'aider les jeunes francophones à prendre conscience du patrimoine franco-ontarien. C'est donc un moyen de lutter contre l'assimilation tout en favorisant le développement de futurs leaders, comme le souligne Émile Maheu. «Les Jeux sont devenus une véritable pépinière de leaders francophones. On invite les participants qui se démarquent au sein des différentes équipes à jouer le rôle de capitaine l'année suivante, et ceux qui se démarquent comme capitaine une année sont encouragés à faire partie de l'équipe d'animation l'année d'après.» Plus de 500 personnes se sont ainsi découvert de nouveaux talents. Aujourd'hui, ils travaillent pour le premier ministre, des sociétés de relations publiques ou sont en tournée mondiale avec le Cirque du Soleil», ajoute-t-il. Pour Martin Laniel, coordonnateur du volet des amuseurs publics (jonglerie, monocycle et trapèze), les Jeux permettent d'essayer quelque chose de nouveau, d'explorer un aspect de soi-même et de sortir de sa coquille. Il adore voir le plaisir que les jeunes prennent à découvrir des activités. «Je les forme pendant 48 heures et le dernier jour des Jeux, ils montent sur scène devant 800 spectateurs. Ils m'arrivent habituellement complètement novices, mais leur enthousiasme est incroyable. En peu de temps, ils sont capables de donner un spectacle impressionnant.» Impact sur la communautéPour Émile Maheu, la réussite des Jeux s'explique aussi par les efforts de la communauté. «Le comité local était excellent. Le centre culturel de la région a invité le groupe musical franco-ontarien bien connu Deux Saisons qui a joué la veille du début des Jeux devant plus de 300 personnes. De nombreux membres de la communauté ont participé à l'organisation du spectacle.» Les Jeux ont des retombées très positives pour la collectivité d'accueil. En effet, depuis les «Semaines françaises» des années 60 durant lesquelles la population francophone, alors plus nombreuse, se rassemblait pour faire la fête, rien de semblable n'avait été offert aux jeunes de la région.
«C'est important qu'ils puissent vivre ce qu'ils ont reçu de leurs parents, grands-parents et arrière-grands-parents, qu'ils se rappellent cette joie qui surgit quand on se rassemble, comme à Noël. Les jeunes ont l'air d'avoir le goût de revivre ces moments, il faut donc leur donner des occasions de le faire», fait remarquer M. Bissonnette. Selon lui, les retombées pour la collectivité de Cornwall seront importantes à long terme. «Ce n'est pas facile de vivre en français en Ontario. C'est pourquoi la ville a senti qu'elle devait s'engager et appuyer ce festival. Elle nous a beaucoup aidés et nous a prêté son aréna. Au cours des prochaines activités locales, la ville prévoit d'ailleurs souligner la présence des francophones dans la région», dit-il. Défis à venirM. Maheu explique que la survie des Jeux continue d'être un défi de taille. «Cette année, nous avons recueilli plus de 300 000 $ en inscriptions, commandites et subventions. Il faut établir les structures de financement et on a besoin de partenaires engagés à long terme dans le projet. Le grand défi n'est pas de concocter des activités, de recruter ou de former la meilleure équipe ni d'avoir les plus belles affiches ou le plus beau décor, mais de financer les Jeux.» Les Jeux franco-ontariens ont pris tellement d'ampleur qu'on ne pourrait imaginer un Ontario français sans eux. Après 11 ans de coups de sifflets, de cris de ralliements et de milliers de liens d'amitié, les Jeux offrent non seulement un regain d'énergie dans les diverses communautés francophones, mais façonnent surtout l'identité de milliers de jeunes. L'an prochain, les Jeux franco-ontariens se tiendront à Trenton. Pour en savoir plus, visitez fesfo.ca. |