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Diane Goldhawk se souvient très bien des bonnes paroles de la directrice adjointe qui l'a aidée à finir une première année particulièrement difficile. C'est pourquoi, cette année, elle n'a pas hésité à se porter volontaire pour devenir la mentor de Sarah Parke, nouvelle enseignante. Mme Goldhawk, qui compte 17 années d'expérience au R.S. McLaughlin Collegiate and Vocational Institute d'Oshawa, et Mme Parke font partie des 35 enseignants qui ont participé à un atelier de rédaction de cas de deux jours à l'Ordre en avril dernier. Les cas qu'ils ont rédigés à partir de ce qu'ils ont accompli ensemble contribueront à améliorer les programmes de mentorat et d'insertion professionnelle des nouveaux enseignants dans toute la province. L'atelier a donné la chance aux enseignants de réfléchir, d'analyser et de consigner aussi honnêtement et avec autant de détails que possible leurs expériences sous forme de cas. La compilation servira de guide aux administrateurs d'école ainsi qu'aux novices et enseignants d'expérience amenés à faire du mentorat. «Tôt ou tard, on rencontre l'un de ces dilemmes», de dire Mme Goldhawk. Elle ajoute que le recueil sera un outil précieux qui permettra aux mentors de s'imaginer dans de pareilles situations et de trouver des moyens de résoudre les problèmes à l'avance. Consigner par écritYvette Quigley, enseignante chevronnée de 1re année au conseil scolaire catholique de Durham, a apprécié l'exercice de rédaction, mais Jackie-Ann Steward, nouvellement certifiée, le remet en question. Mme Quigley a profité de l'occasion pour réfléchir sur ses pratiques, tandis que Mme Stewart aurait voulu avoir plus de trucs, de techniques, de stratégies pour l'aider à franchir les obstacles les plus communs. Toutefois, les enseignants ont des personnalités et des styles différents. Ce qui fonctionne pour l'un ne marche pas forcément pour tout le monde. Les deux femmes ont échangé des idées et retenu les meilleures. Elles se sont adaptées aux différentes situations tout en allant de l'avant.
«Le mentorat me permet d'être plus consciente de mes actions parce que je veux donner les meilleurs conseils possible, admet Mme Quigley. Je suis plus axée qu'auparavant sur l'organisation et la stratégie, et je parle de ce qui a marché pour moi. En septembre dernier, Jackie-Ann était très anxieuse. Aujourd'hui, c'est davantage un effort d'équipe. On discute ensemble des problèmes.» D'après Mmes Quigley et Stewart, l'appui mutuel que leur relation leur prodigue les a aidées à surmonter un problème de communication avec un parent qui désapprouvait l'évaluation de son enfant. «Nous sommes là pour les enfants», se disaient-elles pour s'encourager. Elles ne se sont pas laissées distraire de leur but. On recommande le mentoratLes données de l'Ordre montrent que la plupart des nouveaux enseignants en Ontario n'obtiennent pas l'appui dont ils ont besoin pour commencer leur carrière du bon pied et risquent ainsi de quitter la profession. Plus de la moitié d'entre eux sont engagés après la rentrée et un sur cinq doit enseigner une matière pour laquelle il n'est pas qualifié. Ils veulent davantage d'appui de leurs collègues d'expérience durant les deux premières années pour apprendre comment gérer la classe, évaluer le rendement des élèves et communiquer avec les parents. La première année est éprouvante. «Il est important de savoir que quelqu'un est là pour nous rassurer et dire "Ne t'inquiète pas, je suis là si tu as besoin de parler, je t'aiderai", affirme Mme Goldhawk. Il faut être enseignant pour comprendre ça.» En décembre dernier, l'Ordre a publié un exposé de principe recommandant l'instauration, dans chaque conseil scolaire, d'un programme obligatoire de deux ans, mentorat y compris, visant à appuyer les nouveaux enseignants de l'Ontario. Les études de cas sont des outils indispensables à l'élaboration de programmes qui répondront à ce besoin réel. Grâce aux cas, les enseignants peuvent explorer des situations et réfléchir à ce qu'ils auraient fait différemment, comme le dit Rhodora Vanderpool, enseignante de 8e année à l'école catholique St. Angela du conseil scolaire catholique de Toronto. Michelle Donaghue-Stanford, mentor de Mme Vanderpool et enseignante de 8e année ayant 13 ans d'expérience, pense que le recueil de cas sera particulièrement utile aux enseignants chevronnés et aux directeurs d'école au moment de mettre sur pied un programme de mentorat. «Peut-être ces histoires aideront les gens à décider s'ils ont l'étoffe d'un mentor.» Les lecteurs du recueil s'identifieront facilement avec les enseignants qui ont vraiment vécu ces situations, dont la plupart portent sur la difficulté de gérer une classe. Appui rime avec réussiteMme Donaghue-Stanford se souvient de ses propres débuts. «Pour moi, l'enseignement me semblait si extraordinaire et merveilleux que beaucoup de choses ne me sont même pas venues à l'esprit.» Pour Mme Vanderpool, le mentorat est une relation d'amitié et un procédé qui évolue. «Vous rencontrerez des mentors tout au long de votre carrière. Vous devriez toujours trouver quelqu'un pour vous donner un coup de main et pas seulement la première année.» Hélène Desgagné en est la preuve. Malgré ses 18 ans d'expérience à l'élémentaire, c'était pourtant la première fois cette année qu'elle enseignait les sciences aux enfants en difficulté à l'école secondaire de Pain Court du Conseil scolaire catholique du Sud-Ouest. «Si je n'avais pas eu de mentor, le défi aurait tourné au cauchemar, dit-elle. La matière était toute nouvelle pour moi. Sans mentor, j'aurais eu du mal à suivre le programme et j'aurais été perdue au moment de l'évaluation. Mon mentor m'a appris comment enseigner la matière, la rendre vivante et l'adapter au niveau de mes élèves.»
Guy Deslauriers, enseignant ayant 24 ans d'expérience, a trouvé fascinant d'observer les progrès de sa protégée avec ceux de ses élèves. «J'ai montré à Hélène comment enseigner une classe de science, puis comment l'adapter à des élèves en difficulté. Ses élèves étaient fiers de pouvoir faire les mêmes expériences que ceux de la classe normale au moyen de microscopes, d'un tableau périodique et de circuits électriques. Ils se sentaient valorisés.» Mme Desgagné a raconté son histoire avec humour, posant la question «Mon Dieu, qu'est-ce que je vais faire?» pour rappeler qu'il ne faut pas avoir peur de poser des questions, quel que soit son niveau d'expérience. «Il faut faire preuve d'humilité dans notre profession, affirme-t-elle. Même après 18 ans d'expérience, je n'ai pas eu peur de poser des questions. Le mentorat est indispensable à tous les enseignants, tant novices que vétérans.» Problèmes épineuxL'expérience de mentorat peut toutefois s'avérer inconfortable pour certains. «Si nous voulons élaborer un programme de mentorat, il est important de définir les rôles, responsabilités et attentes, tant pour le mentor que son protégé, dit une enseignante pour qui sa relation de mentor avec une jeune collègue n'a pas fonctionné. Les deux parties devraient en être conscientes. Le mentor n'est pas une mère ni une secrétaire, et le protégé n'est pas un stagiaire rémunéré.» Ce mentor a parlé des défis que l'on peut rencontrer quand le sens de l'éthique est remis en question. «Je ne pouvais pas m'entretenir de notre problème avec la direction ou un collègue parce que, dans une école, on ne peut pas ouvertement critiquer quelqu'un. Je ne voulais pas la rabaisser ou être la cause de son renvoi. C'était une situation difficile.» Tout le monde a besoin d'aide«Les mentors aussi ont besoin de mentors», souligne Peter Brodribb, enseignant d'anglais et d'études médiatiques au secondaire au conseil scolaire d'Ottawa-Carleton. «Même après 30 ans, j'ai toujours des dilemmes et des difficultés, dit-il. Il est fondamental de poursuivre la discussion sur la profession afin d'améliorer notre pratique. «C'est une chose d'écrire dans un journal, c'en est une autre de penser tout haut. Il est très utile de pouvoir se réunir entre enseignants et de discuter des situations dans lesquelles nous nous trouvons.» Pour M. Brodribb, la rédaction de cas est un exercice qui rassure, qui force à réfléchir avant d'aller de l'avant. «Ce n'est pas un sacrifice pour moi d'être mentor, car cela améliore mon enseignement. C'est un forum ouvert où je peux parler de la façon dont j'envisage ma relation avec mes élèves et mes collègues, par exemple. Le mentorat n'est pas coulé dans un moule hiérarchique comme le sont beaucoup d'autres rôles de leaders.» PrÉoccupations communesEn parlant de leurs expériences, les participants ont tiré des conclusions sur les problèmes propres au mentorat. Les mentors ont isolé plusieurs aspects qui soulèvent des préoccupations :
Parmi les préoccupations des novices, on relève :
Pour en savoir plus à ce sujet, communiquez avec Wendy Benson, secrétaire, Unité des normes d'exercice de la profession et d'éducation au 416-961-8800 (en Ontario 1-888-534-2222), poste 881, wbenson@oct.ca. |