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Le plaisir dapprendre
«On devrait samuser en apprenant, dit-il. Ça
peut être ardu, difficile, poser des défis et même
être stressant, mais on devrait y prendre plaisir. Jaime
mamuser et les jeunes aussi. Nous formons une bonne équipe.
Nous voulons tous joindre lutile à lagréable
et nous apprenons ensemble.»
Wineberg a obtenu son diplôme de lInstitut détudes
pédagogiques de lOntario de lUniversité
de Toronto (IÉPO/UT) en 1999 et enseigne à l'école
Markville depuis trois ans. Son secteur compte cinq autres personnes.
Pendant sa première année, la Société
Radio-Canada et la Monnaie royale canadienne ont lancé un
concours national invitant les écoles à produire une
annonce publicitaire pour lutter contre lalcool au volant
chez les adolescents. Le message était de ne pas conduire
en état divresse, mais de prendre un taxi. Un groupe
délèves de Wineberg a envoyé son projet
extrascolaire et a obtenu le premier prix en Ontario et la cinquième
place au niveau national. Mais attendez la suite!
La Monnaie royale canadienne a frappé une pièce de
25 cents spéciale Harmonie 2000 et la
distribuée aux finissants des écoles secondaires du
Canada. La pièce devait servir à appeler un taxi.
Elle a été lancée officiellement à lécole
Markville et la publicité de lécole a été
diffusée en direct sur le web et à la Société
Radio-Canada. La pièce en circulation représente la
Reine d'un côté et une feuille dérable
de lautre. Si on regarde bien, on remarque que la feuille
dérable est faite de plusieurs jeunes se tenant la
main. Ces jeunes sont les élèves de Wineberg.
«Ils étaient au septième ciel», dit
Wineberg en parlant de ses élèves ainsi immortalisés. «Ça
na pas de prix.»
Mais ce nest pas tout. Lannée suivante, le prix
du meilleur message publicitaire télévisé pour
les services publics en Ontario a été remis à
un groupe de ses élèves dans le cadre dun concours
financé par la Canadian Association for Responsible Gambling.
Le Conseil scolaire de district de la région de York a récemment
reconnu les efforts de Wineberg et lui a décerné le
Technology Incentive Award, destiné aux enseignantes et enseignants
qui utilisent des méthodes exemplaires pour intégrer
la technologie et les attentes du curriculum à leur programme.
Programme offert dans cinq universités
Les facultés déducation de lOntario
comptaient 142 étudiants à la formation en études
technologiques en 2000-2001. Cinq universités offrent ce
type de programme : Brock, Queens, Western Ontario, Ottawa
et lIÉPO/UT.
LUniversité dOttawa offre un programme en français.
Le nombre détudiants nest pas limité,
mais le coordonnateur du programme, Bernard Cousineau, a eu au plus
22 étudiants. «Nous sommes toujours prêts
à accueillir des étudiants», dit-il.
Luniversité passe des annonces dans des journaux locaux
en Ontario. La section du programme détudes technologiques
du site web de lUniversité dOttawa essaie dattirer
des participants éventuels en leur demandant : «Vous
désirez transmettre la passion de votre métier à
des jeunes du secondaire qui ont entre 12 et 20 ans et les amener
à être des membres productifs de la société
des années 2000?»
Si vous avez des amis ou des parents qui songent à changer
de carrière, faites circuler linformation. Les facultés
déducation recherchent des étudiants passionnés
de technologie qui possèdent des aptitudes en relations humaines
et se dévouent à la jeunesse. Cela aide aussi d'être
créatif. «Souvent les gens qui ont fait des choses
intéressantes deviennent des enseignants intéressants»,
dit Bryan Perkins, adjoint administratif pour les études
technologiques à la faculté déducation
de lUniversité Queens.
Le diplôme universitaire nest pas requis pour enseigner
une matière technologique. Mais il faut avoir de lexpérience
et des compétences dans son domaine. Il faut un diplôme
détudes secondaires, cinq ans dexpérience
dans un domaine technologique, et avoir suivi le programme de formation
à lenseignement dun an.
LOrdre travaille avec ses partenaires en éducation
pour résoudre le problème de la pénurie de
personnel enseignant. Il a consulté des représentants
des facultés déducation et de lOntario
Council for Technology Education (OCTE) pour élaborer une
stratégie de communications pour lannée à
venir en vue de recruter des étudiants qualifiés pour
les programmes de formation à lenseignement. Il a été
question entre autres du présent article dans Pour parler
profession, dun communiqué dans les journaux cet
automne et dautres contacts avec les médias.
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Esprit de coopération
Un coup du sort tourne bien grâce à
une université, des partenaires du secteur privé et
des syndicats, des conseils scolaires et une fédération
denseignants qui sattaquent ensemble à la pénurie
denseignants en études technologiques.
UNE menace de mises à pied à une société
de pièces dautomobile électroniques a servi
de catalyseur à un programme pilote universitaire destiné
à parer au manque denseignants en études technologiques.
LInstitut détudes pédagogiques de lOntario
de lUniversité de Toronto (IÉPO/ UT) a lancé
cet été un programme pilote de deux ans appelé
le Technological Studies Apprenticeship Program. Ce programme a pour
but de rendre le passage de lusine à la salle de classe
aussi aisé que possible, sans être trop coûteux.
Lusine de Visteon Corporation de Markham, qui fabrique des
pièces et systèmes pour lautomobile, tels que
des mécanismes antivols et des pièces pour sacs gonflables,
devait fermer. En fin de compte, une partie de la société
a été vendue et le nouveau propriétaire, AutoLiv,
a repris laffaire le 1er juillet. On sattendait
à ce quil garde environ 300 employés sur 1 200, dont 35 des 120 ouvriers qualifiés. Dautres ouvriers
étaient transférés. Cependant, cela laissait
presque 100 ouvriers qualifiés au chômage.
«Cétait le moment pour eux de penser à
un changement de carrière pour se diriger vers léducation
», dit Sara McKitrick, coordonnatrice des études technologiques
à lIÉPO/UT. LIÉPO, des partenaires
du secteur privé et des syndicats, des conseils scolaires
et la Fédération des enseignantes et des enseignants
des écoles secondaires de lOntario ont collaboré
pour transformer ce coup du sort en solution constructive et résoudre
le problème de la pénurie denseignants en études
technologiques.
Le Technological Studies Apprenticeship Program sadresse
aux ouvriers qualifiés provenant des secteurs privés
qui ont un lien avec les matières pour lesquelles on manque
denseignants. Cest un programme de formation à
lenseignement concentré, souple et modulaire, conçu
pour que les participants, qui possèdent une grande expérience
en technologie puissent se préparer à la profession
sans perte de revenus considérable.
Ce programme se déroule en deux séances de six semaines,
deux stages pratiques de 20 jours chacun et un stage en entreprise.
Les cours nont pas lieu sur le campus, mais à la Sir
William Mulock Secondary School à Newmarket, ce qui arrangeait
mieux ce groupe particulier de participants.
«Le programme nest ni une solution temporaire, ni un
moyen de brûler les étapes. Il sagit dun
programme de qualité. Nous avons juste fait en sorte que
le programme pilote soit souple et modulaire.» LIÉPO/UT
offre également un programme de formation à lenseignement
en études technologiques en un an qui commence en septembre.
Faire une différence
Gord Buch est mécanicien industriel. Il est lun des
neuf employés de Visteon qui ont commencé à
suivre des cours à la mi-juin. Le programme compte 27 participants.
Buch a commencé à travailler chez Visteon en 1985 et y est demeuré pendant 17 ans. Pendant ses loisirs, il
a fait du bénévolat à la bibliothèque
scolaire publique de ses enfants et à des classes détudes
technologiques dans des écoles secondaires. Il a aussi siégé
au conseil décole dont il est actuellement le vice-président.
Sa femme est enseignante.
En janvier 2001, les ouvriers de Visteon ont appris que lusine
fermerait dans les 18 à 24 mois suivants et que personne
ne garderait son emploi. Nombre demployés étaient
entrés à la compagnie tout jeunes et comptaient déjà
de 15 à 20 ans dexpérience. Bien quils
aient été encore loin de lâge de la retraite,
chercher un emploi sur le marché du travail a été
une révélation pour certains.
À lautomne 2001, Buch a vu sur le babillard au travail
une annonce à propos dun programme de formation à
l'enseignement en études technologiques. Il navait
jamais envisagé enseigner auparavant, mais il sest
informé. «Javais limpression dêtre
pris au piège avec seulement une profession. Je voulais avoir
dautres options.»
Plus tard, la société a annoncé aux employés
quelle conserverait un quart des postes. Buch fait partie
des chanceux. On lui a demandé de rester. Mais il ne place
pas tous ses ufs dans le même panier. Il reste à
AutoLiv et suit le programme de formation à lenseignement.
Il utilise tous ses congés et tente dobtenir un congé
sans solde. Il dit vouloir suivre le programme jusquau bout
et pense quil saura alors mieux quel voie choisir lusine
ou lécole. «Cest super de pouvoir faire
une différence dans la vie de quelquun, dit-il. Quand
on travaille dans une usine, on est juste un numéro. On fabrique
peut-être une radio ou un sac gonflable, mais le travail est
vraiment anonyme.
«Quand on enseigne, on a loccasion de faire une différence
dans la vie des jeunes et de donner quelque chose en retour à
la société.»
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