Le nombre d'enseignants qualifiés sans
emploi ne laisse aucune excuse pour embaucher des enseignants non qualifiés
de Denys Giguère
LOrdre des enseignantes et des enseignants a prévenu les conseils scolaires qui
envoient des enseignantes et enseignants non qualifiés dans des classes quils
pourraient faire lobjet de poursuites judiciaires sils ne mettent pas fin à
cette pratique.
Margaret Wilson, registrateure de lOrdre, a expliqué sans équivoque que
lOrdre est prêt à prendre des mesures sévères afin de garantir que du personnel
qualifié enseigne aux élèves ontariens. Daprès elle, les efforts déployés
récemment pour que du personnel qualifié seulement puisse enseigner dans des classes de
lOntario bénéficient aux parents, aux élèves, ainsi quaux enseignantes et
enseignants qualifiés.
Veiller à ce que les enseignantes et enseignants des écoles financées par des fonds
publics en Ontario soient qualifiés est un élément clé du mandat de lOrdre.
Vis-à-vis du public et du personnel enseignant, il incombe également à lOrdre de
sassurer que le corps enseignant reçoit la formation nécessaire pour pouvoir
dispenser aux élèves ontariens une éducation de qualité, aujourdhui et demain.
Lorganisme dautoréglementation des enseignantes et enseignants établit aussi
des normes dexercice et déducation pour la profession agrée les programmes
de formation à lenseignement et les fournisseurs de ces programmes.
Au cours de sa première année dexistence, lOrdre a dû à maintes
reprises sattaquer à la question des enseignantes et enseignants non qualifiés. Il
a dénoncé avec véhémence les articles du projet de loi 160 qui semblaient autoriser le
recours à des intervenants non qualifiés et a obtenu gain de cause puisque le
gouvernement a retiré les articles en question.
Le mécontentement des parents
Après avoir reçu des appels de parents mécontents dapprendre que du personnel
non qualifié enseigne à leurs enfants, Margaret Wilson a émis une sérieuse mise en
garde dans une lettre adressée aux conseils scolaires de toute la province.
Les parents se sont notamment plaints de ce que le Conseil des écoles séparées
catholiques de Dufferin-Peel, lun des plus importants de lOntario avec plus de
4 500 enseignantes et enseignants, fait régulièrement appel à du personnel suppléant
non qualifié pour enseigner. LOrdre a demandé une liste du personnel suppléant
souvent employé par ce conseil et procède à son examen afin dêtre sûr que la
loi est bien respectée.
«En tant quorganisme de réglementation, lOrdre se doit de protéger
lintérêt du public», déclare Mme Wilson dans une lettre envoyée au Conseil de
Dufferin-Peel. «À titre demployeur, il incombe au Conseil des écoles séparées
catholiques de Dufferin-Peel de veiller à ce que toutes les personnes qui doivent devenir
membres de lOrdre pour pouvoir occuper un poste soient en règle avec celui-ci.»
«Lembauchage de personnes non qualifiées est dautant moins justifié
quand on pense au grand nombre denseignantes et denseignants au chômage,
ajoute Mme Wilson. La région du Golden Horseshoe compte trois facultés déducation
lUniversité Brock, lUniversité York et lUniversité de Toronto
et des centaines de jeunes enseignantes et enseignants qualifiés qui ne demandent
quà exercer leur métier.»
À la défence de la profession
Lors du débat entourant le projet de loi 160,
lOrdre a rappelé que les enseignantes et enseignants seulement ont été formés
pour enseigner aux enfants et aux adolescents. Informaticiens, musiciens, athlètes et
autres spécialistes ne possèdent pas les compétences requises, à moins davoir
suivi avec succès un programme de formation à lenseignement.
LOrdre a également précisé quil ne pouvait pas garantir que la formation
reçue par les intervenants non qualifiés satisfait aux normes dexercice de la
profession établies par lOrdre. Il ne peut notamment pas fournir lassurance
que ces personnes respecteront un code déthique rigoureux ou feront lobjet de
mesures disciplinaires en cas de violation du code.
«Le métier denseignant revêt un caractère sérieux et distinctif, explique
Mme Wilson. Les enseignantes et enseignants qualifiés sont les seuls à posséder
lexpérience et le savoir-faire requis pour comprendre le contenu du curriculum et
savoir comment lenseigner aux élèves.»
La registrateure a également exprimé ses préoccupations sur cette question lors de
diverses réunions avec des directrices et des directeurs de léducation qui ont eu
lieu au cours de la première année dexistence de lOrdre. Elle a à nouveau
insisté sur cette question dans des lettres adressées aux conseils scolaires de toute la
province, à la mi-février, quand le tableau de lOrdre indiquait que quelque 2 200
enseignantes et enseignants de lOntario nétaient pas membres en règle.
«Ces personnes ne sont pas membres de lOrdre pour des raisons multiples,
précise Mme Wilson. Certaines dentre elles ont fait lobjet dune
suspension de leur carte de compétence parce quelles navaient pas payé leur
cotisation, dautres ne se sont jamais inscrites et dautres encore détiennent
une carte de compétence temporaire qui est arrivée à expiration. Un petit nombre
dentre elles nont jamais possédé les qualifications requises pour enseigner
en Ontario.»
Près de la moitié des 2 200 enseignantes et enseignants qui ne figuraient pas sur le
tableau de lOrdre sont à présent inscrits. LOrdre poursuit sa collaboration
avec les conseils scolaires afin dêtre sûr que ceux qui ne sont pas encore membres
en règle le deviennent, renouvellent leur carte de compétence temporaire ou reçoivent
la formation nécessaire pour répondre aux normes de lOrdre, selon le cas.
La Loi sur léducation est sans équivoque à propos du personnel non qualifié.
Elle stipule que «nul ne doit être employé dans une école élémentaire ou secondaire
pour y enseigner ou y exercer des fonctions pour lesquelles ladhésion à
lOrdre est exigée par la présente loi sil nest pas membre de
lOrdre des enseignantes et des enseignants de lOntario».
Cette disposition sapplique également aux directrices et directeurs de
léducation, aux surintendantes et surintendants, aux conseillères et conseillers
scolaires, au personnel de direction des écoles, au personnel enseignant à temps plein,
à temps partiel et suppléant, ainsi quaux nouveaux diplômés des facultés
déducation embauchés comme suppléants peu de temps après lobtention de
leur diplôme.
«Cet aspect est très important pour la profession, affirme Mme Wilson. Si les
conseils scolaires peuvent faire appel à du personnel non qualifié pour enseigner dans
des cas de force majeure, ils doivent néanmoins prouver quils ont essayé par tous
les moyens de trouver des enseignantes et enseignants qualifiés pour combler ces postes.
En revanche, il peut y avoir une pénurie denseignants possédant des compétences
particulières et des circonstances particulières qui justifient lembauchage
temporaire dautres enseignantes et enseignants après avoir reçu
lautorisation du ministère de lÉducation et de la Formation.»
La reconnaissance professionnelle
La reconnaissance professionnelle est un privilège que le personnel enseignant attend
depuis longtemps, souligne Mme Wilson. Alors que médecins, infirmières, avocats,
architectes et ingénieurs jouissent depuis plusieurs décennies dune reconnaissance
professionnelle en Ontario, les enseignantes et enseignants ont dû patienter plus de 30
ans, soit jusquen 1996, avant de lobtenir.
Mme Wilson poursuit : «La plupart des gens niraient pas voir un médecin, un
avocat ou un ingénieur sil nétait pas reconnu par un ordre professionnel.
Léducation des enfants est tout aussi importante. Des enseignantes et enseignants
qualifiés connaissent les besoins de leurs élèves, leurs styles et leurs antécédents
dapprentissage, et leurs aptitudes, ce qui leur permet de déceler les difficultés
dapprentissage, de définir les besoins et dadapter le programme en
conséquence.
«Les élèves sont en droit de sattendre que du personnel qualifié et responsable
leur dispense un enseignement.»