«Depuis toujours, jai su quelle était
responsable plus que quiconque, sauf mes parents, de ma décision de devenir écrivain»,
dit Farley Mowat pendant sa pause du midi. Il est en voie décrire une histoire
spéculative des origines du Canada intitulée The Far Farers.
Elle sappelait Edna Izzard et a enseigné langlais à Mowat de 1937 à 1940
à la Richmond Hill High School à Richmond Hill.
«Mademoiselle Izzard était plus ou moins une vieille dame, ajoute Mowat. Elle était
très sévère, un peu une dure à cuire. Et quel sens de lhumour sardonique
merveilleux. Presque tout le monde à lécole en avait peur. Elle ne mâchait pas
ses mots et faisait preuve dune honnêteté totale dans ses évaluations.»
Sur le ton du conteur, Mowat enchaîne : «Je me rappelle la première dissertation que
je lui ai remise. Javais pris note de tout ce qui sétait dit à son sujet et
était davis, comme tout le monde, quelle était une vieille pincée.
Jai donc pris des libertés avec mon texte et lui ai donné une tournure
satirique.
«Elle ma fait venir à son bureau et, me regardant droit dans les yeux, ma
dit que javais échoué.
«Je ne savais plus quoi penser. Puis elle a ajouté : "Vous avez échoué quant à
lobjet de votre texte. Savez-vous quel devait être lobjet du texte?"
«Cétait dêtre intelligent, je crois.
«Elle a ajouté : "Eh bien! Vous êtes passé à côté. Vous nétiez même pas
drôle. Vous savez que vous êtes capable décrire. Vous lignorez sans doute,
mais vous en avez le don. Alors, si vous voulez écrire, écrivez correctement."»
Mowat a pris cette critique comme un signe. «Cétait le type
dencouragement nécessaire, pas que de simples bons mots, mais une critique
sévère.»
Mademoiselle Izzard na jamais poussé Mowat, mais lui a toujours rappelé
quil pouvait faire mieux. «Elle prenait une phrase et disait : "Si tu voulais lui
donner plus de force, comment ty prendrais-tu? Et jy pensais et je proposais
de changer la phrase. Elle mappuyait toujours."»
À lextérieur de lécole, Mowat consacrait presque tout son temps à la
poésie. «Après avoir écrit ce qui me semblait plutôt bon, je le lui faisais lire.
Elle disait que les idées étaient bonnes et lapproche juste, mais que je ne
maîtriserais jamais lart de la poésie. "Mais il ne faut pas te décourager, me
disait-elle, car la poésie constitue la meilleure préparation avant de passer à la
prose."»
«Je nai jamais oublié cela, a-t-il ajouté, si on peut condenser son matériel,
se discipliner pour y donner forme, soit écrire à lancienne des vers qui riment,
on en apprend davantage sur lusage de la langue. Jai continué à écrire de
la poésie pendant longtemps, rien de publiable toutefois. Et jen ai appris beaucoup
sur lart décrire.»
Mademoiselle Izzard ne sattardait pas quau talent de Mowat. Elle
encourageait quiconque sintéressait à la lecture ou à lécriture.
Comme la dit Mowat : «Elle était une personne extraordinaire.»