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Juin 1998

 

Partir pour mieux revenir


Des enseignantes et des enseignants au début de leur carrière trouvent du travail et prennent de l’expérience à l’extérieur du Canada.

de Rosemarie Bahr

ÀLondres, une enseignante à sa première année d’enseignement dit à sa classe de l’attendre dans le «hall». Un moment plus tard, ils étaient partis, introuvables. Elle était furieuse. Ils sont finalement revenus en demandant : «Nous vous avons attendue dans le "hall". Où étiez-vous Mademoiselle?»

En Angleterre, «hall» signifie gymnase; en Ontario, corridor. L’enseignante est ontarienne.

Une autre classe a pouffé de rire à la mention par l’enseignant de culottes (pants). Ici, l’enseignant parlait de pantalons (trousers) et non de sous-vêtements.

Ces enseignants qui n’en sont qu’à leur première année d’enseignement enrichissent leur vocabulaire tout en acquérant de l’expérience en enseignement.

En Ontario, on compte peut-être trop d’enseignantes et d’enseignants par rapport aux nombres de salles de classe. Mais ailleurs, à Londres et en Californie par exemple, on assiste à une pénurie et les enseignantes et enseignants formés en Ontario sont en demande.

Les services aux étudiants de l’IEPO/UT ont fait une enquête auprès des diplômés qui ont utilisé ses services. Des 890 diplômés qui ont répondu, 65 ont trouvé du travail à l’extérieur de l’Ontario. Quarante-deux pour cent ont dit avoir un emploi à temps plein. L’an dernier, ce chiffre s’élevait à 31 pour cent.

Gary Hunt, directeur des services aux étudiants de l’IEPO/UT, signale que le secteur international constitue l’un de leurs principaux employeurs. «Il existe de nombreuses écoles, particulièrement en Amérique du Sud et au Mexique, où il n’est pas nécessaire d’avoir d’expérience en enseignement pour enseigner.»

Dans ces écoles internationales, l’enseignement se fait en anglais et l’enseignante ou l’enseignant couvre toutes les matières, à l’opposé de ce qui se fait au Japon ou en Corée où l’enseignante ou l’enseignant de l’extérieur n’enseigne que l’anglais.

Une option s’offre aux épris d’aventure : l’Angleterre où il sévit une pénurie d’enseignantes et d’enseignants. Contrairement au poste dans une école internationale, l’emploi n’est pas garanti. Il faut payer son voyage à Londres et s’inscrire auprès d’une ou de plusieurs agences qui placent le personnel enseignant.

Depuis plusieurs années déjà, les écoles britanniques doivent trouver leurs propres suppléants, stimulant ainsi la croissance de sociétés privées qui recrutent du personnel enseignant. Initial Personnel Services est l’une des sociétés qui recherchent activement de la main-d’œuvre au Canada et ailleurs. Elle aide les nouveaux arrivants à se trouver un logement, à ouvrir un compte bancaire et à s’installer.

D’après Amanda Brownell, directrice du recrutement chez Initial, les écoles britanniques ont de la difficulté à trouver du personnel hautement qualifié et les enseignantes et enseignants du Canada sont très en demande.

«La majorité de notre personnel du Canada souhaite trouver un placement à long terme, a ajouté Brownell. Ils ont un plan de carrière et sont dévoués. En classe, ils en font beaucoup plus que ne l’exige le poste. Leur réputation est en hausse dans les écoles de Londres.»

En règle générale, les classes sont très multiculturelles et peuvent s’avérer très exigeantes, les élèves étant de niveaux différents. Les écoles veulent des enseignantes et des enseignants du Canada en raison de la qualité de leur formation, de leur rigueur et de leur dévouement envers la profession.

Brownell souhaite recruter plus d’enseignantes et d’enseignants. Sa société a affecté plus de 200 Canadiennes et Canadiens à des postes à long terme et environ 350 autres en suppléance.

Sa propre classe

Victor Dos Santos, Liette Nix, Tim Pace et Paula Turner, récemment diplômés de l’Ontario en éducation, se sont inscrits auprès d’Initial. Ils ont tous été placés à long terme dans leur propre classe à la De Beauvoir Primary School à Hackney.

De Beauvoir est une école multiculturelle en milieu urbain défavorisé. Certains disent qu’elle est difficile, d’autres parlent d’un défi à relever. Pour ces enseignantes et enseignants à leur première année d’enseignement, c’est là une occasion d’exercer leur profession. À leur arrivée à Londres, ils ont commencé à faire de la suppléance, devant attendre l’appel téléphonique de 7 h 30 d’Initial leur indiquant comment se rendre à l’école. Contrairement à ce qu’ils avaient connu en Ontario, on les appelait chaque jour.

Ils n’ont pas eu à attendre longtemps avant qu’on leur offre un poste à long terme. Liette Nix a passé une entrevue et obtenu l’emploi l’après-midi même. «Des contrats, ça ne manque pas», précise-t-elle.

Les quatre se sont dit surpris par le manque de ressources à l’école. «On en apprend chaque jour, dit Paula Turner. La deuxième semaine, l’école a manqué de papier à photocopieur. J’en étais rendue à casser le crayons de couleur en trois pour pouvoir distribuer chaque couleur à tous.»

«Les gens sont à peu près les mêmes ici», ajoute Victor Dos Santos. Il précise cependant qu’il faut un certain temps avant de s’habituer à l’immensité de Londres, au coût de la vie et à traverser la rue.

La neige ne manque à personne, bien que Tim Pace avoue se rendre au Café Internet pour vérifier les résultats du hockey sur le site web de la LNH.

Enseigner en Californie

Le district scolaire de Newhall dans le sud de la Californie est une autre enclave sans neige où l’on compte de plus en plus d’enseignantes et d’enseignants de l’Ontario. Environ 14 pour cent de ses 280 enseignantes et enseignants sont du Canada et principalement de l’Ontario.

Cette croissance est due à une initiative californienne qui offre des incitatifs aux districts scolaires qui limitent la taille des classes à 20 élèves dans les premières années d’école. La pénurie locale de main-d’œuvre qualifiée a obligé les districts scolaires à recruter des diplômés des meilleurs programmes de formation à l’enseignement.

Selon Anne Hazlett, responsable du personnel dans ce district, les universités canadiennes se classent parmi les meilleures. Sa connaissance d’une diplômée de la faculté d’éducation de Queen’s l’a amenée, avec des directeurs d’école, en Ontario pour recruter du personnel enseignant.

«Tout le monde revient d’un voyage de recrutement très satisfait, dit Hazlett. Nos écoles se classent très bien et les parents ont des attentes très élevées.» D’après la direction des écoles du district, la qualité de la formation donnée aux enseignantes et enseignants au Canada est très élevée.

Le district s’occupe de l’immigration, aide à trouver le logement, à ouvrir un compte bancaire et fournit un mentor et de l’appui aux nouveaux venus. «C’est difficile, car les attentes sont très élevées, précise Hazlett, mais nous en ressortons tous très satisfaits.»

Le retour à la maison

Les emplois à l’extérieur du Canada ne sont pas permanents et les enseignantes et enseignants s’attendent à revenir en Ontario. À leur retour, si tout s’est bien passé, d’après Gary Hunt de l’Université de Toronto, ils font leur entrée sur le marché de l’emploi avec de l’expérience.

Tara Jack est de retour à Bolton. Elle est sur la liste de suppléance du conseil de Peel et commence bientôt un remplacement à long terme dans une école secondaire de Kitchener-Waterloo. Elle a passé huit mois à Londres, à titre de suppléante et de remplaçante à long terme à mi-temps dans des écoles secondaires urbaines défavorisées.

«Au plan professionnel, ce fut très utile, a-t-elle précisé. En entrevue, tout le monde était impressionné par le simple fait que j’avais acquis cette expérience. Je ne pourrais cependant pas comparer cette expérience à l’expérience que j’aurais pu acquérir en Ontario.»

«Mais je n’hésiterais pas à y retourner, s’empresse-t-elle d’ajouter. Comme les autres enseignantes et enseignants à Londres, il a été difficile de s’habituer à la taille de la ville et aux écoles des milieux urbains défavorisés. Mais si elle avait besoin d’aide ou d’un conseil, Shawna Hill à Initial Personnel était toujours disponible.»

Shawna Hill, de Val Caron, et Andrea Mullings, de Trenton, comptaient parmi les premières enseignantes et enseignants recrutés par Initial pour travailler à Londres. Les deux sont maintenant à l’emploi d’Initial.

Mullings occupe le poste de Hill, soit superviser les nouvelles recrues et les placer dans des écoles. Elle insiste : «Je ne réalisais pas à quel point ma formation au Canada constituait un atout. Certaines écoles demandent des enseignantes et des enseignants du Canada.»

Hill participe dorénavant au recrutement du personnel enseignant. Pour elle, on a parcouru la moitié du chemin une fois qu’on a franchi l’obstacle de l’immigration et du permis de travail. Habituellement, une personne arrive ici muni d’un visa vacances-travail ou avec un passeport de la communauté européenne ou encore parce qu’un de ses parents ou grands-parents est né au Royaume-Uni.

Choisir Londres, c’est aussi avoir la possibilité de voyager. Mullings dit que les voyages sont devenus une passion. «Tout est si près. Le monde s’offre à vous.» Elle se fait la porte-parole des autres en disant : «J’en ai appris plus en six mois passés ici que pendant les deux années qui ont précédé.»

Initial Education Personnel vient d’ouvrir un bureau dans la région de Toronto; tél. : (416) 226-5880. Pour plus de renseignements sur les postes en enseignement dans le district de Newhall, envoyez un courriel à nsd@newhall.k12.ca.us.