Des enseignantes et des enseignants au
début de leur carrière trouvent du travail et prennent de lexpérience à
lextérieur du Canada.
de Rosemarie Bahr
ÀLondres,
une enseignante à sa première année denseignement dit à sa classe de
lattendre dans le «hall». Un moment plus tard, ils étaient partis, introuvables.
Elle était furieuse. Ils sont finalement revenus en demandant : «Nous vous avons
attendue dans le "hall". Où étiez-vous Mademoiselle?»
En Angleterre, «hall» signifie gymnase; en Ontario, corridor. Lenseignante est
ontarienne.
Une autre classe a pouffé de rire à la mention par lenseignant de culottes
(pants). Ici, lenseignant parlait de pantalons (trousers) et non de sous-vêtements.
Ces enseignants qui nen sont quà leur première année denseignement
enrichissent leur vocabulaire tout en acquérant de lexpérience en enseignement.
En Ontario, on compte peut-être trop denseignantes et denseignants par
rapport aux nombres de salles de classe. Mais ailleurs, à Londres et en Californie par
exemple, on assiste à une pénurie et les enseignantes et enseignants formés en Ontario
sont en demande.
Les services aux étudiants de lIEPO/UT ont fait une enquête auprès des
diplômés qui ont utilisé ses services. Des 890 diplômés qui ont répondu, 65 ont
trouvé du travail à lextérieur de lOntario. Quarante-deux pour cent ont dit
avoir un emploi à temps plein. Lan dernier, ce chiffre sélevait à 31 pour
cent.
Gary Hunt, directeur des services aux étudiants de lIEPO/UT, signale que le
secteur international constitue lun de leurs principaux employeurs. «Il existe de
nombreuses écoles, particulièrement en Amérique du Sud et au Mexique, où il nest
pas nécessaire davoir dexpérience en enseignement pour enseigner.»
Dans ces écoles internationales, lenseignement se fait en anglais et
lenseignante ou lenseignant couvre toutes les matières, à lopposé de
ce qui se fait au Japon ou en Corée où lenseignante ou lenseignant de
lextérieur nenseigne que langlais.
Une option soffre aux épris daventure : lAngleterre où il sévit
une pénurie denseignantes et denseignants. Contrairement au poste dans une
école internationale, lemploi nest pas garanti. Il faut payer son voyage à
Londres et sinscrire auprès dune ou de plusieurs agences qui placent le
personnel enseignant.
Depuis plusieurs années déjà, les écoles britanniques doivent trouver leurs propres
suppléants, stimulant ainsi la croissance de sociétés privées qui recrutent du
personnel enseignant. Initial Personnel Services est lune des sociétés qui
recherchent activement de la main-duvre au Canada et ailleurs. Elle aide les
nouveaux arrivants à se trouver un logement, à ouvrir un compte bancaire et à
sinstaller.
Daprès Amanda Brownell, directrice du recrutement chez Initial, les écoles
britanniques ont de la difficulté à trouver du personnel hautement qualifié et les
enseignantes et enseignants du Canada sont très en demande.
«La majorité de notre personnel du Canada souhaite trouver un placement à long
terme, a ajouté Brownell. Ils ont un plan de carrière et sont dévoués. En classe, ils
en font beaucoup plus que ne lexige le poste. Leur réputation est en hausse dans
les écoles de Londres.»
En règle générale, les classes sont très multiculturelles et peuvent savérer
très exigeantes, les élèves étant de niveaux différents. Les écoles veulent des
enseignantes et des enseignants du Canada en raison de la qualité de leur formation, de
leur rigueur et de leur dévouement envers la profession.
Brownell souhaite recruter plus denseignantes et denseignants. Sa société
a affecté plus de 200 Canadiennes et Canadiens à des postes à long terme et environ 350
autres en suppléance.
Sa propre classe
Victor Dos Santos, Liette Nix, Tim Pace et Paula Turner, récemment diplômés de
lOntario en éducation, se sont inscrits auprès dInitial. Ils ont tous été
placés à long terme dans leur propre classe à la De Beauvoir Primary School à Hackney.
De Beauvoir est une école multiculturelle en milieu urbain défavorisé. Certains
disent quelle est difficile, dautres parlent dun défi à relever. Pour
ces enseignantes et enseignants à leur première année denseignement, cest
là une occasion dexercer leur profession. À leur arrivée à Londres, ils ont
commencé à faire de la suppléance, devant attendre lappel téléphonique de 7 h
30 dInitial leur indiquant comment se rendre à lécole. Contrairement à ce
quils avaient connu en Ontario, on les appelait chaque jour.
Ils nont pas eu à attendre longtemps avant quon leur offre un poste à
long terme. Liette Nix a passé une entrevue et obtenu lemploi laprès-midi
même. «Des contrats, ça ne manque pas», précise-t-elle.
Les quatre se sont dit surpris par le manque de ressources à lécole. «On en
apprend chaque jour, dit Paula Turner. La deuxième semaine, lécole a manqué de
papier à photocopieur. Jen étais rendue à casser le crayons de couleur en trois
pour pouvoir distribuer chaque couleur à tous.»
«Les gens sont à peu près les mêmes ici», ajoute Victor Dos Santos. Il précise
cependant quil faut un certain temps avant de shabituer à limmensité
de Londres, au coût de la vie et à traverser la rue.
La neige ne manque à personne, bien que Tim Pace avoue se rendre au Café Internet
pour vérifier les résultats du hockey sur le site web de la LNH.
Enseigner en Californie
Le district scolaire de Newhall dans le sud de la Californie est une autre enclave sans
neige où lon compte de plus en plus denseignantes et denseignants de
lOntario. Environ 14 pour cent de ses 280 enseignantes et enseignants sont du Canada
et principalement de lOntario.
Cette croissance est due à une initiative californienne qui offre des incitatifs aux
districts scolaires qui limitent la taille des classes à 20 élèves dans les premières
années décole. La pénurie locale de main-duvre qualifiée a obligé
les districts scolaires à recruter des diplômés des meilleurs programmes de formation
à lenseignement.
Selon Anne Hazlett, responsable du personnel dans ce district, les universités
canadiennes se classent parmi les meilleures. Sa connaissance dune diplômée de la
faculté déducation de Queens la amenée, avec des directeurs
décole, en Ontario pour recruter du personnel enseignant.
«Tout le monde revient dun voyage de recrutement très satisfait, dit Hazlett.
Nos écoles se classent très bien et les parents ont des attentes très élevées.»
Daprès la direction des écoles du district, la qualité de la formation donnée
aux enseignantes et enseignants au Canada est très élevée.
Le district soccupe de limmigration, aide à trouver le logement, à ouvrir
un compte bancaire et fournit un mentor et de lappui aux nouveaux venus.
«Cest difficile, car les attentes sont très élevées, précise Hazlett, mais nous
en ressortons tous très satisfaits.»
Le retour à la maison
Les emplois à lextérieur du Canada ne sont pas permanents et les enseignantes
et enseignants sattendent à revenir en Ontario. À leur retour, si tout sest
bien passé, daprès Gary Hunt de lUniversité de Toronto, ils font leur
entrée sur le marché de lemploi avec de lexpérience.
Tara Jack est de retour à Bolton. Elle est sur la liste de suppléance du conseil de
Peel et commence bientôt un remplacement à long terme dans une école secondaire de
Kitchener-Waterloo. Elle a passé huit mois à Londres, à titre de suppléante et de
remplaçante à long terme à mi-temps dans des écoles secondaires urbaines
défavorisées.
«Au plan professionnel, ce fut très utile, a-t-elle précisé. En entrevue, tout le
monde était impressionné par le simple fait que javais acquis cette expérience.
Je ne pourrais cependant pas comparer cette expérience à lexpérience que
jaurais pu acquérir en Ontario.»
«Mais je nhésiterais pas à y retourner, sempresse-t-elle dajouter.
Comme les autres enseignantes et enseignants à Londres, il a été difficile de
shabituer à la taille de la ville et aux écoles des milieux urbains défavorisés.
Mais si elle avait besoin daide ou dun conseil, Shawna Hill à Initial
Personnel était toujours disponible.»
Shawna Hill, de Val Caron, et Andrea Mullings, de Trenton, comptaient parmi les
premières enseignantes et enseignants recrutés par Initial pour travailler à Londres.
Les deux sont maintenant à lemploi dInitial.
Mullings occupe le poste de Hill, soit superviser les nouvelles recrues et les placer
dans des écoles. Elle insiste : «Je ne réalisais pas à quel point ma formation au
Canada constituait un atout. Certaines écoles demandent des enseignantes et des
enseignants du Canada.»
Hill participe dorénavant au recrutement du personnel enseignant. Pour elle, on a
parcouru la moitié du chemin une fois quon a franchi lobstacle de
limmigration et du permis de travail. Habituellement, une personne arrive ici muni dun
visa vacances-travail ou avec un passeport de la communauté européenne ou encore parce
quun de ses parents ou grands-parents est né au Royaume-Uni.
Choisir Londres, cest aussi avoir la possibilité de voyager. Mullings dit que
les voyages sont devenus une passion. «Tout est si près. Le monde soffre à
vous.» Elle se fait la porte-parole des autres en disant : «Jen ai appris plus en
six mois passés ici que pendant les deux années qui ont précédé.»
Initial Education Personnel vient douvrir un bureau dans la région de Toronto;
tél. : (416) 226-5880. Pour plus de renseignements sur les postes en enseignement dans le
district de Newhall, envoyez un courriel à nsd@newhall.k12.ca.us.