Pour parler professionLa revue de L’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario
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Dix ans déjà :
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Dix ans déjà :
10 ans,
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Autoréglementation

 

L’Ordre ouvrait ses portes il y a dix ans déjà

10 ans
10 membres

Depuis le 20 mai 1997, l’Ordre a accordé l’autorisation d’enseigner à plus de 97 000 personnes. Dans le courant de l’année 2007, la moitié de tous nos membres auront commencé dans la profession en ayant d’abord reçu une carte de compétence de l’Ordre.

Dix de nos membres, soit une personne pour chacune de nos dix années d’anniversaire, ont accepté de nous parler de leur carrière. Pour commencer, voici la toute première personne à qui nous avons accordé l’autorisation d’enseigner en Ontario.

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«Soyez souples et n’ayez pas peur de sortir des sentiers battus. Agissez en fonction de ce qui est, selon vous, le plus profitable pour vos élèves.» (Photo)
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Luci Loisi

Luci Loisi a d’abord été embauchée à titre de suppléante à long terme au sein du Dufferin-Peel Catholic District School Board, en septembre 1997. Elle y est toujours et compte aujourd’hui 10 ans d’expérience.

L’école secondaire catholique Loyola avait embauché Mme Loisi pour enseigner le français. Ses débuts ont été brusquement interrompus par une protestation politique. Au lieu de faire les cent pas dans une classe, elle les a faits sur le trottoir, pancarte à la main.

L’année suivante, les enseignants étaient de retour sur le piquet de grève, cette fois avant la rentrée même. «Ce fut des débuts difficiles», confie-t-elle. Elle se rappelle avoir douté de son avenir dans la profession.

Heureusement, elle n’a pas changé de carrière. Elle a enseigné à l’école secondaire Our Lady of Mount Carmel de décembre 1997 à juin 2003, puis elle est devenue membre d’une équipe qui avait pour mandat d’ouvrir une nouvelle école à Dufferin-Peel, l’école secondaire St. Marcellinus. Elle y enseigne le français depuis, et pense y rester pendant les dix prochaines années.

Mme Loisi était très heureuse de voir, en juin dernier, le premier groupe d’élèves de 9e année recevoir leur diplôme d’études secondaires. «C’était formidable de faire partie d’une nouvelle école, d’embaucher du nouveau personnel, d’élaborer de nouvelles politiques et d’influencer les programmes. J’ai aimé relever les défis.»

Au début de sa carrière, elle trouvait difficile de gérer son perfectionnisme et de veiller à ce que chaque leçon soit motivante, rigoureuse et créative. «Il y avait peu de temps pour autre chose que le travail, et c’était stressant d’avoir à préparer chaque jour quelque chose de nouveau et d’intéressant.»

Luci Loisi reçoit notre tout premier certificat d’inscription. Cette photo, prise avec la première registrateure, Margaret Wilson, et la première présidente, Donna Marie Kennedy, est parue dans le numéro de septembre 1997 de Pour parler profession.

Avec l’expérience, elle a appris à mieux gérer son temps et à combler ses attentes. «Aujourd’hui, j’ai un répertoire de ressources et d’activités qui fonctionnent. C’est toujours exigeant et parfois stressant, mais jamais comme au début.»

À l’époque, Mme Loisi appréhendait de demander de l’aide à ses collègues. Elle ne voulait pas faire preuve de faiblesse, particulièrement devant l’administration et les collègues plus expérimentés. Aujourd’hui, c’est différent.

Elle nous raconte : «J’ai présenté Le Petit Prince à mes élèves de 12e année et je leur ai fait faire une activité de coloriage. Ils ont adoré». Il y a dix ans, elle n’aurait jamais présenté une telle activité, craignant le qu’en-dira-t-on de l’administration. Aujourd’hui, elle comprend que la créativité est motivante pour les élèves. De plus, son professionnalisme et sa confiance en elle-même ont enrayé ses inquiétudes à l’égard de ce que les autres pensent.

Ces dix dernières années, elle a suivi des cours menant à des qualifications additionnelles en éducation de l’enfance en difficulté, en éducation coopérative et en éducation religieuse, et a obtenu une maîtrise en éducation.

«Les choses deviennent plus faciles», promet-elle. Elle encourage les enseignants qui ont de la difficulté, à persévérer. «Quand j’avais un groupe particulièrement difficile, se souvient-elle, j’avais parfois envie de tout lâcher.» En rétrospective, ce sont ces groupes qui lui ont permis d’en apprendre davantage sur la gestion de classe, la discipline, l’organisation et la créativité. «Je devais travailler d’arrache-pied pour motiver certains élèves, et cela m’a forcée à développer des styles d’enseignement alternatifs. C’est ce qui a fait de moi une meilleure enseignante.»


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«Commencez par piquer la curiosité des élèves. Il est crucial d’établir de bonnes relations avec eux et de les traiter avec respect et civisme, peu importe les circonstances.» (Photo)
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Carl Gagnon

Cette année, Carl Gagnon a travaillé avec Manon Séguin, chanteuse de L’Orignal dans la région de Cornwall, afin de préparer une tournée des écoles pour montrer aux élèves qu’il est possible de réussir et de travailler en français dans la région. «Les jeunes ont vu que ce n’est pas juste à Hollywood que ça peut se passer».

M. Gagnon est enseignant en aménagement linguistique pour le Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien, et son bureau est situé à l’école secondaire catholique La Citadelle, à Cornwall. Ses principales fonctions sont reliées à la mise en œuvre de la Politique d’aménagement linguistique (PAL), notamment au chapitre de l’élaboration d’activités d’enrichissement du français.

L’un de ses plus grands plaisirs est de voir la réaction des jeunes face aux projets qu’ils entreprennent. «J’aime les voir sourire, voir les enseignants satisfaits et que les activités que l’on met en place profitent à plusieurs élèves.»

Même si son nouveau rôle le passionne, cet ancien enseignant d’immersion française à l’élémentaire avoue que les élèves lui manquent. «Je travaille beaucoup dans l’ombre, alors mes contacts avec eux sont limités. Quand je revois mes anciens élèves, on se dit bonjour, les petits de l’élémentaire me serrent dans leurs bras. Le contact humain, les sourires, les fleurs, les joies, les défaites, tous ces moments expliquent mon attachement pour la profession et le fait que j’œuvre encore en enseignement aujourd’hui.»

Ses loisirs favoris sont le base-ball, le soccer et la pêche. Il aime aussi passer du temps avec sa famille. «Il faut savoir dire non. C’est un grand défi car mon travail est important, mais je dois aussi passer du temps avec ma femme et mes bouts de choux. Mon épouse est enseignante; de nombreux membres de ma famille étaient en enseignement, alors je suis entouré de gens très compréhensifs qui sont de véritables modèles pour moi.»


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«C’est fantastique de parler avec les enfants de leur culture et de leurs traditions. Ils deviennent tout emballés quand ils en parlent.» (Photo)
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Anju Bhardwaj

Chaque matin, Anju Bhardwaj travaille pour le Toronto District School Board (TDSB). Sa fille est née en 2005, alors elle apprécie la possibilité d’être à la fois à l’école et à la maison, surtout après son congé de maternité.

Mme Bhardwaj a commencé à travailler pour le TDSB en 1999. Elle a enseigné dans diverses écoles : Rose Avenue Public School, Nelson Mandela Park Public School, Chine Drive Public School, et maintenant Glen Ravine Junior Public School.

Elle a enseigné à une classe de maternelle et de jardin d’enfants, ainsi qu’à une classe combinée de 4e et de 5e année. Elle avoue préférer les élèves de maternelle et du jardin d’enfants. «J’aime l’énergie des petits, leur enthousiasme et leur désir d’apprendre.» Elle apprécie également le respect que ces enfants éprouvent à l’égard de leur enseignant.

Mme Bhardwaj a trouvé son retour sur le marché du travail assez difficile après son congé de maternité, car elle allait enseigner dans une nouvelle école. «J’ai pris un certain temps à m’ajuster, avoue-t-elle, mais tout va bien maintenant.»

À bien y penser, elle réalise que ses forces lui viennent en partie de la grande diversité de ses élèves. «J’ai eu des élèves qui avaient de grands besoins sur les plans émotif et comportemental, et aussi des élèves qui ne parlaient pas anglais. Je sais comment travailler avec eux pour les aider à réussir.»

Un de ses plus grands défis, bien qu’elle ne le perçoive pas comme tel, est que nombre de ses élèves arrivent en maternelle en parlant peu ou pas du tout l’anglais. «Les parents dont la langue maternelle n’est pas l’anglais envoient leurs enfants à l’école en se disant que c’est là qu’ils l’apprendront.»

Mme Bhardwaj aborde la situation sans sourciller. «Les enfants apprennent beaucoup au contact de leurs camarades de classe. De plus, je répète beaucoup et j’utilise des moyens visuels pour renforcer ce que je dis. Ils apprennent rapidement “toilettes”, mais ils ne disent que le mot. Je les encourage à faire des phrases complètes pour s’exprimer.» Elle a de nombreux élèves qui parlent tamoul, et ils s’entraident en traduisant.

Mme Bhardwaj a elle-même appris l’anglais en tant que langue seconde. Sa langue maternelle est le punjabi. «J’ai fréquenté l’école à Burlington, et c’est là que j’ai appris l’anglais, sans difficulté.»


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«Être enseignant est bien plus gratifiant qu’être banquier. On donne, on ne prend pas.» (Photo)
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David Douglass

«Avoir exercé d’autres professions renforce ma pratique», déclare David Douglass, qui a travaillé dans les domaines de l’hôtellerie et des banques.

En 1999, David et son épouse (aujourd’hui infirmière) ont décidé de changer de carrière pour choisir des professions plus centrées sur une relation d’aide. Et ils ne regrettent rien.

Il travaille au sein du Rainbow District School Board où il a enseigné dans trois écoles différentes de la région de Sudbury, notamment en 6e, 7e et 8e année, en tant qu’enseignant ressource en éducation de l’enfance en difficulté, et enseignant dans une classe d’élèves présentant des troubles du spectre autistique. Depuis les deux dernières années, il est à la Long Lake Public School.

L’école compte 83 élèves et cinq enseignants. Elle doit partager avec une autre école une direction, une direction adjointe et un enseignant ressource en éducation de l’enfance en difficulté. Une petite école, ça signifie un personnel tricoté serré, une communauté présente et le luxe de connaître tous les élèves. M. Douglass commente : «Une des choses qui rend l’enseignement agréable pour moi, c’est d’apprendre à connaître les élèves tant à l’école qu’à l’extérieur de l’école».

Il aime enseigner à la classe combinée de 5e et de 6e année, car il garde certains élèves deux années de suite. «Cela me permet de vraiment les comprendre, d’enseigner en m’adaptant à leur style d’apprentissage et de les aider à réussir.» Ce n’est pas toujours facile à faire, surtout dans une classe de 28 élèves.

M. Douglass croit qu’il est important de montrer aux élèves que leur réussite lui tient à cœur. «Je leur fais savoir qu’ils font partie intégrante de la réussite de la classe et que nous nous ennuyons d’eux quand ils ne sont pas là.»

Il insiste sur l’importance de l’apprentissage. D’ailleurs, il a commencé sa maîtrise en éducation et il détient les qualifications de spécialiste en lecture et en éducation de l’enfance en difficulté. M. Douglass s’est appliqué à mettre en pratique ce qu’il a appris dans ses cours menant à une qualification additionnelle.

Une fois qu’il aura sa maîtrise en poche, M. Douglass prévoit enseigner à l’université, ou peut-être encore aux élèves de Long Lake Public School.


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«Le monde des affaires est exigeant, et l’enseignement l’est encore davantage. Je suis accro à mon travail, et c’est grâce aux enfants.» (Photo)
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Irene Maccarone

Irene Maccarone en est à sa sixième année d’enseignement. À part cette année, où elle enseigne la 5e année à l’école Erin Mills, elle a toujours enseigné la 4e et la 5e année à la Credit Valley Public School du Peel District School Board.

Avant de devenir enseignante, elle travaillait dans le domaine de l’informatique, des finances et du courtage. «Le monde des affaires est exigeant, et l’enseignement l’est encore davantage. Je suis sollicitée de toutes parts : les élèves, le programme, les clubs, les équipes, les concerts, les réunions, les tâches administratives. Je rêve de pouvoir travailler avec les enfants toute la journée.»

Mme Maccarone aide à gérer le club d’art oratoire de l’école. Elle entraîne l’équipe de course à pied et participe au programme pour enrayer l’intimidation à l’échelle du conseil scolaire et de l’école. «On doit sensibiliser les enfants au fait que l’intimidation est partout, dit-elle. Ils doivent apprendre ce que c’est, la façon de l’éviter et les mesures à prendre s’ils en sont victimes ou témoins.»

Elle croit que tous les enfants ont quelque chose de bon en eux et que c’est à elle de le mettre en valeur. «Tout le monde peut réussir et obtenir la reconnaissance de ses pairs pour avoir fait quelque chose de bien. C’est mon travail de trouver ce que c’est et de mettre chaque enfant en valeur.»

Elle s’apprête à suivre la première partie du cours menant à la qualification additionnelle en anglais langue seconde, qui s’ajoutera à ses autres qualifications additionnelles. Elle lit actuellement Getting Beyond “I Like The Book” qui traite des compétences en lecture et en réflexion des élèves.

Mme Maccarone a trouvé ses deux premières années d’enseignement extrêmement difficiles. «Quand j’ai commencé, quelqu’un m’a dit que ça prendrait environ cinq ans avant d’être à l’aise dans ma carrière et de trouver un équilibre entre ma vie personnelle et professionnelle. Cette personne avait raison.»

Elle se voit continuer à travailler avec les élèves, mais peut-être pas au Canada. «Il existe tellement de possibilités dans le monde et je veux en profiter. Il est possible que j’enseigne à l’étranger.»


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«C’est une expérience incroyable de voir le progrès des élèves en lecture et en écriture, et de constater leur indépendance.» (Photo)
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France Monette

France Monette enseigne à l’école élémentaire catholique Saint-Antoine de Tecumseh, près de Windsor.

«Comme enseignante de 1re année, je dois établir les routines au détriment du jeu, leur montrer comment travailler, gérer leur temps et préparer leurs devoirs. C’est incroyable de les voir faire des progrès en lecture et en écriture, de constater leur indépendance et de les voir vivre des réussites personnelles en l’espace de quelques mois.»

Son plus grand défi est d’enseigner aux élèves qui ne parlent pas un mot de français, soit plus de la moitié de la classe. «Leurs langues maternelles sont, entre autres, l’anglais, le roumain, l’arabe et l’italien. Je dois donc les garder intéressés à la langue française afin qu’ils s’épanouissent dans le système scolaire de langue française.»

Elle applaudit la recherche et le développement de la technologie éducative, ainsi que les nouveaux logiciels, mais déplore le manque de temps pour les apprendre tous, et le manque de formation professionnelle disponible dans ce domaine.

Elle souhaite transmettre à ses élèves la fierté d’être catholique francophone. «C’est important de vivre ta foi, ta catholicité et francité de façon visible partout dans l’école et dans la communauté, pas seulement en salle de classe. On doit être fier d’être francophone, être fier de nous, toujours, toujours, toujours.»

Dans ses temps libres, Mme Monette aime lire des ouvrages pédago-giques et écrit de la poésie à l’occasion. Elle ajoute : «J’ai trois filles. Je suis maman-taxi.»

«Une chance que j’ai un bon mari! Il est enseignant au secondaire. Je le taquine souvent en lui disant que j’ai plus de travail que lui, mais il me répond que c’est le contraire!»


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«Préparez-vous au pire, mais attendez-vous au meilleur.» (Photo)
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Lenora Maracle

Être un moteur de changement, c’est ce que représente l’enseignement pour Lenora Maracle, une enseignante de mohawk sur la réserve des Six Nations de rivière Grand, près de Brantford. Pour certains de ses élèves, sa classe est le premier contact avec cette langue qui est la leur.

Après avoir obtenu un diplôme de Seneca College, Mme Maracle a travaillé pendant 10 ans en tant que technicienne en audiovisuel pour le York School Board. Elle est retournée sur la réserve des Six Nations après avoir eu ses enfants. Mme Maracle a été chauffeur d’autobus et a travaillé dans une usine de fabrication d’échelles et dans une boulangerie avant de suivre le programme de formation à l’enseignement pour les personnes d’ascendance autochtone sur la réserve des Six Nations. Elle a ensuite commencé à enseigner dans les écoles élémentaires de la réserve. Toutefois, elle voulait enseigner au secondaire au sein du Grand Erie School Board, et pour cela, elle devait avoir les qualifications requises.

Elle a suivi le programme à l’intention des enseignantes et enseignants autochtones de l’Université Nipissing, à North Bay. Depuis qu’elle a obtenu son diplôme, elle enseigne le mohawk au secondaire de septembre à février, puis fait de la suppléance dans cinq écoles élémentaires de la réserve le reste de l’année.

Le programme-cadre de langues autochtones est très vague, explique-t-elle, car il doit incorporer tellement de langues différentes. «Comme enseignants de langues, nous devons élaborer nos propres ressources et outils d’enseignement. On ne peut les trouver dans l’internet ou dans les librairies.» Mme Maracle a adapté un peu de matériel utilisé dans les cours d’immersion pour les adultes. Elle en a trouvé d’autres dans une classe de jardin d’enfants quand elle y faisait de la suppléance.

En tant qu’artisane de vêtements et d’art autochtone, formée au Pine Tree Native Centre de Brantford, elle trouve que l’art peut influencer la fierté de ses élèves et leur satisfaction. Un élève qui avait de la difficulté dans le cours de langue a été transformé quand il a confectionné ses propres mocassins.

Ces quelques années, elle a remarqué une baisse du respect vis-à-vis des enseignants. Pour de nombreux élèves, l’enthousiasme initial d’apprendre le mohawk s’est estompé, et ils tiennent maintenant pour acquis la possibilité d’apprendre leur langue. La participation des parents et de la famille compte pour ceux qui réussissent. «Si les parents pensent que la langue est importante, alors les enfants suivront.» Sa devise personnelle est «Préparez-vous au pire, mais attendez-vous au meilleur». Elle préférerait enseigner le mohawk au secondaire toute l’année, mais elle apporte son approche culturelle à multiples facettes quand elle fait de la suppléance à l’élémentaire aussi. Et cela atteint tous les élèves.


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«Chaque jour, il y a du nouveau. Ce n’est jamais du réchauffé.» (Photo)
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Amanda Flemming

Amanda Flemming parle de sa profession avec enthousiasme. «On fréquente l’université pendant cinq ans pour se préparer à une profession que l’on croit vouloir exercer, mais on ne peut en être sûr avant de l’exercer réellement. Et en toute honnêteté, je peux dire que j’adore ça!» Ce sont les élèves et la variété qu’elle préfère.

Mme Flemming enseigne les maths et l’anglais au J. Clarke Richardson Collegiate d’Ajax du Durham District School Board depuis qu’elle est membre de l’Ordre. Son horaire a alterné entre un semestre de maths appliquées et un d’anglais, surtout avec les élèves de 9e et de 10e année. Elle enseigne aussi l’anglais universitaire de 12e année, le soir.

Mme Flemming apprécie particulièrement travailler les matières appliquées avec les élèves. «La plupart des élèves qui n’ont pas de problèmes avec les matières abstraites sont travailleurs et savent ce qu’ils veulent et comment l’obtenir. Les autres en ont souvent arraché à l’école et ça ne leur vient pas facilement. Nombre d’entre eux n’aiment pas ça.» Elle apprécie le défi de trouver, avec eux, des moyens de réussir. «Je ne vois peut-être pas de progrès chaque jour avec ces élèves, mais j’en vois au fil du temps, et ça justifie les efforts.»

Son plus grand défi est de trouver un équilibre entre la planification et la correction. Son rêve serait de rendre chaque leçon amusante, motivante, et qu’elle soit transposable dans la vie de ses élèves. Elle en est venue à comprendre que cela n’est pas possible, tous les jours. Trouver le juste équilibre entre la préparation, les corrections et l’administration provient de la discipline et de la gestion du temps, croit-elle.

J. Clarke Richardson Collegiate met un fort accent sur la technologie. Mme Flemming et tous ses collègues ont des ordinateurs portatifs et ont accès à des tableaux interactifs «Smart Board», à des projecteurs et à l’internet. Elle a régulièrement recours à la technologie, et ses élèves travaillent au laboratoire d’informatique au moins une fois par unité. En anglais, son plus grand défi est d’enseigner aux élèves à faire de la recherche de façon responsable et à faire des distinctions parmi les renseignements qu’ils trouvent dans l’internet.

Cette enseignante, relativement nouvelle, a des conseils à prodiguer aux nouveaux enseignants : «Ne vous prenez pas trop au sérieux, car vos élèves, eux, ne vous prendront pas au sérieux. Souvenez-vous des raisons qui vous ont amenés à l’enseignement. Ne vous en faites pas à outrance pour des pacotilles. Amusez-vous!»


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«Sur cette planète, il y a bien peu de choses qui sont plus importantes que le travail auprès des enfants.» (Photo)
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Karen Heffernan

Les nouveaux enseignants ont typiquement plein d’idéaux et s’accrochent à leur conception de l’enseignement qui les a amenés dans la profession. Puis, ils doivent faire face à la réalité.

Karen Heffernan a pu intégrer ses idéaux à la réalité de son premier poste. Elle n’en est qu’à sa deuxième année de carrière et elle est l’assistante de la personne responsable de la section d’anglais à l’école secondaire Clarington Central dans le Kawartha District School Board. «J’étais au bon endroit au bon moment avec la bonne liste de réalisations», dit-elle. Clarington est une toute nouvelle école. Avant même que l’on jette la première pelletée de terre, la direction et le personnel enseignant avaient pris ensemble des décisions pour répondre le mieux aux besoins des élèves.

«Notre école reconnaît le cadeau que représente chaque élève», déclare-t-elle. Sa classe est le lieu de rencontre de deux différents groupes : la 9e et la 12e année. «Les deux groupes ont beaucoup de choses à changer dans leur monde. Ils voient les choses d’une façon particulière et apprennent au contact des autres.»

Cette approche intégrée offre beaucoup de récompenses, mais Mme Heffernan dit que son plus important défi est la séparation entre, d’un côté, les objectifs et la philosophie de l’enseignement de son école, et de l’autre, la pression de se conformer aux statistiques provinciales. À son avis, «les jeunes que nous tentons d’aider sont punis par les statistiques que le système génère». Elle croit tout de même que la notion de responsabilité est importante, «mais je suis aussi personnellement responsable, et responsable des personnes dans ma classe».

Avant de devenir enseignante, Mme Heffernan travaillait en alphabétisation auprès des adultes au Frontier College de Peterborough, et elle a travaillé avec le bureau des services aux handicapés pendant qu’elle suivait le programme concomitant de formation à l’enseignement, à Trent.

Mme Heffernan est d’avis que le modèle de communauté d’apprentissage de son école permet aux mentors de grandir avec elle. Elle a suivi le virement technologique de son école. Les annonces sont télévisées, les laboratoires d’informatique sont très accessibles, et elle explique avec enthousiasme qu’«apprendre par la vidéoconférence aide les élèves à comprendre à quel point le monde est grand et qu’ils auront besoin de nombreuses compétences, peu importe la carrière qu’ils choisiront».

Elle a choisi sa propre carrière à un jeune âge, alors qu’elle enseignait le patin à 12 ans.


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«C’est ma passion. Je suis enseignant.» (Photo)
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Chukwuyem Imahiagbe

Membre de l’Ordre depuis peu, Chukwuyem Imahiagbe est à la recherche d’un emploi à la hauteur de sa passion, l’enseignement.

M. Imahiagbe a grandi au Nigeria, où il a obtenu ses qualifications à l’Université d’Ibadan et au collège de formation des enseignants. Il a enseigné les maths pendant deux ans dans son pays natal. Puis, il a déménagé en Angleterre. Pendant qu’il faisait sa maîtrise en informatique et en systèmes de l’information à l’Université de Luton, il a enseigné pendant 18 mois les maths et l’informatique aux jeunes de 16 à 19 ans au Luton Sixth Form College. Il était aussi entraîneur de l’équipe d’échecs.

M. Imahiagbe est arrivé au Canada en 2005, en pensant qu’il allait devoir subir un examen pour obtenir l’autorisation d’enseigner.

«Je suis entré en contact avec «Enseigner en Ontario, dit-il. Là, j’ai reçu de l’information utile et importante. Je ne devais pas passer d’examen, je devais simplement soumettre ma demande et obtenir des documents du Nigeria et de l’Angleterre. J’ai reçu des renseignements sur les écoles, les conseils scolaires, les programmes-cadres, la façon de me retrouver sur la liste de suppléance et d’avoir une chance d’être embauché.»

On l’a encouragé à visiter les classes de l’Ontario. M. Imahiagbe a trouvé cela utile. Cependant, il affirme : «Ce que j’ai vu en Angleterre est à peu près la même chose que ce que je vois ici».

Toutefois, les pupitres sont disposés pour que les élèves soient assis seuls tandis qu’en Angleterre, ils sont disposés en paires. Il ajoute : «Les enseignants que j’ai observés ont créé un milieu stimulant pour que les élèves travaillent ensemble et seuls. Ils encourageaient le travail d’équipe et la collaboration».

Juste avant que le programme de 14 semaines prenne fin, M. Imahiagbe a accepté un poste chez Dell Canada en tant que spécialiste de la qualité.

Les prochaines étapes de M. Imahiagbe, maintenant qu’il a l’autorisation d’enseigner en Ontario, est de se familiariser avec les conseils scolaires de la région d’Ottawa où lui et sa famille vivent. «J’aimerais retourner dans le système scolaire public où ma formation et mon expérience seraient mises à profit. Il me tarde d’enseigner les sciences, les maths et l’informatique.»

M. Imahiagbe a l’intention de se trouver un poste dans une classe et d’entraîner l’équipe d’échecs de l’école, ou d’en former une s’il n’y en a pas.