Retour à l'essentiel et renouvellement


Compte rendu du symposium sur les normes

 

de Gabrielle Barkany

Mallette sous le bras et calepin en main, les éducateurs sont arrivés en foule à l'Ordre en novembre dernier. L'enthousiasme était manifeste. Et pour cause.

Plus de 200 éducateurs arrivant des quatre coins de la province allaient passer deux jours à discuter de sujets qui leur tenaient à cœur durant le tout premier symposium organisé par l'Ordre sur le thème «Améliorer la profession à l'aide des Normes d'exercice de la profession enseignante et des Normes de déontologie de la profession enseignante».

«Ce symposium est très motivant, très positif. Tout ce qui se passe ici est une réussite. Depuis deux jours, il y a une vitalité dans l'air que j'ai rarement vue», affirme Marie Marrin, éducatrice chevronnée.

Cette vitalité s'explique surtout par la variété et la pertinence des questions abordées : Comment devient-on un meilleur leader? Quelles sont les meilleures façons d'appuyer les nouveaux enseignants?

Le but des questions était avant tout de faciliter l'échange d'idées en vue d'améliorer l'apprentissage des élèves.

On cherchait à comprendre comment les agents de supervision, les directeurs d'école et les enseignants intègrent les normes au quotidien.

Les normes d'exercice et de déontologie énoncent les principes directeurs de l'enseignement. Par exemple, l'enseignant doit être attentionné et dévoué envers ses élèves, les traiter avec respect et de façon équitable et les aider à apprendre. Il connaît le curriculum, les stratégies d'enseignement, le milieu d'apprentissage et cherche à parfaire ses compétences professionnelles.

L'enseignant se doit d'établir des liens professionnels avec ses élèves de faire preuve d'équité, de justice, d'intégrité, d'impartialité et d'honnêteté.

Dans le cadre du symposium, les éducateurs ont réfléchi à ce qu'ils font pour réussir et les façons de continuer à se rapprocher de leurs idéaux, ce qui a grandement contribué à maintenir un niveau d'énergie et d'enthousiasme élevé.

Parler la même langue

Le symposium a débuté avec une allocution de Dany Laveault, professeur de mesure et d'évaluation à la Faculté d'éducation de l'Université d'Ottawa, qui a soulevé de sérieuses questions d'actualité.

«L'évaluation doit être au service de l'élève et non le contraire. Il y a des risques à trop vouloir évaluer un élève. Avant d'évaluer un élève, l'enseignant devrait toujours se demander ce que ça apporte à l'élève.»

Selon M. Laveault, l'évaluation ne devrait pas être une conclusion, mais plutôt un point de départ. «Avec l'élève qui va bien, l'enseignant devrait essayer de l'encourager à continuer son bon travail ou à se dépasser. Pour les autres, l'enseignant devrait adapter ses stratégies pour faire progresser leur apprentissage.»

Ses commentaires semblent confirmer l'idée généralement reçue dans l'audience qu'il faut réfléchir aux véritables objectifs de l'éducation pour évaluer correctement nos méthodes et nos réussites.

M. Laveault ajoute qu'au moment de l'évaluation, l'enseignant a l'occasion unique de motiver l'élève. Il s'empresse d'illustrer ces dires avec des exemples flagrants de l'importance de songer aux erreurs potentielles, même si elles sont pleines de bonnes intentions.

«Sur une copie d'examen, on peut écrire que l'élève a de la difficulté à faire l'accord du participe passé. L'élève va croire que c'est vrai et qu'il n'y a rien à faire. Il faudrait plutôt dire : "La prochaine fois, fais attention où est placé le complément d'objet". On se place alors dans une perspective future et on ne parle pas de ce que l'élève est, mais bien de ce qu'il fait.»

M. Laveault souligne également que de louanger un élève pour ses efforts au moment de l'évaluation n'est pas forcément une bonne chose. «Si je ne cesse de vous dire : "Tu vois, quand tu t'appliques, tu es capable de réussir", vous allez peut-être conclure que vous êtes capable de réussir à condition de vous appliquer, mais vous risquez aussi de penser que vous n'êtes pas si intelligent que ça.»

Dany Laveault, l'un des principaux conférenciers

Il suggère aux enseignants d'avoir recours aux normes durant leurs évaluations pour ouvrir la voie à une meilleure compréhension de chaque élève, ainsi qu'à adapter leur méthode à chaque niveau d'apprentissage et leur évaluation à chaque niveau de compréhension.

Établir des liens

«Avant d'entendre M. Laveault, je ne trouvais pas évident de relier les normes à mon travail. Maintenant je comprends davantage le lien», affirme André Lalonde du Centre de leadership en éducation. Selon lui, il est important que les enseignants et les autres partenaires en éducation se servent de l'évaluation pour améliorer l'apprentissage plutôt que dans un but politique.

Le symposium offrait une vingtaine d'ateliers, en français et en anglais, portant sur une gamme de sujets dont l'insertion professionnelle des nouveaux enseignants, le perfectionnement professionnel et le leadership. Chaque atelier présentait une perspective différente sur l'intégration des normes dans la profession.

Carole Bennett, professeure d'éducation artistique à l'École des sciences de l'éducation de l'Université Laurentienne à Sudbury, a présenté un atelier sur l'importance d'être créatif en enseignement.

Elle affirme qu'il est primordial d'amener les futurs enseignants à interpréter les normes de façon créative. «Nombre de mes étudiants ne savent pas comment être créatifs. J'essaie de raviver la flamme, de leur donner le goût de développer leur créativité pour qu'ils rendent leur future classe dynamique et authentique.»

Les besoins des nouveaux enseignants étaient le thème central d'un atelier sur le mentorat animé par Janet Wilkinson, directrice de l'éducation au conseil scolaire de Keewatin-Patricia. «À l'heure actuelle, on fait très peu pour les nouveaux enseignants», affirme-t-elle. Au cours des trois dernières années, son conseil scolaire a mis en œuvre un programme de mentorat pour aider les débutants.

«Nous devons trouver des moyens officiels de retenir nos nouveaux enseignants et de donner un second souffle au personnel d'expérience.» Mme Wilkinson affirme qu'il est crucial d'appuyer davantage les nouvelles recrues et qu'en les jumelant dès le départ avec des enseignants chevronnés, on accroît non seulement leur confiance mais on permet à leurs mentors de s'ouvrir à de nouvelles perspectives.

Maureen Davis, enseignante de sciences à l'école secondaire Monseigneur Bruyère, est tout à fait d'accord. «Il faut mettre à profit la sagesse des plus expérimentés pour aider les jeunes à percer et à grandir dans la profession.»

C'est justement ce que tente de faire le conseil scolaire de Waterloo, comme l'explique la directrice adjointe Nancy Strobel. «Je vais retourner à mon conseil scolaire armée d'un nouveau zèle et de contacts, et le convaincre de souscrire à un programme de mentorat. Il faut en faire plus pour nos nouveaux enseignants.»

Forger le leadership

La deuxième journée a commencé avec une allocution de Michael Fullan, ancien doyen de l'Institut d'études pédagogiques de l'Ontario de l'Université de Toronto, reconnu sur la scène internationale comme une autorité dans le domaine de la réforme de l'éducation. Il s'est penché sur la cohérence des normes, la façon dont elles constituent un tout et leur intégration dans la culture scolaire. Selon lui, il est essentiel que l'école d'aujourd'hui se transforme en véritable communauté apprenante.

«L'élaboration de communautés d'apprentissage au sein des écoles ne suffit pas, il faut entreprendre des réformes au niveau des districts scolaires. La participation d'un enseignant ou d'une école n'est pas suffisante; le district au grand complet doit souscrire aux normes et construire des communautés d'apprentissage afin d'avoir une influence positive sur l'apprentissage des élèves», a-t-il déclaré.

Il a ajouté que les districts scolaires doivent planifier de manière stratégique et former leurs leaders de façon à créer des communautés d'apprentissage au sein des écoles et des conseils scolaires.

Selon M. Fullan, seul le directeur d'école est stratégiquement bien placé pour jouer le rôle de médiateur entre les forces locales et gouvernementales, et trouver des solutions aux problèmes. «La solution consiste à reconnaître l'extrême importance du directeur d'école, à jeter de la lumière sur la puissance et la nature de son rôle, et à lui donner la capacité d'agir comme chef de l'exploitation.»

«Le système éprouve de grandes difficultés. Un besoin pressant de nouveaux leaders se fait sentir, mais les conditions d'emploi les rebutent. On a porté tellement peu d'attention à la formation des leaders qu'il est difficile de combler les postes vacants et encore plus de les combler avec des personnes ayant de fortes aptitudes à la direction», explique-t-il.

Il fait remarquer que l'un des meilleurs atouts, surtout en période de difficulté, est de viser un but moral bien précis. «Les directeurs sont surmenés et la pression est énorme. Ils en viennent à se demander : Pourquoi ai-je choisi le métier d'éducateur? Quelles sont mes convictions en tant que leader? Quelles traces est-ce que je veux laisser?

«Ce sont des questions fondamentales qu'il faut revoir continuellement; autrement, le rôle de directeur devient vide de sens», admet M. Fullan.

Un moment de réflexion

Information et inspiration

Au cours de la deuxième journée, les participants ont eu le loisir, durant les ateliers, de se pencher sur ces questions ainsi que de parler en groupes de ce qu'ils avaient appris.

«Les normes sont avant-gardistes, affirme Jean-Luc Bernard, directeur de l'éducation du Conseil scolaire public de district du Centre-Sud-Ouest. On peut les utiliser pour renforcer le sentiment de confiance et de professionnalisme chez nos membres.»

«C'est un beau symposium, ajoute-t-il. Il devrait y en avoir plus pour mettre en valeur le professionnalisme des enseignants.»

Si l'on en croit les participants, le symposium a été une belle réussite. Les divers conseils scolaires francophones et anglophones ont été bien représentés et le rassemblement a permis aux éducateurs présents de valider leur travail. Par l'échange d'idées sur l'intégration des normes et la reconnaissance des réalisations et des espérances des participants, le symposium semble avoir trouvé l'équilibre entre l'information et l'inspiration.

Nombre de participants ont dit que le symposium leur avait rappelé les raisons pour lesquelles ils avaient choisi cette profession et les avait même consolidés dans leur choix.

Le symposium a également renforcé l'idée que les normes d'exercice et de déontologie sont vraiment des documents vivants. Tout comme les normes invitent l'enseignant à réfléchir à sa pratique, elles nous invitent aussi à réfléchir aux documents eux-mêmes. L'Ordre entreprend d'ailleurs la révision des normes, et le symposium fournira des données utiles pour la première phase de cette démarche.

«Nous sommes ravis des commentaires que nous avons reçus sur le symposium, déclare Déirdre Smith, chef de l'Unité des normes d'exercice de la profession et d'éducation. Cela a renforcé notre engagement à nous assurer que les normes continuent de bien refléter l'évolution de la profession enseignante.»

L'Ordre sollicitera l'apport de ses membres, de ses partenaires en éducation et du public au moyen d'activités diverses dont des sondages, des groupes d'étude, des réunions formelles et des consultations sur les normes. Pour en savoir plus ou pour participer au processus, visitez Révision des normes.