Pour une intervention plus efficace


Fusion de critiques et de recherches, cette chronique recense des livres, des cédéroms et d'autres ressources utiles. Vous pouvez emprunter tous les livres dont nous faisons la critique à la bibliothèque Margaret-Wilson, à l'exception de certaines trousses de classe. Envoyez un courriel à biblio@oct.ca.

 
 

De la psychologie scolaire à la politique de l'enfance inadaptée

de Nathalie Bélanger
Critique de Pierre Drouin

L'auteure nous présente l'historique de la profession de psy-chologue en milieu scolaire français. Une évolution marquée d'in-certitudes, de conflits, de malentendus, d'avancées et de reculs : une double évolution, celle d'une profession en parallèle avec celle de l'étude de l'enfant de Binet à Zazzo.

L'auteur identifie des facteurs responsables de ce rapprochement entre la psychologie scolaire et l'enfance inadaptée ainsi que les causes de la lenteur de l'entrée de ces spécialistes en milieu scolaire. Au début, les activités visent les enfants inadaptés. On cherche à rendre l'école plus démocratique en favorisant l'adaptation de l'élève à l'école et à remédier aux difficultés de certains élèves en français et en mathématiques. La psychologie scolaire vit une période d'alternance avec l'orientation scolaire, ses adeptes étant plus ou moins acceptés par les membres du personnel enseignant.

L'auteure présente bien le rapprochement entre la psychologie scolaire et l'enfance inadaptée. On est également témoin de la mise en place progressive de politiques et de mesures d'intégration débouchant sur une multiplication des services spécialisés et une augmentation du nombre d'élèv-es en difficulté.

Même si l'auteure fait référence à l'évolution de la profession de psychologue scolaire en France, plusieurs de ses affirmations s'appliquent au processus d'adoption des politiques provinciales ontariennes sur l'enfance en difficulté. Le lecteur peut donc établir un parallèle avec la mise en place des services à l'enfance en difficulté et cette évolution en milieu scolaire français.

De la psychologie scolaire à la politique de l'enfance inadaptée, coll. Histoire du handicap et de l'inadaptation, Paris, CTNERHI, 2003, 176 pages; ISBN 287710-158-4; courriel : édition.ctn@wanadoo.fr; perso.club-internet.fr/ctnerhi.

Pierre Drouin enseigne à temps partiel à la Faculté d'éducation de l'Université d'Ottawa.


Parcours identitaires de jeunes francophones en milieu minoritaire

de Diane Gérin-Lajoie
Critique de Pierre Drouin

Qu'en est-il des jeunes francophones vivant en milieu majoritairement anglophone? Comment se définissent-ils par rapport à la langue et à la culture française? Faut-il craindre pour notre avenir culturel? En réponse à ces questions, plusieurs pistes de solution ou, du moins, de réflexion.

L'auteure présente les résultats d'un sondage sur les habitudes linguistiques (à la maison, à l'école, avec les amis, durant les activités, en milieu de travail) de deux groupes d'élèves vivant en milieu minoritaire dans des régions différentes (centre et est) de la province. Elle fait également voir le vécu quotidien d'une dizaine d'élèves par le biais d'observations et d'entrevues.

Cette approche quantitative et qualitative démontre que la majorité des élèves se disent bilingues, quel que soit leur lieu de résidence ou la langue dominante de leur milieu. Le sondage confirme l'omniprésence de l'anglais même en milieu à concentration majoritairement francophone dans les échanges entre amis, pendant les activités et parfois même à l'école.

Ces jeunes sont très représentatifs des élèves fréquentant nos écoles de langue française. Ils vivent continuellement à la frontière des deux langues, le milieu étant le facteur premier qui décide de la langue utilisée. Même si la majorité se dit bilingue, plusieurs se montrent sensibles à la question minoritaire. Leur rapport avec la langue et la culture varie selon les circonstances : le français à l'école et à la maison, l'anglais au travail et avec les amis.

Une étude qui porte à réflexion, qui ouvre les yeux et qui rassure quant à l'avenir. Le langage de nos jeunes cache un certain sentiment d'appartenance au fait français. Il n'y a donc pas lieu de paniquer et de prédire que leurs habitudes langagières mèneront progressivement à l'assimilation complète de la minorité francophone.

Parcours identitaires de jeunes francophones en milieu minoritaire, Ottawa, Prise de parole, 2003, 190 pages; ISBN 2-89423-153-9.

Pierre Drouin enseigne à temps partiel à la Faculté d'éducation de l'Université d'Ottawa.


D'un océan à l'autre

Jeu de société
Critique de Réjean Godmaire

Le jeu D'un océan à l'autre est un jeu de société instructif qui se compose d'un tableau, de jetons et de questions portant sur quatre sujets : la géographie, l'histoire, les arts et les connaissances générales. Toutes les questions sont reliées au Canada et souvent aux réalités culturelles des Canadiens de langue française.

Les règles sont simples. Deux joueurs ou plus jouent en équipe ou individuellement. Chaque bonne réponse donne le droit de voyager sur un tableau représentant la carte du Canada et d'accumuler ainsi des jetons.

Bien que ce jeu ait été conçu pour les gens de 12  ans et plus, de nombreuses questions nécessitent des connaissances au-delà de celles des jeunes Franco-Ontariens, notamment les questions sur les arts. À cause de cela, il pourrait y avoir moins d'enthousiasme chez les jeunes joueurs. Cependant, D'un océan à l'autre est aussi un bon outil d'appui pédagogique au curriculum d'histoire de la 7e à la 12e année, plusieurs questions pouvant faire l'objet de discussions en classe.

Dans l'ensemble, la qualité du français est bonne. J'ai relevé quelques anglicismes, fautes de frappe et tournures de phrases un peu gauches. Malgré cela, D'un océan à l'autre constitue un jeu motivant et enrichissant pour tous les Canadiens. Et puis, il a plu à mes élèves qui ont demandé qu'on en joue de nouveau la semaine suivante.

D'un océan à l'autre, Victoria, Outset Media Corp., 1999, www.outsetmedia.com.

Réjean Godmaire enseigne en 8e année à l'école Sainte-Marguerite-d'Youville de Toronto.


Stratégies et compétences : Intervenir pour mieux agir

de Martine Peters et Sylvie Viola
Critique de Vera Grayson

Stratégies et compétences : Intervenir pour mieux agir, comme son titre l'indique, est un livre conçu pour aider à enseigner diverses stratégies d'apprentissage. On y examine des méthodes telles que le transfert du savoir, les techniques de concentration, l'auto-évaluation, la gestion de temps, la demande d'aide, la motivation et l'inférence.

La première des trois sections du livre constitue une introduction théorique aux stratégies d'apprentissage et aux différentes théories sur la classification. La troisième section aide l'enseignant à intégrer des activités d'apprentissage dans des situations complexes telles que la préparation d'une foire de carrières pour des élèves de 6e année.

La seconde section est la plus grande et la plus utile. Elle débute par la présentation d'un tableau expliquant en détail les quinze stratégies d'apprentissage discutées dans l'ouvrage. Des méthodes d'enseignement et des fiches de travail pour tous les groupes d'âge sont ensuite présentées pour chaque stratégie d'apprentissage. Par exemple, à la section sur les habiletés de concentration, on suggère à l'enseignant de jouer de la musique et de demander aux élèves d'écouter un instrument à la fois. Aux plus âgés, on demande d'examiner attentivement une illustration détaillée (incluse) en prenant note de détails précis.

Les auteures donnent également des lignes directrices pour montrer aux enseignants comment tirer parti des stratégies. Par exemple, l'enseignant décrit le cas de quelqu'un qui doit danser devant les membres de sa famille et des amis, puis mène une discussion sur les techniques de concentration susceptibles d'aider l'élève à se concentrer sur la danse malgré sa nervosité. Des listes de vérification pour les élèves des divers groupes d'âge les aident à venir à bout de chaque stratégie.

Ce livre donne aux enseignants de la matière à discussion ainsi que des outils pratiques pour motiver et améliorer l'utilisation d'une grande variété de stratégies d'apprentissage chez les élèves de tous les âges.

Stratégies et compétences : Intervenir pour mieux agir, coll. Parcours pédagogiques, Montréal, Éditions Hurtubise, 2003, 213 pages; ISBN 2-89428-605-8.

Vera Grayson enseigne à des élèves d'immersion française de 6e année à l'école John Ross Robertson de Toronto.


After Early Intervention, Then What?
Teaching Struggling Readers in Grades 3 and Beyond

S. la dir. de Rachel L. McCormack et Jeanne R. Paratore
Critique de Victoria Houston

Cet ouvrage présente une variété de stratégies créatives pour modifier la compréhension de la lecture et de l'écriture des élèves qui n'y parviennent pas ainsi que leur vision d'eux-mêmes. Comme éducateur, vous y trouverez probablement des chapitres qui reflètent tout à fait les difficultés de vos élèves. D'autres présentent une approche globale de l'alphabétisation. L'ouvrage contient des méthodes pour améliorer les compétences des élèves qui ont des difficultés et les inciter à se prendre en charge par rapport à la lecture et l'écriture.

Chaque chapitre contient des études de cas montrant comment les enseignants élaborent et mettent en application des moyens d'améliorer les compétences linguistiques des élèves. Les élèves décrits dans les études de cas forment un groupe divers, et le texte montre bien que les stratégies ne fonctionnent pas pour tous. L'ouvrage compte également des lignes directrices sur l'élaboration d'un curriculum différencié.

Un chapitre insiste sur l'importance d'établir des stratégies d'enseignement propices à toutes les situations d'apprentissage, y compris des stratégies d'identification des enfants qui ont besoin d'aide supplémentaire, de planification et de mise en application des interventions, et de suivi des progrès des élèves. En outre, partout dans l'ouvrage, on revient sur la nécessité de trouver du matériel de lecture approprié. Enfin, on y trouve des suggestions sur la façon de former des cercles de lecture à l'école et après la classe, et on énumère les points clés de chaque sujet pour montrer qu'ils font partie intégrante de l'apprentissage de la lecture et de l'écriture chez l'enfant qui éprouve des difficultés.

Ce livre constitue une excellente ressource informative.

After Early Intervention, Then What?, Newark (Delaware), International Reading Association, 2003, 252 pages; ISBN 0-87207-009-3; 26,95 $ US; 302-731-1600 ; téléc. : 302-731-1057; www.reading.org.

Victoria Houston enseigne l'éducation technologique au secondaire à Windsor.


Women Confronting Retirement
A Nontraditional Guide

S. la dir. de Nan Bauer-Maglin et Alice Radosh
Critique de Ruth Dempsey

Dans son livre Fountain of Age, Betty Friedan avance que notre société commence à peine à envisager la possibilité de rapports intimes, de travail et d'activités signifiantes, d'apprentissage et de connaissances, de vie communautaire et de soins autres que ceux que nous connaissons... parce que la capacité d'envisager l'âge en tant que développement humain continu nécessite un volte-face qui tient de la révolution.

Dans Women Confronting Retirement, 38 femmes instruites répondent au défi posé par Betty Friedan et traitent du vieillissement dans une série d'essais. Elles ont de 33 à 86 ans et sont de races, d'ethnies, de religions et de régions diverses. Leurs occupations couvrent toute la gamme : professeure, organisatrice syndicale, enseignante à l'élémentaire, conseillère financière, rédactrice de mode, médecin, etc.

Ces femmes, qui représentent la première vague à toujours avoir fait partie de la main d'œuvre, ont été des pionnières du mouvement qui allait changer la vie des femmes. Mis ensemble, leur vécu engendre de vives discussions et une profonde méditation sur la retraite.

«Mes craintes, à la veille de ma retraite, ont moins à voir avec ce à quoi je renoncerai qu'avec ce qui m'attend», écrit Esther Ratner, bibliothécaire.

Doris Goldberg, médecin, utilise l'image des vêtements serrés pour expliquer sa réaction à la retraite. «J'ai eu l'impression de me libérer, comme si j'avais enlevé un vêtement gênant, qui frottait, qui ne faisait plus vraiment.»

Les auteures demandent qu'on redéfinisse la retraite et que les politiques publiques reflètent le nouveau paradigme du vieillissement.

Ce qui me plaît le plus au sujet de cette collection, c'est l'honnêteté et l'intimité des propos. Elle recèle des conversations courageuses et de précieuses leçons de vie.

Women Confronting Retirement, Piscataway (New Jersey), Rutgers University Press, 2003, 368 pages; ISBN 0-8135-3126-8; 22 US $; 1-800-446-9323; téléc. : 1-888-471-9014; www.rutgerspress.rutgers.edu.

Ruth Dempsey, éducatrice à la retraite, est conseillère en développement humain et en vieillissement.


Straight Talk for Principals

de Raymond E. Lemley
Critique de David Ennis

Cet ouvrage ne compte que 200 pages divisées en 45 chapitres et deux annexes, ce qui veut dire que les gens pressés peuvent facilement repérer le sujet qui les intéresse et vite lire ses trois pages. Des titres tels que «Comprendre le non-rationnel» et «Éviter les batailles inutiles» font ressortir les problèmes. mais fournissent des solutions bien terre à terre et réalisables. Une liste précise de choses à faire ou à envisager résume les petites perles de sagesse de chaque chapitre.

Raymond Lemley fait appel à ses 40 ans d'expérience comme enseignant au secondaire, directeur d'école, instructeur d'anglais au collégial, spécialiste des programmes d'études, professeur et administrateur de deux associations d'éducation pour nous dire ce qu'il pense. Il ne ménage pas ses mots et le caractère tranchant de son texte laisse entendre qu'il ne tolère pas l'imbécillité.

L'auteur ne s'illusionne pas sur son livre. «Il ne s'agit pas d'un ouvrage important en comparaison avec d'autres publications professionnelles qui lui sont bien supérieures, dit-il. C'est peut-être trop subjectif, trop personnel.» Ses avertissements ne sont pas superflus. J'ajouterais même que des administrateurs moins expérimentés auraient avantage, au risque de se mettre les pieds dans les plats, à se rappeler que ces conseils simplifiés à outrance viennent de quelqu'un qui possède une vaste expérience acquise dans un contexte américain.

Il s'agit d'un livre encourageant tant pour les nouveaux administrateurs que pour ceux qui ont de l'expérience, parce qu'il les incite à prendre du recul pour se réorienter. La passion pour l'enseignement de cet éducateur chevronné et sa perspective sur le leadership, la culture et les vicissitudes du comportement humain ont le don de remonter n'importe quel administrateur dans ses moments difficiles.

L'ouvrage ne prétend pas être la panacée susceptible de simplifier la vie de l'administrateur scolaire ou d'augmenter son efficacité. Cependant, les observations de M. Lemley aideront les éducateurs à trouver la vision, le courage et la ténacité nécessaires pour poser les gestes qu'il faut pour le bien des élèves.

Straight Talk for Principals, Lanham (Maryland), The Scarecrow Press, 2003, 192 pages; ISBN 0-8108-4615-2; 34,95 $ US; 717-794-3800 ; téléc. : 717- 794-3803; www.scarecrowpress.com

David Ennis est le directeur de l'école publique John Dearness à London.