Avis aux intéressés : nos écoles ont besoin d'enseignants


Le nombre d'hommes qui enseignent dans nos écoles est à la baisse, surtout à l'élémentaire. La profession devrait se faire une priorité de recruter des enseignants et d'assurer leur contribution dans les classes de la province.

 

de Doug Wilson

Le Globe and Mail rapportait au début de janvier que les hommes devenaient rapidement une espèce en voie de disparition dans les classes du Canada. Les données de l'Ordre en Ontario le confirment. Quelle en est la cause? Comment renverser la tendance?

L'éducation est-elle, comme les soins infirmiers pour les femmes et le génie pour les hommes, une de ces professions dominées par un sexe en particulier? En Ontario, la profession infirmière est composée de femmes à 96 % et le génie est dominé par les hommes à 93,5 %. Les hommes ne représentent que 30 % de la profession enseignante en Ontario. Et ce pourcentage va décroissant.

Les données tirées du tableau des membres de l'Ordre en janvier 2004 confirment un déclin à tous les cycles. Chez les plus de 30 ans, on compte un seul enseignant sur quatre au palier élémentaire. Chez les moins de 30 ans, cette proportion chute à un sur dix. De fait, nombre d'écoles élémentaires en Ontario n'ont aucun enseignant de sexe masculin.

On note également un déclin au palier secondaire, où le rapport homme-femme est traditionnellement plus équilibré. À ce niveau, les hommes de moins de 30 ans ne représentent plus qu'un enseignant sur trois.

Selon le Centre de demande d'admission aux universités de l'Ontario, 28 % des personnes qui ont présenté une demande d'admission à une faculté d'éducation de la province en 2002  étaient des hommes.

Certaines théories ont été avancées pour expliquer le désintérêt des hommes envers la profession : salaire peu élevé, statut inférieur, crainte d'accusations d'inconduite sexuelle. Ce sont tous des facteurs plausibles.

L'enquête de l'Ordre sur la transition à l'enseignement nous éclaire sur les raisons qui motivent les jeunes hommes à choisir la profession : ils veulent faire une différence dans la vie des gens (80 % des enseignants en première année de carrière; 72 % en deuxième année) et ils aiment travailler avec les jeunes (62 % des enseignants en première année; 67 % en deuxième année).

Parmi les enseignants en première année de carrière qui ont participé à l'enquête, seulement 26 % déclaraient que le salaire, les avantages sociaux et le régime de retraite avaient motivé leur décision d'enseigner, tandis que 35 % les considéraient comme des raisons importantes de rester dans la profession.

Nous savons également que 30 % des nouveaux enseignants risquent de quitter la profession au cours de leurs cinq premières années d'enseignement (c'est pourquoi d'ailleurs l'Ordre recommande un programme d'insertion professionnelle de deux ans dans toutes les écoles ontariennes).

Nous n'avons cependant aucune information sur les hommes qui n'ont pas choisi de faire carrière en enseignement.

Je laisse aux sociologues et aux psychologues le soin de déterminer si les enseignants sont plus éveillés aux besoins des garçons et ce que signifie pour un garçon d'avoir un homme comme enseignant quand il n'a aucun autre modèle masculin valable. Je crois néanmoins que le fait de côtoyer des enseignants des deux sexes enrichit l'apprentissage des élèves.

Tous les intervenants du secteur de l'éducation ont un rôle à jouer pour rendre l'enseignement plus attrayant aux yeux des jeunes hommes. Les facultés, les conseils scolaires, les fédérations d'enseignants et le Ministère peuvent-ils mettre en œuvre des programmes encourageant les jeunes hommes à choisir l'enseignement?

L'an dernier, le ministère de l'Éducation a investi 500 000 $ dans la campagne «Éveillez la flamme : enseignez!» afin d'encourager les étudiants de premier cycle en mathématique, en science et en informatique à embrasser la profession. L'Ordre s'est joint à la Fédération des enseignantes et des enseignants de l'Ontario, au Council of Ontario Directors of Education, au Ministère et à l'Ontario Association of Deans of Education pour mettre en œuvre le projet. Il est peut-être temps d'entreprendre une campagne semblable pour cibler les jeunes hommes.

L'enseignement m'a apporté une satisfaction inouïe et maintes occasions de croissance personnelle et professionnelle. J'ai apprécié les défis et tiré une grande fierté d'avoir aidé mes élèves à grandir et à devenir des citoyens responsables et engagés. J'ai eu l'appel de la profession et je suis heureux d'avoir eu la chance de la servir.

Bien sûr, mon opinion est biaisée. Je suis pourtant convaincu que l'enseignement n'est pas l'apanage d'un sexe ou l'autre. Avis donc aux intéressés : nos écoles ont besoin d'enseignants.