Enfance en difficulté : le point de vue de nouvelles enseignantes

Parents, collègues et aides-enseignants aident les nouveaux venus à relever le défi de l'éducation de l'enfance en difficulté.


Debbie Tuchow, Wendy Garland, Chandra Anantram et Catherine Christie sont enseignantes à la Pleasantville Public School à Richmond Hill.

de Leanne Miller

«Je faisais toujours 56 choses à la fois. Je ne me suis pas assise de l'année», explique Wendy Garland au sujet de l'année dernière, sa première année d'enseignement à la Pleasantville Public School de Richmond Hill. «J'ai vite compris qu'il fallait que je demeure calme pour que les enfants le soient aussi», ajoute-t-elle. Elle avait 34 élèves dans sa classe de 4e année, dont un enfant atteint du syndrome d'Asperger, un autiste, un surdoué et plusieurs enfants ayant des troubles du langage. Elle bénéficiait des services d'une aide-enseignante.

Comme la plupart des écoles, Pleasantville compte plusieurs élèves aux besoins particuliers, ce qui veut dire que les nouveaux enseignants en auront probablement dans leur classe. Le défi pour les enseignants qui commencent leur carrière - et qui ne disposent d'aucune expérience antérieure - est de répondre aux besoins particuliers de certains enfants lorsque enseigner à toute une classe d'enfants turbulents est déjà une tâche immense.

Garland et ses collègues de Pleasantville n'ont pas seulement survécu à leur première année mais ont même bien réussi, ce qu'elles attribuent à l'apport des aides-enseignants, au mentorat, à l'atmosphère d'entraide qui règne dans l'école et à des rapports fréquents avec les parents.

Sollicitez la participation des parents et des élèves
«J'avais toujours des parents bénévoles dans ma classe et leur aide m'était inestimable, déclare Garland. Et ce qui était encore plus important pour moi, c'est qu'ils pouvaient apprécier tout le travail que je faisais avec les enfants.» Elle précise que les parents acceptaient qu'elle donne davantage de temps et d'attention aux élèves en difficulté.

À cet égard, cela aide de communiquer fréquemment. Garland, comme bien d'autres, se servait d'un cahier de communication quotidienne sur les enfants en difficulté et encourageait les parents à lui faire part de leurs commentaires. «Il fallait que je sache si un des garçons avait eu une matinée difficile pour que je m'y prépare en conséquence.»

Debbie Tuchow, une autre enseignante qui entame sa deuxième année, a donné un bon conseil : «Apprenez à parler aux parents avant de les appeler chez eux. Il a fallu que j'apprenne à bien exposer la question, à utiliser les bons mots pour qu'ils m'appuient, qu'ils appuient l'enfant et qu'on forme équipe pour le bien de l'enfant.»

Garland a révélé le secret de sa réussite (ce qu'elle appelle la survie) : solliciter la participation des élèves en classe. Elle explique comment les autres élèves agissaient avec un élève atteint du syndrome d'Asperger. «Arrivés en quatrième année, les enfants étaient habitués à lui. Ils étaient avec lui depuis le jardin et l'avaient accepté. Quand il montrait de l'anxiété à cause de quelque chose que j'avais fait, ce sont eux qui me disaient ce que j'avais fait pour le déranger, ou ils intervenaient et aidaient à le calmer.»

Tirez profit de l'expérience des autres
Les nouvelles enseignantes ont bénéficié d'une aide considérable de la part de leurs collègues. Personne n'avait peur de demander de l'aide. Elles insistent sur l'importance de travailler de près avec les aides-enseignants, parce que souvent ces personnes travaillent depuis longtemps avec les enfants et leur expérience pratique est inestimable. Aussi, ce sont les aides-enseignants qui assurent la prestation et le contrôle des programmes spéciaux, alors communiquer régulièrement et clairement avec eux est essentiel.

Garland précise : «Tous les soirs je travaillais avec mon aide-enseignante, et nous discutions des progrès des élèves, des défis que représentaient les enfants aux besoins particuliers et des stratégies à adopter pour améliorer notre façon de faire.»

Le groupe recommande aux nouveaux enseignants de se trouver un partenaire qui aussi débute dans la profession. «Comme ça, vous n'aurez pas peur de poser des questions stupides et aurez quelqu'un avec qui trouver des solutions.»

Parler à des enseignants d'expérience, dans le cadre d'un programme de mentorat ou de façon informelle, est aussi d'une grande utilité. Les enseignantes de Pleasantville ont tiré avantage des connaissances et des points de vue d'un mentor expérimenté. «Il ne faut pas que vous ayez le sentiment que vous devez réinventer la roue, dit l'une d'elles, quand elle tourne déjà sans difficulté aucune depuis des années.»

Soyez bien préparés
Un autre conseil pour les débutants : soyez organisés et bien préparés. Les enseignants découvrent que la deuxième année d'enseignement est plus facile, grâce au travail de préparation de leur première année.

Catherine Christie parle de la nécessité de savoir jusqu'où aller. Elle dit : «N'ayez pas peur de demander avec insistance qu'un élève soit retiré de votre classe s'il entrave l'apprentissage des autres. À certains de ces enfants en difficulté, il est plus important d'enseigner comment vivre en société que la matière au programme, ce qui n'est pas toujours le cas pour les autres élèves.»

Obtenez le point de vue des autres
Pour Tuchow, parler à d'autres qui débutaient leur carrière l'a aidée à mieux comprendre. Au début, elle se «sentait frustrée et horrible» quand elle rentrait à la maison. «Survivre était mon seul objectif, dit-elle. Tout était si nouveau et si difficile et souvent j'avais le goût de tout laisser tomber.»

«Mais, poursuit-elle, c'est la même chose pour tout le monde. Mon amie dentiste a vécu les mêmes expériences que moi l'an dernier et cela nous a aidées toutes les deux à voir que ce n'était pas parce que nous faisions quelque chose de mal, mais que nous en étions au tout début de nos carrières.»

Le groupe offre également des idées sur la façon dont on pourrait mieux préparer les nouveaux diplômés à leur première année d'enseignement :

  • leur donner plus d'expérience réaliste en classe durant l'année de formation initiale, y compris des occasions de travailler avec des enfants présentant des anomalies et d'enseigner toutes les années de leur cycle;
  • voir à ce que les stages permettent l'examen de la planification faite par l'enseignant ou l'enseignante dès le début de l'année;
  • embaucher les nouveaux enseignants en juin, ou même plus tôt, pour leur permettre de planifier durant l'été;
  • jumeler les nouveaux enseignants à des enseignants à la retraite et établir des classes d'enseignement en équipe, afin que les nouveaux acquièrent des connaissances, des stratégies et des conseils au contact d'enseignants chevronnés.
La deuxième année
La première année d'enseignement de Catherine Christie a été bien différente de ce qu'elle anticipait : «Mon plus grand étonnement a été de voir jusqu'à quel point il y avait peu d'appui à l'éducation de l'enfance en difficulté. Je n'ai pas de mal à diversifier mon enseignement de façon à ce qu'il se prête à tous les élèves de ma classe, mais si la sécurité physique des enfants devient un problème, si un élève représente un danger pour les autres ou entrave leur capacité d'apprendre, je demande alors qu'on me donne de l'aide, ce que je n'ai pas eu l'an dernier. Comment faire pour guider une séance de lecture si j'ai peur qu'un élève se fasse mal ou fasse mal aux autres?»

Malgré tout, elle avait hâte de commencer sa deuxième année. «J'étais contente d'avoir deux élèves nécessitant des soins particuliers parce que j'ai acquis de nouvelles compétences qui vont m'aider dans tous les aspects de mon enseignement. J'espère que cette expérience fera de moi une meilleure enseignante. En tous cas, cela va me permettre d'envisager ma programmation différemment. En même temps, je suis nerveuse aussi parce que les enfants seront probablement imprévisibles.»

Le comportement des enfants est peut-être imprévisible, mais Christie et ses collègues peuvent compter sur l'appui continu de leurs collègues tandis qu'elles développent leurs compétences et s'épanouissent dans l'exercice de la profession enseignante.

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