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Septembre 1998

Un curriculum par et pour les enseignants


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Le nouveau curriculum en sciences et technologie de la
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à la 8e année : conçu par et pour les enseignants

Dans les écoles élémentaires de l’Ontario, ce mois-ci, on commence à enseigner le nouveau curriculum en sciences et technologie. Les principaux auteurs des documents qui ont mené à ce curriculum affirment que, grâce à la participation de quelque 300 enseignantes et enseignants à son élaboration, les élèves ontariens pourront répondre à ses exigences et le personnel enseignant, si appuyé de façon appropriée, pourra bien l’enseigner.

de Graham Orpwood et Marietta Bloch

Le nouveau curriculum en sciences et technologie a été fort bien reçu par un nombre encore jamais vu de personnes et de groupes, des fédérations d’enseignantes et d’enseignants aux parents en passant par les médias. Toutefois, il pose des défis considérables aux enseignantes et enseignants et aux écoles; en effet, l’Ontario a sensiblement haussé ses attentes envers les élèves en sciences et technologie. Or, il reste encore à voir si les ressources nécessaires à l’atteinte des objectifs seront planifiées voire existantes.

Ce nouveau curriculum a été annoncé par le ministère de l’Éducation et de la Formation en mars 1998; pourtant, les similitudes entre ce document et les autres curriculums élaborés par le Ministère ces dernières années s’arrêtent ici.

Le curriculum a été élaboré sur une période de deux ans par plus de 300 enseignantes et enseignants de 17 conseils scolaires, le tout coordonné par du personnel de la faculté d’éducation de l’Université York. C’était là l’un des documents produits par le comité de l’éducation scientifique de l’Université York, projet amorcé en 1995 qui s’est terminé cet été. Les objectifs du comité visaient à fournir aux enseignantes et enseignants des énoncés clairs sur les attentes en sciences et technologie et du matériel d’évaluation liés à ces attentes.

Le curriculum a été élaboré dans le cadre d’un processus qui a combiné la recherche sur les curriculums en sciences et technologie de partout dans le monde, le document pan-canadien intitulé Cadre commun de résultats d’apprentissage en sciences de la nature, M à 12 et l’expérience de 300 enseignantes et enseignants.

À l’étape de la recherche, nous avons analysé les curriculums en sciences et technologie de nos conseils partenaires, d’autres provinces et d’autres pays de langue anglaise et avons découvert que les attentes que nous avions auprès des élèves ontariens en sciences et technologie étaient bien en-deça de celles des autres provinces et pays. Mais le nouveau curriculum ontarien sera aussi à jour et moderne que les documents étudiés d’ailleurs au Canada ou de l’étranger.

Marietta Bloch est l’auteure principale du curriculum ontarien et membre de l’équipe d’élaboration pan-canadienne; ainsi, la contribution du comité de l’éducation scientifique au document pan-canadien est comparable à celle du groupe pan-canadien au document ontarien.

LA CLÉ : LES ENSEIGNANTS

Pendant l’année scolaire 1995–1996, les enseignantes et enseignants des conseils scolaires partenaires ont participé à plus de 40 ateliers. On y a parlé d’un curriculum approprié à chaque année d’études; on a produit une synthèse des idées émises qui a ensuite été diffusée et fait l’objet d’une autre discussion.

Une année plus tard, en septembre 1996, une ébauche a été produite en vue d’un examen plus détaillé tant par les enseignantes et enseignants que par les autres parties intéressées. À cette étape, par exemple, la partie technologie du curriculum a été considérablement améliorée grâce au travail d’un groupe consultatif créé spécialement; en outre les éléments sur l’environnement ont été étudiés par l’Ontario Learning for Sustainability Partnership. Enfin, le York Forum on School Science tenu en mai 1997 a rassemblé une variété de personnes et groupes intéressés – élèves, parents, enseignantes et enseignants, membres du mouvement pour la qualité de l’éducation – pour les informer des orientations que nous prenions.

C’est la participation soutenue des enseignantes et enseignants à chaque étape de l’élaboration qui nous permet de croire que les élèves et le personnel enseignant pourront répondre aux attentes de ce curriculum.

Finalement, en septembre 1997, le curriculum complètement réécrit a été remis au Ministère qui s’est joint au projet en mars 1997 aux fins de son examen, de sa correction-révision et de sa traduction. Bon nombre de changements ont été apportés à cette étape. Dans certains cas, il s’agissait d’améliorations – il y eut aussi des compromis – reflétant ainsi la nature essentiellement politique inhérente à l’élaboration d’un curriculum.

RENFORCEMENT DES PRINCIPES DE BASE

Néanmoins, nous, les auteurs du document d’origine, croyons que l’intégrité d’un véritable curriculum pour les enseignantes et enseignants a été maintenue.

Le nouveau curriculum a beaucoup en commun avec ce que bon nombre d’enseignantes et d’enseignants enseignent déjà et s’appuie des nombreux principes de base d’une bonne pédagogie. Il ne demande pas aux enseignantes et enseignants d’aller à l’encontre de ce qu’ils font déjà.

Par exemple, le concept d’attentes est essentiellement le même que celui de résultats d’apprentissage présenté dans Le programme d’études commun. On met toujours l’accent sur les résultats d’apprentissage et l’évaluation met toujours l’accent sur la preuve que l’élève répond aux attentes.

Le nouveau curriculum laisse encore une place importante à l’environnement; il en est de même pour le besoin d’intégrer les sciences et la technologie aux mathématiques, au français et aux autres matières. Même les sections sur la technologie, qui peuvent sembler très nouvelles, s’appuient sur le type d’activités que l’on trouve dans de nombreuses salles de classe du cycle primaire, telles que la conception et la construction à l’aide de blocs Lego.

Par ailleurs, le nouveau curriculum se divise par année d’études plutôt que par regroupement d’années d’études et ce, conformément aux demandes des enseignantes et des enseignants. On y trouve aussi beaucoup de nouveau. Plus particulièrement, quatre aspects nécessitent un nouvel éclairage au plan du perfectionnement professionnel. Les trois premiers portent sur les trois buts du curriculum, soit le cœur du nouveau document, et le quatrième porte sur l’évaluation, élément qui prend de l’importance tant au plan provincial que pour l’enseignement et l’apprentissage en classe.

CONNAISSANCES REQUISES EN SCIENCES ET TECHNOLOGIE

De nombreux enseignants et enseignantes croient que les connaissances requises pour enseigner les sciences et technologie constituent l’aspect le plus intimidant du nouveau curriculum. Bien qu’une bonne partie du contenu soit nouvelle, il se fonde largement ce qui était enseigné auparavant.

Il existe une expertise au sein du corps enseignant qui n’a pas souvent été utilisée. L’une des façons les plus simples d’aborder le perfectionnement professionnel dans ce domaine serait d’augmenter la mise en commun des connaissances entre enseignantes et enseignants d’une même école ou d’une famille d’écoles. Les enseignantes et enseignants à l’élémentaire peuvent également en apprendre sur la matière auprès de leurs collègues du secondaire.

Nous recommandons que les enseignantes et enseignants commencent à mettre en œuvre le contenu qui leur est connu pendant qu’ils se familiarisent avec les nouveaux éléments qui seront ajoutés au programme plus tard.

RECHERCHE ET DESIGN

Il importe d’enseigner les sciences et la technologie de façon à combiner la compréhension des concepts et l’acquisition de compétences en recherche scientifique et en design technologique. Les sciences et la technologie sont essentiellement des matières qui mettent l’accent sur les processus ainsi que sur le contenu, et les enseignantes et enseignants se doivent de goûter à l’expérience de la recherche et de l’exploration avec leurs élèves.

La beauté de cette méthode tient au fait que les enseignantes et enseignants ne se présentent pas comme experts mais bien comme personnes qui apprennent avec les élèves, les deux étant à la recherche de réponses raisonnables à des problèmes réels. L’apprentissage par la recherche et le design permet également d’intégrer des compétences essentielles des programmes de français et de mathématiques aux sciences et à la technologie.

LE MONDE APRÈS L’ÉCOLE

Le troisième but du curriculum en sciences et technologie, soit lier les sciences et la technologie au monde après l’école, propose le défi le plus intéressant à relever et incite les enseignantes et enseignants à faire preuve de créativité. Il se fonde sur l’idée que les sciences et la technologie existent dans le monde qui nous entoure sous bien des formes et que les élèves devraient apprendre à faire un lien entre ce qu’ils apprennent dans la classe avec le monde extérieur.

Cela peut s’enseigner de bien des façons : apporter des articles de journaux et de magazines dans la classe, se servir de l’expérience des élèves, de leur famille et des membres de la communauté, assigner des problèmes devant être résolus en famille à la maison et concevoir les outils et les structures pour répondre à des besoins réels. À nouveau, tout cela devrait être intégré à l’enseignement de concepts plutôt qu’être traité comme un ajout.

Quand une enseignante ou un enseignant commence une leçon en se servant d’un problème réel pour ensuite faire une recherche afin de trouver une solution en classe, les élèves détiennent la réponse à cette question qui revient toujours : «À quoi ça va me servir?»

ÉVALUER LE RENDEMENT SCOLAIRE

Pour réussir à répondre aux attentes, il faut un plan d’évaluation qui correspond vraiment aux buts du curriculum. L’évaluation du rendement, où l’élève montre ce qu’il a appris en effectuant une tâche ou un projet réel, peut s’avérer fort utile pour les enseignantes et enseignants, tant du point de vue de leur apprentissage que pour rendre compte des résultats.

La recherche suggère que c’est l’évaluation à l’échelon de la classe, par rapport à une évaluation à plus grande échelle, qui contribue davantage directement à l’amélioration du rendement scolaire. Mais c’est là un domaine malheureusement négligé en Ontario au cours des dernières années. Le comité de l’éducation scientifique a mis au point du matériel d’évaluation pour la classe qui lie chaque but, année d’études et champ du nouveau curriculum; ce matériel sera disponible sous peu. Toutefois, les enseignantes et enseignants doivent devenir eux-mêmes capables de concevoir et d’utiliser du matériel d’évaluation approprié qui couvre vraiment toute la gamme des attentes du curriculum.

GARANTIR LE SUCCÈS

Au cours des prochaines années, de nombreux organismes comme les facultés d’éducation, les fédérations d’enseignantes et d’enseignants, les associations professionnelles d’intérêt pédagogique, Let’s Talk Science – organisme à but non lucratif établi à l’Université Western Ontario – ainsi que des éditeurs commerciaux offriront des cours spéciaux dans des domaines précis des sciences et de la technologie. Des conférences comme celle de la STAO en novembre 1998 proposeront aussi des ateliers sur des domaines précis.

Pour que ces activités soient les plus avantageuses possible, il faut planifier à long terme. Nous prévoyons que la mise en œuvre du curriculum nécessitera de trois à cinq ans et qu’il faudra élaborer un plan systématique pour tout le corps enseignant d’une même école.

Le nouveau curriculum de l’Ontario donne aux enseignantes et enseignants et aux élèves une excellente chance de faire un pas en avant en sciences et technologie. Cependant, ce curriculum ne représente que le début. Des ressources sont en voie d’élaboration pour appuyer sa mise en œuvre et pour le perfectionnement professionnel des enseignantes et enseignants. Le ministère, les conseils scolaires et les écoles doivent maintenant s’assurer que l’élaboration d’un curriculum devienne une occasion réelle d’assister au renouvellement de l’éducation des sciences et de la technologie.

Les enseignantes et enseignants doivent percevoir le nouveau curriculum comme une occasion de croissance personnelle et la possibilité pour leurs élèves d’exceller. En outre, les parents et la communauté doivent accepter leur propre responsabilité en permettant aux écoles de relever le défi du changement.

Graham Orpwood est professeur en didactique des sciences à la faculté d’éducation de l’Université York et directeur du comité de l’éducation scientifique. Marietta Bloch est enseignante au Conseil scolaire de district de Toronto et a été détachée à l’Université York de 1995 à 1998 à titre de chargée de recherche au comité.

Le curriculum en sciences et technologie est disponible sur le site web du ministère de l’Éducation et de la Formation à l’adresse www.edu.gov.ca/fre/document/curricul/scientec/scientef.html