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Septembre 1998

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Des professeurs remarquables :

June Callwood

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June Callwood avait 11 ans; c’était l’été de son passage de l’école élémentaire à l’école secondaire. Elle se tenait debout devant les magasins de bonbons Smiles and Chuckles et Laura Secord à Kitchener, les yeux rivés sur le chocolat.

«J’adorais le chocolat, mais ne pouvais me le permettre, c’est pourquoi je me contentais de le regarder, dit-elle. C’était la Dépression.»

J.F. Carmichael, directeur de la Victoria Public School et enseignant de June Callwood en 7e et 8e années, s’est arrêté et lui a demandé comment se passait son été.

Elle lui a répondu, comme il se devait : «Ça va bien.»

Mais cette réponse masquait une partie de la vérité. «Je me sentais complètement à part des autres. Mes vêtements n’allaient pas. Rien de ce que je faisais correspondait à ce que les autres faisaient, et je me sentais très étrange. C’est là que j’ai commencé à beaucoup lire. Ce qui a largement contribué à mes choix de carrière.»

La fondatrice de la maison Casey House se rappelle encore de la gentillesse de son enseignant. «Après avoir réfléchi, ajoute-t-elle, il m’a dit que j’avais le QI le plus élevé qu’il n’avait jamais testé.»

June Callwood n’était pas flattée du tout, mais soulagée. Elle était une petite fille qui avait sauté trois années, qui sentait un grand décalage entre elle et ses compagnons de classe. Cette affirmation venait donc répondre à ses questions. «Pour la première fois, ce n’était pas de ma faute si je ne m’entendais pas avec les autres dans la classe. C’était une raison assez sotte, mais que l’on fasse ce commentaire positif à mon égard à cette époque s’est avéré extrêmement important.»

«Il l’a fait consciemment, se rappelle-t-elle, au point que j’ai toujours senti qu’il savait exactement combien j’étais malheureuse et que cette simple phrase pouvait m’aider. Et il avait raison.»

June Callwood se rappelle de cet homme qui lui a enseigné pendant deux ans; il était petit et avait des cheveux blancs. «Il attachait une attention toute particulière à la grammaire. Il a suscité mon intérêt pour la mécanique de la grammaire et grandement contribué à me rendre capable d’écrire une phrase qui se tient. Quand je réussis, c’est à lui que je le dois.»

À l’âge de 10 ans, June Callwood est passée de l’école protestante anglaise de Kitchener à l’école catholique romaine de langue française à Belle River; elle était en 7e année.

Carmichael était respecté de tous. Une école de Kitchener porte son nom et June Callwood a encore une photo de lui chez elle.

Freda Summaby, enseignante en histoire à la Brantford Collegiate, a également laissé des souvenirs impérissables chez l’auteure de Portrait of Canada et de plus d’une dizaine d’autres ouvrages, y compris Emma, Canada’s Unlikely Spy, Twelve Weeks in Spring et Jim : A Life with AIDS.

«Elle adorait l’histoire et l’enseignait comme on raconte une bonne histoire, ajoute Callwood. Je crois qu’elle donnait le cours sur l’Empire britannique, mais peu importe, on comprenait les personnages dont il était question, leurs triomphes comme leurs défaites.»

Summaby devait être très romantique et avoir une forte imagination, note June Callwood, même si elle n’en donnait pas l’impression. D’après Callwood, Freda Summaby avait une allure «très sèche, très sobre. Mais sa passion pour l’histoire était sans borne et elle savait me la communiquer.»

«J’imagine que j’étais la chouchou cette année-là, précise-t-elle. Depuis, j’ai toujours aimé l’histoire. Elle m’a fait là un très beau cadeau.»

June Callwood a tenu une correspondance avec Freda Summaby jusqu’à sa mort. «Heureusement, conclut-elle, j’ai pu lui dire à quel point j’avais été chanceuse de l’avoir comme enseignante et combien j’avais aimé ses cours d’histoire.»