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Septembre 1998

Le Groupe
d’étude Zlata


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L’enthousiasme des élèves à l’origine du Groupe d’étude Zlata

Un nouveau programme extrascolaire permet aux élèves de l’élémentaire et à leurs mentors du palier universitaire d’approfondir leur apprentissage.

de Paris Meilleur, Elizabeth Moore et Betsy Reilly

À l’automne 1996, Paris Meilleur, élève de 6e année, parlait de ses lectures d’été avec son ancienne enseignante de 1re année, Betsy Reilly. Paris se plaignait que le curriculum lui laissait peu de temps pour entreprendre des projets personnels et que les classes nombreuses laissaient peu de temps aux enseignantes et enseignants pour travailler individuellement avec chaque élève. Elle voulait étudier des sujets qui l’intéressaient tout particulièrement.

Betsy Reilly a suggéré un groupe de recherche extrascolaire; c’est ainsi qu’est né le Groupe d’étude Zlata à la St. George Public School à London.

La première année, neuf élèves de 6e, 7e et 8e année ont participé à ce programme extrascolaire. La deuxième année, 28 élèves, y compris six de la première année, y ont participé. Chaque élève a choisi un sujet qui ferait l’objet d’une recherche de six mois. Avec l’aide de mentors, les élèves ont étudié divers sujets, nommément : les châteaux médiévaux, les Celtes d’Écosse au temps de l’invasion romaine, Elizabeth I, la vie privée d’Hitler, la famine d’Irlande causée par la maladie de la pomme de terre, le mouvement des droits de la personne aux États-Unis, la pêche au lancer, les enfants Bernardo, la psychothérapie et les grands noms de la musique rock.

L’engagement de l’élève, et non les résultats scolaires, constitue le critère d’admission au groupe. En outre, l’élève ne doit pas prendre de retard dans ses travaux scolaires. Le programme Zlata vise à compléter les devoirs d’école et non à les remplacer.

Le nom du programme est celui d’une jeune fille de Sarajevo dont le journal a été publié en 1994 sous le titre Le journal de Zlata. Ce livre a ouvert les yeux du monde aux conséquences du conflit bosniaque sur la population locale. Son journal a servi de modèle sur l’importance de la recherche et de l’écriture.

MENTORS DE L’UNIVERSITÉ

La plupart des mentors du Groupe d’étude Zlata sont membres de la Pre-Education Society de l’Université Western Ontario. Ces étudiantes et étudiants visent à être admis à une faculté d’éducation et à exercer une carrière en enseignement. Shelly Lyford, bénévole et coordonnatrice en placement de cet organisme, recueille les demandes de mentors potentiels et effectue le jumelage entre un élève de l’élémentaire et un universitaire.

Parfois, les jumelages se fondent sur le sujet. Une élève de l’école St. George qui voulait faire une recherche sur la controverse entourant l’exploitation des forêts de Temagami a travaillé avec une étudiante de Western qui participait à la préservation des forêts de Temagami. Bien que le choix du sujet importe pour l’élève, l’accent du programme est mis sur les méthodes de recherche et de présentation des résultats.

Le sexe du mentor est aussi un facteur déterminant dans un jumelage. La plupart des jeunes filles de l’élémentaire insistent pour avoir une étudiante universitaire comme mentor. Il est beaucoup plus difficile de trouver des étudiants à jumeler aux jeunes garçons.

L’élève et son mentor travaillent ensemble une fois la semaine, d’octobre au début d’avril, pour déterminer un sujet, recueillir et organiser les données, ainsi que préparer et corriger la présentation. Les rencontres entre l’élève et le mentor se font pendant les heures de classe à une période jugée acceptable par l’enseignante ou l’enseignant. Les rencontres ont habituellement lieu à la bibliothèque de l’école St. George où l’enseignant-bibliothécaire David Zavitz fournit les ressources et assure la supervision de la recherche.

Les membres du groupe se rendent également à la bibliothèque municipale de London où Dalilah Cummings, bibliothécaire de la collection pour enfants, les familiarise à diverses ressources – livres, périodiques, entrevues, Internet, bandes audio et vidéo – situées dans des sections autres que celle réservée aux enfants.

Les élèves du Groupe Zlata font leur présentation finale à leur classe, souvent aussi devant les mentors et les parents. Le matériel de recherche, y compris une fiche d’explication, est présenté à l’occasion d’une réception à l’intention des mentors et des parents.

Le groupe d’étude a gagné la faveur des parents. Maureen Scarborough, dont le fils Neil a effectué une recherche sur la pêche, a dit : «J’ai peine à croire tout le temps qu’il a consacré au projet de recherche. Pendant des mois, il n’y en avait que pour son mentor et à quel point il avait hâte de travailler avec lui.»

La réception permet également aux élèves de remercier leur mentor publiquement. En plus des remerciements d’usage, les mentors tirent d’autres avantages de cette relation. «Je n’aurais jamais cru que des jeunes s’intéressent à des sujets de cette nature! Chaque fois que je travaille avec mon élève, j’apprends quelque chose», ajoute Marc Laurente, un mentor.

Pour les autres, la participation au Groupe Zlata solidifie leur plan de carrière. Andrea Pyper, étudiante à l’Université Western, insiste : «Ma participation au programme m’a persuadée que j’avais pris la bonne décision en choisissant l’enseignement.»

LE MENTORAT : LA CLÉ DU SUCCÈS

Elizabeth Moore et Paris Meilleur, deux élèves de 7e année, et Betsy Reilly, coordonnatrice du Groupe Zlata, ont interviewé des élèves et des mentors qui ont participé à la première année du programme en 1996–1997. Elles voulaient en savoir plus sur la façon de travailler entre élèves et mentors, sur ce qu’ils percevaient comme étant efficace, à conserver, à modifier ou encore à éliminer. Les résultats obtenus ont ensuite servi à organiser le Groupe Zlata pour la prochaine année.

D’après les entrevues, la relation élève-mentor constituait l’élément le plus réussi. Les élèves ont non seulement pu forger de nouvelles amitiés, mais ils ont aussi pu découvrir leur potentiel.

Isabel Mercier, étudiante en philosophie qui a travaillé avec deux élèves de 7e année, a dit : «Si la plupart des filles avaient la possibilité de profiter de cette expérience, elles ne deviendraient pas aussi timides. Je crois vraiment qu’il est utile que quelqu’un te dise : "Tu sais, je suis intelligente et cela ne fait pas nécessairement de moi une abrutie ou une indésirable".»

La plupart des jumelages ont été positifs, mais l’un d’entre eux a mal tourné parce que le mentor ne respectait pas les périodes de rencontre prévues. L’élève s’est découragé et a presque abandonné son projet de recherche. Après cette expérience, il a été suggéré de s’assurer de présenter le projet en détail au mentor potentiel et d’effectuer la sélection des mentors plus soigneusement.

Lors de la deuxième année, malgré une préparation et des communications améliorées, la même proportion de jumelages, soit dix pour cent, a échoué. Heureusement, ces échecs ont été détectés tôt et de nouveaux mentors ont été assignés.

En outre, on suggère qu’un mentor ne travaille qu’avec un seul élève, et non deux, et que l’on tienne des réunions régulièrement afin que chaque mentor soit davantage en contact avec l’enseignante ou l’enseignant responsable de la coordination et les autres mentors. Les mentors ont indiqué avoir besoin qu’on les rassure pendant la période de ralentissement, en janvier, quand les élèves ne sont pas encore remis de leurs vacances. Vers la fin du programme, les mentors veulent des attentes plus claires quant à la présentation des travaux et à leur rôle dans la correction-révision.

VERS LA TROISIÈME ANNÉE

Le Groupe d’étude Zlata est sur le point d’amorcer sa troisième année et devrait fournir une riche expérience aux élèves de l’élémentaire et à leurs mentors universitaires.

Peter Ainsworth dit, tout comme les parents d’autres membres du Groupe Zlata, qu’il est heureux de «voir, en plus des sports et de la musique, une activité extrascolaire pour les élèves axée sur la recherche.»

Pour les mentors, le programme permet d’acquérir de l’expérience et de parfaire leurs connaissances. Les élèves qui ont donné l’élan au programme continuent de faire preuve d’enthousiasme. Leurs mentors leur servent d’inspiration. Pour Devon Hysen, une élève : «En passant du temps avec mon mentor, j’ai senti que je pouvais devenir une étudiante comme elle.»

Emma Jolliffe résume le tout ainsi : «Ce que j’aime le plus du Groupe Zlata, c’est que je peux étudier un sujet qui m’intéresse. J’aime passer du temps avec mon mentor qui croit que mes intérêts sont importants, mais qui ne me laissera pas faire tout ce que je veux.»

Paris Meilleur est élève de 8e année, ainsi qu’auteure et co-fondatrice du Groupe d’étude Zlata. Elizabeth Moore est élève de 8e année, ainsi qu’une auteure et une lectrice passionnée. Betsy Reilly enseigne à la 1re et 2e année et est co-fondatrice et coordonnatrice du Groupe d’étude Zlata. On peut les joindre à l’école St. George, 782 rue Waterloo, London ON N6A 3W4 ou par courriel à reilly@phoenix.arts.uwo.ca