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Chroniques

Mary McBride, enseignante à l'école secondaire Banting Memorial

un enseignant remarquable

Rick Mercer se souvient de Lois Brown

 

Mary McBride

Dans ce monde où la technologie domine, comment expliquer l’existence d’un programme captivant et fort populaire de langues classiques dans la campagne ontarienne?

Pour John Fallis, directeur de l’école secondaire Banting Memorial, la réponse est : Mary McBride, gagnante du Prix 2005 du premier ministre pour l’excellence dans l’enseignement.

Après avoir obtenu son diplôme de l’Université de Toronto en 1969, prête à enseigner le latin et le français, Mary McBride a quitté son domicile du nord de Toronto pour emménager à Alliston, ville alors très éloignée et modeste. Trente-six ans plus tard, la ville s’est agrandie et Banting Memorial, avec ses quelque 1 800 élèves, est devenue l’école secondaire rurale la plus importante de l’Ontario. L’enthousiasme de Mme McBride, pour sa part, est demeuré intact.

«Je pense être aussi emballée par l’enseignement aujourd’hui que je l’étais à mes débuts.»

Mme McBride a enseigné le latin, le grec ancien et le français à plusieurs générations, et bien qu’elle ait franchi le facteur 85 il y a 11 ans, n’a pas l’intention de prendre sa retraite de sitôt.

«Enseigner n’est jamais facile, dit-elle, mais j’aime ce métier et je ne peux imaginer faire autre chose.»

Les élèves apprennent les langues classiques, habituellement le latin, dans un contexte socio-historique. En plus de la langue, on leur apprend le mode de vie, les habitudes vestimentaires, les loisirs, les moyens de transport et la politique de l’époque. Les élèves portent les costumes, imitent l’art et parlent de politique. Ils cons-truisent même des chars et participent à des courses.

Les élèves de Mme McBride ont pris l’habitude de monter un album où ils conservent les travaux réalisés durant l’année et les activités parascolaires. Il s’agit d’un projet d’envergure : cet album est relié à la main, illustré en détail et requiert des semaines de travail. Les élèves font preuve d’une créativité féconde et la fierté qu’ils mettent dans leur travail est d’autant plus évidente que cette activité n’est pas obligatoire.

Deux élèves de la classe de Mary McBride participent à la course de chars.

L’album 2004-2005 contient une section sur leurs activités à l’Ontario Classics Conference, leurs excursions, le souper classique de 12e année, les compétitions générales et mythologiques aux niveaux provincial, national et international auxquelles ils ont participé, la remise des diplômes de juin (soulignant les élèves de la classe de latin et de grec ancien ayant reçu des bourses d’études ou sportives) et le voyage, en juillet, de Mme McBride au congrès de la National Junior Classical League (NJCL). Il faut aussi mentionner les nombreuses activités de financement, ainsi que les clubs et activités liés aux études classiques.

Le programme d’études au secondaire est bien rempli. Et dans cette école où la majorité des élèves doivent prendre l’autobus, on croirait qu’il serait difficile d’attirer les jeunes dans un programme dont la composante parascolaire est si imposante. «De nos jours, les jeunes ont bien peu d’options. Je suis flattée qu’ils accordent un peu d’importance au latin, surtout qu’ils savent que c’est une matière exigeante.»

Mme McBride est d’avis que les activités parascolaires, loin de dissuader les élèves, sont le secret de leur participation et de leur réussite.

Les sports et les arts sont peut-être plus courants, mais Mme McBride a quelque chose de spécial à offrir aux jeunes. «Elle donne un cours unique qui allie théorie, arts et sport. Les élèves et les parents l’apprécient», déclare le directeur, M. Fallis.

Conférence

Chaque année, la Classics Conference est un événement à ne pas manquer. Plus de 500 élèves et enseignants de partout en Ontario s’affrontent dans des activités que les Grecs et les Romains considéraient comme essentielles à l’éducation. Des éléments qui mettent au défi l’esprit, le corps et l’âme. On y trouve des jeux-questionnaires de type Jeopardy portant sur la vie à Rome, les coutumes et la mythologie; des expositions d’arts comptant mosaïques, peintures, dessins et sculptures; ainsi que des activités sportives telles que le sprint sur 100 mètres, un mini-marathon et de la natation. L’une des activités les plus populaires est la course de chars. Les élèves construisent leur véhicule et deux garçons le tirent. On peut également assister à des pièces de 10 minutes écrites et jouées par les élèves. Le thème est classique et les costumes sont fabriqués à la main.

«Elle donne un cours unique qui allie théorie, arts et sport.»

Les élèves se préparent avec un enthousiasme marqué et participent à des activités de financement et au conseil exécutif. La classe de Mme McBride se mesure à des écoles privées de renom, telles que l’University of Toronto Schools et la Toronto French School, mais termine régulièrement parmi les quatre meilleures.

Chaque élève doit remettre une œuvre de création, dont bon nombre sont exposées à la conférence – un exemple de travail de classe pouvant aussi faire figure de travail parascolaire. L’année dernière, un élève de latin de deuxième année a remporté le premier prix grâce à une mosaïque de plus de 50 000 pièces qui lui avait demandé plus de 250 heures de travail en trois mois. Une élève de 9e année a remporté le prix de la catégorie Divers pour son travail à l’aiguille original représentant la Prima Vera. Les élèves de Mme McBride se sont classés troisièmes en 2004 pour leur travail judicieusement intitulé The Muse-ic Man, A Mythological Romp through Virgil’s Aeneid.

Beaucoup plus

Chaque année, Mme McBride entame son année scolaire en juillet, au congrès de la NJCL. Elle participe à des ateliers et conférences pour enrichir ses connaissances déjà vastes et discuter avec des enseignants de latin et de grec venus de partout en Amérique du Nord. «Si je peux y puiser une nouvelle activité ou une idée originale chaque année, ça en vaut la peine.»

C’est Mme McBride qui a présenté Certamen en Ontario, il y a presque 20 ans de cela, après en avoir entendu parler au congrès de la NJCL. Ce concours semi-annuel de trois jours emprunte la forme du jeu Jeopardy et s’adresse aux élèves de tous les cycles. On y teste leurs connaissances de l’histoire et de la culture romaines, de la mythologie romaine et grecque, du vocabulaire latin et des mots anglais dérivés du latin. Les élèves se préparent après les classes, étudient la matière et les techniques du bouton-signal. À l’approche de la compétition, Mme McBride invite ses six équipes chez elle pour une soirée pizza et répétition.

«Si je peux y puiser une idée originale, ça en vaut la peine.»

Elle a voyagé un peu partout en Europe et possède une vaste collection de diapositives qu’elle utilise lors de ses activités d’apprentissage. Elle s’occupe aussi d’échanges avec des classes de latin des États-Unis. À leur tour, les Américains viennent passer quelque temps à Alliston et à Toronto. Chaque année, lors du congé de mars, elle et un autre membre du personnel enseignant d’une école secondaire du district de Simcoe organisent un voyage pour leurs élèves. En 2005, ils se sont rendus à Rome, Pompéi et Florence.

Des jeux qui favorisent l’apprentissage.

De retour en classe

Au cours des années, Mme McBride a utilisé ses propres revenus, son imagination et celle de ses élèves pour créer un environnement propice à l’apprentissage. Elle met à la disposition de sa classe plus d’un millier de livres. Devises, affiches, photos, modèles, costumes, œuvres d’art et albums décorent les murs de sa classe. Ses diapositives ajoutent de la vie à ses cours. «Quelqu’un abordera un sujet en classe et nous pouvons passer 10 minutes à regarder des diapos et à discuter d’un aspect de la culture ou de l’histoire ancienne.

«Parfois, ils ont l’impression que nous nous éloignons du sujet en discutant de choses autres que celles prévues dans le texte, mais il s’agit de choses que je voulais leur enseigner. Ce sont eux qui décident du moment où l’on en parle.»

Cette méthode d’enseignement est en partie possible parce que Mme McBride croit fermement que l’enseignement doit être varié et graduel. Une activité dure rarement plus de 20 minutes.

Pour bien réussir en latin et en grec ancien, les élèves doivent maîtriser un vocabulaire complexe et varié. Elle est persuadée que l’apprentissage dépend grandement de la participation active et de la présence des élèves. Elle apprécie l’appui des parents et n’hésite pas à leur téléphoner si un élève éprouve des difficultés. Elle souligne que pour apprendre une langue, les élèves doivent obtenir des commentaires périodiquement et rapidement. Elle soutient aussi que corriger les travaux tous les soirs donne les meilleurs résultats.

Elle questionne quotidiennement les élèves sur leurs connaissances, mais pas de la façon dont elle-même l’a vécu au secondaire et à l’université. Elle utilise plutôt les jeux, les casse-tête, le bingo et les concours de mots (voir l’encadré de la page suivante). Les gagnants et ceux qui participent de façon exceptionnelle reçoivent des friandises.

Bien qu’elle connaisse son programme à fond, elle fait ses préparatifs chaque soir, créant souvent de nouvelles activités et de nouveaux travaux.

Des acteurs en herbe participent à la Classics Conference.

Quo vadis?

Mme McBride ne se lasse pas d’enseigner la même matière année après année. «La réaction des élèves en vaut la peine. Je ne sais jamais ce qu’ils diront ni quelle approche ils emprunteront.»

Son enthousiasme s’est propagé à de nombreuses générations. Les milliers d’élèves de Banting qui ont fait partie de la classe de Mary McBride depuis 1969, tout comme ses futurs élèves, sont vraiment chanceux. L’une des personnes qui a proposé sa candidature a écrit : «On ne peut trouver meilleur hommage pour un enseignant que d’être perçu comme un apprenant passionné qui diffuse sa passion aux autres. Mary McBride est un exemple de cette idéologie depuis des générations.»

Une citation, affichée sur le mur dans sa classe, décrit à la perfection les aspirations et l’influence de cette enseignante dévouée : De his factis in perpetuum dicant – Laissez-les parler de ces actes à jamais.

Question de vocabulaire

Selon les théories sur l’apprentissage, il faut répéter au moins quarante fois un élément pour le mémoriser. Si vous ne voulez pas entendre «canis» récité quarante fois, vous devez faire preuve d’un peu plus d’imagination. Pour motiver vos élèves à apprendre, utilisez des mots croisés, des cartes aide-mémoire pour les élèves kinesthésiques et des jeux d’automatisation.

Les jeux préférés de Mme McBride sont Flyswatters (tue-mouches) et Word Cubes.

Flyswatters consiste à insérer le vocabulaire de chaque chapitre des manuels de latin de la série Cambridge dans des grilles. Sur un écran, elle projette 24 expressions ou mots latins. Deux élèves se tiennent debout de chaque côté de l’écran, un tue-mouches à la main. Elle dit une phrase ou un mot en anglais, et l’élève qui frappe la traduction latine appropriée sur la grille à l’aide du tue-mouches continue de jouer. Le perdant passe le tue-mouches à quelqu’un d’autre. Lorsqu’un élève donne trois bonnes réponses de suite, il passe son tue-mouches à un autre et récolte une friandise. C’est une façon amusante de revoir le vocabulaire.

On peut se procurer les grilles de Mme McBride, qui comprennent le vocabulaire des 20 premières étapes des manuels, en communiquant avec le North American Cambridge Classics Project à naccp@cox.net.

Word Cubes est un jeu qui met au défi des petits groupes de deux élèves ou plus. Ils doivent choisir parmi 24 cubes de deux pouces et les assembler pour créer un rectangle. Tout d’abord, Mme McBride écrit des mots sur chaque côté des 24 cubes. Le but du jeu est de créer un rectangle le plus rapidement possible en associant les mots anglais aux mots latins appropriés. C’est un jeu visuellement stimulant et amusant qui enrichit le vocabulaire. Il est excellent pour les élèves kinesthésiques.