Une enseignante exemplaire

Vernon Kee, EAO

de Leanne Miller, EAO

Selon David Moore, directeur du Danforth Collegiate and Technical Institute, Vernon Kee est capable de faire ce que la plupart des enseignantes et enseignants rêvent d’accomplir.

L’éloge est grand, d’autant plus que M. Kee ne fait qu’entamer cet automne sa quatrième année d’enseignement dans le Toronto District School Board. Les louanges de M. Moore faisaient partie du dossier de mise en candidature qui a permis à M. Kee de remporter le Prix du premier ministre pour l’excellence dans l’enseignement, dans la catégorie Nouvel enseignant de l’année.

L’approche et la philosophie de l’enseignement de Vernon Kee sont fondées sur sa formation universitaire et son expérience en tant qu’ingénieur dans le secteur privé. Il a obtenu, en 2001, son baccalauréat en génie à l’Université Ryerson et a travaillé en tant qu’ingénieur mécanique jusqu’en 2005, puis comme chef de projet dans l’industrie automobile, où il a construit des chaînes de montage de soudage robotisées.

Cet enseignant de sciences et d’informatique allie sa formation rigoureuse à des applications réelles et concrètes. Ses élèves exploitent des entreprises qui conçoivent et construisent des robots en Legos. Ils élaborent des jeux vidéo offerts sur la console Game Boy et y jouent, les évaluent et étudient la physique du paintball. Ils débattent des avantages des Mac sur les PC, des avantages de la console Xbox sur la PS3, et étudient les marchés et les fabricants de jeux vidéo.

D’égale importance, M. Kee incorpore la technologie dans chaque leçon. Il enseigne à l’aide de PowerPoint et présente des vidéoclips. Les élèves effectuent des simulations par ordinateur et travaillent en ligne.

«Je souhaite donner un avantage à mes élèves pour leur entrée à l’université.»

Il fait beaucoup de réseautage auprès de professionnels de différents domaines afin de s’assurer que son enseignement est à jour, pertinent et intéressant. «Mes amis et ma famille m’envoient des articles qui se rapportent au génie et aux sciences afin que je puisse les passer à mes élèves, explique-t-il. Un de mes amis surveille les nouvelles tendances de la programmation logicielle.»

Il y a deux étés, il a appris le langage Python, un langage de programmation informatique dont la popularité augmente dans les cercles universitaires. Puis, il a créé une nouvelle version de son programme d’informatique de 12e année afin de l’adapter au curriculum des étudiants en informatique de première année à l’Université de Waterloo et à l’Université de Toronto. «Je souhaite donner un avantage à mes élèves pour leur entrée à l’université.»

M. Kee encourage les élèves à se concentrer sur les débouchés postsecondaires, que ce soit au collège, à l’université ou dans le monde du travail. Ce qui compte, c’est de les intéresser et de les encourager à réussir.

Annette Wilde, présidente du conseil d’école au Danforth CTI, a appuyé la candidature de M. Kee en écrivant que celui-ci traite ses élèves comme des adultes pour qu’ils se sentent spéciaux, respectés et dignes de confiance. «Ses élèves sont motivés à y mettre du leur et à confirmer qu’ils ont de la valeur. Il m’est impossible d’exprimer à quel point sa confiance en la valeur de chaque élève a été importante pour tous les élèves du Danforth CTI.»

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Des élèves conçoivent et construisent des tours en Legos.

Mais qu’est-ce qui pousse un bon ingénieur à changer de carrière et à couper son salaire de moitié?

Bien avant d’être ingénieur, M. Kee était entraîneur d’une équipe de volley-ball du palier secondaire et faisait du bénévolat dans des camps pour jeunes à risque. «J’ai toujours aimé travailler avec les enfants», explique-t-il.

Bien qu’il ait excellé dans son travail d’ingénieur, il a choisi de quitter son emploi pour obtenir ce qu’il appelle «une satisfaction professionnelle réelle».

«En fin de compte, même si je gérais un projet incroyablement bien et que l’entreprise empochait des millions, cela ne pouvait se comparer à l’effet d’avoir changé une vie. Ce n’est pas l’argent qui fait le bonheur, mais à quel point vous aimez votre emploi et ce que vous faites une fois à l’extérieur du travail. C’est ce que je veux enseigner à mes élèves».

Et faire une différence le motive. M. Kee attribue une grande part de son succès au programme de B. Éd. de l’Institut universitaire de technologie de l’Ontario, où il a appris des stratégies et développé des compétences pour captiver les élèves. L’admiration est mutuelle. Il a été invité à parler aux nouveaux étudiants en enseignement de l’Institut cet automne. Il espère avoir une influence sur leur attitude en leur rappelant qu’enseigner est un privilège.

C’est à l’Institut qu’il a maîtrisé les présentations PowerPoint avec vidéo intégrée, la robotique en utilisant des Legos et les outils d’apprentissage et de tests en ligne. «Je suis reconnaissant envers mes professeurs de l’Institut, qui m’ont enseigné à devenir un enseignant.»

Les leçons en ligne permettent aux élèves de niveau avancé d’apprendre à leur rythme et à M. Kee d’offrir plus d’aide individuelle. De plus, quand il est absent, ses élèves savent exactement ce qu’ils doivent faire et se mettent au travail. Les suppléants n’ont pas à enseigner une matière qu’ils ne connaissent pas, ils n’ont aucun défi de gestion de classe à relever et la classe ne perd pas de temps. En l’absence de leur patron, les employés continuent à travailler. Le principe est le même pour les élèves de M. Kee.

L’enseignement ne se fait pas entièrement par  la technologie. Les élèves en sciences appliquées de 9e année de M. Kee reçoivent des petits tableaux blancs. Quand on leur pose une question, ils écrivent leur réponse sur leur tableau, qu’ils brandissent ensuite. Il s’agit d’un outil rapide pour déterminer quels élèves ont besoin d’aide. Il n’y a aucune stigmatisation, personne ne crie les réponses et ce ne sont pas toujours les mêmes mains qui se lèvent.

De plus, il parle régulièrement de la vie après l’école secondaire. Il élabore ce qu’il appelle des tableaux de vie pour ses élèves afin de tracer et de comparer les trajectoires de leurs études, de leur carrière et de leur vie en fonction de leur bonheur. Il leur dit que les choses iront toujours en s’améliorant, aussi longtemps qu’ils font de l’école une composante essentielle de leur vie et qu’ils ne baissent jamais les bras. Il met l’accent sur le fait que le choix des élèves aujourd’hui aura des conséquences sur les choix qu’ils auront demain.

Toutefois, M. Kee n’est pas toujours sérieux. Il adore le paintball, tout comme ses élèves. Il a donc incorporé ce jeu dans ses leçons de physique sur la force et la vitesse. Les élèves adorent cela.

«Quand il est absent, ses élèves savent exactement ce qu’ils doivent faire et se mettent au travail.»

Il demande régulièrement de la rétroaction afin de s’assurer que son programme est pertinent et intéressant. À la fin de chaque unité du programme d’informatique de 11e et de 12e année, il effectue un sondage auprès de ses élèves afin de déterminer ce qu’ils ont compris, si le rythme est adéquat et ce qu’il lui faut modifier.

Cela ressemble énormément aux processus d’amélioration continue des entreprises. En fait, M. Kee s’inspire de la philosophie japonaise kaizen, où la structure corporative crée un sentiment de propriété et de fierté chez les employés en leur donnant l’occasion d’améliorer l’entreprise. Kaizen signifie «amélioration» en japonais. Les activités kaizen sont souvent utilisées dans les entreprises où M. Kee a travaillé.Ses élèves lui donnent régulièrement de la rétroaction pour qu’il continue à utiliser la technologie et à offrir des activités pratiques et amusantes.

 M. Kee croit non seulement à l’incorporation de ce que les élèves aiment, mais parle aussi de ce qu’il aime.

«Durant la première semaine de l’année scolaire, je leur parle de mes intérêts et passe-temps. Je veux qu’ils apprennent à me connaître en tant qu’être humain et je leur montre que je veux aussi apprendre à les connaître.»

La création de liens personnels solides avec ses élèves est importante. Selon lui, cela les aide à s’engager dans leur apprentissage. Il croit également qu’il est important de tisser des liens avec eux à l’extérieur des classes. L’année dernière, M. Kee était responsable de sept clubs, était l’entraîneur de six équipes d’athlétisme et offrait du mentorat à des élèves et à de nouveaux enseignants, tout en gérant le site web de l’école.

«Mes stratégies de gestion de classe et pour la réussite des élèves sont directement liées à ma participation à des activités parascolaires, explique-t-il. Cela m’aide beaucoup quand j’essaie de contrôler une classe ou de créer une atmosphère de respect mutuel.»

Il rit en se rappelant le club de jeu avant la classe qu’il a créé. «J’apportais ma console Xbox à l’école et les élèves arrivaient tôt pour jouer à Halo. Même les retardataires chroniques ont commencé à arriver plus tôt. Quelle récompense!»

M. Kee encourage également le leadership en présentant à ses élèves des occasions de bénévolat à l’échelle locale et mondiale. Ces deux dernières années, pendant le congé de mars, il a accompagné des élèves au Nicaragua dans le cadre d’un projet de bénévolat. Ils ont participé à la construction d’écoles ou travaillé au sein d’une équipe médicale.

M. Kee reconnaît que ses activités parascolaires lui demandent énormément de temps, mais voir que les élèves sont en sûreté et participent le rend heureux. De plus, il peut inspirer les élèves du cycle supérieur à jouer des rôles de leaders.

«Certes, je gère des clubs presque chaque jour pendant l’heure du dîner, mentionne-t-il, mais cela signifie tout simplement que je mange mon dîner en écoutant les élèves du club de survie contre les invasions de zombies débattre si les zombies rapides ou lents sont les pires.»

Bien que l’atmosphère dans sa classe soit détendue et décontractée, il insiste sur l’importance de la gestion et de la discipline. Chaque septembre, il établit les règles et les procédures, en demandant aux élèves de se mettre d’accord sur les comportements inacceptables et leurs conséquences. De plus, il crée un milieu d’apprentissage où le respect mutuel est attendu et démontré.

Les jeunes se rendent dans sa classe avant et après l’école, pendant l’heure du dîner et, s’il y a de la place, pendant qu’ils prennent une pause et qu’il enseigne. Ils travaillent sur les ordinateurs, habituellement pour faire leurs devoirs, mais ils jouent parfois à des jeux et consultent Internet. M. Kee ne s’y oppose pas, tant qu’ils sont en train d’apprendre. Ils sont respectueux et reconnaissants.

«Je ne voulais pas construire des pièces d’automobiles, mais des vies.»

Selon le directeur d’école, David Moore, EAO, M. Kee est un leader silencieux qui inspire les élèves et ses collèges par ses actions. «Il fait ce qui doit être fait. Il est là quand les élèves ont besoin de lui.»

Il y a deux ans, Vernon Kee a entendu parler des Toronto Intergenerational Partnerships (TIGP), un programme de bienfaisance qui aide les jeunes et les personnes âgées à établir des liens. On lui a demandé de diriger le Cyberpals Program, qui permet aux personnes âgées de la résidence située en face de l’école d’être initiées à Internet par les élèves en informatique.

Le TIGP comprend également un programme de dîner, en vertu duquel les bénévoles de l’école apportent une fois par semaine des sandwichs à des personnes âgées dans le besoin. Les membres du Christian Fellowship Club, géré par M. Kee, ont pris la décision de commencer à servir des festins raffinés préparés par le service de restauration de l’école pendant la période des fêtes. La plupart des élèves restaient après l’heure du dîner pour parler et jouer à des jeux avec les personnes âgées. Ce fut une initiative de bénévolat fantastique que M. Kee et ses élèves ont hâte de recommencer cette année.

En juin dernier, alors que l’année scolaire tirait à sa fin, M. Kee était satisfait de l’année qui s’achevait, mais fatigué. Le stress émotif lié au travail avec des adolescents est son plus grand défi. Il y fait face grâce au soutien de l’administration, de ses collègues et de ses amis. Il espère obtenir davantage de formation dans ce domaine afin de mieux aider les élèves qui lui font part de leurs difficultés.

«Lors de mon entretien avec le conseil scolaire de Toronto, se rappelle-t-il, ils m’ont demandé d’expliquer pourquoi je voulais changer de carrière. J’ai répondu que je ne voulais pas construire des pièces d’automobiles, mais des vies. C’est une réponse qui peut sembler un peu naïve, mais c’est vrai.

Les élèves motivés réussissent

Voici les huit stratégies de M. Kee pour motiver les élèves :

  1. Montrer qu’on est d’abord un être humain. Ils feront la même chose.

  2. Utiliser la technologie dans le cadre des activités d’enseignement et d’apprentissage. Enseigner en fonction des forces et des intérêts des élèves.

  3. Se servir d’exemples réels et pratiques qui peuvent être compris par les élèves, notamment le paintball, les jeux vidéo, les animés (dessins animés japonais) et les mangas (bandes dessinées japonaises).

  4. Travailler avec les élèves à l’extérieur de la classe dans le cadre d’activités parascolaires. Ils auront plus d’occasions d’apprendre à vous connaître et à avoir confiance en vous.

  5. Inculquer à chaque l’élève l’idée qu’il peut tout accomplir.

  6. Offrir un refuge sûr à tous les élèves, avant et après l’école, et pendant l’heure du dîner et les pauses.

  7. Créer un environnement de respect mutuel.

  8. Lier l’école à la vie à l’extérieur des salles de classe en mettant l’accent sur les conséquences des choix qu’ils font aujourd’hui.

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