Claudine Tyrell, EAO
Prêcher par l’exemple, en classe comme sur le terrain de jeu
de Leanne Miller, EAO
«Il faut toujours commencer par une parole positive, puis leur montrer comment faire mieux.»
C’est une méthode que Claudine Tyrell a employée pour la première fois en corrigeant des devoirs d’anglais et qui résume bien sa façon de faire en tant qu’enseignante, conseillère pédagogique et entraîneuse sportive.
«J’encourage toujours mes élèves à continuer de s’améliorer, en classe comme sur le terrain de sport, et je me fais un devoir d’en faire autant. Il y a tant à apprendre pour devenir un bon enseignant.»
Mme Tyrell, qui en est à sa troisième année d’enseignement, a tellement de succès avec ses élèves que les parents du Home and School Council du Malvern Collegiate Institute du Toronto District School Board ont présenté sa candidature pour le Prix du premier ministre pour l’excellence en enseignement dans la catégorie Nouvel enseignant de l’année.
Dans son dossier de mise en candidature, les parents ont écrit : «Mme Tyrell accompagne les élèves vers la réussite, tant dans la salle de classe qu’à l’extérieur. Elle a à cœur de faire du secondaire une expérience enrichissante pour chaque élève, souvent en les encourageant à participer aux sports d’équipe et à diverses activités de groupe. Elle s’adapte à tous les styles d’apprentissage et porte une attention particulière aux élèves démotivés ou ayant des difficultés.»
Passions
La directrice de Malvern, Line Pinard, EAO, explique pourquoi elle a tenu à appuyer la candidature de Mme Tyrell. «Claudine voue une passion à l’enseignement et aux enfants. Elle estime que les activités parascolaires jouent un rôle important pour les adolescents qui se cherchent encore.
«Elle s’intéresse à l’enfant en tant que personne, pas seulement en tant qu’élève, ajoute Mme Pinard. Elle possède toute une gamme de qualifications (éducation de l’enfance en difficulté, anglais, français, orientation et formation au cheminement de carrière) et une solide base qui font d’elle une enseignante efficace.
«Elle suit l’évolution de chaque élève et tient compte des besoins de chacun. Certains ont besoin d’aide pour un devoir d’anglais, tandis que d’autres veulent être valorisés ou faire partie d’une équipe. Nous savons que les activités parascolaires contribuent à la réussite scolaire, et Claudine mise là-dessus.»
Elle a voulu établir un lien entre la langue et le récit, et les intérêts et le vécu de ses élèves.
Mme Tyrell a travaillé pendant 10 ans en entreprise avant de décider de devenir enseignante. Elle a joué au rugby à l’Agincourt Collegiate Institute du Toronto District School Board, à l’université et pour l’équipe provinciale féminine.
Elle remercie sa famille de lui avoir inculqué certaines valeurs, comme l’envie de toujours s’améliorer et de faire de son mieux pour réussir. «L’assiduité au travail, faire de son mieux, c’est ce qu’on nous a appris.»
Mme Tyrell, contrairement à beaucoup de nouveaux enseignants, n’a jamais eu peur de poser des questions à ses collègues plus expérimentés et ne pense pas que demander de l’aide est un signe de faiblesse.
«Je pose des questions pour m’améliorer. J’aspire à devenir comme mes collègues plus expérimentés. Peut-être ne m’offrent-ils pas toujours leur aide et ne me font-ils pas de commentaires spontanément, mais si je leur demande leur avis, ils se montrent très désireux de m’aider.»
Elle ne va jamais vers un collègue sans avoir réfléchi, mais elle arrive bien préparée et demande de la rétroaction précise sur sa pratique.
«J’alimente la discussion, je démontre ma compréhension, mon niveau de préparation et je demande des commentaires structurés. Que penses-tu de cette rubrique? Crois-tu que ce programme d’entraînement en cross-country leur permettra d’obtenir de bon résultats à la Fédération des associations du sport scolaire de l’Ontario?»
Je ne suis pas leur amie, mais j’espère qu’ils voient en moi une personne ouverte et digne de confiance qui les apprécie.
Mme Tyrell se remémore les excellents commentaires qu’elle a mis en pratique. Par exemple, Doug Underwood, EAO, chef du département d’éducation physique à Malvern, lui a montré comment gérer la montagne de paperasserie qui vient avec la gestion d’une équipe de sport. Ray Fallis, EAO, qui enseigne l’anglais, lui a montré comment organiser et structurer les différents aspects des rencontres avec les parents.
«J’étais nerveuse lors de ma première soirée de rencontre des parents, dit-elle. Ray m’a expliqué où je devrais m’asseoir, où les parents seraient assis, quoi dire et ne pas dire, et quoi montrer. Ses conseils m’ont donné de l’assurance et je me suis sentie plus efficace et professionnelle grâce à lui.»
Défis continus
Elle a abandonné le rugby de haut niveau, mais elle continue de se lancer des défis en courant des demi-marathons, un œil sur le chronomètre.
C’est pareil en enseignement. La première fois qu’elle a enseigné Macbeth, elle a voulu établir un lien entre la langue et le récit, et les intérêts et le vécu de ses élèves. Elle a encouragé ses élèves d’anglais du cycle supérieur à se lever de leur chaise et à se mettre dans la peau des personnages.
«C’était beau de voir les garçons brasser la marmite de la sorcière en récitant : “Double, double, peine et trouble! Feu brûle et chaudron bouillonne!” Ils se sont volontiers prêtés au jeu.»
Quand elle accueille un nouveau groupe, elle prend le temps de faire connaissance avec chacun, d’abord en tant que personne, puis en tant qu’élève. «Cela m’aide quand vient le temps d’appliquer les règles de conduite en classe, lesquelles contribuent à la réussite de chacun. Je leur explique que je suis toujours disposée à les écouter sans les juger.
«Je ne suis pas leur amie, mais j’espère qu’ils voient en moi une personne ouverte et digne de confiance qui les apprécie, qui les aime beaucoup et qui leur veut du bien.»
Son rôle d’entraîneuse sportive l’aide à tisser des liens avec les ados ou, du moins, à avoir bonne réputation en dehors de la classe. «J’essaye d’être ferme, mais juste; exigeante sans être tyrannique. Ce qui importe, c’est le respect, parce qu’il est essentiel à la réussite de tous.»
Quand un élève arrive en retard, elle lui explique que c’est manquer de respect. «J’ai beaucoup travaillé pour préparer cette leçon. Tu ne peux arriver à l’heure, mais tu as le temps d’acheter un café? Je me sens visée et ça me blesse.»
Habituellement, ce genre de commentaire met fin aux retards.
Une autre technique qu’elle a apprise d’un collègue consiste à remettre à chaque élève une fiche au début de l’année scolaire. Comme beaucoup de pédagogues, elle leur demande d’y inscrire les renseignements d’usage, comme les numéros de téléphone ou adresse électronique de leurs parents ou tuteurs. Ensuite, elle leur demande de tourner la fiche. «Au verso, je leur demande d’écrire quelque chose qu’ils aimeraient que je sache sans avoir à le dire devant toute la classe.»
Ce qui importe, c’est le respect, parce qu’il est essentiel à la réussite de tous.
Ils écrivent souvent qu’ils sont nerveux quand on les oblige à faire des présentations. En fonction de ces renseignements, elle leur permet de faire une présentation en compagnie d’un autre élève ou devant un petit groupe au lieu de toute la classe. Elle a recours à ce qu’elle appelle l’approche Toastmasters, qui consiste à y aller progressivement pour permettre aux élèves de demeurer dans leur zone de confort et leur faire vivre des expériences positives avant de leur demander de faire des présentations plus longues et plus élaborées.
«Je dois leur montrer que je tiens compte de ce qu’ils me disent. Je respecte leurs craintes, mais je les incite à s’améliorer graduellement.»
Elle applique aux travaux écrits cette même attitude fondée sur le respect, la réussite et l’amélioration continue. Il lui arrive souvent de demander à des élèves de reprendre un travail quand elle sait qu’ils peuvent faire mieux. Cependant, même quand le travail est très mal fait, elle commence toujours par un commentaire positif.
Sa culture de la réussite atteint son apogée avec les prix du mérite en anglais. Au début de chaque semestre, elle dit à ses élèves qu’elle remettra des prix, non pas à celui qui obtiendra la meilleure note, mais à celui qui se sera le plus amélioré, qui aura fait le plus d’efforts.
«Les élèves savent toujours qui va remporter quel prix, dit-elle en riant. L’année dernière, il n’y a pas eu de rivalité. Ils se sont félicités mutuellement. Ils ont vite repéré ceux et celles qui avaient le plus de difficulté à faire des présentations et qui se sont le plus améliorés.»
Lorsqu’elle a commencé à enseigner à Malvern, elle voulait être entraîneuse de rugby et de cross-country. D’ailleurs, elle a fait son stage supervisé à cette école et a continué d’entraîner l’équipe de rugby jusqu’à la fin de l’année scolaire. C’est l’un de ses nombreux accomplissements qui ont impressionné Mme Pinard, la directrice de l’école.
Qualités complémentaires
«Claudine est très engagée envers les élèves et notre école, de dire Mme Pinard. Qui plus est, sa discipline et son sens de l’organisation en tant qu’entraîneuse sportive sont des qualités et des compétences dont tout bon enseignant a besoin en classe. Elle prêche par l’exemple et se sert de ces qualités et compétences pour enseigner. Elle donne l’exemple et s’attend à ce que ses élèves le suivent, en classe comme sur le terrain de jeu.»
Mme Tyrell se souvient combien elle était nerveuse quand elle a commencé à donner des cours de cross-country. «C’était intimidant parce que les entraîneurs, surtout des hommes, étaient très professionnels et extrêmement doués.»
Ils chronométraient les élèves, élaboraient des programmes d’entraînement complexes et suivaient un protocole qui lui était tout à fait inconnu. Elle a travaillé énormément, a lu abondamment et a humblement observé ses collègues. Elle s’est tournée vers des mentors, Al Baigent, EAO, et Stephen Masterson, EAO, entraîneurs d’athlétisme à l’école secondaire catholique Neil McNeil du Toronto Catholic District School Board.
Là encore, elle leur a demandé des commentaires structurés : «Je pensais faire ceci, qu’en penses-tu?» Sa méthode a fonctionné. Après le championnat municipal l’année dernière, Dave Christiani, enseignant retraité chargé de l’entraînement à l’école secondaire Leaside, est allé la voir pour lui dire : «Félicitations. Je suis très fier de toi!» Elle a été vraiment touchée et cela l’a encouragée à faire encore mieux cette année.
Sa formation professionnelle ne se limite pas à l’entraînement. Au cours des quatre dernières années, elle a suivi autant de cours de perfectionnement professionnel que possible. Elle a déjà obtenu la qualification de spécialiste en orientation et formation au cheminement de carrière et va suivre la deuxième partie du cours d’éducation de l’enfance en difficulté l’été prochain. Elle ne se gêne pas pour demander de l’aide aux conseillers pédagogiques et aux surintendants de son conseil scolaire.
Orientation
Cette année, elle a concentré ses efforts sur l’orientation, poste qu’elle a occupé à temps partiel l’année dernière et qu’elle occupe maintenant à plein temps. Malvern est avant tout une école dont la majorité des élèves se dirigent vers des études postsecondaires. Elle veut aider les élèves et les parents à prendre des décisions éclairées. L’année dernière, elle a mis sur pied un forum pour les élèves de 12e année et elle va en organiser un autre en décembre. Elle veut inviter des diplômés de Malvern qui poursuivent des études postsecondaires à venir parler aux élèves de 12e année.
Elle ne cherche pas à promouvoir les collèges et universités, elle veut simplement que les anciens communiquent leurs expériences du point de vue du budget, de la gestion du temps et des études. Le forum vise à donner aux élèves des renseignements concrets et utiles qu’aucun représentant d’un collège ou d’une université ne peut leur donner.
Aujourd’hui, Mme Tyrell rencontre des élèves de 12e année à la bibliothèque. «Combien parmi vous ont une période libre cette année?»
Claudine Tyrell entraîne l’équipe de rugby de Malvern.
Tous lèvent la main.
«Parfait. Utilisez ce temps pour vous préparer pour l’an prochain. Profitez-en pour explorer la voie que vous aimeriez suivre. Renseignez-vous sur les programmes et les écoles et pensez à votre avenir, à ce que vous voulez faire et pourquoi.»
Cette année, elle gère un nouveau projet : le programme d’adulte bienveillant. L’année dernière, les professionnels en apprentissage de Malvern se sont penchés sur l’idée de jumeler un adulte bienveillant aux élèves à risque et à ceux qui ont besoin d’un adulte digne de confiance pour les accompagner dans leur cheminement scolaire.
«Il faut que tous les élèves se sentent en sécurité, à l’aise et heureux à l’école, dit-elle. C’est un autre moyen de les aider à réussir.»
Mme Tyrell veut venir en aide aux élèves et à ses collègues. «J’ai le privilège d’être entourée de mentors fantastiques et je veux faire ma part pour aider d’autres enseignants.»
Prix du premier ministre pour l’excellence en enseignement
Pour en savoir plus :
www.edu.gov.on.ca/prixenseignement/