La santé mentale, une énorme préoccupation dans les salles de classe de l’Ontario
de Melodie McCullough
Dans une classe de 30 élèves, six d’entre eux pourraient éprouver des troubles psychiques. De ces six élèves, probablement un seul recevra un traitement. Que peut-on faire?
Il y a quelques années à Campbellford, au sud-est de Peterborough, Mike, un jeune homme de 22 ans, a mis fin à sa vie. À la suite de cet événement tragique, sa famille, ses amis et les travailleurs en santé mentale de la région, avec l’aide du personnel de son ancienne école secondaire, ont décidé de lutter contre la maladie mentale chez les jeunes.
Le centre communautaire pour la santé mentale de Campbellford et du district a organisé une campagne d’une journée auprès des 700 élèves de la Campbellford District High School qui a touché chaque élève, chaque classe et chaque année. Les travailleurs en santé mentale et les jeunes qui ont connu la maladie mentale ont parlé de la dépression, de la sensibilisation à la santé mentale et de la prévention du suicide.
La campagne a remporté un franc succès. Plusieurs élèves ont reconnu les symptômes dont ils souffraient et les spécialistes ont pu les diriger immédiatement vers le centre de santé mentale local; et d’autres encore ont été ajoutés à la liste bien plus tard. L’école a permis à des agentes ou agents de traitement des cas de venir à l’école régulièrement, permettant ainsi une intervention précoce.
«Tous parlaient de la santé mentale, de la dépression et de Mike, et les journaux ont écrit des articles sur le sujet», se souvient Jennifer Robertson, travailleuse de soutien et d’éducation familiale dans le cadre d’un programme d’intervention précoce à l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) de Peterborough.
«La réaction des élèves fut incroyable, déclare Mme Robertson. Nous profitons maintenant d’une politique portes ouvertes entre l’école et l’organisme de santé mentale de la communauté.»
«Selon des études, la plupart des enfants atteints de problèmes de santé mentale demeurent non diagnostiqués, souligne Judith Wiener, professeure à la section du développement humain et de la psychologie appliquée de l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario (IEPO) à l’Université de Toronto. Cependant, ils vont tous à l’école.»
Gordon Floyd, président et directeur général de Santé mentale pour enfants Ontario, est du même avis : «La question principale est de savoir comment reconnaître les enfants atteints de troubles mentaux; ils nous échappent facilement.»
Santé mentale et succès
On ne reconnaît pas toujours la détresse ressentie par un élève replié sur lui-même.
Darcy Santor, professeur à l’Université d’Ottawa et scientifique principal en santé mentale infantile et juvénile au Centre d’excellence pour la santé mentale des enfants et des adolescents de l’Ontario du Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario (CHEO), souligne que la santé mentale peut affecter de façon importante les progrès d’un enfant tant en salle de classe qu’avec ses pairs.
Coauteur de Taking Mental Health to School (rapport publié l’an dernier par le centre), M. Santor explique que 14 p. 100 des décrochages scolaires peuvent être attribués aux troubles mentaux, que les enfants atteints de maladie mentale s’absentent 40 p. 100 plus souvent et que, selon le trouble, 30 à 50 p. 100 des élèves ne réaliseront pas leur plein potentiel.
Les problèmes de santé mentale se traduisent par un comportement dérangeant, de l’intimidation, des sautes d’humeur, de la non-conformité et de la distraction. Mais, selon lui, on ne reconnaît pas toujours la détresse ressentie par un élève replié sur lui-même ou profondément déprimé.
«Les écoles demeurent le milieu idéal pour la prévention, les programmes d’intervention précoce et les traitements», affirme M. Santor. Dans son rapport, il reconnaît que les besoins des élèves en santé mentale dépassent grandement la capacité actuelle des écoles de répondre convenablement à l’appel. Le rapport souligne aussi la nécessité d’une approche cohérente et logique pour remplacer les programmes fragmentés actuels. Ses recherches ont révélé que les enseignants ont généralement peu de connaissances de la santé mentale et que l’éducation sur le sujet ne représente pas une priorité en matière de perfectionnement professionnel.
Gordon Floyd, président et directeur général de Santé mentale pour enfants Ontario
Rôle à jouer
«Bien que la plupart des enseignants n’aient reçu aucune formation sur les enjeux des maladies mentales, on leur demande d’en faire la gestion au quotidien, explique M. Santor. Le rôle de l’enseignant est, à tous les égards, fondamental.»
On ne peut s’attendre à ce qu’ils traitent la maladie mentale, mais qu’ils la comprennent et sachent quand solliciter l’aide de collègues, conseillers en orientation ou psychologues scolaires spécialistes en éducation de l’enfance en difficulté. Il souligne également que la formation des pédagogues doit les aider à accommoder et à appuyer les enfants ayant des besoins particuliers.
«Le curriculum de santé et éducation physique aborde actuellement les questions de santé mentale», explique Gary Wheeler, porte-parole du ministère de l’Éducation de l’Ontario. Dans la version révisée du programme-cadre lancé en 2010, les élèves découvrent la santé mentale, la maladie mentale, les stéréotypes et les préjugés sociaux. D’autres thèmes, dans le cadre du programme des sciences sociales et humaines, visent également des problèmes de santé mentale. M. Wheeler ajoute cependant que les conseils scolaires déterminent le mode de prestation, comme dans tout programme.
L’école secondaire catholique de Plantagenet, école rurale à l’est d’Ottawa qui accueille quelque 600 élèves de la 7e à la 12e année, est l’une des écoles secondaires de Prescott-Russell où Josée DesLauriers donne vie à ce curriculum. Agente de promotion de la santé mentale dans la région Champlain Est de l’ACSM de Hawkesbury, Mme DesLauriers a rendu visite, entre janvier et juin, à une dizaine d’écoles, dont 80 p. 100 étaient de langue française.
Mme DesLauriers utilise le programme Parlons de la maladie mentale, élaboré par le Centre de toxicomanie et de santé mentale, l’Association canadienne pour la santé mentale (division de l’Ontario) et la Mood Disorders Association of Ontario. Elle renseigne les élèves sur les troubles, les causes, les signes avant-coureurs et le traitement de la maladie mentale, la récupération, la problématique du suicide et la maîtrise du stress ainsi que sur les possibilités d’intervention. Des témoignages, un segment important des présentations, permettent aux élèves d’entendre les histoires de jeunes qui souffrent de maladie mentale.
Aux dernières nouvelles, le programme était offert dans 44 conseils scolaires de langue française et de langue anglaise de partout dans la province.
«De plus en plus de gens savent comment la maladie mentale nous touche, directement ou indirectement, déclare Mme DesLauriers. Après la présentation, un grand nombre d’enfants sont venus exprimer leurs émotions ou parler des membres de leur famille. Les enseignantes et enseignants ont souvent été fort surpris.»
À Plantagenet, elle a présenté les ateliers du programme Parlons de la maladie mentale aux élèves de huit classes de 11e et de 12e année. Certains ont assisté à une présentation de quatre ateliers tandis que d’autres n’ont participé qu’à une ou deux séances. Mme DesLauriers organise des activités interactives amusantes comme des jeux de rôle, jeux-questionnaires, vidéos et vidéoclips de YouTube.
Mme DesLauriers a également rendu visite à l’école secondaire publique Le Sommet, une école de 450 élèves à Hawkesbury, pour discuter avec les quelque 90 élèves des classes de 7e et 8e année de Jérôme Bercier, EAO.
«Les ateliers et les activités étaient fantastiques. Les élèves de 7e et 8e année sont plus susceptibles de connaître les facteurs du stress, affirme M. Bercier. Commencer tôt à éduquer et à sensibiliser les élèves sur le sujet est une excellente idée.
«L’école est l’endroit idéal où communiquer avec les enfants, puisqu’ils y sont réunis.» La façon dont Mme DesLauriers explique la maladie mentale aide à dissiper les préjugés. On convient que les troubles mentaux ne sont pas normaux, mais on apprend à les accepter. Il est fort possible que la maladie mentale ne les touche pas, mais elle pourrait affecter un de leurs amis. «Ne gardez pas un tel secret. Sollicitez de l’aide.»
Jérôme Bercier, EAO et Josée DesLauriers, agente de promotion de la santé mentale
Jason Wagensveld, EAO, enseigne la 7e et 8e année et agit en tant que mentor en apprentissage à la Russell High School, au sud-est d’Ottawa. Accompagné de ses élèves, il a assisté au programme en juin. «En général, les élèves évitent de discuter de la maladie mentale : le sujet est tabou. Raison de plus pour inviter quelqu’un à en parler! On espère ainsi réduire les préjugés sociaux et encourager les élèves à parler de la maladie mentale avec un conseiller ou leurs amis.»
La dépression demeure le problème dominant à son école et les spécialistes manifestent encore de la gêne à cet égard. «Les élèves voient maintenant ce problème sous un nouveau jour. Le programme leur a montré qu’on ne choisit pas d’être déprimé.
«Le rôle du pédagogue est, dit-il, de mettre les élèves à l’aise d’en parler, puis de les diriger là où ils obtiendront l’aide dont ils ont besoin. Voilà pourquoi il est si important de former les enseignants sur la maladie mentale. Ils doivent connaître les bonnes étapes à suivre, même si cela ne représente pas une priorité pour les facultés d’éducation.»
Le rapport du CHEO ainsi que plusieurs experts en la matière insistent sur une plus grande coopération et une communication plus étroite entre les écoles, les services sociaux et les secteurs de la santé.
Telle était l’intention du gouvernement provincial au lancement en 2008 de l’Initiative de leadership en matière de soutien aux élèves (ILSE), dont la subvention a été prolongée de trois ans. Depuis, les conseils scolaires et les organismes communautaires ont collaboré pour établir ou rehausser les partenariats locaux dans 29 regroupements régionaux.
Dans le regroupement Windsor-Essex, l’ILSE représente un partenariat entre le Windsor-Essex Catholic District School Board, le Greater Essex County District School Board, l’Hôpital régional de Windsor et l’administration scolaire locale. Ils ont élaboré un plan à plusieurs facettes pour sensibiliser élèves et pédagogues, et pour créer des ressources et des services.
Les premières initiatives comprenaient un sondage mené auprès des conseils scolaires et des services communautaires, des réunions périodiques pour discuter des besoins de la communauté et un site web sur la santé mentale (We R Kids), des présentations communautaires et un symposium de deux jours à l’intention des enseignants, travailleurs en santé mentale, parents et élèves.
Les projets pilotes en cours comprennent des cliniques de sensibilisation après les heures d’école pour les adolescents vivant dans les milieux ruraux, un DVD et une trousse de matériel ainsi que la promotion d’un nouveau poste de liaison enseignant-mentor pour aider les enseignants et le personnel de soutien dans les salles de classe.
Cathy Geml, EAO, surintendante de l’éducation au sein du Windsor-Essex Catholic District School Board, explique que le symposium a contribué à aider une jeune fille de 17 ans qui souffrait d’anxiété.
«Une fille et sa mère se sont présentées au service d’orientation. En raison des pressions qu’elle subissait en classe, la jeune fille était trop anxieuse pour fréquenter l’école, affirme Mme Geml. Grâce aux renseignements communiqués au symposium, le conseiller a su comment lui procurer immédiatement l’aide dont elle avait besoin. Voilà une raison irréfutable de collaborer avec l’ILSE pour toute question relative à la santé mentale.»
En attente de secours
Randee Boucher, EAO, est enseignante de 5e année à la F. W. Begley School du Greater Essex County District School Board. Au cours des dix dernières années, elle a enseigné à des élèves atteints de dépression, de troubles bipolaires, de troubles obsessivo-compulsifs et de troubles oppositionnels avec provocation.
«Pensez-y, c’est pas mal inquiétant. Des élèves de 5e année, ils sont encore jeunes», dit-elle.
De concert avec la direction, la direction adjointe, le travailleur des services à la jeunesse et les enseignants précédents de l’enfant, Mme Boucher a élaboré des stratégies efficaces.
«Les élèves souffrant de maladie mentale ont particulièrement besoin d’une routine et d’un milieu sécuritaire axés sur eux dans leur entièreté», déclare Mme Boucher. L’an dernier, un garçon présentant des troubles oppositionnels avec provocation faisait partie de sa classe; il faisait ses devoirs écrits à contrecœur et contestait tout ce que les adultes disaient. Sa présence en classe était irrégulière et il refusait de se plier aux demandes les plus simples.
Elle a établi des attentes nettes, élevées et constantes dès le début de l’année scolaire et a eu recours au programme Tribes TLC, mis au point en Californie, lequel met l’accent sur une culture empathique d’apprentissage en classe, sur les plans scolaire et social. Elle l’utilise depuis quatre ans et forme les autres enseignants de son conseil scolaire.
Avant la fin de l’année, le garçon avait des amis, participait régulièrement aux cours, prenait des risques d’ordre social et terminait ses tâches avec enthousiasme.
«Cet élève a invité sa sœur, sa nièce et sa mère à assister à notre séance annuelle de lecture de poèmes et y a participé sans hésitation», annonce Mme Boucher.
Elle affirme que la communication avec les parents et les organismes externes ainsi que l’aide apportée aux parents par ces organismes jouent un rôle important. Selon elle, les liens et le dialogue sont primordiaux. L’appui que les organismes communautaires offrent au foyer est très bénéfique, car il procure une continuité (p. ex., les mêmes règles et routines) entre le foyer et l’école.
«Le perfectionnement professionnel en santé mentale offert dans son conseil scolaire est excellent, ajoute Mme Boucher. La formation est disponible pour ceux qui le désirent. Nous sommes bien encadrés.»
Les élèves de l’école Le Sommet démystifient la maladie mentale par le jeu.
Manque d’aide professionnelle
Selon le rapport de 2010 du People for Education sur les écoles subventionnées par les fonds publics de l’Ontario, la plupart des psychologues des conseils scolaires passent la majorité du temps à faire des évaluations, ce qui leur laisse peu de temps pour offrir un soutien réel à ceux qui en ont besoin, et les travailleurs sociaux ne suffisent pas à la tâche. Le rapport souligne qu’en 2009, moins de la moitié des écoles secondaires de la province ont régulièrement eu accès à des psychologues ou à des travailleurs des services à la jeunesse, et qu’un peu moins que les deux tiers ont réussi à planifier une rencontre avec un travailleur social.
Selon le rapport, le système est encore moins efficace dans le nord de la province où presque tous les services sociaux et de santé mentale ne sont disponibles que sur rendez-vous, le tiers des écoles élémentaires n’a pas accès à un psychologue, 30 pour cent n’ont pas accès à un travailleur social et près de la moitié n’a pas accès à un travailleur des services à la jeunesse. Il y a six ans, 20 p. 100 des écoles élémentaires du nord annonçaient avoir un accès régulier à un travailleur social; aujourd’hui, ce taux a baissé à 8 p. 100.
«La minorité francophone de l’Ontario, située dans des communautés petites ou éloignées, fait face à des difficultés particulières», déclare René-Guy Cantin, directeur général du Centre psychosocial, centre de santé mentale francophone d’Ottawa pour enfants, adolescents et familles.
«Le problème est toujours le même : le manque de professionnels chevronnés et surtout de professionnels francophones. Nous parlons de besoins en santé mentale et en intervention, mais les fonds ne sont pas disponibles. Il faut toujours se battre pour obtenir des services en français.»
Son organisme a mis sur pied deux programmes axés sur le milieu scolaire. Distance Services envoie des équipes professionnelles dans les écoles de langue française du Nord de l’Ontario, où ils font l’évaluation des élèves et forment les enseignants, puis continuent la relation à distance par vidéoconférence. Il aimerait voir le programme en vigueur partout dans la province. Le deuxième projet est une étude pilote d’intervention précoce. Si l’on constate qu’un élève a des problèmes, la direction d’école communique avec l’organisme, lequel procède à une consultation, une évaluation et un diagnostic.
«Notre équipe multidisciplinaire rencontre immédiatement l’élève et sa famille. Nous savons qu’un tel enfant dérange souvent le reste de la classe. D’une certaine façon, nous allégeons le fardeau scolaire. Le pédagogue se consacre à l’enseignement et nous nous consacrons aux besoins de ces enfants.»
Gordon Floyd croit que nos écoles ont le pouvoir de changer la situation.
«Si seulement on comprenait à quel point il est essentiel d’avoir des relations sociales saines, une vie émotionnelle heureuse et un comportement approprié, on offrirait des programmes et des cours pour appuyer les enfants plus tôt et sur une base beaucoup plus universelle.
«Tous les enseignants que je connais se préoccupent du succès des élèves en classe. Ils occupent un poste exceptionnellement puissant et utile, et jouent un rôle primordial.»
Faits saillants
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La moitié de tous les cas de maladie mentale chronique pouvant être diagnostiqués commencent avant 14 ans et les trois quarts avant 24 ans.
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Le suicide représente la deuxième cause de décès chez les jeunes de 15 à 24 ans.
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90 % des suicidés étaient atteints d’une maladie mentale qui aurait pu être décelée.
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10 % de garçons et 11 % de filles âgés de 4 à 11 ans présentent des symptômes de dépression.
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On s’attend à une augmentation de 50 % des problèmes de santé mentale chez les enfants d’ici 2020.
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La prévention ainsi que le diagnostic et l’intervention précoce peuvent résoudre 70 % des problèmes de santé mentale infantile.
Ressources
www.friendsrt.com : AMIS pour la vie de Austin Resilience Development, est un programme mis au point en Australie et qu’on utilise dans le curriculum des écoles élémentaires de la Colombie-Britannique pour aider les enfants à renforcer leur résilience et à réduire l’angoisse et la dépression.
cprf.ca : Quand ça ne va pas : Aide aux enseignants aux prises avec des élèves en difficulté, guide de la Fondation canadienne de la recherche en psychiatrie, disponible en français et en anglais.
kidsmentalhealth.ca : Santé mentale pour enfants Ontario, ressource pour enseignants.
camh.net : des ressources pour les enseignants et les écoles ainsi que de l’information sur les programmes Parlons de la maladie mentale sont disponibles dans le site du Centre de toxicomanie et de santé mentale.
acsm.ca : Association canadienne pour la santé mentale.
yooMagazine.net : magazine sur la santé et la santé mentale à l’intention des élèves et des enseignants (une version en français devrait paraître dans un an).
werkidsmentalhealth.ca : We R Kids, site web mis sur pied par les partenaires suivants : Greater Essex County District School Board, Windsor-Essex Catholic District School Board, John McGivney Children’s Centre et Windsor Regional Hospital.
brocku.ca/teacherresource/ABC/ : The ABCs of Mental Health – a Teacher Resource, Centre de santé mentale pour les enfants Hincks-Dellcrest de Toronto, disponible seulement en anglais.