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Emblèmes franco-ontariens

Si vous vous promenez dans la région d’Ottawa, vous constaterez que le paysage de la Capitale se refait une beauté. Six énormes drapeaux franco-ontariens de 15 pi sur 30 pi flottent du haut d’un mat de quelque 80 pieds. Magnifiques emblèmes de la francophonie ontarienne, ces drapeaux se veulent aussi d’importants symboles patrimoniaux pour les générations futures.

de Gabrielle Barkany et Véronique Ponce

Le drapeau franco-ontarien est un objet de fierté. Les Franco-ontariens voient dans ce drapeau leur contribution, leurs richesses, leur culture et leurs valeurs. Par ce drapeau vert et blanc, ils font connaître, à toute la population, la valeur ajoutée de la francophonie dans leur milieu.

Dévoilé pour la première fois en septembre 1975, ce n’est pourtant qu’en 2001 que le gouvernement de l’Ontario a octroyé au drapeau franco-ontarien le statut de symbole officiel de la province. Mais jusqu’ici, le drapeau n’avait pas joui d’une grande visibilité. C’était sans compter sur la passion d’Alain Vachon pour la francophonie.

Un rêve, une vision

«Il faut faire valoir la contribution des francophones dans toutes les sphères d’activités de la ville et, pourquoi pas, de la province et du pays», affirme Alain Vachon, ancien président de l’ACFO d’Ottawa, mais aussi acteur important dans la mobilisation de la jeunesse pour le mouvement SOS Montfort. C’est justement durant le ralliement de mars 1997, entouré de plus de 10 000 manifestants unis pour la sauvegarde de l’hôpital Montfort, un autre symbole de la francophonie ontarienne, qu’a germé en lui l’idée de faire flotter le drapeau franco-ontarien, en tout temps, un peu partout dans la région de la Capitale, en reconnaissance du fait français.

Mobiliser la communauté

Ce rêve est devenu réalité. En tant que fondateur du projet (qui consiste à ériger des monuments sous forme de mégadrapeaux), Alain Vachon est aussi devenu, en août 2005, président du comité organisateur chargé du projet officiellement appelé : les Monuments de la francophonie d’Ottawa.

Le comité, composé de bénévoles dynamiques et engagés au sein de la communauté francophone de la région, a organisé maintes activités communautaires et patrimoniales : réunions, conférences de presse, sessions de travail et rencontres avec des élèves. Les chiffres témoignent d’ailleurs de l’engouement incroyable qu’a généré ce projet : 15 632 lettres d’appui, 19 200 jeunes et moins jeunes mobilisés, 302 autobus scolaires, et 486 695 $ en contributions financières et dons de services. Visant des objectifs communs, les membres de ce comité ont réussi l’exploit de rassembler près de 37 000 citoyens autour d’un projet de célébration et de reconnaissance.

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Rassemblement autour du mégadrapeau franco-ontarien.

 

Le projet avait deux objectifs principaux, à la fois simples et ambitieux, qui ont guidé les messages, les actions et les célébrations tout au long de cette aventure : contribuer activement à la construction identitaire des élèves de la région, et souligner la contribution des francophones au développement de la ville d’Ottawa.

Les six parcs historiques comprenant l’immense drapeau franco-ontarien permettront non seulement d’atteindre ces objectifs, mais serviront aussi de lieux commémoratifs et touristiques. Ces six aires commémoratives sont vouées à la promotion et à la contribution des francophones dans toutes les sphères d’activité et de croissance de la ville telles l’éducation, la santé, l’économie et les communautés ethnoculturelles francophones.

Le milieu scolaire : des ambassadeurs

«Les écoles ont emboîté le pas et pris part aux activités sans aucune hésitation, a affirmé François Benoît, directeur de l’éducation au Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario. Les membres du personnel enseignant et non enseignant, les élèves et les parents ont vraiment affiché leurs couleurs en criant haut et fort la fierté de leur identité franco-ontarienne. Rassemblements de tout genre, chansons, pièces de théâtre, vêtements verts et blancs, rédactions, concours oratoires, tatouages, emblèmes et autres sont au menu et se font valoir tant à l’école que dans toute la communauté.

Les directions d’école du Conseil des écoles catholiques de langue française du Centre-Est (CECLFCE) et du Conseil des écoles publiques de l’Est ontarien (CEPEO) ont produit une trousse pédagogique commune destinée aux responsables de l’animation culturelle dans les écoles afin de solliciter la participation des élèves à une campagne massive de lettres d’appui au projet. Cette trousse incluant un cahier pédagogique, des minidrapeaux, des gabarits de lettre types, de la musique et des présentations visuelles pour les élèves, a permis aux écoles de s’activer rapidement et de faire vivre aux élèves un exercice de mobilisation communautaire qui ne se limite pas à leur école.

«Un immense spectacle multiculturel francophone a même attiré des élèves provenant des écoles anglophones avoisinantes!»

Grâce à la participation et à l’engagement des intervenants scolaires et des élèves, la visibilité et l’actualisation du projet des Monuments de la francophonie d’Ottawa se sont répandues partout, que ce soit à l’école, à la maison ou dans la communauté.

La collaboration importante du CECLFCE, du CSDCEO et du CEPEO a été la clé du succès de l’initiative, car elle a permis d’assurer une participation massive aux activités d’inauguration. Leur engagement et leur étroite collaboration ont favorisé la construction identitaire des élèves et appuyé les activités communautaires.

Un grand rassemblement francophone

Le 25 septembre 2007, les trois conseils scolaires de l’Est de l’Ontario ont contribué à la réussite d’un grand rassemblement francophone. En effet, plus de 200 autobus scolaires bondés d’élèves de la 1re à la 12e année et d’accompagnateurs venus des quatre coins de l’Est ontarien et d’Ottawa ont débarqué à l’école élémentaire publique Charlotte-Lemieux d’Ottawa pour célébrer l’anniversaire du drapeau franco-ontarien. Un immense spectacle multiculturel francophone a même attiré des élèves provenant des écoles anglophones avoisinantes!

Une réussite collective

La réussite de ce projet ne se mesure pas seulement par les fonds amassés par ou l’érection de mats, mais par la collaboration et la participation de la jeunesse et de la communauté en général. Nombre de personnes ont signé une lettre d’appui et sont venues lors des rassemblements et des dévoilements. Ce rapprochement de toutes les sphères d’activités de la francophonie régionale indique que notre communauté sait se rassembler pour célébrer ses réussites et souligner sa contribution au succès et à l’effervescence de la ville d’Ottawa. La communauté francophone est un atout pour la province, sa prospérité découlant des réussites collectives.

«Dans notre région, nous n’avons pas encore de Monuments de la francophonie comme à Ottawa. Pour nous, les monuments de la francophonie sont nos écoles, explique Janine Griffore, directrice de l’éducation au Conseil scolaire de district des écoles catholiques du Sud-Ouest. Nous sommes fiers des écoles qu’on a ouvertes dans les milieux non desservis, et des trois nouvelles qui ouvriront leurs portes en septembre prochain.»

La politique d’aménagement linguistique

L’un des principaux objectifs de la politique d’aménagement linguistique est d’élargir et d’animer l’espace francophone en établissant un partenariat solide entre l’école, la famille et la communauté locale et élargie. Les conseils scolaires de la région d’Ottawa ont constaté que le projet des Monuments de la francophonie permettait aux établissements de prolonger leur espace francophone dans les écoles en offrant un lien avec la communauté. La participation des milieux éducatifs aux dévoilements et inaugurations des six Monuments a permis aux élèves et au personnel scolaire de vivre leur francophonie ailleurs qu’à l’école, et de faire ainsi un lien entre l’espace francophone institutionnel (un acquis) et l’espace francophone communautaire (en pleine croissance).

«Notre conseil scolaire est situé devant l’autoroute 17, à l’Orignal, et les gens qui empruntent cette route pourront voir cet immense drapeau, raconte Roger Paul, directeur de l’éducation au Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien. Ils verront aussi l’espace de la francophonie que nous sommes en train de créer juste à côté. Nous aménagerons une aire où le personnel pourra se rassembler. Ces espaces seront des symboles forts de la solidarité et de la fierté de la communauté francophone.»

La construction identitaire francophone et culturelle des élèves est certes une responsabilité du système scolaire, mais la collectivité a aussi son rôle à jouer pour assurer le maintien de la vitalité communautaire. Le drapeau franco-ontarien est incontestablement le symbole qui rassemble le plus la collectivité francophone. «Pour nous, ce drapeau est un outil important de la construction identitaire de nos élèves puisque l’inauguration du premier monument de la francophonie fait partie des expériences marquantes vécues par eux. Ce monument est également le fier symbole de la place des francophones dans cette région et de leur contribution à la société», affirme Lise Bourgeois, directrice de l’éducation au Conseil des écoles catholiques de langue française du Centre-Est.

Les ambassadeurs et ambassadrices du drapeau franco-ontarien

Les ambassadeurs et ambassadrices du drapeau franco-ontarien ont grandement contribué au succès du projet des Monuments de la francophonie d’Ottawa. Présenté dans les écoles francophones de l’Ontario en septembre 2005, le projet Ambassadeurs et Ambassadrices du drapeau franco-ontarien vise à contrer l’assimilation grandissante des Franco-ontariens en inculquant, chez les jeunes du palier élémentaire, la fierté d’être franco-ontarien et franco-ontarienne par le biais d’activités diverses et ciblées dans leur école.

Le projet s’inscrit dans l’axe d’intervention de la construction identitaire de la politique d’aménagement linguistique du ministère de l’Éducation de l’Ontario. Il tisse aussi de solides liens avec le mandat de l’école franco-ontarienne en favorisant le développement d’une identité culturelle et du sentiment d’appartenance à une culture dynamique.

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Les élèves célèbrent en chantant.

 

Il se relie au curriculum de l’Ontario de la 1re à la 8e année, notamment dans le programme-cadre de français et favorise des liens avec ceux des mathématiques et d’éducation artistique de 7e année. En outre, le projet propose aussi plusieurs activités reliées à la vie étudiante, au-delà des salles de classe.

Le 9 mars 2007, ces ambassadeurs ont accompagné le premier ministre de l’Ontario lors de sa visite officielle au Monument du CECLFCE. Pendant la cérémonie, ils ont témoigné de leur fierté franco-ontarienne par la lecture de lettres et de poèmes et la remise d’un drapeau au premier ministre.

Afin de valoriser la francophonie dans la vie des jeunes, le Conseil scolaire public du Nord-Est de l’Ontario a mis sur pied La ligue des animateurs culturels et communautaires. «En créant des liens avec les organismes francophones de notre communauté, les élèves développent leur sens d’appartenance à la culture francophone. Ils en sont très fiers, explique Michel L. Robineau, directeur de l’éducation.»

La mobilisation continue

Depuis le dernier dévoilement d’un Monument de la francophonie, à la Caisse Desjardins Trillium le 15 octobre dernier, des conseils scolaires s’allient au Mouvement Richelieu, parrain du projet, pour ériger des Monuments de la francophonie partout en province. Le Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien (CSDCEO) a récemment lancé sa campagne de financement du Monument de la francophonie du village de Casselman, aussi parrainé par le Club Richelieu de Casselman, soit l’un des quatre drapeaux qui seront érigés dans Prescott-Russell cette année. En février dernier, les représentants du projet ont aussi rencontré les conseils scolaires et les clubs Richelieu de Sudbury, Rockland et Sturgeon Falls.

De son côté, Alain Vachon peut regarder avec fierté ces immenses drapeaux qui, petit à petit, s’élèvent un peu partout en Ontario. «Ce que l’on vous encourage à faire, c’est de célébrer la francophonie, plus on fête, plus on est positif; plus on nous respectera et moins on devra revendiquer parce que nous serons plus présents», a-t-il expliqué. Ces Monuments de la francophonie témoignent de sa conviction profonde qu’il faut faire, de la communauté francophone, une entité visible, dynamique et durable.

Le drapeau franco-ontarien

Le drapeau franco-ontarien fut dévoilé pour la première fois le 25 septembre 1975 à l’Université de Sudbury. Depuis ce jour, il est l’emblème de la communauté francophone de l’Ontario et représente la richesse de la culture et les valeurs franco-ontariennes. À l’Assemblée législative du 29 juin 2001, le gouvernement de l’Ontario a octroyé au drapeau franco-ontarien le statut de symbole officiel de la province, grâce surtout à Jean-Marc Lalonde, député de Glengarry-Prescott-Rupel, et l’instigateur de la Loi de 2001 sur l’emblème franco-ontarien.

Le drapeau est composé de deux bandes verticales, l’une verte qui représente l’été et l’autre blanche, l’hiver. Le lys blanc sur fond vert est le symbole de la francophonie mondiale, tandis que le trillium vert sur fond blanc est l’emblème floral de l’Ontario.

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