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un enseignant remarquable

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Que l’orchestre joue!

Pour Mark Robbins, apprendre doit être un plaisir. C’est pourquoi il encourage ses élèves à faire preuve de leadership dans le cadre d’un programme de musique centré sur la communauté à l’école secondaire Madawaska Valley District de Barry's Bay, à l’est du Parc provincial Algonquin.


Il y a deux ans, Sufi Abbaspour, âgée de dix-huit ans, vivait dans la ville cosmopolite de Zurich.

Aujourd’hui, elle vit dans la petite communauté de Barry's Bay, dans la vallée de l’Outaouais. Elle fréquente l’école secondaire en compagnie de 500 autres élèves et ne pourrait être plus heureuse. Elle est en tête de l’orchestre junior et s’apprête à étudier la musique à l’Université York l’an prochain.

Sufi affirme qu’elle se rappellera de son enseignant de musique Mark Robbins, et qu’il l’inspirera pour le restant de sa vie.

Le plaisir avant tout

Bien que ses cours soient rigoureux et les attentes élevées, M. Robbins prétend qu’il s’ennuie facilement et qu’il aime mettre du piquant pour s’amuser avec ses élèves.

Pour lui, le plaisir est un principe sous-jacent dans sa classe. Ses élèves l’appellent par son prénom et plaisantent avec lui comme s’il était un des leurs.

«Marc n’est pas seulement notre prof de musique, confie Philip Quade. C’est un ami. Il est toujours là pour nous donner des conseils. Il traite tous ses élèves avec le plus grand respect et est prêt à tout faire pour les aider.»

M. Robbins n’est peut-être pas le seul enseignant de l’école Madawaska Valley, mais il est le seul enseignant de musique de l’école. Les élèves appartiennent au conseil scolaire le plus vaste de la province et certains voyagent une heure pour se rendre à l’école. Plus de 150 élèves sont inscrits au cours de musique et la majorité des élèves de 9e année n’ont jamais eu de formation musicale. Et comme on n’est pas sans le savoir, il faut de la créativité et de l’énergie pour capter l’attention de 30 élèves ou plus pendant 75 minutes.

Le programme de musique de l’école Madawaska Valley ne restreint pas les élèves à jouer dans un orchestre. Ceux de la 10e à la 12e année ont aussi l’option de travailler à leur propre rythme dans un cours autonome de guitare et de clavier.

Ils doivent posséder leur propre instrument, élaborer leur propre programme avec l’aide de M. Robbins et pratiquer à l’extérieur de l’école.

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Technologie numérique et matériel de pointe viennent multiplier les joies de la formation musicale.

M. Robbins a aussi amené à l’école la technologie Music Instrument Digital Interface. Ainsi, de l’équipement d’enregistrement et de mixage de haute technologie permet aux élèves de se familiariser avec l’univers de la production musicale, et ce, de plus d’une façon.

«La technologie d’enregistrement permet d’attirer un plus large éventail d’élèves, explique-t-il. Nous n’attirons pas seulement les interprètes, mais aussi ceux intéressés par l’enregistrement, le mixage et la production musicale.»

Toutes les activités parascolaires doivent avoir lieu pendant le dîner et entre les cours, car beaucoup d’élèves voyagent en autobus. Voilà qui ajoute à l’horaire chargé de la journée. Compte tenu des contraintes, le programme parascolaire de musique est étonnamment vaste et varié. Près de 200 élèves participent aux programmes parascolaires approfondis en musique de l’école. Il s’agit des orchestres junior, intermédiaire et senior; les trois présentent des spectacles tout au long de l’année. Il y a aussi un orchestre de cuivres, des chorales, un groupe de jazz, un de saxophones, un de trompettes, un de flûtes à bec et un d’instruments électroniques.

Tous les jours au dîner, la classe de M. Robbins fredonne, car au moins un groupe de musiciens s’exerce. Plusieurs petites salles insonorisées et une autre plus grande sont occupées. Les élèves profitent de ces salles pour répéter et étudier de façon autonome au cours de la journée. Il est impressionnant de voir leur capacité de concentration.

Alors, comment M. Robbins coordonne-t-il toutes ces activités?

Délégation musicale

La clé est d’encourager le leadership chez les élèves. M. Robbins les pousse à s’occuper de tout, sauf de l’orchestre senior, de l’orchestre de cuivres, de celui de jazz et des chorales. Il nomme des chefs de section responsables des répétitions.

Chaque semestre, M. Robbins offre trois stages coopératifs d’un crédit. Les élèves de 12e année sont en compétition pour suivre un stage qui leur délègue une part de responsabilité dans le programme de musique. Bien que les stagiaires aident M. Robbins et les autres élèves, la valeur essentielle du stage réside dans ce qu’il inculque aux stagiaires.

Musicothécaire attitrée cette année, Ashley Prince catalogue et gère chaque partition des orchestres, chorales et ensembles. Elle s’occupe aussi du site web du département et organise les spectacles.

«Les élèves viennent me voir pour obtenir de l’aide, confie Ashley. Ce poste m'a donné confiance, et je pense que les compétences que j’ai acquises vont me préparer pour l’avenir.»

«La technologie d’enregistrement permet d’attirer un plus large éventail d’élèves.»

Philip Quade, technicien à l’enregistrement de cette année, se charge de l’équipement électronique. Il aide à enregistrer et à mixer la musique des élèves pour le CD annuel de l’école. Il est aussi mentor et seconde M. Robbins. Philip est particulièrement fier du nouveau groupe de musique électronique. Le groupe peut maintenant créer, enregistrer et produire son propre travail. Il a fallu une année pour assembler l’équipement nécessaire et les participants.

«J’ai toujours joué dans des groupes, à l’école et ailleurs, affirme Philip. Mais l’aspect électronique m'a fait comprendre qu’il y avait d’autres possibilités de carrière. Le programme de musique a vraiment changé ma vie et il continuera de m'influencer longtemps après que je l’aurai quitté.»

Sufi Abbaspour dirige les orchestres juniors et fournit son aide dans un cours de 9e année. Quand elle est arrivée à l’école en 2004, elle a été surprise de la liberté et de la responsabilité qu’on donnait aux élèves de musique.

«Ma confiance s’est accrue et ça m'a aidée à faire un choix de carrière, dit-elle. Pour moi, l’enseignement a été la meilleure façon d’apprendre.»

«C’est la présence de ces jeunes brillants, talentueux et travailleurs qui fait que j’adore mon travail», dit M. Robbins. Toutefois, il avoue apprécier l’aide. «Les élèves ne me harcèlent pas parce qu’ils ont perdu leur anche ou leur partition. Ils dérangent quelqu’un d’autre : la musicothécaire!» En favorisant le mentorat parmi les élèves et en encourageant leur leadership tout en communiquant sa passion pour la musique, il aide les élèves à sentir qu’ils participent au succès du programme de musique.

Ceux-ci acquièrent plus que des connaissances musicales.

Soutien de la communauté

«En musique, nous développons un sens aigu de la communauté parce que tout le monde doit travailler ensemble, explique Ben Stelmach, élève de 12e année.»

M. Robbins favorise une compréhension toujours plus grande de la communauté.

«Les programmes parascolaires aident les élèves à trouver leur place à l’école et dans la communauté, et à la respecter, dit M. Robbins. Ils apprennent l’importance d’être des membres actifs de leur communauté.»

«Ça fait trois ans que je joue dans l’orchestre de cuivres, dit Jamie Voldock, aussi en 12e année. Nous avons participé à des inaugurations d’arbres de Noël, à des parades, à des fêtes, à des services commémoratifs et à bien d’autres manifestations. Grâce à cette participation, j’ai appris l’importance du rassemblement de la communauté.»

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L’enseignement et la musique : les deux passions de Mark Robbins.

L’engagement communautaire fonctionne dans les deux sens au sein du programme de musique de l’école Madawaska Valley. «Les parents nous soutiennent lorsqu’ils voient que les enfants participent si avidement», dit M. Robbins. Les parents sont sans contredit des parrains importants : une année, un parent leur a donné de l’équipement pour une valeur de 10 000 $. Mais le soutien va au-delà des familles et l’engagement communautaire semble être réciproque. Le Lions Club, les Chevaliers de Colomb, l’association régionale des pompiers et d’autres entreprises privées les ont aidés à acheter des uniformes, des instruments, de l’équipement et des partitions.

M. Robbins et ses élèves ont ramassé des milliers de dollars pour améliorer les installations et tous les fonds sont investis directement dans le programme.

Et en classe?

Au lieu d’investir temps et argent pour présenter des spectacles ailleurs, M. Robbins investit les ressources dans sa communauté et dans sa classe, où il plaisante et échange des codes secrets avec ses élèves.

Lorsqu’il dirige un groupe, il arrive qu’il écrive GB sur le tableau (GB pour goose bumps – chair de poule) en souriant. Les élèves le remarquent, lui sourient et continuent à jouer. Ils adorent.

Puis, il y a Ricky Recordo, l'enregistreuse de poche de M. Robbins. Il l’utilise pour le contrôle formatif des connaissances ainsi que l’évaluation des compétences d’apprentissage. Aujourd’hui, Peter a oublié ses partitions. M. Robbins présente Ricky à Peter qui lui dit : «J’ai oublié mes partitions». Les élèves assument la responsabilité de leurs actions et souvent, ils rient quand ils parlent à Ricky. M. Robbins n’a pas besoin d’être méchant. Il chuchote quand il observe les élèves répéter : «Emma Rose a une excellente posture aujourd’hui».

Quand vient le moment de prendre des décisions particulières, comme décider quelle portée les élèves vont jouer pour une évaluation, M. Robbins leur fait lancer les dés. Puisque les élèves ne peuvent pas tous être évalués pour la même pièce durant un cours, cette méthode élimine les plaintes de genre : «elle a pu jouer une portée plus facile» ou «j’ai dû jouer en premier, ce n’est pas juste». Le processus est rapide et amusant, alors M. Robbins ne reçoit pas de plaintes.

«Son sens de l’humour et l’amour pour ses élèves ont fait de lui une puissante figure de proue pour de nombreux jeunes.»

Katherine de la Matter, ancienne élève maintenant étudiante au doctorat en direction de chorale à l’Université du Michigan, était l’un des élèves qui ont présenté la candidature de M. Robbins pour le prix du premier ministre.

«Au moment de leur vie où ils cherchent l’acceptation sociale et ont besoin d’être guidés dans leur développement personnel, écrit-elle, les cours de Mark offrent aux jeunes une tribune pour croître socialement par le travail d’équipe et la résolution pratique de problèmes. Les élèves peuvent toujours lui demander des conseils personnels. Son sens de l’humour et l’amour pour ses élèves ont fait de lui une puissante figure de proue pour de nombreux jeunes.»

Alors, qui gagne? La communauté scolaire grâce à un riche programme en arts? Les résidents de la vallée de l’Outaouais qui ont le plaisir d’assister à des spectacles de musique? Ou ces élèves fort chanceux de l’école secondaire Madawaska Valley District?

Tant que la baguette de Mark Robbins continuera de bouger, tout le monde gagne!


Pour voir Mark Robbins et ses élèves à l’œuvre, visitez : www.renfrew.edu.on.ca.

D’autres renseignements sur le programme sont disponibles par l’entremise du site du département de musique de l’école secondaire Madawaska Valley District.

Prix du premier ministre pour l’excellence dans l’enseignement

Ces prix reconnaissent des enseignantes et enseignants exceptionnels d ans toutes les matières qui inculquent à leurs élèves l’amour d’apprendre et les aident à exceller et à construire un avenir prometteur. Les prix sont attribués à des enseignants qui ont atteint des résultats remarquables avec leurs élèves, les ont incités à apprendre la vie durant, et les ont dotés des compétences et des attitudes dont ils ont besoin pour réussir dans notre société en constante évolution et dans une économie fondée sur les connaissances. Pour de plus amples renseignements ou pour savoir comment proposer la candidature d’un enseignant exceptionnel, visitez le site pma-ppm.ic.gc.ca.