<i>Pour parler profession</i>
RubriquesChroniquesArticles de fondRessourcesAutoréglementation


Chroniques

un enseignant remarquable

Lauréats du Prix du premier ministre :

Carolyn Wilson de Stratford

Mark Robbins de Barry's Bay

un enseignant remarquable

Robert Munsch se souvient de sœur Emma Jean Middendorf

Robert Munsch

L’enseignante remarquable de Robert Munsch


«Je sais exactement de qui je vais vous parler!», s’exclame Robert Munsch au téléphone en ce mercredi après-midi.

«Elle était enseignante-bibliothécaire… pas une enseignante titulaire. Elle me laissait m'enraciner dans la bibliothèque. Je n’avais pas de très bonnes notes, mais j’étais un lecteur passionné, et elle était heureuse de me laisser fouiner dans la bibliothèque.»

Robert Munsch est né en 1945 à Pittsburgh, en Pennsylvanie. De la 1re à la 8e année, il a fréquenté l’école All Saints dans une paroisse catholique près de la petite ville d’Etna.

L’enseignante dont il se rappelle si vivement, c’est sœur Emma Jean. «Les religieuses n’avaient pas de nom de famille en ce temps-là. Elle était très jeune, avait un diplôme universitaire en poche et adorait les livres. Comme c’était une nouvelle école, elle devait monter la collection de la bibliothèque. Elle n’arrêtait pas de me dire : “Essaie ce livre-là!” Elle me laissait même venir le samedi.»

Sœur Emma Jean Middendorf se souvient de ces samedis : «Nous cataloguions. Vous rappelez-vous ces cartes au verso des livres? Eh bien, c’est moi qui les dactylographiais. Je n’étais pas très forte en mécanique et j’imagine que Robert non plus. Quand on arrivait à la fin du ruban, on le rembobinait à la main, faute de pouvoir trouver le levier prévu à cet effet, s’exclame-t-elle en riant. Je peux encore le voir à l’école en train de s’affairer avec la machine à écrire.

«Une fois, il m'avait donné une carte qui disait : “La folie n’est pas essentielle pour travailler ici, mais elle aide.” et nous l’avions affichée. Robert avait un humour décalé et ça transparaît dans ses livres.»

Elle ne se doutait pas que Robert Munsch allait devenir un auteur pour enfants extrêmement populaire.

Lui non plus, d’ailleurs!

«Au secondaire, je ne m'entendais avec personne. Je lisais des tas de livres et je voulais devenir prêtre catholique. J’ai étudié pendant sept ans pour devenir jésuite avant de comprendre que je n’étais pas un très bon candidat à la prêtrise.» Au cours de ses études, il travaille à temps partiel dans un orphelinat. Puis, après avoir quitté les Jésuites, il obtient une maîtrise en éducation à la petite enfance et enseigne dans des garderies. Lors d’un stage dans un centre préscolaire, il raconte ses premiers contes.

(photo)

«Robert avait un humour décalé et ça transparaît dans ses livres.»

Sœur Emma Jean Middendorf, à l’époque et aujourd’hui

En 1975, Robert Munsch et son épouse, aussi enseignante dans une garderie, déménagent au Canada. Il enseigne à l’Université de Guelph et dans le centre préscolaire du campus. C’est là que son patron l’encourage à mettre ses contes sur papier et à chercher un éditeur.

«C’est comme ça que je suis devenu écrivain.»

En 1976, il vend 3 000 exemplaires de son premier livre, Mud Puddle. Depuis, il a vendu plus de 30 millions de livres partout dans le monde.

En s’inspirant d’enfants qu’il a rencontrés, Robert Munsch raconte ses histoires, quelques fois pendant plusieurs années, avant de les écrire. L’idée de Mud Puddle, par exemple, lui vient un jour de printemps alors que le terrain de jeu de son centre préscolaire est devenu un bourbier. Dans l’histoire, les enfants ne peuvent s’empêcher de se salir parce que les mares de boue sautent des arbres. Les enfants adorent ce récit!

«Les gens se reconnaissent dans ses textes, confie sœur Emma Jean. Il vient d’une famille de neuf enfants. Il est donc très sensible aux gens. Je crois que sa famille avait de bonnes valeurs. Il était gentil, attentionné et très curieux.»

«J’avais besoin de quelqu’un pour intervenir en ma faveur, confie Robert Munsch. Je n’avais pas de problèmes de discipline, mais j’avais la tête dans les nuages en classe. Je ne cadrais pas avec le reste de l’école.

«C’était le bon vieux temps! Ne l’oubliez pas! Nous avions des recueils de textes et n’avions pas à faire de rapports de lecture d’un livre entier avant la 8e année. Sœur Emma Jean faisait la même chose avec les autres enfants. Pour elle, nous étions des lecteurs et elle nous engloutissait sous les livres.

«Elle a même écrit à mes parents pour leur dire que je n’avais pas de bonnes notes, mais que j’étais vraiment intelligent et qu’ils ne devaient pas s’inquiéter si je ne devenais pas ingénieur ni médecin.

«Elle a renforcé mon estime personnelle et a su me captiver.»

Est-ce que Robert Munsch et son enseignante communiquent toujours?

«Oh, oui!», dit-il. En quelques secondes, il retrouve l’adresse actuelle de sœur Emma Jean. «Nous nous envoyons des cartes de Noël.»

Elle-même grande admiratrice de l’auteur, elle a fait don de certains de ses livres autographiés à la bibliothèque de sa région. Elle conserve toutefois ses lettres. «Chaque fois que je visite des librairies dans une autre ville – et je voyage beaucoup – je cherche toujours les livres de Robert dans la section des livres pour enfants.»

S’ils n’en ont pas, elle leur suggère, d’un ton amical et plein d’enthousiasme, d’en acquérir.


Sœur Emma Jean Middendorf enseigne toujours. Elle est religieuse dans la congrégation Divine Providence à Kingston, au Massachusetts, et elle enseigne l’allemand à l’école secondaire Sacred Heart.

Robert Munsch a publié 42 livres, dont La princesse à la robe de papier, Le dodo, L’habit de neige et Je t'aimerai toujours. Il a remporté de nombreux prix et visite régulièrement des salons du livre et des expositions. Il vit à Guelph.

Robert Munsch dans l’espace virtuel

Vous voulez en apprendre plus sur l’auteur? Allez faire un tour dans www.robertmunsch.com. Vous trouverez des poèmes, le calendrier des spectacles à venir, des photos et la biographie de l’auteur, des dessins d’élèves et une foule d’autres trésors.

Dans la section «The Books and other things», vous pouvez voir des dessins d’enfants faits à partir des récits, et parfois même la photo de l’enfant qui a inspiré le conte.

La section la plus attrayante, «Unpublished Stories», donne un avant-goût de ce qui pourrait paraître.

Bref, ce site en anglais est très bien fait et on peut y passer des heures sans se lasser.