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Juin 1999

Envoyés spéciaux


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Les enseignants, des héros oubliés

Il est essentiel que les décideurs du monde de l’éducation prennent le temps d’écouter les conseils de ceux pour qui l’éducation est la spécialité.

 d’Avis Glaze

Quand on m’a demandée de parler de mon rôle à la Commission royale sur l’éducation et des résultats de notre travail dans Pour parler profession, j’ai pris le parti de me concentrer sur l’une de mes préoccupations à titre d’éducatrice aujourd’hui, soit les enseignantes et enseignants. Plus particulièrement, je m’intéresse à ce que la société pense d’eux, à leur vie quotidienne à l’école et au rôle essentiel qu’ils jouent dans les changements significatifs apportés à l’éducation.

Après avoir écouté des centaines d’Ontariennes et d’Ontariens nous faire part de leur vision de l’éducation en Ontario, nous en sommes arrivés à la conclusion que le système avait besoin d’un renouvellement dans l’esprit de l’amélioration continue. Nous avons conclu que des interventions stratégiques clés s’avéraient nécessaires pour accélérer le processus de changement et pour agir à titre de leviers de transformation.

Dans le rapport de la Commission, Pour l’amour d’apprendre, nous avons répertorié quatre moteurs ou leviers de changements : l’éducation de la petite enfance, la professionnalisation et la mise en valeur de l’enseignant, l’éducation de la communauté et l’informatique. Nous avons formulé 167 recommandations. Il semblait que des projets stratégiques clés pouvaient changer, au plan qualitatif, les écoles, le type d’apprentissage et le type d’enseignement qui sont au cœur d’un système scolaire.

Nous avons dépeint l’image du système scolaire que nous envisagions, soit un système simplement fondé sur la recherche. Nous avons discuté des responsabilités principales et communes des écoles. Nous avons relevé chez l’élève les caractéristiques personnelles, interpersonnelles et professionnelles sous-jacentes à l’efficacité et communes chez un citoyen responsable dans le nouveau millénaire.

Dans certains domaines, des mesures ont été prises et des recommandations ont été ou sont mises en œuvre, notamment la Commission de mise en œuvre, l’Office de la qualité et de la responsabilité en éducation, les conseils d’école, l’Ordre des enseignantes et des enseignants, un curriculum provincial, un bulletin provincial, la réforme du financement de l’éducation, la réforme des études secondaires, l’utilisation accrue de l’informatique, la formation à l’enseignement, l’étude de la formation dans les collèges communautaires, la réforme de la formation des apprentis et des modifications à l’éducation de l’enfance en difficulté et au processus du CIPR.

La réforme des études secondaires va bon train. Enseignants-guides, service communautaire, élargissement de l’éducation à la carrière et coopérative, test sur les connaissances de base, programme de quatre ans, évaluation des préalables et plan d’éducation annuel, et ce ne sont là que quelques-unes de nos suggestions. On met davantage l’accent sur l’orientation et le counselling et tout particulièrement sur la prestation des programmes et sur la transparence, tous des points dont il était question dans Des choix qui mènent à l’action.

DEMEURER OPTIMISTE

Je suis très satisfaite de ces mesures et j’espère qu’un jour d’autres recommandations, comme celles liées à l’éducation de la petite enfance, à l’éducation des adultes, à la formation à l’enseignement, à l’équité, à l’exercice physique quotidien, à la charte des parents, à l’acquisition d’une troisième langue, à la coordination interministérielle des services à l’enfance et à la rémunération juste pour les conseillers scolaires seront elles aussi mises en œuvre.

La création de l’Ordre représente une grande source de fierté. La registrateure, le conseil et le personnel méritent des éloges. Ceux qui ont eu le plaisir de visiter les bureaux de l’Ordre ont remarqué la qualité et la diversité de son personnel et le professionnalisme de son fonctionnement et des locaux, et tout cela en une période de temps relativement brève. Chapeau!

C’est là un hommage à la profession. C’est à cela que s’attendaient les commissaires. La création de l’Ordre comme organisme d’autoréglementation signifie que la profession enseignante est à un tournant de son histoire et ce, tout particulièrement par rapport à d’autres professions.

J’encourage l’Ordre à continuer d’améliorer et de protéger les normes de la profession et à défendre la cause de l’éducation. Il faut également continuer à relever le défi principal, soit faire en sorte que tous les éducateurs et éducatrices du système en viennent à comprendre et à reconnaître les avantages offerts par l’Ordre à ses membres et à la profession enseignante.

ÉLÉMENT LE PLUS IMPORTANT

Dans Pour l’amour d’apprendre, les commissaires ont parlé des enseignantes et enseignants avec passion, de leur professionnalisme et de leur formation continue. C’est, à notre avis, l’élément le plus important de toute amélioration possible de la qualité de l’éducation. Nous avons relevé les caractéristiques d’un bon enseignant, parlé des enseignantes et enseignants comme de nos héros et suggéré qu’ils doivent être les héros de tout le monde.

Il nous a semblé que bon nombre d’entre eux ne sentaient aucune reconnaissance, aucun respect, qu’ils se voyaient comme la cible d’attaques de toutes parts. Nous avons parlé des raisons qui les ont incités à choisir cette profession et de leur dévouement envers les élèves. Nous nous sommes demandé comment ils pouvaient faire aussi bien leur travail compte tenu de tous les problèmes à régler quotidiennement, du sérieux de leur responsabilité, des nouvelles obligations qu’on leur impose sans cesse, du besoin difficile de demeurer à jour dans les matières qu’ils enseignent et sur la recherche récente.

Avec tout cela, nous croyons que les enseignantes et enseignants de l’Ontario méritent notre appui et notre reconnaissance pour leur dévouement et leurs réalisations.

Certains pays choisissent de montrer leur reconnaissance pour les enseignantes et enseignants par des mots, mais aussi par des moyens concrets. À Taiwan, par exemple, le personnel enseignant des écoles élémentaires et secondaires ne paie pas d’impôt. Il ne faudrait tout de même pas présumer que des mesures externes seulement contribueront à améliorer l’éducation.

Par ailleurs, les élèves nous ont dit de manière non équivoque que certains enseignants et enseignantes étaient insensibles, mécaniques, inflexibles, qu’ils refusaient toute responsabilité, que certains avaient «pris leur retraite au travail». Même si une seule personne correspond à ce portrait, c’est déjà trop. Mais nous savons aussi, d’après notre expérience, que cette description ne vise qu’une petite minorité.

Étant donné l’importance que nous accordons à la transparence en éducation tout au long du rapport, nous suggérons que les éducatrices et éducateurs soient plus responsables par rapport à chaque élève qui échappe au système.

COMPÉTENCE ET VOLONTÉ

À titre de membres d’une profession, nous ne pouvons pas laisser le moral des troupes fléchir sans réagir, ce qui est une réalité en certains endroits. Il nous arrive parfois de nous sentir comme Sisyphe condamné à pousser un rocher jusqu’au sommet d’une montagne pour voir le rocher retomber et ainsi recommencer sans fin. Ni le cynisme ni le désespoir ne sauront y faire.

À la veille du millénaire, il faut en profiter pour se faire connaître et se rappeler que les deux éléments clés de l’amélioration du système sont la compétence et la volonté. Si nous attendons les conditions idéales, nous n’accomplirons rien. Je suis persuadée que nous avons l’expertise requise pour aider nos élèves à atteindre de nouveaux sommets.

Pourtant, le public, les politiciens et les décideurs doivent faire attention. Récemment, deux éducateurs américains renommés se sont demandé pourquoi le mouvement de réforme avait si lamentablement échoué aux États-Unis et ce, malgré les milliards de dollars engloutis en éducation depuis le «mouvement de l’excellence» des années 80. Ils ont suggéré qu’il est faux de croire que les enseignantes et enseignants sont réticents aux changements et qu’il est essentiel de prendre conseil auprès des personnes qui connaissent le mieux l’éducation avant de prendre des décisions visant son amélioration.

Comme les commissaires, ils ont conclu que gouvernements et décideurs partout dans le monde ne tiennent pas compte du point de vue des enseignantes et enseignants sans lesquels aucun changement ne se fera en éducation.

Or, pour obtenir l’appui du public, nous devons prouver que nous sommes prêts à participer à cette vague de changements et à les accepter, à laisser de côté nos intérêts personnels et à nous concentrer sur les autres. Mais nous ne pouvons y arriver seuls. Il est nécessaire de créer des alliances avec tous les groupes intéressés pour créer le système que nous désirons.

J’encourage les éducatrices et éducateurs à se concentrer sur la transparence sous toutes ses formes, à penser d’abord aux résultats, à défendre les enfants qui vivent dans la pauvreté, à respecter le droit des parents à participer pleinement à l’éducation de leurs enfants et à nous assurer que les écoles répondent vraiment aux besoins des enfants. Il faut comme les Nations unies exhorter les autres à faire en sorte que les enfants aient droit aux ressources d’une nation, que les temps soient durs ou difficiles.

Un élève a présenté à la Commission une dissertation intitulée «Les enseignants sont la raison qui font que…». Il serait trop long de la reproduire ici, mais ses dernières lignes constituent mon hommage aux enseignantes et enseignants en cette période de changements rapides :

«… Les enseignants sont la raison qui font que l’on peut faire voler des avions, créer des programmes informatiques, danser des ballets, écrire des romans, faire de la recherche sur le cancer, gagner des poursuites en cour, construire des gratte-ciel et décorer des portes de réfrigérateur. Les plus beaux moments dans la vie surviennent parce que quelque part, à un moment donné, quelqu’un nous a influencés. Et tout a commencé par un enseignant.»

Avis Glaze est directrice adjointe de l’éducation du Conseil scolaire de district de la région de York et a été commissaire à la Commission royale sur l’éducation.