Nos athlètes olympiques

Bientôt dans une école près de chez vous!

de Suzanne Blake  


Retour vers le futur

Le district de Thames Valley explore les avantages d'un programme reposant sur le modèle à rebours.

de Leanne Miller


Un bon calcul

L'École catholique Saint-Antoine et l'école publique Brookmede offrent des conseils sur la façon d'inspirer les jeunes en mathématiques.

de Leanne Miller


Par où commencer

Conseils à l'intention des débutants.

de Jennifer Barnett


Retour vers le futur

Pour les enseignants et les élèves de Thames Valley, les avantages d'un programme reposant sur le modèle de raisonnement à rebours sont nombreux : accroissement du professionnalisme; évaluation, activités d'enseignement et d'apprentissage davantage ciblées; meilleure compréhension de la part des élèves.

de Leanne Miller

Ces dernières années, les enseignants au secondaire ont dû relever maints défis, y compris la mise en place d'un nouveau curriculum et d'attentes en matière d'évaluation, la compression de cinq années scolaires en quatre et les tests de l'OQRE. Quant aux élèves, ce n'était pas de tout repos non plus. Au début de l'année, le ministre de l'Éducation, Gerard Kennedy, déclarait aux élèves des écoles secondaires à Toronto : «L'école secondaire n'est jamais facile, mais les dernières années ont été particulièrement difficiles.»

Durant les prochaines années, les enseignants vont jeter un regard critique sur les changements qui s'opèrent dans leur classe, et nombreux sont ceux qui vont se poser des questions :

  • Les évaluations reflètent-elles bien le contenu des cours?
  • Insiste-t-on suffisamment sur les éléments clés du programme?
  • Les élèves acquièrent-ils les connaissances et les aptitudes dont ils ont besoin pour faire des études postsecondaires?

Understanding by Design (UBD), ou le modèle de raisonnement à rebours, est une stratégie qui a aidé les enseignants à relever ces défis.

Le modèle a été conçu par les gourous américains de l'éducation Grant Wiggins et Jay McTighe. Ceux-ci ont synthétisé la recherche éducationnelle des années 90 qui préconisait l'adaptation de l'enseignement, des activités d'apprentissage et des évaluations aux connaissances et aux aptitudes que les élèves devaient acquérir.

Bien des enseignants ont recours à des manuels scolaires, des leçons favorites et des activités traditionnelles plutôt qu'à des outils adaptés en fonction d'objectifs ou de normes. Wiggins et McTighe préconisent le contraire, soit «commencer par la fin et planifier le programme en fonction des objectifs de rendement et des concepts devant être enseignés pour que les élèves réussissent».

Cette démarche inverse provient d'une autre pratique commune, celle de penser que l'évaluation commence lorsque l'enseignement se termine.

«Au lieu de concevoir l'évaluation vers la fin d'une unité, le raisonnement à rebours préconise de commencer en se demandant quelle serait la preuve acceptable que les élèves ont acquis les connaissances et les compétences voulues, et cela avant même de planifier le cours et les activités d'apprentissage.»

Les élèves peuvent mieux faire le lien entre les connaissances qu'ils acquièrent dans toutes les matières.

Nancy Wilder, au sujet de la méthode UBD

Christine Shain, conseillère pédagogique qui a beaucoup travaillé au Canada et aux États-Unis, a utilisé l'approche UBD pour aider les enseignants à harmoniser le curriculum. «Les enseignants de l'Ontario ont été très occupés ces dernières années à mettre en oeuvre le nouveau curriculum ainsi que les attentes en matière d'évaluation dans leurs classes et leurs matières. Il est temps de prendre du recul, de réfléchir et d'évaluer la situation dans son ensemble.»

Elle fait remarquer que cette approche encourage les enseignants à réfléchir et à trouver les concepts principaux et les idées générales en leur faisant dégager les questions essentielles qui vont le mieux captiver l'attention des élèves, les encourager et les inspirer à apprendre la nouvelle matière.

De telles questions doivent faire partie du curriculum afin de guider les élèves et de synthétiser leur compréhension. Durant toute la durée de l'enseignement d'une unité, les élèves doivent avoir à leur disposition maintes façons de répondre à ces questions pour engager une variété de styles d'apprentissage et d'aptitudes.

Mme Shain fournit un exemple de question essentielle qu'on pourrait se poser dans un cours de physique de 11e année : Comment le fait de comprendre les différentes propriétés physiques du mouvement peut aider à comprendre des exemples que l'on retrouve dans le quotidien?

Elle explique ainsi : «Lorsque nous alignons notre enseignement, nos activités d'apprentissage et nos évaluations sur les connaissances et aptitudes fondamentales, nous réduisons le nombre d'évaluations que les élèves doivent subir et que nous devons noter. Mais surtout, nous nous rapprochons d'une meilleure compréhension en exprimant clairement les points forts et les points faibles de l'apprentissage des élèves.»

Mike Sereda, agent de supervision dans le district de Thames Valley, ajoute qu'autrefois «les enseignants savaient très bien répondre aux attentes précises du curriculum. Aujourd'hui, comme le curriculum de la province et du conseil scolaire s'inspire aussi du raisonnement à rebours, nous encourageons les enseignants à utiliser eux-mêmes cette approche au quotidien».

M. Sereda explique que c'est une méthode qui a permis aux enseignants et aux élèves de se concentrer sur l'interaction qui existe entre les différentes aptitudes, et cela pour l'ensemble du curriculum, notamment de la 7e à la 10e année. On peut mieux enseigner aux élèves que l'écriture et les mathématiques exigent des aptitudes qui ne sont pas isolées et s'appliquent à d'autres matières, ce qui amène une meilleure compréhension et de meilleurs résultats aux tests de l'OQRE.

Pour la première fois, je ne me ronge pas les sangs en me demandant comment je vais aborder tout le contenu.

Yvonne Yarker, chef de la section de mathématiques

Laurie Lewis, directrice de l'école secondaire Norwich District de la Thames Valley, et ses 31 enseignants utilisent la stratégie UBD depuis 2001 afin de lier les demandes du nouveau curriculum aux objectifs d'enseignement et d'approfondir la compréhension des élèves. Le personnel de l'école a ainsi travaillé avec ses trois écoles pépinières (Norwich, Otterville et North Norwich) à l'élaboration d'unités en anglais, en mathématiques et en sciences s'inspirant de cette méthode.

Ensemble, ils ont isolé quatre visions communes et les questions essentielles qui couvrent l'enseignement et les activités d'apprentissage que l'on retrouve dans toutes les classes, avant de les harmoniser avec les quatre catégories de la grille d'évaluation du rendement.

Nancy Wilder, qui enseigne à l'école publique North Norwich, explique les avantages de cette démarche pour ses élèves à l'élémentaire : «Le curriculum était chargé, mais avec la stratégie UBD et en divisant les attentes en groupes, c'est devenu faisable. Les élèves peuvent mieux faire le lien entre les connaissances et les aptitudes qu'ils acquièrent dans toutes les matières, et lorsqu'ils s'aperçoivent que ce qu'ils apprennent s'applique à la réalité, ils deviennent plus engagés.»

«Le personnel et les élèves parlent la même langue; notre enseignement et nos activités d'apprentissage sont liés par une forte cohérence», ajoute Mme Lewis. Elle insiste aussi sur le fait que ce n'est pas une mode passagère, mais quelque chose de plus fondamental. «C'est qui nous sommes et où nous allons.»

Cheryl Lupton, enseignante d'anglais chevronnée, explique dans quel contexte ce travail a commencé : «Les changements apportés au curriculum ont été accablants. Malgré les énormes implications, on nous a fourni peu d'aide ou de perfectionnement professionnel. C'était beaucoup trop à avaler d'un coup, vraiment.»

À son avis, le succès de la transition revient à M. Sereda, qui a autorisé du temps de préparation supplémentaire (en laissant partir les enseignants de l'école plus tôt certains jours) et au conseil scolaire qui a organisé des ateliers de perfectionnement professionnel.

Alors que les enseignants se demandaient comment ils allaient pouvoir combler une myriade d'attentes en matière d'apprentissage, ils ont trouvé la solution dans le groupement des attentes. «Au même moment, certains d'entre nous lisaient des articles sur l'approche et c'est là qu'on a crié Eurêka! Cela nous a permis de gérer notre démarche en fonction des points importants du curriculum et de nous concentrer sur l'amélioration de la compréhension des élèves.»

Les enseignants de la Norwich District se sont aperçus qu'en groupant les attentes selon les catégories des grilles d'évaluation du rendement, ils pouvaient travailler dans toutes les sections et à tous les niveaux - dans toute l'école - pour reconnaître les connaissances et les aptitudes principales sur lesquelles ils voulaient insister dans leurs cours.

«Nous ne sommes plus esclaves du contenu», affirme Mme Lupton. Le contenu devient un outil permettant de développer des aptitudes élémentaires telles que la pensée critique et le discours.» Les enseignants choisissent et groupent les objectifs qu'ils pensent que les élèves doivent atteindre.

Mme Lupton continue en disant que le modèle de raisonnement à rebours n'est pas seulement un engouement passager. «Nous n'avons pas à éliminer les activités d'enseignement que nous adorons. Au contraire, la méthode nous permet d'utiliser nos leçons et nos ressources favorites dans un nouveau cadre qui nous montre quelle est leur place dans le curriculum.»

Si vous avez un très bon curriculum, vous n'avez pas de problème.

Jeff Overeem, enseignant de technologie

Les enseignants peuvent enseigner en fonction de leurs points forts et encourager leurs élèves à apprendre de la même façon.

«Nous enseignons tous dans le même but, mais c'est à nous, professionnels de l'enseignement, de décider comment nous y prendre.» Les élèves voient également qu'ils peuvent résoudre des problèmes et réussir de bien des façons, ce qui, comme le fait remarquer Lupton, «est une approche plus réaliste qu'enseigner qu'il n'existe qu'une seule réponse ou stratégie».

L'examen final de sa classe de 12e année repose sur les aptitudes et connaissances que les élèves ont acquises durant le semestre. On demande aux élèves de monter un portfolio de leurs meilleurs travaux et d'y ajouter un rapport expliquant pourquoi ils devraient obtenir leur crédit. Voici ce qu'un élève a écrit sur son travail :

«S a montré beaucoup d'assiduité au travail toute l'année pour prouver à son enseignante qu'il mérite un crédit en anglais. Le rapport suivant résume tout ce qu'il a fait pour atteindre son but.

«Au début du semestre, une série d'évaluations a permis d'apprécier les aptitudes de S. Grâce aux résultats de ces évaluations, S a été capable de juger de ses forces et de ses faiblesses. L'enseignement de Mme Lupton reposait sur cinq catégories : travail d'équipe, travail indépendant, organisation, habitudes de travail et initiative. En étudiant et en développant ces aptitudes, S a senti qu'il s'était suffisamment appliqué pour obtenir son crédit.»

La stratégie UBD a également eu un impact de taille dans la section de mathématiques de l'école. «Pour la première fois dans ma carrière, je ne me ronge pas les sangs en me demandant comment je vais aborder tout le contenu et préparer mes élèves pour l'examen. Le processus découle de lui-même par sa logique», déclare Yvonne Yarker, chef de la section.

Mme Lewis cite des preuves tangibles de la façon dont les élèves bénéficient de cette approche : taux moins élevé d'échecs et d'absentéisme, meilleurs résultats aux tests de mathématiques et de compétences linguistiques de l'OQRE (avec une très nette amélioration chez les élèves au niveau appliqué).

Jeff Overeem, enseignant de technologie, ajoute que «si vous avez un très bon curriculum, vous n'avez pas grand problème de discipline».

Bien sûr, un tel modèle de planification demande un solide investissement en temps. Comme le dit M. Sereda, «C'est du travail. Le curriculum conçu à rebours force les enseignants à s'éloigner de ce qui leur est familier et à se poser différentes questions. Qu'est-ce que nous voulons que les élèves sachent et fassent? Comment saurons-nous qu'ils le font? Mais il est clair que les résultats en valent la chandelle.»

Les administrateurs et les enseignants ont du travail à faire s'ils veulent harmoniser le curriculum dans leurs écoles, qu'ils aient recours au modèle UBD ou à une autre approche. Mais comme Christine Shain le fait remarquer, «la planification à rebours est une synthèse de ce que des recherches pédagogiques solides nous ont appris». Et ceux qui ont été capables de faire le travail semblent convaincus que leurs efforts ont été largement récompensés.

Jeff Overeem résume le mieux la situation : «Les élèves ne peuvent que réussir dans notre communauté d'apprentissage.» Et après tout, n'est-ce pas ce qui compte?

Le modÈle de raisonnement À rebours (UBD) prÉconise l'analyse et l'Élaboration du curriculum en trois Étapes.

Étape 1

  • Quels sont les résultats voulus, les idées générales ou les aptitudes et connaissances les plus importantes, telles que les grilles d'évaluation du rendement et les attentes les définissent dans les documents officiels?
  • Qu'est-ce que les élèves devraient savoir, comprendre et être capables de faire à la fin d'une unité (c'est-à-dire la compréhension durable)?

Étape 2

  • Quelles sont les preuves de la compréhension? Décrivez ce qui montre qu'un élève a acquis les aptitudes et les connaissances principales, puis déterminez la meilleure façon de mesurer ces acquis.
  • Les unités et les cours devraient être ancrés dans des activités de rendement authentiques, ouvertes et complexes, ou des projets qui permettent aux élèves d'utiliser leurs connaissances dans un contexte. La compréhension est l'objectif principal. Les enseignants peuvent utiliser d'autres méthodes d'évaluation plus traditionnelles comme des tests pour compléter le tout. Il s'agit d'évaluer la connaissance et les aptitudes essentielles qui contribuent aux meilleures performances.

Étape 3 

  • Planifier des activités d'enseignement et d'apprentissage qui permettent aux élèves de montrer qu'ils ont acquis les connaissances et les aptitudes requises. Les activités correspondent au processus de planification, c'est-à-dire qu'elles découlent des résultats désirés et de la compréhension durable (étape 1) ainsi que des évaluations appropriées (étape 2).
Principes de l'École Norwich District

Connaissance et compréhension

Les gens viennent à comprendre l'univers qui les entoure à partir d'exemples et de modèles.

Pensée et recherche

Les gens utilisent la réflexion évaluative et diverses méthodes de recherche.

Communication

Les gens se servent de symboles pertinents tels que des chiffres, des pictogrammes, des couleurs et des mots pour transmettre et interpréter les messages.

Application

Les gens utilisent des outils (p. ex., technologie, ouvrages de référence et procédures) pour explorer et communiquer dans divers contextes.

Notes fournies par Laurie Lewis école secondaire Norwich Distict

Pour en savoir plus

Lynn H. Erickson, Stirring the Head, Heart, and Soul: Redefining Curriculum and Instruction, Thousand Oaks (Californie), Corwin Press, 2000.

Robin Hunter, Madeline Hunter's Mastery Teaching: Increasing Instructional Effectiveness in Elementary and Secondary Schools, édition mise à jour, Thousand Oaks (Californie), Corwin Press, 2004.

Heidi Hayes Jacobs, Mapping the Big Picture: Integrating Curriculum and Assessment K-12, Alexandria (Virginie), ASCD, 1997.

Grant Wiggins et Jay McTighe, Understanding by Design, New York, Pearson Education, 2000.