Jon Young de Russell Peters
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Les enseignants pour la réussite des élèves s’occupent des jeunes sur le point de décrocher. Jon Young, qui a reçu l’un des Prix du premier ministre pour l’excellence en enseignement de 2007, travaille avec le personnel de l’école secondaire Elliot Lake à retenir les élèves et à les orienter vers le succès. Quand Jon Young a fait ses débuts en enseignement à Elliot Lake, en 1978, il avait l’air tellement jeune qu’un soir, Mme Wolfe, qui était alors concierge et qui dirige maintenant la cafétéria, l’a chassé de l’école à coups de balai. «Je l’ai appelé “mon garçon”, de sorte que, depuis ce soir-là, il m’appelle toujours “maman”.» Ils en rient encore chaque fois qu’elle raconte l’histoire. L’esprit de famille se sent dans cette petite école communautaire où concierges, employés de la cafétéria, aides-enseignants, secrétaires, parents, élèves et enseignants travaillent à maintenir la force et l’entraide qui y règnent. Le prix de la catégorie Excellence en leadership des Prix du premier ministre pour l’excellence en enseignement est habituellement remis aux directions d’école ou à une personne occupant un poste d’administration, mais les collègues de M. Young du conseil scolaire Algoma (le conseil scolaire) ont fait valoir qu’il est, depuis de nombreuses années, un leader efficace et réputé, à titre d’enseignant d’anglais, de chef de section, de conseiller en orientation et, maintenant, d’enseignant pour la réussite des élèves. Lindsay Killen, chef de la section des sciences sociales de l’école et collègue de longue date de M. Young, a coordonné sa mise en candidature et écrit :
Dans sa 31e année d’enseignement, M. Young s’efforce chaque jour de créer du nouveau pour ses élèves. Leslie McAuley, enseignante en affectation spéciale au conseil scolaire, dit que M. Young trouve toujours de nouveaux moyens d’aider les élèves à réussir. Et il célèbre leurs succès, petits et grands, par des dîners communautaires mensuels et une remise de prix. Mme McAuley et Delia Grandinetti, enseignante-ressource en littératie, travaillent en étroite collaboration avec M. Young depuis de nombreuses années. «Il est toujours prêt à faire part de ses connaissances, non seulement avec des mots, mais avec des exemples concrets.» À titre d’enseignant pour la réussite des élèves de son école, il est responsable de la littératie ainsi que de la transition en 9e année et des programmes de récupération de crédits. En outre, il travaille avec l’équipe de réussite des élèves sur l’éducation alternative et le cheminement scolaire. Lecture silencieuseÀ 10 h 05, tous les matins, le silence plane sur l’école : c’est l’heure de la lecture silencieuse continue (LSC). Élèves, personnel enseignant, cuisiniers, concierges, personnel de bureau et visiteurs prennent une pause-lecture de 15 minutes. La LSC avait été instituée de nombreuses années auparavant, mais l’initiative n’avait pas duré. Elle est maintenant de retour et fonctionne très bien. «Nous avons constaté une augmentation de 20 à 30 pour cent du nombre d’élèves rapportant qu’ils lisent plus de trois heures par semaine à l’extérieur de l’école, précise-t-il fièrement. Il est évident que cela influe sur la réussite et le rendement des élèves.» En 2002, quand M. Young était chef de la section d’anglais, lui et ses collègues n’étaient pas satisfaits des résultats obtenus au Test provincial de compétences linguistiques (TPCL). «Nous savions que nos élèves pouvaient faire mieux et nous nous sommes engagés à augmenter le nombre d’élèves atteignant la norme provinciale, ce qui voulait dire passer d’environ 65 à 75 pour cent. «Il est beaucoup plus facile d’apporter des changements dans une culture de collaboration dans laquelle des professionnels s’efforcent sans cesse d’améliorer l’apprentissage des élèves.» Il ajoute qu’une personne s’épuiserait rapidement à essayer de tout faire toute seule. M. Young a fait en sorte d’obtenir une vaste participation au comité de littératie. «En plus des personnes enseignant l’anglais, il nous fallait des enseignants de sciences, de mathématiques, de technologie et d’éducation physique. Pour faire une différence marquée sur nos élèves, nous avions besoin du point de vue et de l’engagement de chacun.» À Elliot Lake, l’aide à la littératie ne provient pas seulement des enseignantes et enseignants d’anglais.
Le sentiment général d’appropriation du TPCL se manifeste par de belles affiches pédagogiques sur la littératie offertes par Elizabeth Kanski, enseignante d’arts, qui ornent les murs de toutes les classes de 9e et de 10e année. «Peu importe qui travaille avec les élèves, explique l’enseignant chevronné, le message est le même, qu’il provienne de la personne qui leur enseigne les arts, les affaires ou l’anglais, ou d’un aide-enseignant. «Nous avons tous le même objectif d’aider nos élèves à faire de leur mieux.» L’an dernier, 85 pour cent des élèves ont réussi le TPCL. Ce pourcentage est très proche du meilleur résultat jamais obtenu dans le conseil scolaire, ce qui est très impressionnant étant donné qu’il s’agit d’une école polyvalente. Il faut aussi noter que peu d’élèves des études appliquées ont échoué au test. Cette année, l’objectif est un taux de réussite de 90 pour cent. Enseignement et apprentissageL’un des principaux objectifs du Cours de compétences linguistiques des écoles secondaires de l’Ontario (CCLESO) de 12e année est de créer une atmosphère positive dans laquelle les élèves peuvent améliorer et raffiner leurs compétences en lecture et en écriture, tout en prenant de l’assurance. Quand M. Young enseignait le cours, il emmenait ses élèves tous les quatre jours à l’école voisine, Our Lady of Fatima, pour que les lecteurs en herbe des classes du jardin d’enfants à la 3e année lisent aux grands. «Au début, mes élèves avaient peur que les petits lisent mieux qu’eux», raconte-t-il. Mais leurs craintes se sont vite dissipées. Quand leurs cadets avaient de la difficulté à apprendre les mots nouveaux, les élèves de M. Young étaient contents de leur faire part de leurs propres stratégies pour en découvrir le sens. «C’est ce qu’on appelle mettre ses habiletés en pratique dans un contexte significatif», s’exclame-t-il avec enthousiasme. Karen Houle-Tymeckzo, qui enseigne maintenant le CCLESO à Elliot Lake, continue d’emmener les élèves à l’école élémentaire. Elle leur a même fait faire des t-shirts au nom de l’équipe de littératie de l’école. Après avoir consulté M. Young, Peter Hausenblas, l’enseignant de mathématiques principal d’Elliot Lake, a développé une approche semblable par rapport à la numératie. Les enseignantes et enseignants de 9e année insistent sur les compétences mathématiques dans leurs programmes. Le mercredi, durant la première période, élèves et enseignants se soumettent à un test de mathématiques dans lequel ils répondent à des questions semblables à celles du test provincial. Les élèves qui répondent correctement voient leur nom inscrit au tirage d’un prix hebdomadaire. Les élèves de 9e année de l’école, qu’ils soient de la filière théorique ou appliquée, ont obtenu des résultats de niveau 3 et 4 aux tests de l’OQRE, ce qui est nettement supérieur aux résultats du conseil scolaire et de la province. En fait, aucun élève des études appliquées ne s’est classé plus bas qu’au niveau 2 aux tests de l’an dernier. Devoirs et créditsRéussir veut dire obtenir des crédits, ce qui, bien sûr, signifie terminer les travaux et devoirs. Cependant, lorsque l’enseignant et membre du comité «Travail accompli» d’Elliot Lake, Rick Juuti, a mené un sondage auprès des enseignants de 9e année en 2007-2008, on a constaté que seulement 20 pour cent des élèves faisaient tous leurs devoirs. Cette année, M. Juuti, qui est aussi enseignant-ressource de l’éducation à l’enfance en difficulté, et un groupe de ses collègues ont tenté de régler le problème. Maintenant, grâce au Club 210, les élèves qui ne remettent pas leurs travaux passent du temps après l’école dans la salle 210, où ils peuvent terminer leurs devoirs sous la surveillance d’un membre du personnel enseignant. Superviser la salle 210 fait dorénavant partie des tâches habituelles des enseignants. Si un élève ne réussit pas à terminer son devoir, il retourne au Club 210 le lendemain à l’heure du dîner et, au besoin, de nouveau après l’école. L’élève qui, après trois périodes de rattrapage, n’a toujours pas réussi à terminer son devoir, doit rendre visite au directeur adjoint, Bill Riddle. Ce vétéran d’Elliot Lake – il y travaille depuis 40 ans – appelle chez l’élève pour discuter avec ses parents. Au milieu du semestre, 95 pour cent des élèves de 9e année avaient fait tous leurs devoirs.
M. Young reconnaît que l’exécution des devoirs ne sera jamais parfaite, mais il est fier de cette amélioration spectaculaire. Et il est encore plus fier du comité enseignant qui a constaté un besoin et fixé un objectif, pour ensuite élaborer une stratégie permettant d’atteindre cet objectif et d’en mesurer le succès. M. Young trouve qu’il est important de suivre l’évolution de la démarche. Les enseignants suivent les progrès des élèves de 9e et de 10e année, et notent les problèmes particuliers et les stratégies d’amélioration. À l’occasion d’une journée pédagogique de l’automne dernier, les enseignantes et enseignants ont raconté des anecdotes sur ces élèves et discuté de leurs progrès. «Des enseignants ont fait remarquer que cette journée pédagogique avait été l’une des plus productives des dernières années», a confié M. Young. Nouvelle générationShannon McLean ne travaille qu’avec des élèves à risque. Elle fait partie du groupe de huit jeunes professionnels qui ont fréquenté Elliot Lake et eu M. Young comme enseignant. Mme McLean dirige le programme Late School pour les élèves qui risquent de ne pas réussir parce qu’ils ne peuvent se conformer à l’horaire habituel de l’école. Que ce soit en raison d’un emploi du soir ou de la nécessité d’élever des enfants sans bénéficier de services de garde adéquats, certains élèves ne peuvent arriver à 8 h 30 du matin. Le programme, qui débute à 10 h 30 et se poursuit jusqu’à 16 h, aide à garder les élèves sur le droit chemin. La réussite de jeunes qui avaient autrefois des difficultés stimule Mme McLean. Elle parle avec admiration de son ancien enseignant devenu son mentor. «Il mène par l’exemple et nous inspire tous.» Focalisation et souplesseM. Young dirige le programme de récupération de crédits et, souvent, travaille individuellement avec des élèves ayant des difficultés d’apprentissage. «Après 30 ans à Elliot Lake, j’ai encore hâte d’arriver le matin. Pour moi, c’est l’emploi de rêve. Et je suis heureux d’avoir le temps de vraiment parler à ces jeunes et de les aider à voir l’utilité de l’école. «Nous avons créé un climat souple, calme et accueillant où les jeunes peuvent travailler et réussir», poursuit M. Young. Les progrès quotidiens des élèves le motivent. «Grâce au travail individuel, je peux avoir une influence appréciable sur des enfants qui normalement décrocheraient de leurs études.» Ses élèves Mike, Jordan et Paul ont eu de gros défis à surmonter dans leur apprentissage. Leurs commentaires sont unanimes : M. Young croit en nous. Il nous écoute. Il nous accorde du temps. Il regarde au-delà de l’image qu’on projette. Il nous a aidés à apprendre et à comprendre de nouveaux concepts, sans qu’on se sente stupide. «Il nous aide à nous connaître nous-mêmes en même temps qu’on vient à le connaître», précise Jordan. «On veut réussir pour lui, pour le récompenser de nous avoir aidés», dit Paul. «M. Young, c’est le filet de sécurité des élèves de notre école, explique Mike. C’est notre Superman à nous.» Élèves d’abordM. Young envisage son rôle de leadership avec humilité. Il croit que les enfants viennent en premier et que ses collègues ont volontiers participé à ses nombreuses initiatives parce que la réussite des élèves leur tient à cœur. «Ces initiatives proviennent d’enseignants voulant aider les élèves à réussir. Ils dirigent les programmes et en voient les bienfaits chez leurs élèves. Selon moi, c’est ainsi qu’on suscite des changements en éducation.» Il n’y a aucun doute que M. Young mène par l’exemple, inspirant ses collègues à s’élever au-dessus des embûches potentielles et à éliminer les obstacles se présentant sur le chemin du succès de leurs élèves. StratÉgies de Jon Young pour engendrer des changements durables
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