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En Ontario, environ 28 000 élèves de 290 écoles publiques suivent au moins un des deux cours de philosophie du programme d’études : Approches et problématiques en 12e année ou Les grandes questions en 11e année.

La philosophie au secondaire

Andrew Wilson demande : «Le questionnement philosophique est-il vraiment important?»

Au cours de l’adolescence, trois facteurs s’allient pour évoquer chez les jeunes un besoin de questionnement philosophique.

D’abord, les adolescents cherchent à se définir. Ils perçoivent la façon dont les choses se présentent et entrevoient comment elles pourraient être.

Puis, ils quittent le cocon de l’enfance, se rendent compte que le monde est souvent chaotique et violent, et tentent de trouver leur place dans cet univers.

Enfin, selon les théoriciens du développement tels que Piaget, la capacité mentale change grandement au cours de l’adolescence. Les jeunes arrivent à réfléchir de façon abstraite et sont plus en mesure d’examiner de façon critique et de peser diverses solutions. Cet épanouissement, associé à la reconnaissance d’une relation entre le monde et soi-même, entraîne un désir d’exploration sensée et philosophique.

Le système scolaire peut choisir d’ignorer cette occasion d’apprentissage ou de combiner besoin de questionnement profond et jeunes esprits.

Soi-même et le monde

On raconte que Thalès de Milet, un philosophe de la Grèce antique, était si occupé à regarder les étoiles qu’il tombât dans un puits. Cette légende reflète le stéréotype selon lequel les philosophes, préoccupés par l’abstrait, ignorent la réalité qui les entoure. Il en est tout autrement pour les élèves ontariens qui suivent des cours de philosophie.

Pour aborder certaines questions d’actualité, il faut posséder des notions de base sur le bien et le mal, le devoir et les responsabilités, la liberté d’action et l’identité individuelle. Doit-on infliger d’atroces douleurs aux animaux au nom des progrès de la médecine? Les couples gais devraient-ils pouvoir se marier et adopter des enfants? Le terrorisme peut-il être justifié? La guerre a-t-elle des fondements valables? Selon un document publié en novembre 2004 par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) :

Dans la mesure où elle construit les outils intellectuels nécessaires à l’analyse et à la compréhension des concepts essentiels de justice, de dignité et de liberté, où elle permet d’acquérir une pensée et un jugement indépendants, où elle stimule l’esprit critique nécessaire à la compréhension du monde et de ses enjeux, dans la mesure enfin où elle favorise la réflexion sur les valeurs et les principes, la philosophie est une «école de la liberté».

Ce document soutient que les concepts clés et les aptitudes critiques donnent les outils intellectuels pour remettre en question le nationalisme aveugle et la loi du plus fort. L’UNESCO avance que le questionnement philosophique favorise le respect et l’humanisme, qualités essentielles à la paix dans le monde. Cela montre bien le défi de l’enseignement de la philosophie : comment encourager les jeunes à prendre part de façon active et songée au monde qui les entoure, même s’il leur semble chaotique ou futile?

Selon Bertrand Russell, philosophe du XXe siècle, la philosophie est une école de la liberté :

Celui qui n’a aucune teinture de philosophie traverse l’existence, prisonnier de préjugés dérivés du sens commun, des croyances habituelles à son temps ou à son pays [...] sans la coopération ni le consentement de la raison.

Comme elle vient dissiper les préjugés, la philosophie encourage les jeunes à contester les acquis, à apprécier les opinions divergentes à leur juste valeur, à évaluer de façon critique les réponses aux questions et à soutenir les réponses découlant d’un raisonnement logique. La philosophie leur permettra de reconnaître que comprendre le monde est une aventure universelle et incessante.

Les jeunes cherchent un sens à leur vie. La philosophie peut les éveiller à des idéologies nouvelles et capitales, et valider leur quête.

Questionnement profond et esprits jeunes... quel mélange puissant!


Andrew Wilson est cofondateur de l’Association des professeurs de Philosophie d’Ontario (OPTA) et coordonnateur du concours Aristotle Essay. Il enseigne la philosophie et les mathématiques à l’University of Toronto Schools.

L’Association des professeurs de philosophie d’Ontario (OPTA)

L’OPTA est un organisme bénévole regroupant des membres de la profession enseignante et des professeurs universitaires. L’association tient des conférences et aide les enseignants à mettre en œuvre le programme d’études de l’Ontario. Dans la section «Ask a Professor» de son site web, on peut poser des questions philosophiques ou pédagogiques auxquelles l’un des quinze experts d’une université ontarienne répondra. Au cours du mois, l’OPTA et l’Université de Toronto lanceront un concours national de rédaction philosophique, le concours Aristotle.

Pour en savoir davantage sur les conférences, la section «Ask a Professor» ou le concours Aristotle, visitez le site www.highschoolphilosophy.on.ca ou écrivez à awilson@uts.utoronto.ca.

Bibliographie

Voici quelques ouvrages recommandés pour les cours de philosophie au secondaire.

GINI-NEWMAN, Laura et Paul Paquette. La philosophie : approches et problématiques, Montréal, Chenelière/McGraw-Hill, 2003, 544 pages.

GUERTIN, Michel. Itinéraires philosophiques, 2e éd., Québec, Éditions Griffon d’argile, 1988, 131 pages.

LERCHER, Alain. Les mots de la philosophie, coll. Le français retrouvé, Paris, Berlin, 1985, 349 pages.

SALEM, Jean. Philosophie, Paris, Nathan Bac, 1989, 159 pages.

VERGELY, Bertrand. Les grandes interrogations philosophiques, Toulouse, Éditions Milan, 1998, 67 pages.