Des carrières hors classe

de Stuart Foxman

Jim Curran, EAO, reporter de la circulation à Toronto

De nombreux membres de l’Ordre poursuivent de fascinantes carrières en dehors de l’enseignement. Pourquoi maintiennent-ils des liens avec la profession enseignante?


Qu’ont en commun une orthophoniste, un recteur, un journaliste sportif, une toute nouvelle entrepreneure, une infirmière, une femme qui se dit défenseure de la justice sociale, une conseillère à l’édition et un reporter à la circulation? Ils travaillent dans des domaines bien différents, mais ils aiment tous l’enseignement, ont déjà enseigné et sont membres de l’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario.

Ce ne sont pas tous les membres de l’Ordre qui enseignent en ce moment. Beaucoup d’entre eux se consacrent à d’autres champs d’intérêt et ont d’autres carrières, mais ils considèrent important de maintenir des liens avec la profession. En voici huit.

Satisfaire un désir de créativité

Quand Nicole Thibault, EAO, a entrepris sa carrière d’enseignante à Ottawa en 1987, elle aimait le temps passé avec ses élèves. Mais pour l’enseignante de français langue seconde et d’immersion française, il y avait mieux.

«Je préférais créer des ressources, explique-t-elle. J’étais vraiment emballée par les différentes façons de préparer une leçon pour la rendre plus créative et j’aimais parler de mes idées avec d’autres pédagogues.»

Mme Thibault a fini par devenir conseillère pédagogique pour le français langue seconde (FLS). Elle a aussi été directrice adjointe, mais grâce à une série de détachements de l’Ottawa-Carleton District School Board, elle a pu se consacrer aux aspects de l’éducation qui l’intéressent le plus et qui lui permettent d’utiliser ses plus grandes forces.

Elle a passé trois ans comme conseillère pour L’Éducation agro-alimentaire de l’Ontario, organisme qui fournit, entre autres, des ressources pour éduquer les élèves de l’Ontario sur la nourriture et le système agro-alimentaire. Pendant trois autres années, Mme Thibault a été chargée de cours à temps partiel à la faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa. Et, de 2003 à aujourd’hui, elle a été secrétaire générale de l’Association canadienne des professeurs de langues secondes.

Une personne qui a reçu une formation en enseignement peut s’adapter à de nombreux milieux. 

Nicole Thibault, EAO

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Nicole Thibault, EAO, peut souvent travailler de son chalet en tant que conseillère pédagogique, FLS.

En juin 2010, elle a commencé un nouvel emploi comme conseillère pédagogique de ressources en français langue seconde pour Nelson Education, l’une des plus grandes maisons d’édition au Canada. Elle travaille à intégrer les plus récentes pratiques d’enseignement des langues secondes et les dernières recherches sur l’enseignement des langues secondes aux nouvelles ressources pédagogiques de Nelson Education.

Elle affirme que des antécédents en enseignement n’étaient pas exigés pour son poste de secrétaire générale d’une association. «Mais mon expérience m’a certainement aidée à comprendre la culture et les besoins des membres. Je comprenais mieux leur situation, parce que je l’avais vécue.»

Maintenant, dit-elle, quand elle rencontre des pédagogues dans le cadre de son travail pour façonner la vision des publications de Nelson, le fait d’être une enseignante agréée de l’Ontario lui «donne de la crédibilité».

Ayant passé la majeure partie de sa carrière hors des salles de classe, Mme Thibault reconnaît que presque tous les milieux de travail comportent une part d’enseignement et d’apprentissage. Selon elle, certaines compétences qu’elle a acquises alors qu’elle était enseignante – les compétences à établir des relations, à communiquer et à animer – sont très utiles et hautement transférables.

«Une personne qui a reçu une formation en enseignement peut s’adapter à de nombreux milieux.»

Aider les enfants à «accéder au curriculum»

Quand Lorna Novosel, EAO, a décidé d’entreprendre une carrière en orthophonie, elle passait à ce qu’elle appelle le «plan B». Après avoir obtenu son B. Éd. à l’Université Brock en 1977, elle avait fait face à une importante pénurie d’emplois en enseignement. Aucun emploi en vue, mais des prêts étudiants à rembourser; il lui fallait vite trouver une solution.

Un jour, parcourant des calendriers universitaires, le domaine de l’orthophonie a retenu son attention. Elle y a vu un lien avec l’éducation.

«Les enseignants communiquent clairement leurs idées et aident les élèves à faire de même, explique-t-elle. Les orthophonistes aident les enfants qui ont de la difficulté à y arriver.»

Après un retour aux études pour obtenir un diplôme en orthophonie à l’Université Western Ontario, Mme Novosel a décroché un emploi à l’Hôpital général de Brantford. Une grande partie de son travail consistait à procéder à des évaluations pour les conseils scolaires locaux. Après quatre ans à l’hôpital, elle en a passé quatre autres au Lincoln County Board of Education, avant de joindre le Dufferin-Peel Catholic District School Board, où elle travaille depuis 19 ans.

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Lorna Novosel, EAO, orthophoniste au Dufferin-Peel Catholic District School Board.

«La langue et la communication ne cessent de me fasciner, dit-elle. Chaque fois que je rencontre un enfant, c’est comme si je faisais un casse-tête. Je suis comme une détective qui essaie de trouver comment conjuguer les capacités de communication de l’enfant et la réalité de la salle de classe.

«Mon objectif est d’aider l’enfant à accéder au curriculum.»

Elle a surtout un rôle de conseillère. Elle doit procéder à des évaluations et à certaines interventions, et travailler en étroite collaboration avec les psychologues et les travailleurs sociaux du conseil scolaire. «Mes clients sont les élèves autant que les enseignants. Mon travail est d’aider l’enseignant à aider l’enfant à réussir.»

Mme Novosel affirme que sa formation antérieure en enseignement lui est utile, car elle lui permet de bien comprendre et d’apprécier ce rôle. «J’ai une idée des circonstances dans lesquelles doivent travailler les enseignants, et je crois – en fait, j’espère – que cela fait de moi une meilleure orthophoniste.»

Elle a toujours renouvelé son inscription à l’Ordre, car elle travaille dans le milieu de l’éducation et aime savoir ce qui se passe dans le domaine. Elle a progressé vers une carrière dans un conseil scolaire en tant qu’orthophoniste en milieu scolaire, «le meilleur des deux mondes», dit-elle. Le plan B s’est révélé être son plan directeur. «Je suis persuadée d’avoir trouvé la carrière qui m’était destinée.»

«Les étincelles dans leurs yeux» inspirent ce recteur

À 19 ans, de nombreux étudiants sont occupés à concilier leurs cours et leur travail à temps partiel. Dominic Giroux, EAO, était de ceux-là, même si ses responsabilités à l’extérieur des salles de classe étaient uniques pour quelqu’un de son âge.

En 1994, il commençait à peine ses études de premier cycle à l’Université d’Ottawa quand il a été élu conseiller scolaire au Conseil des écoles catholiques du Centre-Est. Deux ans plus tard, à 21 ans, M. Giroux en était devenu président. En avril 2009, il a été nommé recteur de l’Université Laurentienne, passant d’étudiant à recteur en seulement 15 ans.

Même si son ascension a été rapide, M. Giroux, fils d’enseignants, n’a pas toujours envisagé une carrière en éducation.

«J’ai été admis en droit en 1998 et j’avais déjà acheté mes livres», dit-il. Mais le nouveau Conseil scolaire de district catholique Centre-Sud qui, à l’époque, réunissait 45 écoles de langue française du Sud de l’Ontario, se cherchait un chef du personnel pour seconder le président-directeur général. M. Giroux a obtenu le poste.

Après avoir décroché sa MBA à l’École des hautes études commerciales, à Montréal, il s’est joint au Conseil des écoles catholiques du Centre-Est en 2002, à titre de directeur des finances. «Je devais désormais répondre à toutes les questions que je posais autrefois en tant que président du conseil scolaire», relate-t-il.

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Dominic Giroux, EAO, recteur de l’Université Laurentienne

Même s’il connaissait bien le fonctionnement du conseil scolaire, M. Giroux s’est dit qu’une expérience en enseignement serait très précieuse. Il a donc obtenu un B. Éd. de l’Université d’Ottawa. Pendant un certain temps, il faisait son travail d’étudiant en enseignement le jour et son «vrai travail» au conseil, le soir.

M. Giroux a, par la suite, été nommé sous-ministre adjoint au ministère de l’Éducation et au ministère de la Formation et des Collèges et Universités, avant de devenir recteur de l’Université Laurentienne.

Même s’il n’a enseigné que brièvement, M. Giroux dit qu’il ne lui a fallu que peu de temps pour comprendre les défis qu’affrontent les enseignants et ce qui fonctionne en classe. «Cela a amélioré mes capacités d’administrateur de conseil scolaire et de sous-ministre adjoint, dit-il. Et comme recteur, j’ai une bien meilleure compréhension du système scolaire du jardin d’enfants à la 12e année.»

Dans son rôle actuel, il aime beaucoup assister à la cérémonie de remise des diplômes. Il prend le temps de discuter avec chaque étudiant qui monte sur l’estrade : «C’est comme une étude de marché gratuite.»

M. Giroux se réjouit de voir les «étincelles dans leurs yeux» lorsqu’ils obtiennent leur diplôme, ce qui lui rappelle le regard que tout enseignant connaît : celui d’un élève qui vient de comprendre quelque chose. «Quand cela arrive, dit M. Giroux, il y a de la magie en classe.»

Comme enseignant ou comme journaliste, il s’éclate

«Mon père nous a déjà dit, à mon frère et à moi, de ne pas suivre les sports, parce que cela ne nous ferait pas gagner un cent», se souvient Paul Jones, EAO. Il avait bien tort.

Les deux frères sont tous les deux devenus journalistes sportifs : Mark Jones à ESPN et ABC, et Paul Jones, entre autres, à TSN, CTV, Rogers Sportsnet et la station de radio Fan 590, où il assure présentement la description intégrale des parties des Raptors de Toronto. M. Jones assure également l’animation des émissions qui précèdent et suivent les parties, à Raptors TV, et il écrit pour Sportsnet.ca.

Pas mal pour une vocation qui a commencé comme un à-côté de sa carrière d’enseignant.

Le sport a toujours coulé dans ses veines, mais l’éducation aussi. Son grand-père était directeur d’école en Jamaïque. Joueur de basket-ball étoile à l’Université York, Paul Jones y décroche un B. Sc. en 1980. Puis, il se dote d’un B. Éd. en 1982 et d’une maîtrise en psychologie du sport en 1984, à l’Université Western Ontario.

Il faisait de la suppléance et jouait au basket-ball en Europe quand son frère, qui travaillait à temps partiel à TSN, lui a parlé d’une possibilité d’emploi dans ce réseau. «Ils te paient pour regarder des joutes», lui a-t-il dit avec enthousiasme. En 1985, l’année même où il décroche un emploi à temps plein à Toronto, M. Jones obtient un poste à TSN, où il décrit les moments forts des parties.

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Paul Jones, EAO, journaliste sportif

Sa carrière d’enseignant et sa carrière de journaliste sportif ont progressé au même rythme. Il se souvient d’avoir donné des stylos TSN aux élèves qui avaient de bonnes notes. Des années plus tard, un ancien élève qui travaille à Sportsnet a dit qu’il n’a jamais oublié en avoir reçu un.

Bien entendu, mener ces deux carrières de front n’a pas toujours été facile. En 1994, il est promu directeur adjoint de son école et, immédiatement après, on lui demande d’être analyste pour les parties des Raptors à la station de radio de Toronto, CFRB. Au début, il voyageait avec l’équipe, mais des années plus tard, il n’analysait que les parties à domicile.

«J’étais à l’école toute la journée, je partais à 17 h 45 pour être là pour la partie de 19 h. Après quoi, j’étais en ondes jusqu’à 23 h, puis je rentrais chez moi et je me levais à 7 h pour aller à l’école. Et je passais beaucoup d’heures à la maison à faire des recherches pour mon emploi d’analyste.»

Paul Jones a passé plus de 20 ans en éducation à titre d’enseignant, de directeur adjoint et de directeur. Il y a quelques années, il a décidé de se consacrer exclusivement au journalisme sportif, mais il est toujours membre de l’Ordre et n’exclut pas de jouer de nouveau un rôle dans la profession. «J’adore toujours enseigner», dit-il.

À une certaine époque, lorsqu’on lui demandait quelle était sa profession, il disait qu’il était un enseignant qui faisait aussi de la radio pour les Raptors. «Maintenant, dit-il, je leur dis que je suis un journaliste, et j’ajoute fièrement que j’ai passé 22 ans en éducation.»

Des cannes à la mode

Enfant, Connie Quinn-Vaillant, EAO, avait un tableau que lui avait fabriqué son père, pour qu’elle puisse jouer à l’école avec ses amis. «C’était moi l’enseignante», relate-t-elle.

Mme Quinn-Vaillant a passé 37 ans dans la profession, à Sarnia, au St. Clair Catholic District School Board. Elle a pris sa retraite en 2005, mais quand le conseil scolaire a eu besoin d’une directrice, elle y est retournée, prenant sa retraite de nouveau en 2008. «C’était une vocation, ça faisait partie de moi.»

Ces temps-ci, c’est autre chose qui l’occupe. Mme Quinn-Vaillant a fondé une entreprise, StrollMates, et elle fabrique et vend «des habillements pour canne coordonnés», des housses en tissu pour les cannes afin de les transformer en accessoires à la mode.

L’éducation fait partie de ma vie et, s’il le fallait, j’y retournerais. Je m’y sens bien. 

Connie Quinn-Vaillant, EAO

À la retraite et ses deux fils partis à l’université, la maison était devenue «bien trop silencieuse». «Je tournais en rond. J’avais besoin d’un défi.»

L’idée de StrollMates a germé quand l’une de ses cousines, atteinte de sclérose en plaques, lui a montré sa collection de cannes, qu’elle coordonnait avec différentes tenues. Mme Quinn-Vaillant s’est dit qu’il devait y avoir une façon d’exprimer sa personnalité et d’assortir sa canne à ses vêtements tout en se débarrassant de l’apparence froide du métal ou banale du bois de la canne.

Un jour, en décembre 2008, elle s’est réveillée avec une idée en tête et a sorti sa machine à coudre. «Quand mon mari m’a demandé ce que je faisais, je lui ai dit : “J’habille une canne!” La conception a évolué, jusqu’à ce que l’ex-enseignante couse du tissu autour d’un tube en mousse qui se glisse sur la canne. En prime, la mousse fait office de coussin si vous vous cognez ou si vous vous heurtez à quelqu’un.

Mme Quinn-Vaillant a lancé l’entreprise avec un budget de misère. L’un de ses fils a conçu un site, www.strollmates.com, son mari prend les produits en photo et elle fabrique les housses au fur et à mesure qu’elles sont commandées. Elle considère qu’elle travaille dans le domaine de la sécurité autant que de la mode. Si les gens trouvent que leur canne est belle, ils sont plus susceptibles de l’utiliser, dit-elle.

Même si elle a pris sa retraite de l’enseignement deux fois, Mme Quinn-Vaillant dit qu’elle trouve important de maintenir des liens avec l’Ordre en gardant son inscription en règle. «L’éducation fait partie de ma vie et, s’il le fallait, j’y retournerais. Je m’y sens bien. Je ne fermerais jamais cette porte.»

«J’enseigne continuellement», dit une infirmière

Pour Mary-Lynne Miles, EAO, les soins de santé sont une affaire de famille. Son père était médecin, sa mère, infirmière, et sa famille élargie compte 14 médecins, de nombreuses infirmières et plusieurs physiothérapeutes. Il n’est donc pas surprenant que Mme Miles soit devenue infirmière, sauf qu’elle a commencé par être enseignante.

Après avoir obtenu son B. Éd. de l’Université Queen’s en 1971, elle a enseigné les sciences au Loyalist Collegiate, à Kingston. Elle a aimé son expérience et elle était appréciée, mais elle a fini par s’ennuyer. «Quand cela se produit, on n’est plus efficace en tant qu’enseignant», dit-elle.

Elle a donc décidé de retourner à l’Université Queen’s pour obtenir, simultanément, en 1979, un baccalauréat en sciences infirmières et une maîtrise en éducation. Elle avait songé à la médecine avant de devenir enseignante, mais c’est en sciences infirmières qu’elle a trouvé sa véritable vocation. «J’aimais l’idée de prodiguer des soins, de travailler aux côtés de patients et de faire du counseling», explique-t-elle.

Depuis 1979, Mme Miles a travaillé dans plusieurs endroits, dont le milieu hospitalier à Kingston, un centre d’accès aux soins communautaires à Belleville et plusieurs villages mexicains. «Les gens là-bas ne pouvaient pas vraiment se permettre des soins de santé. C’était tellement enrichissant de travailler auprès d’eux», affirme-t-elle.

Elle a utilisé ses compétences en enseignement pour donner des cours de soins infirmiers dans différents collèges.

Depuis trois ans, Mme Miles travaille pour le ministère de la Défense nationale à titre d’infirmière praticienne à la base des Forces canadiennes de Trenton. Une infirmière praticienne a un champ de pratique qui dépasse celui des autres infirmières. Elle peut notamment poser des diagnostics et rédiger des ordonnances. Pour payer une partie de ses études d’infirmière praticienne, Mme Miles est retournée faire de la suppléance pendant un certain temps. Elle maintient son inscription à l’Ordre, notamment parce qu’elle veut garder la porte ouverte.

À la BFC Trenton, elle est considérée comme une clinicienne et elle a ses propres patients (seulement des militaires, pas les civils de la base). Elle a un profond respect pour le groupe qu’elle sert. «Ils ont un emploi difficile, physiquement et mentalement. Ce sont tout simplement des gens remarquables.»

Mme Miles affirme que le travail d’infirmière est d’aider les gens à comprendre comment ils peuvent donner le meilleur d’eux-mêmes et, à bien des égards, c’est aussi ce que font les pédagogues.

«J’enseigne tout le temps, et mes antécédents en enseignement m’aident à présenter l’information de façon logique, dit-elle. Selon moi, le rôle d’enseignante et le rôle d’infirmière se conjuguent magnifiquement.»

Lutter pour la justice sociale

Jaya Karsemeyer, EAO, a obtenu son B. Éd. de l’Université Queen’s en 2008 et peut facilement s’imaginer enseignante titulaire. Pour le moment, elle se consacre à un mélange fascinant de champs d’intérêt.

«Je me présente habituellement comme une personne qui favorise la justice sociale ou une enseignante qui accorde beaucoup d’importance aux arts», explique-t-elle.

À l’université, elle faisait partie du programme Artist in Community Education, qui explore le rôle que jouent les artistes et les arts dans notre société.

Plus tôt cette année, lors d’ateliers offerts aux enfants, elle a enseigné dans un programme basé sur les arts intitulé Neighbourhood Diaries: Stories from Where I Live (chroniques de mon quartier : histoires d’où je vis). Le programme, qui prévoit la participation d’artistes, d’auteurs et d’éducateurs, est décrit comme «l’éclosion d’un sentiment de bien-être tel que vu par des enfants de Toronto».

C’est l’un des emplois les plus difficiles que l’on puisse occuper. L’éducation entraîne des changements. 

Jaya Karsemeyer, EAO

Actuellement, Mme Karsemeyer contribue à l’élaboration d’un programme sur les biotechnologies pour le Conseil canadien des Églises. Le programme contribuera à informer les membres des Églises sur des sujets comme les aliments transgéniques et les recherches sur les cellules souches. «Il s’agit d’un extraordinaire exemple de bonne pédagogie», affirme celle qui travaille aussi sur un programme pour débutants en programmation dans un centre d’apprentissage communautaire de Toronto.

Mme Karsemeyer a travaillé auprès d’élèves comme tutrice, comme adjointe au service des admissions et comme membre du personnel de soutien aux élèves, à l’école Olney Friends School (un pensionnat quaker), en Ohio. Ses multiples passions l’ont gardée active. Par exemple, par l’intermédiaire d’un organisme quaker, elle a participé l’an dernier à deux dialogues culturels au Moyen-Orient, soit en Jordanie et en Syrie et, cette année, à une délégation pacifiste en Israël et en Cisjordanie.

L’apprentissage et le travail pour la justice sociale sont intimement liés, selon Mme Karsemeyer. «L’éducation a toujours un important rôle à jouer lorsqu’il s’agit de passer de l’ombre à la lumière, de la haine et l’opposition à l’amour, à l’acceptation et à la guérison.

Tout en conservant plusieurs portes ouvertes en ce moment, elle se «prépare mentalement» à un poste d’enseignante. «C’est l’un des emplois les plus difficiles que l’on puisse occuper», dit-elle. Mais elle sait aussi qu’il peut être vraiment enrichissant. «L’éducation, dit Mme Karsemeyer, entraîne des changements.»

Patrouilleur des ondes

De nombreux auditeurs de CBC connaissent bien le nom et la voix de Jim Curran, EAO. Il est reporter à la circulation à Toronto tous les matins de la semaine, à l’émission Metro Morning, et l’après-midi à l’émission régionale Here and Now. Ce que les auditeurs ignorent peut-être, c’est que M. Curran est également enseignant agréé.

Pendant toutes ses études, de l’élémentaire au postsecondaire, les enseignantes et enseignants ont toujours été très importants pour lui. «Leurs encouragements et leurs conseils ont été d’une importance capitale», explique-t-il.

À l’école secondaire, il a commencé à penser à travailler à la radio. Il se souvient d’avoir fait les annonces de l’école à l’aide du système de diffusion publique et d’avoir été embauché par deux enseignants comme technicien pour le théâtre de l’école. Ce n’est que plus tard que M. Curran a appris que les deux enseignants l’avaient payé eux-mêmes, et non avec de l’argent provenant du budget de l’école.

Il garde un souvenir impérissable d’un autre enseignant, qui était son professeur d’histoire et son entraîneur de lutte, et qui a une fois passé une heure à discuter de ses projets d’avenir avec lui. «Il a parlé du fait qu’il faut exploiter les talents que l’on a.»

M. Curran s’est joint à la CBC en 1972 après avoir obtenu un diplôme en arts radiophoniques et télévisuels à l’Université Ryerson. Même si sa passion était la radio et que sa carrière prenait son envol, M. Curran avait un tel respect et un tel intérêt pour l’enseignement qu’il a décidé d’étudier dans ce domaine également. Il a commencé à suivre des cours à la faculté d’éducation de l’Université de Toronto entre ses quarts de travail et a obtenu son B. Éd. en 1978.

Même s’il n’a jamais pensé changer de profession, M. Curran a été aide-enseignant à l’Université de Toronto pendant trois étés. Il a aussi réalisé des DVD pédagogiques pour un professeur de cette université.

Pour M. Curran, il existe un lien entre son travail à long terme et celui de patrouilleur qui dirige la circulation, même si, en se rendant au travail vers 5 h 30, il s’épargne avec joie l’heure de pointe matinale de Toronto.

Il aime travailler au quotidien dans le milieu de la radio, qu’il trouve éducatif. «Le fait d’aller travailler tous les jours me garde informé sur ce qui se passe dans le monde et dans ma communauté.»

Il n’enseigne pas en ce moment et ne prévoit pas le faire, alors pourquoi renouvelle-t-il son inscription à l’Ordre depuis toutes ces années? Il croit que la vie est un cycle d’apprentissages et d’enseignements, et affirme qu’en un sens son B. Éd. a ancré en lui cette conviction.

«J’ai travaillé pour obtenir ce diplôme et j’en suis fier, tout comme je valorise mon statut de membre de l’Ordre, et je suis fier de pouvoir inscrire EAO à côté de mon nom.»