Une enseignante exemplaire

Lindsay Hall, EAO

de Leanne Miller, EAO

Comment transformez-vous en historiens des amateurs de jeux vidéo ayant un penchant pour le cinéma? Comment enseignez-vous à des mordus de bandes dessinées à examiner les sources historiques d’un œil critique?

Lindsay Hall, EAO, a trouvé une façon d’intéresser ses élèves de 10e année à l’histoire, élèves qui, la majorité du temps, trouvent cette matière ennuyante, surtout quand elle sort d’un manuel scolaire. Au lieu de refuser quand ses élèves lui demandent de regarder Il faut sauver le soldat Ryan ou de jouer à Medal of Honor : En première ligne (un jeu vidéo), Mme Hall incorpore ces activités à la tâche sommative de l’unité sur la Seconde Guerre mondiale. C’est ainsi que les élèves sont amenés à créer leurs propres bandes dessinées pour raconter des faits historiques exacts sur la participation canadienne à la guerre.

Mme Hall, chef de la section d’histoire de l’école secondaire Clarke Road de London, dans le Thames Valley District School Board, est l’un des sept récipiendaires du Prix du Gouverneur général pour l’excellence en enseignement de l’histoire canadienne 2009, prix dont s’occupe la Société d’histoire nationale du Canada.

Quand Mme Hall a reçu son prix, on l’a félicitée pour son activité sommative sur les sources historiques pour le XXIe siècle : les batailles et les contributions canadiennes d’importance au cours de la Seconde Guerre mondiale, activité élaborée alors qu’elle enseignait à l’école secondaire Huron Park de Woodstock. Cette activité incorpore les médias qui intéressent les jeunes d’aujourd’hui et leur offre des occasions d’apprentissage authentiques. C’est à des postes de travail, à partir d’une variété de jeux vidéo, de documentaires, de films, de romans illustrés, de bandes d’actualité et de présentations visuelles, que les élèves apprennent le rôle qu’ont joué les Canadiennes et Canadiens à Hong Kong et à Dieppe, et pendant la bataille d’Angleterre, la campagne d’Italie, la guerre dans les airs et sur les mers, le jour J et la libération des Pays-Bas.

Les élèves acquièrent des connaissances approfondies sur les batailles et sur notre contribution à la Seconde Guerre mondiale. Puis ils appliquent ce qu’ils ont appris et utilisent leurs compétences pour créer un film, un livre pour enfants ou une bande dessinée. Mme Hall s’attend à ce que le produit final soit de qualité professionnelle et constitue une source historique pour les groupes suivants.

Ensuite, toute la classe expose son travail dans une galerie d’art créée à cette fin. Mme Hall explique que cette forme de présentation permet aux élèves de montrer ce qu’ils ont fait. Les discussions en petits groupes permettent aussi de «dégeler» les timides. De plus, les élèves peuvent ainsi réviser le contenu historique important de l’unité et vraiment l’assimiler.

D’après Mme Hall, les élèves apprécient autant l’activité que le fait d’apprendre l’histoire du Canada.

«En utilisant les médias que les jeunes connaissent bien, explique Mme Hall, j’enseigne à mes élèves à penser de façon critique et analytique à l’information qu’ils reçoivent. Ce sont des compétences qu’ils utiliseront longtemps après le cours d’histoire.»

Cody, Zach et Hunter étaient dans la classe appliquée de 10e année de Mme Hall il y a deux ans. Ils ont tous repris un cours d’histoire avec elle l’an dernier, soit le cours optionnel sur l’histoire du monde jusqu’au xvie siècle.

Cody déclare : «Elle enseigne d’une façon bien plus facile à comprendre que si nous devions apprendre directement du manuel scolaire. Elle sait que nous apprenons tous différemment et elle nous donne des choix : arbre conceptuel, cause et effet, tableau en deux volets. Nous apprenons tous, mais nous apprenons de la façon qui nous convient le mieux.»

Quand Mme Hall a commencé à enseigner l’histoire en 2004, les élèves lui ont demandé de les laisser regarder de grands films portant sur le sujet qu’ils étudiaient. D’abord réticente, elle estimait que les films disponibles étaient souvent «des glorifications, des manipulations et des américanisations de notre passé».

Toutefois, elle a vite compris que les grands films comme Il faut sauver le soldat Ryan, Swing Kids et Le Garçon au pyjama rayé constituaient des sources à partir desquelles ses élèves apprenaient à l’extérieur de la classe. «Il est certain qu’ils ne lisent pas des manuels d’histoire dans leur temps libre», dit-elle en riant. Ces films, qui dépeignent une image exacte de l’histoire, permettent de mieux comprendre des événements historiques.

«Par conséquent, ajoute Mme Hall, il était justifié de présenter ces films à mes élèves tout en leur enseignant comment évaluer l’exactitude et l’authenticité historique de ces sources.»

Les élèves se sentent en sécurité et savent qu’ils ont réussi quand ils effectuent des tâches qui correspondent à leurs préférences en matière d’apprentissage.

Lindsay Hall en train d’aider des élèves

Comme bon nombre de pédagogues, Mme Hall sait que la motivation des élèves étaye leur réussite. D’ailleurs, le succès des élèves est au cœur de sa philosophie de l’enseignement. Son travail sur l’enseignement différentiel et l’évaluation au sein d’un groupe de travail de son conseil scolaire a grandement influencé son enseignement, de même qu’une initiative clé du Ministère.

«En Ontario, la réussite des élèves et l’apprentissage jusqu’à 18 ans est une réalité, souligne Mme Hall. C’est notre responsabilité de faire en sorte que le système d’éducation fonctionne pour tous les élèves, y compris pour ceux qui ne fréquenteront pas l’université après l’obtention du diplôme d’études secondaires.»

L’une de ses principales stratégies est de fournir des expériences d’apprentissage authentiques qui tiennent non seulement compte des intérêts des élèves, mais aussi de leur motivation et de leurs préférences en matière d’apprentissage.

«Mon travail sur l’enseignement différentiel et l’évaluation m’a montré qu’en variant mon approche et en ajustant le contenu, le processus et le produit en fonction des besoins de mes élèves, je pouvais améliorer leur apprentissage et maximiser leur rendement.»

Mme Hall conçoit des leçons et des unités qui offrent des occasions d’apprentissage visuel, auditif, kinesthésique et tactile. Elle dit que les élèves se sentent en sécurité et savent qu’ils ont réussi quand ils effectuent des tâches qui correspondent à leurs préférences en matière d’apprentissage. De même, ils acquièrent de l’assurance et améliorent leur capacité quand ils effectuent une tâche dans un style d’apprentissage différent du leur.

Hunter est d’accord, mais il l’explique en d’autres termes : «Elle fait preuve de souplesse. Par exemple, si on a besoin d’un jour ou deux de plus pour rendre notre travail, ce n’est pas un problème, du moment qu’on n’en abuse pas et qu’on retourne le travail en entier. Elle se met à notre place.»

L’activité sommative primée de Mme Hall reflète sa philosophie et ses expériences ainsi que son point de vue sur ce qu’elle appelle «le débat sur les compétences par opposition au contenu».

Sachant qu’il est important que ses élèves comprennent l’histoire du Canada au xxe siècle, Mme Hall soutient que le contenu ne peut être enseigné au détriment des compétences telles que la pensée critique, l’évaluation des sources et les stratégies de recherche.

Au début de chaque semestre, elle sonde ses élèves pour découvrir quels sont leurs styles d’apprentissage et leurs matières préférées. Ses élèves de 10e année qui étudient au niveau appliqué disent souvent que l’histoire est la matière qu’ils aiment le moins. Mais, en rendant son enseignement pertinent, visuel, significatif et intéressant, et en mettant l’accent sur les compétences associées à l’étude de l’histoire, Mme Hall les fait changer d’avis. La plupart de ses élèves développent «une appréciation de l’histoire canadienne et le goût de l’apprendre» pendant qu’ils fréquentent sa classe.

Zach, un de ses élèves, le résume bien : «Elle nous motive à bien travailler, pour nous-mêmes et pour elle. Elle tient à nous en tant qu’individus et non juste en tant qu’élèves, et nous ne voulons pas la laisser tomber. On commence avec des trucs amusants, puis elle nous fait avancer lentement pour s’assurer qu’on comprenne. Ensuite, le niveau de difficulté augmente, mais nous pouvons suivre. Elle donne vie à l’histoire.»

Et oui, les élèves jouent à Medal of Honor: Frontline sur le PlayStation 2 de Mme Hall et ils regardent la scène d’ouverture de 24 minutes de Il faut sauver le soldat Ryan.


La Société d’histoire nationale du Canada présente le Prix du Gouverneur général pour l’excellence en enseignement de l’histoire canadienne. Chaque année, six pédagogues reçoivent une médaille et 2 500 $, et l’école de chaque récipiendaire reçoit un prix de 1 500 $.

Pour plus d’information, consultez www.histoirecanada.ca, ou composez le 1-800-861-1008.

Ressources
  1. Pour en savoir plus sur le logiciel Comic Life (pour faire des bandes dessinées), consultez comiclife.com

  2. Pour des renseignements sur le programme d’apprentissage en classe portant sur l’enseignement différentiel et l’évaluation, visitez www.tvdsb.ca.

Moment culminant

Lindsay Hall enseigne dans une nouvelle école cet automne. Elle prendra le temps de connaître ses nouveaux élèves dans des optiques différentes : comme apprenants, adolescents et membres de la communauté. Afin de mieux cerner leurs profils d’apprentissage, Mme Hall utilisera toute une gamme d’outils, dont les documents qu’elle a rassemblés lors des activités du groupe de travail sur l’enseignement différentiel de son conseil scolaire.

«J’ai besoin de connaître les préférences en matière d’apprentissage de mes élèves afin d’établir leur profil d’apprentissage et le profil de la classe. Cela guide mon enseignement et me permet d’élaborer des cours qui reflètent les besoins de mes élèves, ainsi que leur style et leurs modalités d’apprentissage. Je veux aussi savoir ce qui les intéresse, les domaines qu’ils trouvent plus difficiles et ceux où ils excellent. Demander aux élèves de décrire un moment pendant lequel ils ont senti qu’ils ont eu le plus de succès à l’école permet souvent de mieux connaître leurs expériences d’apprentissage.»

Mme Hall parle des leçons, des unités et de la conception des cours. «Je commence avec la compréhension durable des notions et les compétences d’apprentissage critique que mes élèves doivent acquérir dans chacun de mes cours. Puis, j’utilise la planification à rebours et j’élabore des activités d’évaluation sommative pour permettre aux élèves de montrer qu’ils ont acquis les compétences et connaissances nécessaires à la fin de chaque unité. Le moment culminant, c’est quand on met tous les morceaux en place.»

Pour consulter une vue d’ensemble de la tâche finale de Mme Hall, consultez Ressources.