Johanne Messner, EAO
de Leanne Miller, EAO
Tandis qu’elle attend l’ascenseur, quelqu’un lui dit : «Johanne, peux-tu m’aider? J’ai un robinet qui fuit.»
«Bien sûr, dit-elle, attends que je trouve du ruban à conduits.»
Johanne Messner n’a pas de ruban à conduits dans sa mallette, mais il ne devrait pas être loin.
«J’exerce, entre autres, le métier de réparatrice», explique-t-elle.
Elle est même réparatrice primée. Mme Messner est récipiendaire du prix EXL 2009 de l’Association canadienne des administrateurs scolaires (ACAS). Ce prix est remis à un membre de l’ACAS, qui est à la fois un leader, un modèle et une enseignante ou un enseignant exemplaire. En plus de donner un service exceptionnel à leur association professionnelle provinciale ou nationale et d’apporter une précieuse contribution au domaine de l’éducation, les récipiendaires de ce prix améliorent l’administration scolaire, font rayonner la profession et font honneur à leurs collègues. Mme Messner a déjà franchi ce cap et elle a encore plusieurs bonnes années devant elle.
Elle a été présidente de l’Ontario Public Supervisory Officials’ Association et de la Toronto Supervisory Officers’ Association. Outre son engagement à l’échelle provinciale et nationale par le biais de ces associations professionnelles, elle a donné des cours d’enseignement aux élèves doués dans les facultés d’éducation de l’Université York et de l’Université de Toronto, publié des articles sur divers sujets reliés à l’éducation et participé à l’élaboration d’unités d’apprentissage des sciences pour le ministère de l’Éducation. Le dénominateur commun de la carrière de Mme Messner est l’enseignement.
«Je suis d’abord et avant tout une enseignante et je le serai toujours», précise-t-elle.
Mme Messner a commencé sa carrière en enseignement dans le système élémentaire de l’ancien conseil scolaire de North York, où elle a enseigné aux élèves du jardin d’enfants à la 10e année. Elle a été conseillère en enseignement aux élèves doués auprès du conseil scolaire, puis a été directrice adjointe et directrice de plusieurs écoles élémentaires et secondaires de premier cycle à North York.
Elle est devenue agente de supervision au Toronto District School Board en 2001 et compte parmi les 24 surintendants de l’éducation du conseil scolaire; elle en est à son troisième mandat. Elle est responsable de plus de 15 000 élèves et de 900 enseignants du quadrant nord-est de l’un des quatre plus gros conseils scolaires de district en Amérique du Nord.
«Superfonctionnaire» est le terme qu’elle emploie pour décrire son rôle.
«Mon travail consiste à donner du soutien à 24 directions d’école, dit-elle, lesquelles sont la première garde de notre système d’éducation, la clé de la réussite scolaire des élèves. Je dois tout mettre en œuvre pour que ces leaders aient la marge de manœuvre nécessaire pour appuyer les enseignants et les élèves.»
Souvent, cela veut dire réparer les pots cassés.
«Les parents soulèvent une foule de problèmes importants, dit-elle, et je dois faire le nécessaire pour les régler.»
Les appels visent une vaste gamme de plaintes, allant des mauvaises notes aux incidents d’intimidation.
Notre système
scolaire a besoin de vrais leaders à tous les échelons.
Quand elle le peut, Mme Messner s’en remet aux directrices et directeurs d’école. Ils doivent démontrer qu’ils peuvent régler les problèmes de leurs écoles, ce qui renforce leur autonomie. Elle leur conseille d’écouter les parents avec compassion et de trouver des solutions où tout le monde y gagne.
«Je leur dis de chercher un terrain d’entente. L’intimidation n’est jamais bienvenue dans nos écoles. Je les encourage donc à explorer les suggestions des parents.
«J’explique aux parents que j’envisage une suspension de deux jours et leur demande s’ils connaissent une meilleure solution. Ce qui importe est que leur enfant apprenne sa leçon et ne répète pas un mauvais comportement. Donc, que pouvons-nous faire pour obtenir la réaction désirée?»
Elle leur procure un service de soutien qui les aide à prendre des décisions éclairées.
«Je leur donne mon point de vue. Nous étudions ensemble la législation applicable ou nous anticipons les retombées possibles de leurs décisions. Je suis un banc d’essai pour ceux qui sont sur la ligne de front.»
Parfois, la charge lui revient, tels les cas de la Société d’aide à l’enfance, d’intervention policière ou de relations de travail. Mme Messner souligne que, si un pistolet ou un couteau fait partie de l’équation, l’élève est immédiatement expulsé, et ce, sans discussion. Mais, dans la plupart des cas, les incidents exigent des compromis et des décisions qui aident les élèves.
«J’ai le sentiment du travail accompli lorsque je me charge de ces dossiers pour permettre aux directions d’école de se concentrer sur la réussite scolaire.»
Sa bouée de sauvetage est son BlackBerryMD, qui sonne sans cesse.
«Être directrice ou directeur d’école aujourd’hui est plus difficile qu’il y a cinq ans, affirme Mme Messner. On s’attend à ce qu’ils orientent et gèrent les programmes parallèlement. C’est bien qu’ils fassent les deux, mais c’est une somme de travail considérable. Je dois être à leur disposition autant que possible.»
En plus de soutenir les directrices et directeurs d’école de son conseil scolaire, elle doit interagir et travailler en étroite collaboration avec les conseillers scolaires, qu’elle décrit comme des bénévoles exceptionnels qui lui donnent le pouls de la collectivité.
«Notre système d’éducation publique a absolument besoin de leur perspective et de leur apport.»
L’école publique Thorncliffe Park, qui réunit plus de 2 000 élèves de la maternelle à la 5e année, se trouve sur son territoire. Elle compte plus de 20 classes portatives et est l’une des plus grosses écoles élémentaires en Amérique du Nord.
Des élèves du York Mills Collegiate Institute rendent visite aux élèves de l’école publique Sunny View dans leur salle Snoezelen.
Le financement pour la construction d’une nouvelle école a été consenti. Lorsqu’elle ouvrira ses portes dans deux ans, cette école accueillera 750 élèves du jardin d’enfants à temps plein. Mme Messner y voit un énorme potentiel.
«Le Toronto District School Board n’a pas construit beaucoup de nouvelles écoles, dit-elle, mais nous avons enfin réellement le temps de trouver les bonnes solutions pour les enfants. Quel genre d’école faut-il construire? Peut-on en faire un centre d’excellence pour la petite enfance? Doit-on inclure un centre parents-enfants et en faire un lieu de rencontre pour la collectivité? Devrait-on avoir deux écoles de la maternelle à la 5e année au même endroit?»
Mme Messner est enthousiaste à l’idée de prendre part à de telles décisions avec les membres de la collectivité, qu’il s’agisse des architectes, des membres du comité d’école, des représentants et administrateurs locaux ou des députés provinciaux et fédéraux.
«C’est un privilège de jouer un rôle, si minime soit-il, dans un projet aussi important. Nous avons un but commun : procurer aux élèves le meilleur lancement qui soit sur leur parcours d’apprentissage.»
Mme Messner insiste pour consacrer du temps aux élèves de ses 21 écoles élémentaires et trois écoles secondaires. L’automne dernier, les membres du conseil étudiant du York Mills Collegiate Institute n’arrivaient pas à décider où concentrer leurs efforts de collecte de fonds de bienfaisance pour l’année.
Elle les a rencontrés et leur a suggéré, également sous sa gouverne, l’école publique Park Lane, spécialisée dans l’enseignement aux élèves ayant des troubles du développement. Ils ont décidé d’amasser des fonds pour construire une salle Snoezelen, un espace sensoriel qui aide les élèves présentant des troubles du développement à s’adapter de façon appropriée à leur milieu et à maximiser leur habileté à profiter des possibilités d’apprentissage.
«Regardez les jeunes qui sortent de notre système public, dit-elle avec enthousiasme. Ils sont merveilleux!»
Elle croit que les 40 heures de bénévolat obligatoire dans la collectivité permettent aux ados de vivre des expériences extraordinaires qu’ils ne pourraient pas vivre autrement.
«Nous cultivons l’empathie et l’engagement chez nos jeunes, et nous sommes très fiers de contribuer à ce système.»
Son travail comporte également un volet de mentorat. Elle croit qu’elle n’aurait pu arriver où elle est aujourd’hui sans le soutien et le mentorat de ses collègues. Elle tient à les faire profiter de son expérience.
Mme Messner offre du soutien et du mentorat au personnel enseignant intéressé à devenir des leaders. Lors d’une récente réunion des candidats aux postes de direction adjointe et de direction d’école pour le Toronto District School Board, elle a dénoncé l’idée reçue qu’en devenant administrateurs, ils devraient abandonner le travail auprès des enfants.
«C’est archi-faux. Non seulement le rôle de direction adjointe et de direction d’école est étroitement lié à la réussite scolaire, mais il permet aux pédagogues d’aider un plus grand nombre d’élèves à réussir de diverses façons.»
Mme Messner, à l’instar d’autres surintendants des quatre coins de la province, enseigne et fait du mentorat auprès des personnes inscrites au Programme menant à la qualification d’agente ou d’agent de supervision. Elle consacre ses fins de semaine et une partie de l’été à former des directrices et des directeurs d’école des différentes régions de la province, et fait du mentorat auprès d’un petit groupe qui suit les quatre modules du programme.
«J’adore aider les autres à réussir, explique-t-elle. Notre système scolaire a besoin de vrais leaders à tous les échelons.»
Son conseil?
Apprenez à jongler et soyez toujours très bien préparés.
Et il est toujours utile d’avoir du ruban à conduits à portée de la main.