Favoriser l’inclusion à l’école

De la politique à la pratique – contrer l’homophobie

de Kate Lushington

De gauche à droite : Michelle Goulet, EAO, enseignante d’anglais; Éric Beevis, EAO, enseignant d’anglais et d’art dramatique; Yves Carrière, EAO, enseignant de français, de mathématiques, de sciences et d’arts visuels; Marcel Morin, EAO, directeur de l’école secondaire publique De La Salle d’Ottawa. Ensemble, ils ont organisé des activités à l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie en 2009.


Un élève chuchote à son ami : «Ce devoir est tellement gai». L’enseignant lui demande d’expliquer son choix de terme. «Pardon, je ne voulais pas dire gai comme vous, monsieur, je voulais dire stupide.» Dès lors, la balle est dans le camp de l’enseignant, qui est aux prises avec deux interprétations.

Gai, pédé, lesbienne, homo sont des mots très puissants.

Yves Carrière, EAO, enseigne le français, les mathématiques, les sciences et les arts visuels aux élèves de 7e année de l’école secondaire publique De La Salle à Ottawa. Il entend souvent le mot gai.

«Ce mot est utilisé à toutes les sauces, sans penser plus loin. Les jeunes ne veulent pas nécessairement insulter un gai. Ils ne voient même pas la différence. En règle générale, ils ont besoin de se sentir importants dans un groupe et, s’ils ne parviennent pas à s’intégrer, ils se sentent exclus. Comme c’est une expression à la mode, les jeunes ont tendance à dire “C’est tellement gai” même s’ils ne le pensent pas ou s’ils désapprouvent cette expression.»

Cependant, M. Carrière, qui est ouvertement gai, s’empresse d’interpeller quiconque utilise le terme gai. «Quand un élève utilise cette expression, je lui demande : “Veux-tu dire stupide? Si oui, emploie le mot stupide. Si vous trouvez un film stupide, dites qu’il est stupide s’il n’est pas question d’homosexualité. C’est mal de dire gai parce que vous pourriez insulter une personne homosexuelle ou dont les parents le sont.”

«C’est très éprouvant pour les jeunes gais, lesbiennes, bisexuels et transgenres (GLBT) d’entendre constamment de telles insultes», ajoute M. Carrière.

Les statistiques lui donnent raison. De la 9e à la 11e année, 34 pour cent des garçons et 22 pour cent des filles disent avoir été la cible d’injures et d’insultes homophobes, d’après un sondage publié par le Centre des sciences préventives du CAMH (Centre de toxicomanie et de santé mentale) en 2008 dans 23 écoles du sud-ouest de l’Ontario.

Malgré tous les efforts déployés dans le système scolaire ontarien pour favoriser l’équité, l’inclusion et la sécurité dans les écoles, certains groupes d’élèves sont encore victimes de discrimination. Le ministère de l’Éducation a émis une directive en matière de politique en juin 2009, qui demande aux conseils scolaires de procéder à la révision, à l’élaboration, à la mise en œuvre et au suivi d’une «politique d’équité et d’éducation inclusive» pour promouvoir les droits de la personne, tels qu’énoncés dans le Code des droits de la personne de l’Ontario et dans la Charte canadienne des droits et libertés. Cette politique devra être intégrée dans tous les aspects du système d’éducation.

Une histoire qui dit tout

Quand l’ancienne ministre de l’Éducation, Kathleen Wynne, a parlé publiquement de l’homophobie dans le cadre de la stratégie provinciale d’équité et d’éducation inclusive (Comment tirer parti de la diversité, avril 2009), elle n’a pas commencé son allocution avec des statistiques. Elle a raconté l’histoire d’une fille qui a obtenu un F pour avoir composé une dissertation sur ses deux mères.

Pour un grand nombre d’enseignants, la diversité sexuelle est un sujet difficile à aborder. Pour d’autres, c’est l’histoire de leur vie.

Julie Slimmon, EAO, conseillère en orientation dans une grande école secondaire rurale du Waterloo Region District School Board, explique que : «Être membre du corps professionnel, compétente et, de surcroît, lesbienne est un défi en soi».

Mme Slimmon est sortie du placard au travail, il y a environ neuf ans. Elle enseignait alors l’anglais et les arts. «Les élèves se confiaient à moi. Quelques-uns avaient été intimidés et ont déménagé. J’ai voulu créer un lieu sûr.»

Mme Slimmon a fondé une alliance gaie/hétéro (AGH), un club parascolaire pour les élèves gais et les personnes hétérosexuelles qui les appuient. Les membres se rencontrent dans les bureaux de planification familiale de la région; de plus, elle continue de donner l’exemple du changement à opérer.

«Je suis conseillère en orientation. Quand vous entrez dans mon bureau, vous voyez des photos de ma famille et des affiches qui font la promotion de l’équité pour toutes les cultures et qui traitent des enjeux des GLBT. Cela favorise un climat positif.»

C’est très éprouvant pour les jeunes GLBT d’entendre constamment de telles insultes.

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À l’école secondaire publique De La Salle d’Ottawa, les membres du Club diversité contribuent à créer un milieu sécuritaire et inclusif.

L’AGH est désormais un club officiel de l’école secondaire Waterloo-Oxford, grâce en partie à une vérification de l’équité à l’échelle du Waterloo Region District School Board.

Cette vérification est survenue il y a trois ans et, depuis, selon Mme Slimmon, on a noté un changement d’attitude marqué à tous les échelons du conseil scolaire et de l’administration. «Auparavant, les gens faisaient le nécessaire sans aucun soutien du conseil scolaire, tandis qu’aujourd’hui le conseil scolaire les appuie.»

Il y a moins de trois ans, en novembre 2007, Shaquille Wisdom, 13 ans, de Durham, s’est suicidé parce qu’il était victime de harcèlement homophobe. David Martin, EAO, enseignant en informatique à l’école secondaire Maxwell Heights du Durham District School Board, explique : «Il a avoué son homosexualité à un ami pendant les vacances d’été et, dès qu’il a commencé sa 9e année, la nouvelle s’était répandue dans Internet. Il y avait une AGH à son école, mais il s’est enlevé la vie avant de la découvrir.»

M. Martin ajoute : «Pour certains élèves, c’est une question de vie ou de mort, pas seulement de qualité de vie. Par contre, si vous vivez toute votre vie dans le déni, cela nuira considérablement à votre qualité de vie.»

Étant gai, M. Martin connaît le genre de pression que les élèves subissent.

Actif dans le District 13 de la Fédération des enseignantes-enseignants des écoles secondaires de l’Ontario (FEESO), il encourage la formation d’alliances gaies/hétéros à l’échelle du conseil scolaire (il y en a dans 13 écoles secondaires sur 21). Il les appuie en organisant un congrès annuel au bureau du conseil scolaire, ainsi que des pièces de théâtre et des activités.

M. Martin affirme que le personnel enseignant gai et hétéro a un énorme rôle à jouer pour améliorer le climat dans les écoles. «L’homophobie se porte à merveille. Si vous ne pouvez pas en parler, vous ne pouvez pas l’enrayer. Il faut briser le silence par tous les moyens.»

Rompre le silence

Yves Carrière croit que les élèves qui s’affichent ouvertement ont davantage tendance à se défendre. Ils lui ont confié qu’il est plus facile d’en parler en salle de classe, quand le débat est supervisé par un enseignant.

«Dans l’autobus ou ailleurs, dit-il, il n’y a personne pour les aider et les protéger.»

En octobre 2009, M. Carrière ainsi que quelques élèves et d’autres enseignants ont créé le Club de la diversité à l’école pour les élèves gais, lesbiennes et bisexuels, et pour les amis des GLBT. Une dizaine d’élèves se réunissent pour dialoguer et définir la vision et les objectifs du club.

«Ce club, explique M. Carrière, a pour but de permettre aux jeunes de se réunir dans un lieu sûr où ils peuvent se confier sans se sentir jugés. C’est le temps et le lieu où ils sont à l’abri des insultes. Ils savent qu’ils y seront acceptés malgré leur différence. Ils s’y sentent bien parce qu’ils savent qu’on les accepte tels qu’ils sont.

C’est très difficile pour eux parce qu’ils craignent que leurs amis les abandonnent. 

«Il ne s’agit pas de séances de thérapie. On se concentre sur le groupe et sur sa raison d’être. Notre but est d’être proactif et de sensibiliser les gens au club. Par exemple, le club a formé un partenariat avec le très populaire comité multiculturel de l’école pour discuter des projets communs axés sur le respect et la diversité. J’aimerais créer plus d’alliances à l’école pour inciter les jeunes à réagir aux comportements homophobes et aux insultes.»

Le club organise diverses activités, dont des sorties spéciales. Récemment, les élèves GLBT ont rencontré des artistes gais et lesbiennes au Musée des beaux-arts de l’Ontario et ont visité un magasin de bandes dessinées où ils ont pu découvrir des personnages gais de bandes dessinées.

«Certains jeunes aimeraient venir au club, mais ils ont peur de ce qui pourrait arriver. Ils ont peur que d’autres élèves les voient, de devenir une cible et d’être étiquetés en tant que GLBT. C’est très difficile pour eux parce qu’ils craignent que leurs amis les abandonnent.»

C’est encore plus difficile pour les élèves qui ne l’ont pas dit à leurs parents. «Parfois, des élèves GLBT s’abstiennent de participer aux activités parce qu’ils doivent faire signer un formulaire par leurs parents. Un jeune qui ne l’a pas dit à ses parents est dans une impasse.»

Des symboles pour renverser les stéréotypes

L’arc-en-ciel est un symbole puissant. À l’école secondaire l’Essor, Marc Dubois, EAO, est sorti du placard en affichant un arc-en-ciel sur sa porte. L’Essor est une petite école dans une municipalité francophone près de Windsor. M. Dubois, membre élu du conseil de l’Ordre, croit qu’il y a une différence culturelle entre les deux solitudes, notamment quand vient le temps de s’afficher en tant que pro-gai dans le système des écoles catholiques.

«Dans ma salle de classe, tous sont acceptés tels qu’ils sont, dit-il. Je n’ai jamais eu de problèmes, et je suis président de la Windsor Pride. Les gens le savent et je n’ai aucune crainte de m’afficher.»

Il entend les gens parler de la situation dans d’autres écoles, mais il est d’avis que son conseil scolaire appuie les élèves et le personnel enseignant.

Comme M. Dubois enseigne les mathématiques, les débats sur les enjeux sociaux sont plus rares que dans les cours de théâtre et d’histoire.

«En mathématiques, dit-il, on n’a pas besoin de modifier le programme; il suffit d’être inclusif dans les questions. Ainsi, au lieu de dire “si Jean et Julie achètent une maison à tel taux hypothécaire”, il suffit de dire “si Jean et Jacques achètent une maison”».

On brise donc le stéréotype et on respecte la directive du Ministère qui veut qu’on pratique l’inclusion.

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Pour Marc Dubois, EAO, enseignant de mathématiques à l’école secondaire l’Essor et président de la Windsor Pride, l’arc-en-ciel est un symbole puissant.

Rien à voir avec la sexualité

L’hétérosexisme repose sur l’hypothèse voulant que tous les humains soient hétérosexuels et que quiconque dévie de cette perception de la réalité soit anormal. Cette doctrine force les jeunes à prouver qu’ils sont hétérosexuels ou à se cacher.

Dougall Newport, EAO, raconte un fait vécu par son fils, qui a rapporté à la maison une photo de famille où l’on voit la mère, le père, deux enfants, un chat et un chien. Or, le fils de Mme Newport est enfant unique, il a deux mères et pas d’animal de compagnie.

«Il se sentait mal et n’a pas voulu nous la montrer. Il l’a laissée dans son sac.»

Elle a parlé à l’enseignante, qui n’avait pas pensé à l’image rigide de la famille que la photo véhiculait. Elle n’en soupçonnait pas la portée, puisqu’il s’agissait d’un exercice de découpage pour aider les élèves à apprendre à écrire une phrase.

Fournir des ressources

Les enseignants ont besoin de formation, d’outils et de ressources. Chris D’Souza, EAO, ajoute qu’ils devraient aussi se questionner sur ce qui les a motivés à faire carrière en enseignement. M. D’Souza a récemment animé un atelier sur l’équité et l’inclusion pour sept conseils scolaires catholiques, et il a été ovationné.

Il a conçu cet atelier et le donne dans le cadre du plan stratégique en matière d’équité du Ministère, auquel il a participé comme membre clé de l’équipe de rédaction. Il préside le sommet sur l’équité de l’Antiracist Multicultural Education Network of Ontario (AMENO).

M. D’Souza a une énergie et un enthousiasme contagieux, malgré les défis de concilier la directive d’équité envers les minorités sexuelles et les droits religieux des écoles catholiques. «Les gens croient, dit-il, que l’homophobie et les accommodements religieux sont incompatibles. Pourtant, notre méthode correspond aux valeurs de la pédagogie catholique qui repose sur l’Évangile, à savoir l’amour et le respect de tous les élèves.»

En ce moment, M. D’Souza est en prêt de service du Dufferin-Peel Catholic District School Board à la Faculté d’éducation de l’Université York, première faculté en Ontario à offrir le cours obligatoire à temps plein de un an sur l’enseignement et l’éducation inclusifs.

L’homophobie fait partie d’un modèle d’équité très répandu, qui repose sur un déséquilibre des pouvoirs, explique-t-il. Ce modèle inclut les identités croisées, à savoir la race, le sexe et la culture, ainsi que les aptitudes et l’orientation sexuelle. «L’orientation n’existe pas en soi. Elle est un des éléments de l’être humain.»

M. D’Souza souligne que le personnel enseignant a énormément de pouvoir. «Nous devons utiliser ce pouvoir pour éradiquer toutes les formes de discrimination.»

Préférez-vous la haine?

Tracey Hughes, EAO, qui enseigne le théâtre à la Peterborough Collegiate and Vocational School, parle d’une pièce de théâtre que ses élèves de 9e année ont créée en mai 2008. Coming Out Proud présentait une série de capsules inspirées du vécu de ses 26 élèves et d’anecdotes qui leur ont été racontées par leurs camarades de classe. «C’était une pièce pour dénoncer l’homophobie, dit-elle.

«Je n’aurais jamais pu écrire une telle pièce, soutient Mme Hughes, qui est hétérosexuelle et dirige l’AGH de l’école avec un collègue gai. Des élèves hétéros et gais ont joué une scène où des garçons s’embrassaient. Lors de la période de questions, nous leur avons demandé s’ils étaient à l’aise avec ça.

«Ils ont répondu : “Pourquoi pas? Préférez-vous la haine?”

«La réaction a été très positive et nous avons reçu plusieurs invitations à jouer la pièce.»

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À la Peterborough Collegiate and Vocational School, Tracey Hughes, EAO, enseignante de théâtre, et Dan Kivari, EAO, enseignant de mathématiques, supervisent tous deux l’alliance gaie/hétéro (AGH) de l’école et s’efforcent d’intégrer du contenu pour contrer l’homophobie dans le curriculum.

Mme Hughes, qui est vice-présidente de la FEESO de son district, fait partie d’une équipe chargée de rédiger et d’animer des ateliers pour dénoncer l’homophobie et la violence contre les femmes.

Dan Kivari, EAO, enseigne les mathématiques, affiche son homosexualité et est actif dans sa collectivité. Il codirige l’AGH de la Peterborough Collegiate and Vocational School avec Mme Hughes.

En octobre, mois de l’histoire des GLBT, M. Kivari a affiché des photos de gais pour souligner leurs diverses contributions à la société. L’un d’eux est le mathématicien Alan Turing, précurseur de l’invention de l’ordinateur, qui a déchiffré le code allemand pendant la Seconde Guerre mondiale. L’homosexualité étant illégale à l’époque, il a été victime de chantage et s’est suicidé en 1954.

Cela remonte à plus de cinquante ans. Les lois ont changé et les mentalités continuent d’évoluer.

Journée contre l’homophobie

L’année dernière, Éric Beevis, EAO, et Michelle Goulet, EAO, enseignants à l’école De La Salle, ont demandé à M. Carrière de faire participer l’école aux activités du 17 mai, Journée internationale contre l’homophobie. M. Beevis a dit à M. Carrière : «Il faut agir. Les élèves gais se font sans cesse insulter en classe. Le message ne passe pas.»

Ils ont organisé une foule d’activités. Une professeure de l’Université d’Ottawa, qui s’affiche en tant qu’«allosexuelle», a parlé aux enseignantes et enseignants de son expérience et des épreuves qu’elle a dû surmonter pendant ses études au secondaire.

«Nous avons tous été touchés par son histoire, dit M. Carrière. Son message se résume à ceci : “Quand des élèves se font insulter, vous devez réagir.”»

Jeremy Dias, du groupe Jer’s Vision, a raconté avec humour son vécu en tant que gai. Une dizaine d’organismes communautaires régionaux ont organisé des ateliers et des séances d’information sur la diversité.

Le plus grand placard

Le milieu de l’éducation demeure le plus grand placard, d’après Steven Solomon, consultant en équité au Toronto District School Board. «Quand les enseignants s’affichent, les choses changent.»

Cependant, s’afficher comporte des risques.

Dougall Newport, qui enseigne les arts à l’école intermédiaire publique Laurentian de Kitchener dans le Waterloo Region District School Board, a décidé de sortir du placard à la naissance de son fils. Elle voulait affirmer l’identité de sa famille.

L’administration a d’abord été réticente, puis elle l’a appuyée dans sa décision et, ensemble, ils ont élaboré un plan de cours sur les familles.

La première période traite du concept des droits de la personne et du Code des droits de la personne de l’Ontario. La deuxième période porte sur la myriade de modèles familiaux (enfants adoptés, parents divorcés, familles recomposées, grands-parents, parents gais) et sur l’image de la famille.

L’orientation n’existe pas en soi. Elle est un des éléments de l’être humain.

Au cours de la troisième période, tous doivent illustrer leur famille sur une affiche. À la quatrième période, ils échangent les affiches pour en discuter. Alors, Mme Newport présente sa partenaire et leur fils. Le directeur adjoint a également accepté de participer en présentant ses filles adoptives. Pendant la cinquième et dernière période, Mme Newport parle des enjeux soulevés par ses élèves.

À ce stade-ci, les enfants sont attentionnés, honnêtes et respectueux, précise Mme Newport. Une fille a posé une excellente question : «Dans ma famille, on m’a enseigné qu’être gai est mal. Comment concilier le respect que j’ai pour vous et les valeurs qui me sont transmises à la maison?»

«Je lui ai répondu que nous étions libres de croire ce que nous voulons, mais qu’en public nous devons être respectueux et accepter les différences.»

La FEEO a publié le récit de Mme Newport intitulé We’re Having a Baby dans une trousse pour les élèves de l’élémentaire.

Tous ne peuvent pas intégrer leur vécu au programme. Le plan de cours sur les familles de Mme Newport fonctionne grâce au lien de confiance qu’elle a tissé avec les élèves et leur enseignant à l’école intermédiaire.

Lutte pour les droits de la personne

Le fils d’Ellen Chambers-Picard, EAO, avait huit ans quand le harcèlement a commencé. Dix ans plus tard, juste avant l’obtention de son diplôme à Thunder Bay, il a porté plainte à la Commission des droits de la personne parce que son école «ne lui a pas procuré un environnement sécuritaire».

L’affaire a été réglée en 2005 et a poussé le Lakehead District School Board à apporter des changements depuis.

Mme Chambers-Picard, enseignante au jardin d’enfants et en éducation de l’enfance en difficulté, en prêt de service à temps plein pour présider la section locale de Lakehead de la FEEO, était consternée de voir qu’elle n’avait pas su protéger son propre enfant. «Je ne voulais pas intervenir de peur d’aggraver la situation. Ce fut une grave erreur.

«J’ai été contrainte de m’engager dans une cause qui m’était totalement inconnue et qui me tient très à cœur aujourd’hui», affirme Mme Chambers-Picard, qui a commencé à faire du bénévolat pour le comité d’éducation d’Égale Canada. Il y a cinq ans, Égale, organisme national de promotion de l’égalité et de la justice pour les GLBT et les membres de leur famille, a décidé de compiler des statistiques sur leur vécu par le biais d’un sondage sur le climat dans les écoles.

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Le printemps dernier, le conseil de l’Ordre a organisé des consultations sur le contenu d’un cours menant à la qualification additionnelle Enseigner aux élèves GLBT. Des intervenants y ont participé en français et en anglais.

Les écoles doivent être un lieu sûr, d’autant plus que beaucoup d’enfants GLBT ignorent si leur famille va les accepter tels qu’ils sont. Même si leurs parents les acceptent, ils ne comprennent pas toujours l’ampleur du problème, ce que Mme Chambers-Picard est bien placée pour savoir.

Elle veut faire partie de la solution. Pour que ça change, elle est persuadée que le système scolaire doit travailler de concert avec les allosexuels.

La situation a beaucoup changé à Thunder Bay. Il y a une AGH dans les quatre écoles secondaires, de même que des initiatives comme la Journée rose. Le conseil scolaire a mis sur pied un comité sur la diversité et organisé des ateliers pour le personnel enseignant en collaboration avec le comité du sida de la région et l’organisation Pride Central.

Mme Chambers-Picard a elle-même animé une séance d’une journée sur la lutte contre l’homophobie pour la Faculté d’éducation de l’Université Lakehead.

Imaginer l’avenir

Les enseignants font partie de la solution par l’entremise des AGH, en racontant leur histoire et en mettant à contribution leurs compétences et leurs matières. La directive du Ministère leur procure davantage de ressources pour instaurer les changements.

Yves Carrière fait partie d’un groupe de 16 enseignants, tous membres de la Fédération des enseignantes et des enseignants de l’Ontario (FEO), qui s’affairent à rédiger du matériel didactique pour le web sur la diversité, le sexisme, le racisme et l’homophobie. Ce matériel, qui inclut des plans de cours, sera affiché dans le site de la FEO à l’été 2010.

Le conseil de l’Ordre a demandé à son personnel de procéder à une consultation pour savoir en quoi consisterait un cours menant à une qualification additionnelle pour enseigner aux élèves GLBT, si ses partenaires le recommandent.

Notre culture a atteint un stade où l’homophobie ne peut plus être tolérée.

Pour Joe Jamieson, EAO, registraire adjoint de l’Ordre, il ne s’agit pas seulement de se conformer à la directive du ministère de l’Éducation, mais de permettre aux élèves et aux enseignants d’exploiter leur plein potentiel humain. Lorsqu’il imagine l’avenir, il pense à son neveu de cinq ans. Il espère que quand viendra le temps pour lui d’affirmer sa sexualité, quelle qu’elle soit, il n’aura pas besoin de sortir du placard et que l’orientation sexuelle sera aussi banale que d’avoir les yeux bleus ou bruns.

D’ici là, M. Jamieson affirme : «Je suis heureux de constater que les GLBT qui occupent des postes de direction en éducation peuvent servir de modèles et que les enseignants GLBT se sentent en sécurité et valorisés.»

Il est bon de se rappeler que, quel que soit le niveau d’inclusion, certaines personnes, élèves comme enseignants, préférerons ne pas discuter de leur orientation sexuelle, et c’est un fait à respecter.

Chris D’Souza est optimiste : «Notre culture a atteint un stade où l’homophobie ne peut plus être tolérée.»

C’est le changement d’attitude marqué auquel Julie Slimmon fait allusion quand elle dit : «Nous parlons des expériences négatives et il est bien d’en parler, mais il faut aussi des expériences positives, ce qui est encore mieux. La situation évolue. Nous avons du chemin à faire, mais tout converge vers le changement.»

Nouvelles ressources pour des classes inclusives

Les écoles élémentaires et secondaires de langue française ont récemment reçu une trousse d’information destinée au personnel enseignant et conçue pour valoriser la formation sur la lutte contre le racisme, l’homophobie et le sexisme dans les écoles.

Elle contient des ressources – tels un DVD, un module d’apprentissage et des affiches – pour prévenir l’intimidation et offre aux élèves des outils pour contrer l’homophobie, le racisme et le sexisme.

Cette trousse, une première en son genre en Ontario français, s’inscrit dans le cadre du projet Bien-être à l’école, une initiative provinciale lancée par la Fédération des enseignantes et des enseignants de l’Ontario (FEO) et le Centre ontarien de prévention des agressions (COPA), et financée par le ministère de l’Éducation de l’Ontario.

Les problèmes d’équité, plus précisément l’homophobie et la violence fondée sur le racisme et le sexisme, ont d’importantes répercussions sur la sécurité et le bien-être des élèves et de l’ensemble de la communauté scolaire.

Bon nombre d’enseignantes et d’enseignants se questionnent sur les meilleures façons de prévenir les gestes et commentaires discriminatoires qui compromettent leur propre sécurité et celle des élèves.

«Les enseignants nous disent qu’ils ne possèdent pas l’expertise pour contrer l’homophobie à l’école, affirme Lisa Weintraub, codirectrice provinciale du COPA. Nous leur offrons des stratégies pour assurer aux élèves un milieu d’apprentissage sain et sécuritaire, basé sur la tolérance et le respect des différences.»

Pour en savoir plus, communiquer avec Lisa Weintraub à copa@rogers.com, www.infocopa.com, 416-466-7490 FEO : 416-966-3424 ou 1-800-268-7061

Atelier de formation

L’atelier De la tolérance à la défense est offert par le Centre ontarien de prévention des agressions en collaboration avec la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO). Il est destiné aux personnes qui travaillent en milieu scolaire ou communautaire, adultes et jeunes compris. C’est un outil qui traite de la diversité en société, plus précisément les minorités sexuelles et ethnoculturelles.

L’objectif de l’atelier est d’outiller les individus à devenir des alliés de la diversité. Il intéressera ceux qui croient au droit à la différence, veulent aller au-delà de la tolérance et souhaitent défendre les groupes marginalisés et vulnérables.

Pour en savoir plus, communiquer avec Lisa Weintraub, copa@rogers.com, 416-466-7490, www.infocopa.com.

Centre ontarien de prévention des agressions

Le Centre ontarien de prévention des agressions (COPA) est un organisme francophone qui offre des programmes éducatifs et des ressources pour prévenir les agressions. Les programmes ont pour but de répondre aux besoins spécifiques de groupes de personnes vulnérables aux agressions.

Le COPA a été fondé en 1995. Il a été créé pour répondre aux demandes de groupes franco-ontariens de tous les coins de la province qui désiraient recevoir de la formation et de l’information sur les programmes de prévention des agressions contre les enfants et les jeunes.

Pour en savoir plus, communiquer avec Lisa Weintraub, copa@rogers.com, 416-466-7490, www.infocopa.com.

Ressources

Roman ado québécois 

Philippe avec un grand H

Auteur : Guillaume Bourgault

Philippe, étudiant au secondaire, découvre qu’il est homosexuel.

www.ventsdouest.ca

Pièce de théâtre québécoise 

Les Feluettes

de Michel Marc Bouchard

Une histoire d’amour secrète entre deux adolescents. Un classique du théâtre québécois.

www.michelmarcbouchard.com