Grâce à la multiplication des cours en ligne en Ontario, les enseignantes et enseignants trouvent de nouveaux moyens d’aider leurs élèves à réussir.

de Stuart Foxman

«Je pense bien connaître mes élèves. Je me soucie d’eux et je sens que nous avons tissé des liens.» Ces mots ne sont pas surprenants à entendre de la bouche d’une enseignante, en l’occurrence Rebecca Lupton, EAO, qui enseigne la création littéraire à des élèves de 12e année. Cela dit, Mme Lupton ne reconnaîtrait pas ses élèves si elle les croisait dans la rue, car elle n’a jamais été dans la même pièce qu’eux.

Rebecca Lupton est une enseignante en ligne au Loyalist Collegiate and Vocational Institute de Kingston. Sa classe est composée de 25 élèves de partout en Ontario qui se connectent en ligne à différents moments de la journée pour faire leurs travaux et les télécharger, afficher des messages dans des forums de discussion et envoyer des courriels à Mme Lupton.

En général, l’enseignement repose sur la capacité d’établir des liens avec les élèves, d’apprendre à les connaître, de les soutenir et de les intéresser à la matière. Que se passe-t-il donc lorsque l’espace et le temps séparent les élèves de leur enseignant? Comment établir des liens? Comment s’assurer que les élèves comprennent? Comment savoir lesquels éprouvent des difficultés, afin de les aider?

L’apprentissage électronique suscite beaucoup de questions importantes, mais pour Rebecca Lupton, toutes les formes d’enseignement ont un seul et même objectif. Malgré le fait qu’elle n’enseigne pas en classe et qu’elle donne son cours seule dans un bureau avec un ordinateur portable, l’objectif demeure le même : «aider les élèves à réussir».

Selon le Ministère, l’apprentissage électronique contribue à la réussite scolaire.

C’est également de cette manière que le ministère de l’Éducation décrit les cours en ligne. «La stratégie d’apprentissage électronique de l’Ontario donne aux élèves plus de moyens d’apprendre et de réussir, quel que soit l’endroit où ils habitent, leur style d’apprentissage ou leurs circonstances personnelles», explique Gary Wheeler, porte-parole du Ministère.

Selon le Ministère, l’apprentissage électronique contribue à la réussite scolaire en venant en aide à des élèves dont les besoins dépassent parfois les possibilités qu’offre une salle de classe traditionnelle, notamment ceux qui :

«La salle de classe traditionnelle, où enseignants et élèves interagissent directement, est l’idéal, affirme Perry Cavarzan, EAO, coordonnateur de district en matière d’apprentissage électronique pour le ministère de l’Éducation et coordonnateur des programmes du secondaire au Simcoe Muskoka Catholic District School Board. Cela dit, les cours en ligne peuvent offrir une option différente aux élèves quand un cours en salle de classe n’est tout simplement pas possible ni indiqué.»

Carolyn MacNeil-Verbakel, EAO, enseigne à un groupe de 22 élèves. Ceux-ci obtiennent des crédits en suivant des cours en ligne et en participant à des stages coopératifs. Selon Mme MacNeil-Verbakel, qui travaille en éducation coopérative spécialisée au sein du Thames Valley District School Board, l’apprentissage électronique était le seul moyen d’intéresser de nouveau certains élèves qui avaient déjà quitté l’école.

Ses élèves et ceux de Mme Lupton ont peut-être différentes raisons de suivre des cours en ligne, mais dans les deux cas, affirme Mme MacNeil-Verbakel, «l’important est leur bien-être».

De plus en plus d’inscriptions

Quelle est l’étendue de l’apprentissage électronique?

Un rapport publié en 2009 par l’International Association for K-12 Online Learning souligne qu’il y a une décennie, environ 25 000 élèves du jardin d’enfants à la 12e année étaient inscrits à des cours en ligne au Canada. La province de l’Ontario à elle seule compte actuellement le même nombre d’élèves inscrits à des cours électroniques, selon Alison Slack, EAO, coordonnatrice de l’Ontario eLearning Consortium.

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L’enseignante en ligne Rebecca Lupton, EAO, a enseigné toute une gamme de matières – de la création littéraire à la création de mode – à l’extérieur des murs du Loyalist Collegiate and Vocational Institute de Kingston.

Le consortium consiste en un réseau de 20 conseils scolaires qui se partagent connaissances, ressources et élèves en apprentissage électronique. Mme Slack révèle qu’au sein de ces conseils scolaires, les inscriptions aux cours d’apprentissage électronique ont bondi de plus de 50 pour cent de 2008 à 2009, et elle s’attend à une augmentation semblable au cours de la présente année scolaire.

Perry Cavarzan a rédigé le premier cours électronique offert par son conseil scolaire il y a 10 ans (le conseil scolaire utilise maintenant les cours offerts par Apprentissage électronique Ontario) et reconnaît qu’à l’époque, on s’inquiétait de la réaction des élèves et des enseignants.

L’essor de l’apprentissage électronique a permis aux enseignants de lui découvrir plusieurs avantages :

Dans certains conseils scolaires, l’apprentissage électronique crée des possibilités qui n’existeraient pas autrement du fait que les écoles, le personnel et les élèves sont répartis sur un vaste territoire géographique. Prenons par exemple l’Algoma District School Board, qui est basé à Sault Ste. Marie, mais dont les écoles se trouvent jusqu’à cinq heures de distance au nord et jusqu’à deux heures et demie à l’est. La personne-ressource du conseil scolaire pour l’apprentissage électronique, Fernando Gomes Semedo, EAO, raconte le cas d’une élève de 12e année qui devait suivre un cours de physique pendant un seul semestre afin d’être admise à un programme universitaire particulier.

«L’apprentissage électronique est, dans certains cas, la seule solution possible, explique-t-il.

«De plus, ajoute M. Semedo, l’apprentissage électronique peut permettre à des conseils scolaires situés dans le nord d’élargir considérablement le nombre de cours offerts.

«Les conseils scolaires en milieu urbain ont assez d’élèves pour pouvoir offrir toutes sortes de cours, pas seulement par l’apprentissage électronique, mais aussi en salle de classe. Nous ne pouvons offrir des cours dans des matières spécialisées, car nous n’avons pas assez d’élèves. Grâce à l’apprentissage électronique, cela devient possible. Nous faisons partie du Northeast E-Learning Consortium et, en regroupant les élèves de notre conseil scolaire et de notre région, nous avons bon espoir d’atteindre le nombre d’élèves nécessaire pour offrir de nouveaux programmes.» 

En plus des avantages de ce genre, les défenseurs de l’apprentissage électronique affirment que le fait de suivre et de réussir des cours en ligne peut encourager les élèves à se responsabiliser par rapport à leur apprentissage et à prendre plus d’assurance.

L’apprentissage électronique présente également des inconvénients. Certains élèves ont de la difficulté à s’habituer à l’extérieur de la structure des cours traditionnels et de la routine scolaire. S’ils manquent de motivation ou de discipline, ils risquent de prendre du retard. Il arrive aussi que des élèves se sentent isolés et s’ennuient des interactions sociales.

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Perry Cavarzan, EAO, coordonnateur de district en matière d’apprentissage électronique pour le ministère de l’Éducation et coordonnateur des programmes du secondaire pour le Simcoe Muskoka Catholic District School Board, dit que les cours en ligne peuvent offrir une option différente aux élèves quand un cours en salle de classe n’est tout simplement pas possible.

Il est parfois difficile de simuler certains cours en ligne, fait remarquer Dominic Tremblay, EAO, un consultant en apprentissage électronique qui compte le ministère de l’Éducation et le Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques parmi ses clients. Parmi ces cours, notons le laboratoire virtuel, dans lequel les élèves cliquent sur des éprouvettes et des thermomètres dans le but de faire une expérience. «Il n’existe aucun moyen satisfaisant de reproduire ce que l’élève ferait dans un véritable laboratoire», avoue-t-il. De toute évidence, les pédagogues en apprentissage électronique doivent bien connaître les outils en ligne, mais cette forme d’enseignement n’est pas axée uniquement sur la technologie, remarque M. Tremblay. Une leçon peut être tout aussi intéressante – ou ennuyeuse – qu’elle soit donnée en classe ou dans un module d’apprentissage en ligne.

Pour M. Tremblay, c’est le rôle de l’enseignant de s’assurer que «les élèves s’intéressent à leur propre apprentissage», quel que soit le mode de prestation du cours.

Dans l’apprentissage électronique, tout comme en salle de classe, l’enseignant joue un rôle central. Les cours sont rédigés par des enseignants en exercice et tous les cours en ligne offerts par les conseils scolaires de l’Ontario doivent être donnés par des pédagogues qualifiés pour enseigner dans la province. «C’est ainsi que les choses doivent être, affirme Alison Slack. Le mode de prestation est différent, mais l’enseignement demeure l’enseignement.»

Elle ajoute que dans les écoles où l’apprentissage électronique se fait sous supervision, des enseignants sur place ont pour rôle d’aider les apprenants à s’intéresser à la matière.

Qualités des meilleurs enseignants

«Bien que l’apprentissage électronique présente des exigences distinctes en ce qui concerne les horaires et la façon d’assurer le suivi des progrès des élèves et de leur venir en aide en cas de besoin, les qualités que possèdent les meilleurs enseignants demeurent les mêmes, souligne Rob Switzer, EAO, coordonnateur de l’apprentissage électronique au Limestone District School Board.

«Faire preuve de souplesse, rester ouvert à différents styles d’apprentissage, donner de la rétroaction sans tarder et préparer les élèves à la réussite, voilà ce que font les bons enseignants, en classe comme en ligne», affirme M. Switzer.

«Même si, comme en salle de classe, les pédagogues en ligne se basent sur le matériel élaboré par le ministère de l’Éducation, ils bénéficient de la souplesse nécessaire pour modifier le contenu des cours et ont la responsabilité de motiver les élèves, affirme Kirsten Elvestad, EAO, admi­nistratrice affectée au succès des élèves au sein de l’Ontario North East District School Board.

«Il ne s’agit pas seulement de faire les corrections, on demeure un enseignant, poursuit Mme Elvestad, dont le conseil scolaire offre 19 options en matière d’apprentissage électronique. Notre travail consiste à capter l’intérêt des élèves.»

Alison Slack, qui enseigne à l’école secondaire depuis 25 ans et a passé deux ans au sein du ministère de l’Éducation pour préparer le lancement de sa stratégie d’apprentissage électronique, confirme que la relation enseignant-élève est au centre du processus d’apprentissage. «Ces cours sont enseignés par un pédagogue qui est disponible en ligne. «Beaucoup d’enseignants en ligne disent connaître leurs élèves en ligne mieux que des élèves en salle de classe, affirme Mme Slack. Grâce à l’apprentissage électronique, il n’y a pas d’élève qui s’assied au fond de la classe et ne dit jamais rien. On peut discuter avec tous les élèves.»

Rebecca Lupton fournit énormément de rétroaction à ses élèves, plus que dans une classe traditionnelle, déclare-t-elle. «De par leur nature, les cours en ligne n’encouragent pas seulement les élèves à participer, poursuit-elle, mais ils les rendent très à l’aise pour le faire.

Elle sait «que rien ne remplace le contact face à face». L’apprentissage électronique n’est pas pour tout le monde et ne sera jamais (ni ne devrait être) une solution de remplacement fréquente aux cours en personne.

«Malgré cela, les cours en ligne permettent aux élèves de sentir qu’ils participent activement à leur apprentissage, affirme Carolyn MacNeil-Verbakel. Ce qui est valorisant, ajoute-t-elle, c’est que «ce qui compte avant tout est le lien entre l’enseignant et l’élève. «Et les élèves arrivent encore à sentir ce lien.»

Qui définit le curriculum d’apprentissage électronique?

Journée d’un enseignant en ligne

Lorsqu’on enseigne en ligne, comment la journée se déroule-t-elle? Comment les enseignants peuvent-ils soutenir les élèves et suivre leurs progrès? Deux enseignantes en ligne parlent de leur expérience.

Avez-vous un horaire bien établi?

Rebecca Lupton, EAO, enseignante en ligne au Loyalist Collegiate and Vocational Institute de Kingston : Les enseignants en ligne ont une période assignée pendant laquelle ils travaillent avec les élèves par l’intermédiaire de la plateforme d’apprentissage en ligne. Le temps que je passe en ligne empiète habituellement sur l’heure du dîner et ma période de planification. Il faut trois fois plus de temps pour taper un commentaire que pour le dire! J’y passe probablement deux heures entières.

Carolyn MacNeil-Verbakel, EAO, enseignante en éducation coopérative spécialisée au Thames Valley District School Board : Bon nombre de mes élèves travaillent de jour. Je suis donc en ligne en soirée, pour clavarder avec eux et répondre à leurs courriels.

Quelles sont les principales tâches des enseignants en ligne?

Rebecca Lupton : L’interface du cours apparaît à mon écran et tous les documents y sont accessibles. On y trouve la liste des élèves, une fonction courriel, des boîtes de dépôt où les élèves peuvent déposer leurs travaux et des forums de discussion où ils peuvent afficher leurs idées et communiquer entre eux. Les enseignants passent un certain temps à répondre aux questions des élèves par courriel ou pendant les discussions en ligne. De plus, ils animent et dirigent les discussions, planifient les échéances, rédigent le contenu du cours et l’enseignent, et commentent les travaux des élèves.

Quel est le délai pour répondre aux élèves?

Rebecca Lupton : Il est impossible d’être en ligne au même moment que tous les élèves, mais nous arrivons en général à leur répondre rapidement. Les élèves finissent par connaître l’horaire de leur enseignant et savent à quel moment ils peuvent s’attendre à recevoir une réponse. Souvent, lorsque l’enseignant n’est pas en ligne, les élèves s’entraident. Cela fait de l’apprentissage en ligne un environnement d’apprentissage collaboratif.

Vous arrive-t-il de rencontrer vos élèves en personne?

Carolyn MacNeil-Verbakel : Je travaille avec des élèves qui ont connu des difficultés. Mon but est de les rencontrer en personne sept fois par semestre. Nous discutons de leur travail et de leurs objectifs; j’essaie de les aider à sentir qu’ils font partie d’un plan.

Est-il plus difficile d’évaluer la compréhension des élèves en ligne?

Rebecca Lupton : À l’instar de tous leurs collègues, les enseignants en ligne notent les progrès de leurs élèves et font un suivi pour évaluer comment chacun d’eux évolue au fil des différentes unités et tout au long du cours. Les évaluations peuvent être informelles (lire et faire des commentaires dans un forum de discussion) ou formelles (insérer des commentaires, les prochaines étapes à suivre ou une note dans des documents électroniques lors d’une évaluation sommative). Les élèves peuvent-ils devenir invisibles en ligne par rapport à une classe traditionnelle?

Carolyn MacNeil-Verbakel : Dans une salle de classe, on peut avoir l’impression d’assister à une grande discussion alors que ce sont toujours les mêmes cinq élèves qui lèvent la main. Grâce à la manière dont les cours en ligne sont organisés, il y a énormément d’interaction, de clavardage et de travail en équipe. Les élèves ne peuvent pas arriver en retard et s’asseoir à l’arrière de la classe. Il est difficile de se cacher dans un environnement électronique.

Quels signes révèlent qu’un élève éprouve des difficultés?

Carolyn MacNeil-Verbakel : Toutes les semaines, mes élèves rédigent un compte-rendu réflexif de leur travail, un carnet de bord et différents travaux. Mon cours est structuré; on peut donc rapidement voir quels élèves prennent du retard. Je peux également voir quand les élèves se connectent, où ils se trouvent dans le cours et combien de temps ils y consacrent.

Rebecca Lupton : Le premier indice est souvent la difficulté à se connecter au cours. À cause de la nature autonome de l’apprentissage électronique, les élèves doivent avoir un certain sens des responsabilités, ce qui les rend assez autonomes pour se connecter par eux-mêmes. Lorsqu’un élève ne se connecte pas tous les jours, cela envoie un signal d’alarme. La difficulté à remettre les travaux formatifs ou à participer aux discussions de groupe envoie également un signal d’alarme.

Comment aidez-vous les élèves en difficulté?

Rebecca Lupton : Souvent, l’enseignant en ligne envoie un courriel directement à l’élève pour clarifier les attentes du cours. Si cela ne fonctionne pas, nous communiquons rapidement avec le conseiller en orientation de l’école où l’élève est inscrit ou avec un parent. Nous pouvons le plus souvent travailler en équipe, soit pour résoudre les problèmes auxquels les élèves sont confrontés dans leur apprentissage électronique, soit pour trouver un environnement d’apprentissage qui leur convient mieux. Parce que les élèves doivent suivre un processus d’orientation avant d’entamer un cours en ligne, nous pouvons dans bien des cas identifier rapidement ceux qui ont des difficultés et intervenir avant que les choses ne soient hors de contrôle.

Carolyn MacNeil-Verbakel : Je prends conscience des problèmes très rapidement et je communique avec l’élève par courriel ou par téléphone toutes les semaines. C’est la clé du succès : des contacts et des commentaires en temps opportun.

L’apprentissage électronique devrait-il être obligatoire?

Fini les jours de tempête – du moins pour les enfants inscrits à un conseil scolaire en milieu rural de l’Ohio.

Dans le cadre d’un projet pilote mené cette année, les écoles de la Mississinawa Valley ont donné des cours en ligne les jours où les écoles étaient fermées à cause de la météo. L’une des raisons : éviter d’avoir à reprendre plus tard dans l’année les journées annulées (s’il devait y en avoir plus de trois). Selon le surintendant du conseil scolaire, suivre des cours en ligne aidera également les élèves durant leurs études postsecondaires, où ce mode de prestation est plus courant.

Il s’agit d’un argument valable, confirment certains experts canadiens de l’apprentissage électronique. Outre la valeur intrinsèque du cours, le mode de prestation en lui-même peut être bénéfique aux élèves.

«Cela prépare les élèves au monde qui les attend», affirme Dominic Tremblay, EAO, qui a agi à titre de consultant pour l’élaboration de cours en ligne auprès de clients en Ontario.

Au collège, à l’université et sur le marché du travail, le fait de suivre des cours en ligne devient la norme. (Bon nombre d’enseignants l’ont appris au cours de leur propre formation.) Exposer les jeunes à l’apprentissage électronique peut être capital pour les préparer à réussir une fois arrivés à ces étapes de la vie.

«Je ne vois rien de mal à ce que les élèves commencent à utiliser le web 2.0 pour compléter leur apprentissage», affirme M. Tremblay.

À quel moment commencer? En tant qu’enseignant au cycle intermédiaire, M. Tremblay organisait en classe des séances de clavardage. «Il ne s’agissait pas entièrement d’apprentissage électronique, mais cela permettait aux élèves de discuter, de faire valoir leurs arguments et de se préparer à débattre par voie électronique.» Selon lui, les élèves devraient être habitués à certains éléments de l’apprentissage électronique dès l’école élémentaire, en prévision des cours complets en ligne qui se donnent au secondaire.

Tony Bates, consultant en matière d’apprentissage électronique de Vancouver, ancien enseignant et auteur du rapport Orientations stratégiques pour l’apprentissage électronique au Canada, publié en 2010 (www.contactnorth.ca/?q=fr), estime lui aussi que l’on doit adopter une approche graduelle pour introduire les élèves à l’apprentissage électronique.

«L’apprentissage électronique ne convient pas à tous les élèves et pas tout le monde ne possède l’autodiscipline et le style d’apprentissage voulus», dit M. Bates.

Selon Fernando Gomes Semedo, EAO, personne-ressource en matière d’apprentissage électronique à l’Algoma District School Board, les élèves doivent posséder des bases adéquates, dont des habiletés à l’apprentissage autodidacte, pour faciliter leur introduction à l’apprentissage électronique. «Une mauvaise gestion du temps est la principale cause d’échec des élèves qui éprouvent des difficultés», explique-t-il.

Si tous les élèves doivent, un jour ou l’autre et d’une manière ou d’une autre, apprendre par voie électronique, on doit considérer également l’importance du lieu. Kirsten Elvestad, EAO, administratrice attitrée au succès des élèves au sein du District School Board Ontario North East, révèle que certains élèves prennent d’eux-mêmes le temps de suivre leurs cours en ligne, peu importe où ils se trouvent. «Mais nous avons le plus de succès lorsque les élèves viennent le faire à l’école, selon un horaire prédéterminé et sous la supervision d’enseignants.»

Les élèves qui passent beaucoup de temps en ligne doivent apprendre que l’ordinateur ne sert pas uniquement aux jeux et au clavardage – il s’agit également d’un puissant outil d’apprentissage.

Alison Slack, EAO, coordonnatrice de l’Ontario eLearning Consortium, souligne que plusieurs États américains exigent maintenant que tous les élèves prennent au moins un cours en ligne pour obtenir leur diplôme.

«Lorsqu’ils terminent leurs études, les jeunes devraient être en mesure d’apprendre en ligne de manière indépendante», estime Tony Bates.

Planification des leçons en ligne

À quoi ressemble un plan de leçon en ligne? «Comme tous les enseignants, nous planifions nos leçons du haut vers le bas, en pensant d’abord aux objectifs à atteindre», affirme Rebecca Lupton, EAO, enseignante en ligne au Loyalist Collegiate and Vocational Institute de Kingston.

Elle ne rédige pas tout le cours à partir de zéro : le gros du matériel didactique a été conçu par des comités d’experts composés d’enseignants travaillent pour le compte du ministère de l’Éducation. Pour son cours en ligne, Mme Lupton passe en revue chaque unité et choisit les éléments qu’elle souhaite utiliser.

«Les enseignants peuvent éditer ou modifier les leçons et changer les travaux et discussions, comme ils le font en utilisant un manuel scolaire, dit-elle. Tout comme dans une salle de classe, les enseignants en ligne ont une grande marge de manœuvre pour décider de quelle manière les élèves doivent atteindre les objectifs du cours; ils peuvent adapter le processus d’apprentissage en fonction de chaque élève.»

Selon elle, le grand avantage de l’apprentissage électronique réside dans le fait que les enseignants peuvent facilement avoir recours à de nouvelles technologies et présenter de nombreux documents issus de nouveaux médias pour maintenir l’intérêt des élèves.

«Dans mon cours, nous utilisons des liens vidéo et audio, des entrevues en ligne, des blogues, des activités d’apprentissage interactives et même des jeux. Par ailleurs, les élèves qui ont un plan d’enseignement individualisé peuvent facilement intégrer à leur apprentissage en ligne les technologies d’aide auxquelles ils ont recours.»

Pour des ressources d’apprentissage électronique (créées par des pédagogues et faciles à télécharger et à modifier), visitez la Banque de ressources éducatives de l’Ontario à l’adresse ressources.apprentissageelectroniqueontario.ca.

Les élèves accordent d’excellentes notes à l’apprentissage électronique

Pourquoi l’apprentissage en ligne plaît-il aux élèves? Le blogue Innovative Educator rapporte qu’à l’occasion d’un symposium tenu en 2010 par l’International Association for K-12 Online Learning, un comité d’élèves a proposé 10 raisons.

1. Je peux me lever plus tard.

Cela peut faire penser à de la paresse, mais souvent les adolescents ne fonctionnent pas très bien tôt en matinée. L’apprentissage électronique permet aux élèves d’apprendre au moment où ils sont bien reposés et le plus alertes.

2. Je peux vivre mes passions.

Certains élèves veulent suivre des cours en ligne pour avoir plus de temps pour faire ce qu’ils aiment, qu’il s’agisse de pratiquer un sport ou de faire du théâtre, alors qu’ils ne pourraient le faire au cours d’une journée traditionnelle à l’école.

3. Je peux me concentrer sans distractions.

Avec l’apprentissage en ligne, de nombreuses distractions liées au contexte scolaire traditionnel disparaissent (p. ex., socialisation, annonces par le système de diffusion publique, camarades de classe indisciplinés), ce qui permet aux élèves de donner toute leur attention à leur apprentissage.

4. Je peux avancer à mon propre rythme.

Cela permet à certains de démontrer leurs connaissances plus rapidement et d’avancer plus vite; pour d’autres, cela permet d’avancer plus lentement et de recevoir de l’aide supplémentaire au besoin.

5. Je n’ai pas besoin de m’imposer pour exprimer mes pensées et mes idées.

L’environnement électronique est équitable. Les élèves les plus visibles ou bruyants ne sont pas les seuls à se faire entendre. Chaque élève peut commenter les messages et participer aux forums de discussion.

6. Je peux suivre des cours qui m’intéressent davantage.

Comme l’apprentissage électronique ne dépend pas de la disponibilité du personnel de l’école ni de la collectivité de l’élève, il permet d’offrir plus de choix.

7. Je peux apprendre selon un horaire qui me convient.

Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles les élèves peuvent ne pas être en mesure d’assister à des cours en classe. Grâce à l’apprentissage électronique, ces élèves ne sont plus laissés derrière.

8. Je peux poursuivre mes apprentissages malgré des problèmes de santé qui m’empêchent d’assister à des cours en classe.

Les élèves qui s’absentent fréquemment ou arrivent souvent en retard en raison de problèmes de santé, qu’il s’agisse d’une incapacité, d’une maladie ou de troubles sociaux, peuvent s’épanouir dans un environnement électronique.

9. Je peux communiquer avec mon enseignant quand j’ai besoin d’aide.

Certains élèves affirment qu’il est parfois difficile d’obtenir l’attention de leur enseignant dans une période de classe traditionnelle et que, quand ils l’obtiennent, ils ne veulent peut-être pas que toute la classe puisse les entendre. L’apprentissage électronique offre beaucoup d’occasions faciles à saisir pour communiquer en privé avec l’enseignant.

10. Je peux communiquer avec mes camarades de classe quand je le veux.

Le contexte d’une classe traditionnelle empêche parfois les élèves de communiquer entre eux; cela peut déranger le cours ou être difficile en raison de l’emplacement des élèves dans la classe. L’environnement en ligne facilite les contacts.

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