Courrier des lecteurs

Pour parler profession vous invite à écrire des lettres et des articles sur des domaines d’intérêt pour la profession. Nous nous réservons le droit d’abréger vos textes. Pour être publiée, une lettre doit comporter le numéro de téléphone de jour de son auteur. Envoyez votre texte à revue@oeeo.ca ou à Rédaction, Pour parler profession, 101, rue Bloor Ouest, Toronto (Ontario) M5S 0A1.

Excellence, obstacles et suppléance

Excellence artistique

C’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai lu l’article de Rochelle Pomerance intitulé «Haute spécialisation», paru dans le numéro de mars 2011.

Cet article souligne bien les avantages de ces programmes, d’une part pour le développement des élèves talentueux et, d’autre part, pour la sensibilisation artistique de tous les autres, le public de demain.

Mme Pomerance mentionne l’existence de programmes spécialisés à Ottawa (école secondaire catholique Béatrice­-Desloges) et à Sudbury (école secondaire Macdonald-Cartier et collège Notre-Dame). Toutefois, elle omet de mentionner le Centre d’excellence artistique de l’école secondaire publique De La Salle à Ottawa, lieu de fondation en 1983 de la première concentration artistique dans une école secondaire de langue française en Ontario et dont le rayonnement est provincial.

Un bon nombre de jeunes y ayant reçu leur formation artistique sont devenus des artistes professionnels et poursuivent maintenant des carrières nationales et internationales.

Le centre offre des spécialisations en arts visuels, en danse, en musique instrumentale, en musique vocale, en théâtre, en création littéraire et en cinéma-télévision. Il célébrera son 30e anniversaire en mai 2013.

Jean-Claude Bergeron est un enseignant à la retraite. Il est le fondateur du Centre d’excellence artistique De La Salle, dont il a été le coordonnateur de 1983 à 2000.


Obstacles à une carrière à temps plein

Quelle ne fut pas ma joie de constater que le dernier numéro «(mars 2011)» reconnaissait le travail des suppléants. Ces membres de la profession fournissent un soutien essentiel aux enseignantes et enseignants qui doivent s’absenter. De plus, l’article souligne les avantages d’un poste de suppléant.

Indirectement, l’article souligne le problème persistant de sous-emploi et de chômage auquel font face les nouveaux diplômés. Pendant plusieurs années, en tant qu’enseignante associée, j’ai ren­contré d’excellents stagiaires. Plusieurs de ces stagiaires ont trouvé du travail, mais bon nombre d’entre eux, exceptionnellement doués et talentueux, restent sans emploi. Mes collègues et moi-même aimerions donner des conseils et suggérer des stratégies aux nouveaux enseignants à la recherche d’un emploi, mais comment les rassurer et leur donner l’espoir de trouver du travail?

Les pédagogues qui ont ouvert les portes de leur classe aux stagiaires se sentent investis d’une mission. Malheureusement, les encouragements, aussi enthousiastes soient-ils, sonnent faux aux oreilles des nouveaux enseignants impatients d’amorcer leur carrière. L’espoir de réaliser leur rêve s’évanouit avec le temps. D’ailleurs, ils voient la profession d’un œil critique. Un équilibre entre enseignants chevronnés et nouveaux enseignants énergiques et enthousiastes rajeunit le milieu de travail. Un personnel diversifié permet aux élèves d’apprendre tout en étant exposés à différentes personnalités et méthodes pédagogiques.

Espérons que de nouveaux enseignants pourront joindre les rangs de notre belle et honorable profession le plus tôt possible. Le processus d’insertion professionnelle ne devrait pas les placer devant des obstacles à l’emploi quasi insurmontables.

Jse-Che Lam, EAO, enseigne à la Subway Academy II de Toronto.


Accès international

J’ai lu l’article «Transition à l’enseignement 2010» (mars 2011), faisant état de l’écart considérable du taux d’emploi entre les enseignants formés au pays et ceux formés à l’étranger.

J’ai été formée à l’étranger et je possède les qualifications requises pour enseigner en Ontario. Quand je suis arrivée dans la province, il y a 12 ans, j’ai présenté une demande d’inscription à l’Ordre. Il m’a fallu près de cinq ans pour avoir enfin l’impression d’avoir franchi la ligne d’arrivée et obtenir mon certificat de qualification et d’inscription. J’étais tellement fière que j’en ai envoyé des copies à ma famille dans mon pays d’origine.

J’étais loin de penser que c’était le début d’une longue bataille. Je possédais les qualifications requises, mais personne ne voulait embaucher une enseignante formée à l’étranger. J’ai suivi cinq cours menant à une qualification additionnelle et enseigné pendant deux ans et demi dans une école privée de Toronto. J’ai fait mes études au couvent à Bombay, capitale financière et culturelle de l’Inde. J’ai aussi fréquenté l’une des écoles de formation à l’enseignement parmi les plus prestigieuses et élitistes de la ville. Je me suis classée au premier rang de l’école et au dixième rang à ma dernière année à l’Université de Bombay.

Dans une salle de classe, je suis à l’aise comme un poisson dans l’eau. J’ai postulé à de nombreuses reprises dans des conseils scolaires publics, alors que les perspectives d’embauche étaient bien meilleures. Je n’ai jamais été convoquée à une entrevue. S’il n’y a aucun espoir pour moi, qu’en est-il des pédagogues qui n’ont pas eu ma chance? Quand l’école publique que fréquentent mes enfants a besoin de suppléants, elle fait surtout appel à des retraités. N’ont-ils pas déjà eu leur chance? Ne touchent-ils pas une rente très généreuse?

Serait-ce que les enseignants formés à l’étranger ne sont même pas réputés convenables pour faire de la suppléance? Sinon, pourquoi nous donner de faux espoirs en nous collant l’étiquette de «qualifié»? Cela n’a aucune valeur et ne signifie rien pour moi.

L’idéologie canadienne n’est-elle pas de juger les gens en fonction de leur valeur au lieu de les catégoriser? Pourquoi ne voit-on aucune manifestation de cette attitude dans notre domaine? Pourquoi ai-je rarement l’occasion de lire un article qui porte sur quelqu’un qui me ressemble dans Pour parler profession, une revue qui se dit représentative de tous les membres?

En ce moment, j’enseigne les matières de base (langue, mathématiques, sciences et études sociales) aux élèves de 5e année dans un poste à temps partiel (demi-journées, sans pause) pour moins de 1 000 $ par mois. Non seulement l’école confessionnelle privée où j’enseignais préfère-t-elle embaucher des enseignants formés au Canada, mais elle insiste pour qu’ils le soient!

Je vous écris donc cette lettre pour exprimer ma frustration et mon découragement, mais aussi pour faire réfléchir les lecteurs sur un système qui reconnaît officiellement les qualifications des enseignants (par obligation), mais refuse de les embaucher en raison de leur pays d’origine.

Salma Nakhuda, EAO, enseigne à temps partiel dans une école privée de Toronto.


Transition à l’enseignement : trop de diplômés

J’ai bien aimé l’article «Transition à l’enseignement 2010» (mars 2011). Compte tenu de la quantité de données recueillies, je me demande ce qui est fait pour régler le problème de surabondance de diplômés? Chaque année, les facultés d’éducation de l’Ontario et de l’État de New York continuent de former plus de diplômés que le système ne peut en absorber.

Ces données sont utiles dans la mesure où l’on s’en sert pour agir. J’espère que le gouvernement de l’Ontario va réduire le nombre de places dans les facultés d’éducation. Le baccalauréat en éducation exige engagement, dévouement et travail assidu. Je ne peux que sympathiser avec les 25 pour cent de diplômés de 2009-2010 qui n’ont même pas pu obtenir de suppléance, et les 20 pour cent d’enseignants encore sous-employés cinq ans après l’obtention de leur diplôme. Comment peuvent-ils rembourser leur prêt étudiant s’ils n’ont même pas de quoi se nourrir?

Nous avons laissé tomber les nouveaux diplômés, de même que les enseignants associés et les administrateurs qui travaillent si fort pour aider les stagiaires, en les privant de débouchés. En fin de compte, nous laissons aussi tomber les élèves, puisqu’ils ne bénéficient pas des récentes méthodes d’enseignement et d’apprentissage que maîtrisent les nouveaux pédagogues.

Louis Lim, EAO, est chef de la section de mathématiques à la Richmond Hill High School du York Region District School Board.


Cible ratée

J’ai bien aimé l’article «Suppléance» (mars 2011), portant sur les divers aspects de la situation que vivent les suppléantes et suppléants. Toutefois, vous avez raté la cible.

Il est vrai que les nouveaux enseignants n’arrivent pas à boucler les fins de mois et que c’est pire dans les grands conseils scolaires urbains. Mis à part le fait que les inscriptions sont à la baisse, pourquoi cette situation arrive-t-elle maintenant?

Visiblement, c’est parce qu’un grand nombre d’enseignants retraités touchant une généreuse rente font de la suppléance. Les postes qu’ils occupent privent les nouveaux enseignants, de même que les chefs de famille monoparentale, les minorités visibles et les suppléants chevronnés, d’un travail dont ils ont besoin pour vivre.

La nouvelle réglementation provinciale, qui entrera en vigueur en septembre 2012, permettra aux enseignants retraités de faire de la suppléance jusqu’à 50 jours chaque année scolaire sans que leur rente ne soit touchée (contrairement à l’ancienne réglementation qui leur permettait de faire de la suppléance jusqu’à 95 jours au cours des trois premières années de retraite et 20 jours par la suite). Cette nouvelle réglementation aura un effet mitigé : elle ouvrira plus de postes de suppléance à long terme aux non-retraités, mais ceux-ci seront privés d’occasions de suppléance à la journée.

Rappelez-vous que ces 50 jours équivalent plutôt à 69. Si l’enseignant retraité parvient à conserver son 50e jour de suppléance jusqu’au début d’un nouveau mois de l’année scolaire, il pourra enseigner un mois de plus sans pénalité.

Il faut absolument apporter des changements aux règlements du Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario afin d’accorder la priorité aux suppléants qui ne touchent pas de rente.

Barry Weisleder, EAO, est suppléant au secondaire, à Toronto.

Erratum

Marie-Louise Chartrand, membre du conseil de l’Ordre, détient un baccalauréat en sciences comptables avec mention en comptabilité de l’Université d’Ottawa, et non un baccalauréat en communication comme nous l’avons indiqué à la page 62 du numéro de mars de Pour parler profession. Nous nous excusons sincèrement de cette erreur.