de Rochelle Pomerance
Daniel Côté, EAO, coordonnateur des programmes spécialisés en arts et ses élèves de l’école secondaire catholique Béatrice-Desloges du Conseil des écoles catholiques du Centre-Est
Daniel Côté, EAO, mélange un pot de peinture pendant que ses élèves sont en train de dessiner à leur table.
«Tu ne me dessines pas un arbre ou une fleur. C’est un exercice de dessin non figuratif. Si je tapote avec mon pinceau ou avec une éponge, si je trace des courbes sinueuses, ce sont toutes des façons d’appliquer la peinture. Tu peux même prendre le bout de tes doigts.» La pièce spacieuse et colorée ressemble davantage à un studio d’artiste qu’à une salle de classe du secondaire : les œuvres des élèves sont exposées sur des chevalets; des vases, pots et urnes servant au dessin et à la peinture de natures mortes sont alignés sur les étagères; du matériel d’éclairage photographique est installé dans un coin de la salle. Des affiches d’expositions récentes, y compris une du Musée des Beaux-Arts de Montréal, que les élèves ont visité dernièrement, décorent les murs.
Cet exercice de peinture constitue une exploration de la couleur et de la texture et une préparation au concours provincial intitulé Projet vert parrainé par l’Association francophone pour l’éducation artistique en Ontario (AFEAO) et le Bureau des regroupements des artistes visuels de l’Ontario (Bravo).
L’an passé, la classe de Daniel Côté de l’école secondaire catholique Béatrice-Desloges d’Orléans, a participé au concours. Non seulement la classe a-t-elle pu exposer ses travaux dans une galerie d’art de Toronto, mais elle a aussi remporté deux prix importants!
D’après M. Côté, l’école Béatrice-Desloges s’est taillé une réputation en tant qu’école d’art, grâce à une ancienne directrice de l’école qui était convaincue que les arts sont aussi importants que les sports. Ainsi, il y a huit ans, le Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE) a demandé au personnel de l’école d’instaurer une concentration en arts, aussi appelée Programme spécialisé en arts. «Dans notre conseil, il existait des concentrations dans tous les domaines, sauf les arts.» L’étape suivante fut d’élaborer en 2006-2007 un programme pilote de majeure haute spécialisation (MHS) en arts visuels, musique et théâtre. En plus d’enseigner les arts visuels à l’école Béatrice-Desloges, Daniel Côté coordonne aussi le programme, qui en est à sa cinquième année.
Les programmes spécialisés visent à garder les jeunes à l’école.
Le ministère de l’Éducation de l’Ontario offre 18 différentes MHS dans des domaines aussi variés que l’agriculture, l’aviation et l’aéronautique, les affaires, la construction, la foresterie, l’hôtellerie et le tourisme. La majeure Arts et culture, offerte en 11e et en 12e année, inclut la danse, les arts visuels, la musique, l’art dramatique, les arts médiatiques et la production technique. Les programmes spécialisés visent à garder les jeunes à l’école en leur offrant des programmes scolaires stimulants dans des secteurs économiques ciblés et à développer leurs habiletés, intérêts et passions. Chaque majeure consiste en huit à dix cours axés sur le cheminement de carrière et est conçue pour préparer les élèves à faire la transition entre l’école secondaire et le collège, la formation en apprentissage, le marché du travail ou l’université. Les élèves ayant terminé le programme obtiennent un diplôme d’études secondaires de l’Ontario avec la mention «majeure haute spécialisation» (sous forme d’un sceau rouge), mention également inscrite sur leur relevé de notes.
À l’heure actuelle, sur ses quelque 1 000 élèves, l’école Béatrice-Desloges compte 250 élèves inscrits au programme spécialisé en arts (PSA) et 28 à la majeure Arts et culture. Les élèves du PSA suivent un cours d’art par jour, tandis que ceux qui font une majeure peuvent en avoir plusieurs. Selon la concentration de leur majeure, il peut s’agir d’un cours d’art en studio, d’une répétition de musique ou d’un cours de théâtre. Les élèves sont également tenus de suivre des programmes de formation ou d’éducation coopérative au sein de la communauté, auprès d’un conseil des arts locaux, d’une troupe théâtrale ou d’un orchestre professionnel, dans un cabinet d’architectes ou de concepteurs graphiques, ou dans une station de télévision locale. L’un des défis des enseignants du PSA est de trouver des occasions d’éducation coopérative pertinentes pour leurs élèves.
Dans le cadre de la majeure, les élèves font aussi des «expériences par anticipation» dans lesquelles ils participent à des compétitions et à des expositions dans des galeries d’art et visitent des studios d’artistes ou d’enregistrement. Musiciens, artistes et acteurs viennent également animer des ateliers à l’école et parler de leur profession. Les élèves doivent suivre des programmes de certification et de formation qui leur enseignent les compétences essentielles au secteur, notamment la réparation d’instruments de musique, le maquillage théâtral ou le bandage des pieds pour la pratique de la danse.

Patrick Tremblay (en vert), de l’École nationale de l’humour de Montréal, offre un atelier à la classe d’arts dramatiques de David Dufour, EAO, (en bleu) à l’école secondaire catholique Béatrice-Desloges d’Orléans.
Selon M. Côté, cette expérience pratique donne l’occasion aux élèves d’expérimenter de façon authentique un domaine visé et de voir s’il leur convient. En rencontrant des artistes, en faisant des stages et en suivant une formation ciblée, les élèves peuvent ainsi déterminer s’ils ont fait le bon choix de carrière et prendre des décisions en conséquence.
«À peu près tous ces jeunes vont continuer dans le domaine des arts, que ce soit en milieu de travail ou dans le cadre d’études postsecondaires. Par ailleurs, les autres vont devenir de bons consommateurs d’art, des gens qui ont compris l’importance de l’art dans leur vie, de la même manière que quelqu’un qui a toujours fait du sport ne peut plus s’arrêter s’il veut garder son équilibre. Les arts jouent le même rôle.» Il décrit le cas d’une élève qui a suivi un programme d’éducation coopérative dans un studio de conception graphique et qui s’est vite rendu compte que passer 95 % de son temps devant un écran d’ordinateur n’était pas fait pour elle. L’équipe de concepteurs graphiques avec qui elle travaillait a reconnu ses compétences et l’a orientée vers l’illustration, spécialisation dans laquelle elle passerait moins de temps devant un écran et pourrait travailler comme pigiste pour plusieurs concepteurs.
«La majeure Arts et culture est probablement l’un des meilleurs programmes en Ontario, indique Jean-Patrick, élève de 11e année qui poursuit une double majeure en arts et architecture à l’école Béatrice-Desloges. C’est rendu à un point où il y a même des gens de l’extérieur (de la région) qui viennent s’inscrire à Béatrice-Desloges parce qu’on peut suivre deux programmes d’éducation coopérative ou même plus dans différentes branches reliées à l’art pour vraiment diversifier les possibilités de domaines d’études.» Le programme est fait sur mesure pour des élèves comme Jean-Patrick qui a deux grandes passions : l’architecture, son premier choix de carrière, et le théâtre, qu’il poursuivra s’il n’est pas admis à l’école d’architecture. L’été dernier, il a fait un programme d’études coopératives dans une firme d’architectes et prévoit suivre un autre programme cette année, cette fois auprès d’une troupe théâtrale.
«La majeure apporte beaucoup plus de privilèges que la concentration. Elle me donne davantage de contrôle», déclare Julie, qui fait également une majeure en théâtre. Dans son programme d’éducation coopérative, elle consacre la moitié de la journée d’école à travailler en tant qu’adjointe administrative au Théâtre in vivo, une compagnie d’Ottawa qui explore les arts multidisciplinaires tels que le cirque, l’acrobatie, la danse, la musique, l’animation de rue et la marche sur échasses, ainsi que les contes et les légendes. L’autre moitié de la journée, elle suit des cours de théâtre et un cours préuniversitaire requis. Après l’école, elle répète avec la troupe théâtrale de l’école, La bande de la douze. Ses objectifs à long terme : «J’aimerais beaucoup travailler dans les arts, développer de la scénographie, devenir comédienne ou metteure en scène. Autrement, j’aimerais enseigner le théâtre au secondaire.»
D’après Daniel Côté, les parents voient aussi les bénéfices d’une expérience pratique en milieu de travail. Après que son fils a suivi un programme d’éducation coopérative, un père a déclaré à M. Côté : «De semaine en semaine, j’ai vu l’intérêt de mon fils se confirmer, même son vocabulaire a changé quand il parlait de son expérience de stage.» L’élève a profité de l’interaction avec des professionnels et a changé à tel point que son père l’a ressenti.
«L’expérience est significative dans la prise de décision», insiste David Dufour, EAO, qui enseigne le théâtre à l’école Béatrice-Desloges et vient juste de terminer un cours sur la création collective dans le monde des clowns. Il cite à titre d’exemple le cours que suivront ses élèves au prochain semestre – la gestion d’événements artistiques – dans lequel ils apprendront à gérer leur propre spectacle : le gala du Programme spécialisé en arts. «Ils vont tout faire du début à la fin : le concept du spectacle, l’éclairage, l’animation, les invitations, la réservation de la salle, le déroulement du spectacle. C’est une autre expérience tangible.»
Tous ne partagent pas le même enthousiasme pour une majeure Arts et culture. Certains pédagogues la qualifient d’«outil de marketing» du Ministère et des conseils scolaires, et qualifient l’étiquette de MHS de «simple jargon». Ils soutiennent que durant des années, les pédagogues ont enseigné les arts à un même niveau, offrant une gamme complète de cours éveillant le processus créatif sans les avantages de la majeure. Ces pédagogues argumentent également que les élèves de ce niveau sont encore trop jeunes pour se limiter à un seul secteur d’apprentissage, et qu’on devrait les encourager à explorer divers intérêts. Pour certains élèves talentueux dans plusieurs domaines, il peut être difficile de choisir une seule discipline. Par ailleurs, les pédagogues avancent que la majeure n’en est qu’à sa cinquième année d’existence et qu’il est trop tôt pour constater des résultats probants.
Daniel Côté croit que la majeure a vraiment fait une différence : «J’ai toujours eu des élèves qui ont suivi les programmes d’arts, mais depuis qu’on a le programme spécialisé en arts et la majeure, il y en a beaucoup plus, parce que le cheminement qu’on fait avec ces jeunes est différent», dit-il en faisant référence aux programmes d’éducation coopérative, aux «expériences par anticipation» et aux cours de compétences techniques.
La majeure profite aux élèves déjà motivés qui réussissent bien en classe.
David Dufour s’en prend également aux pédagogues qui estiment que la majeure est un outil de marketing : «Je ne suis pas d’accord. Les jeunes dans la majeure profitent d’une expérience plus approfondie.» Il cite l’exemple d’élèves, comme Julie, qui suivent des programmes d’éducation coopérative dans des compagnies de théâtre locales et prennent conscience des aspects du théâtre autres que les rôles d’acteur et de directeur. «Ils découvrent l’aspect administratif, l’aspect gestion, ils vont créer des relations dans la communauté. Ça fait partie de leur réussite personnelle et de leur réussite en tant que jeune artiste aussi. Créer des relations dès le secondaire, c’est une expérience riche à tous les niveaux.»
Puis, poursuit M. Dufour, même si ses élèves inscrits à la majeure sont doués, disciplinés et motivés, cela ne garantit pas qu’ils poursuivront des études en théâtre à la fin du secondaire. Il a une vision globale des choses. «Le théâtre, c’est une mini-société. En classe, tu apprends à travailler en équipe et avec toutes sortes de personnalités, tu développes des stratégies de groupe. Notre cours théâtral est vraiment axé sur l’individu afin de créer des personnes qui seront solides au niveau social et fières de faire partie des arts, de consommer de l’art, d’aller voir un spectacle et d’être capables de dire autre chose que “J’ai aimé le spectacle; les acteurs étaient bons”, mais d’avoir un sens critique et d’apprécier le processus de création.»

Jacques Grylls, EAO, enseignant de musique à l’école secondaire Macdonald-Cartier du CSPGNO joue avec sa classe de composition musicale, le Groupe 17, qui donne des spectacles dans les écoles et centres communautaires de la région.
M. Dufour souligne le rôle qu’a joué la majeure pour motiver des élèves à risque. Pour eux, un cours quotidien en arts visuels, en théâtre ou en musique les pousse à rester à l’école jusqu’à la 12e année et nourrit leur intérêt dans les autres cours et leur désir d’avoir de bonnes notes. «En définitive, c’est leur rayon de soleil de la journée; ça leur permet de continuer leur scolarité et d’être plus motivés dans les autres cours.» Il ajoute que la majeure profite aussi aux élèves motivés qui réussissent bien en classe. «J’ai un élève qui est extrêmement doué et performant; il a des notes incroyables dans tous ses cours. Pour lui, c’est une manière de s’évader du cadre strict des mathématiques et des sciences, de s’évader dans sa créativité, de souffler…»
L’école secondaire Macdonald-Cartier du Conseil scolaire public Grand Nord de l’Ontario (CSPGNO) à Sudbury possède une MHS en arts et culture en 9e et en 10e année, ainsi qu’un Centre d’exploration des métiers des arts de la scène (programme CÉMAS). Les élèves de ce programme sont souvent recrutés pour la majeure en arts visuels, en musique ou en théâtre qu’offre l’école. Ils prennent part à des compétitions, exposent leurs œuvres dans des galeries d’art locales et ont formé un groupe de musiciens, le Groupe 17, qui donne des spectacles dans les écoles et centres communautaires de la région. En 2010, les élèves de ce programme ont produit un catalogue haut de gamme, semblable à ceux que l’on retrouve dans les galeries d’art ou les musées, présentant les travaux des élèves inscrits à la majeure : peinture, sculpture, poésie et prose, théâtre et musique. «On prévoit du succès pour ces jeunes et on les prépare réellement!», affirme l’enseignante d’art Artina Voz, EAO. Elle ajoute qu’en choisissant la majeure, les élèves sont forcés d’étudier soigneusement leurs options entre les cours d’arts et les cours de mathématiques et de sciences, ce qui influera sur leur cheminement au collège ou à l’université.
La majeure m’a vraiment préparé pour l’université.
Une autre école secondaire de Sudbury, le Collège Notre-Dame, offre des cours en arts visuels, en arts et médias, en musique, en théâtre et en danse, quoiqu’il n’offre pas la MHS. D’après l’enseignante d’art Julie Courtemanche, EAO, ces cours ont vu le jour grâce à une ancienne directrice d’école, Sœur Rachelle Watier, femme avant-gardiste qui était convaincue de l’importance d’une éducation en arts («elle a été la première à avoir un tableau interactif dans le cours d’art!») et qui a laissé une marque indélébile dans les annales de l’école.
À la fin du secondaire, bon nombre des élèves de Mme Courtemanche poursuivent des études en arts graphiques, en animation, en architecture et en histoire de l’art. Elle a entendu dire que les pédagogues du collège Cambrian, à Sudbury, étaient impressionnés par les diplômés du Collège Notre-Dame.
«Ils disent que nos élèves sont les mieux préparés pour le programme d’arts graphiques.» Elle parle avec fierté d’un de ses anciens élèves, Elia Eliev, maintenant artiste-chercheur qui utilise sa pratique artistique en tant qu’outil de recherche pour étudier des phénomènes sociaux. Après ses études secondaires, il a obtenu un baccalauréat en arts visuels à l’Université d’Ottawa, puis une maîtrise à la Haute École d’Art et de Design de Genève, en Suisse. Il a enseigné en Finlande avant de retourner à Sudbury où il enseigne présentement à l’Université Thorneloe, en plus de poursuivre sa pratique artistique. Alors qu’il fréquentait le Collège Notre-Dame, M. Eliev a étudié les langues et la culture générale, de même que les arts visuels. Cette formation lui a permis de développer un regard critique. «Mon parcours à l’école secondaire m’a beaucoup préparé pour le genre de formation que j’ai eu en Suisse, en transdisciplinarité.» Il admet toutefois qu’un programme comme celui de la majeure lui aurait donné d’autres avantages. «J’aurais aimé avoir la chance de rencontrer un artiste ou un professeur d’art qui aurait pu m’expliquer son parcours. C’est un métier difficile; on est en compétition avec nos collègues, et c’est un domaine que les gens connaissent mal.»

Deux des élèves de la classe d’arts visuels d’Artina Voz, EAO, montrent les œuvres qu’ils ont réalisées.
De nombreuses possibilités s’offrent aux élèves qui désirent poursuivre des études en français. Techniques et gestion de la scène, et conception graphique sont deux programmes du Collège Boréal. Il existe un baccalauréat en théâtre à l’Université Laurentienne et un en arts visuels à l’Université du Québec en Outaouais, sans oublier les autres programmes offerts à Montréal, à Québec et à Moncton. Daniel Côté cite d’anciens élèves et décrit leurs parcours : à l’École nationale de l’humour de Montréal; dans le domaine du théâtre et du cinéma à Toronto; à la Cité collégiale d’Ottawa en arts visuels, en animation 3D et en techniques de son. À propos de Jérémie Lortie, ancien élève de la majeure qui étudie maintenant les arts et les sciences de l’animation à l’Université Laval, à Québec, M. Côté déclare : «Il vit une expérience incroyable, il est convaincu d’avoir trouvé sa voie et d’avoir fait les bons choix. Il s’épanouit.» M. Lortie relate avec enthousiasme son expérience à l’école secondaire catholique Béatrice-Desloges. «J’ai adoré ça; c’est une expérience qui permet d’explorer les arts et médias, l’art contemporain et l’art plastique.» Il affirme que deux programmes d’éducation coopérative qu’il a suivis en 12e année, l’un en production vidéo, l’autre en animation, ont été des facteurs déterminants dans sa décision de poursuivre ses études en art. «À Laval, les étudiants du Québec, qui avaient fait trois ans d’animation au cégep, avaient une base de plus, mais en même temps, côté artistique, côté création, côté imagination, la majeure m’a vraiment préparé pour l’université et pour tout ce qu’on peut faire en art.»
Une autre diplômée de Béatrice-Desloges, Gabrielle Porter, poursuit un deuxième semestre d’études de tuba à l’Université McGill. Au secondaire, elle a choisi le PSA au lieu de la majeure pour garder ses options ouvertes et suivre des cours de sciences et de musique. Ce n’est qu’en 11e année qu’elle a arrêté son choix sur la musique, mais il était trop tard pour passer à la majeure, choix qu’elle regrette maintenant. «Quand j’y repense, j’aurais aimé faire un stage dans un milieu musical, me concentrer dans mon art. Mais, admet-elle, le PSA lui a offert maintes possibilités, comme les mathématiques et le français par les arts, ainsi que des cliniques et ateliers en musique, et des rencontres avec des spécialistes rendant visite aux écoles.»
L’un des aspects importants de la tâche de Daniel Côté est de convaincre les parents que leur enfant pourra gagner sa vie grâce aux arts. Il donne l’exemple d’une famille dont l’un des parents est ingénieur et l’autre, comptable. Il y a une certaine réticence à l’idée que leur enfant poursuive une carrière artistique. «Quand ils comprennent que leur enfant peut étudier à l’université, faire un double baccalauréat, prendre une année de plus et faire les arts visuels et les sciences ou le théâtre et les communications, ça les rassure.» Dans les familles où il existe déjà un intérêt pour les arts, sa tâche est plus aisée. Il a remarqué qu’en général, l’attitude des gens évolue. «Il y a dix ans, les gens étaient beaucoup plus fermés; maintenant j’entends plus souvent “Je veux que mon enfant soit heureux, je veux qu’il fasse quelque chose qu’il aime.” Peut-être parce qu’ici, dans la région d’Ottawa, on a tellement parlé des épuisements professionnels dans la fonction publique, qu’ils ne veulent pas que leurs enfants passent par là.»

Julie Courtemanche, EAO, dans sa classe d’arts visuels au Collège Notre-Dame, avec un de ses anciens élèves, Elia Eliev, qui aujourd’hui poursuit une carrière artistique et enseigne à l’Université Thorneloe.
Il cite aux parents des exemples d’anciens élèves diplômés du programme d’arts de l’école Béatrice-Desloges qui travaillent maintenant dans les musées, les galeries d’art et les studios de production, qui ont décroché de bons emplois en gestion des arts dans le secteur à but non lucratif. «Je n’en connais aucun sur l’aide sociale. Tous ne vivent pas de leur art, mais certains ont d’autres emplois et s’adonnent à leur art à mi-temps, tout en étant très contents de cet équilibre dans leur vie. Je parle de tout ça aux parents.»
«Le PSA, c’est là que j’ai trouvé mon identité comme musicienne et comme artiste, déclare Gabrielle Porter. Avec mes confrères, ma “famille musicale”, on a vécu de beaux moments, de beaux voyages, de beaux festivals. À force de jouer avec eux tous les jours, quand je suis arrivée à McGill, je connaissais vraiment mon but, je savais où je voulais me rendre à la fin de mon baccalauréat.» Elle recommande chaudement un programme comme le PSA ou la majeure. «Même pour les gens qui ne veulent pas poursuivre une carrière artistique, mais simplement pour l’expérience d’avoir la beauté de l’art dans la vie!»