Cyber-profs à la rescousse

Littératie, numératie et confiance en soi

de Leanne Miller, EAO

Les enfants lisent à haute voix les mots inscrits sur les poissons qu’ils attrapent durant cette activité digne d’un camp d’été.


C’est le début de juillet et la chaleur est écrasante. Les vacances d’été viennent à peine de commencer que 170 élèves du cycle primaire, 21 enseignants, 14 étudiants-assistants rémunérés et un directeur d’école retournent en classe pour le quatrième trimestre de l’année scolaire dans huit écoles du Renfrew County District School Board qui offrent le programme Booster.

«Le programme Booster n’est pas un cours d’été, affirme le directeur Brent McIntyre, EAO. Pour les enfants, c’est un camp d’été de quatre semaines avec des activités amusantes et des jeux.»

En réalité, Booster est un programme soigneusement conçu pour un ratio moyen de cinq élèves par enseignant. Il incorpore des activités de littératie et de numératie en vue d’accroître le rendement des élèves.

Le programme en est à son vingtième été consécutif et le taux de participation cette année est parmi les plus élevés. Tout au long de l’année, la direction et les membres du personnel enseignant des 23 écoles élémentaires du conseil scolaire identifient les élèves de 1re et 2e année qui éprouvent des difficultés, surtout en littératie et en numératie.

«Notre principal objectif est d’améliorer la capacité de lecture des élèves», explique Trista Baker, EAO, une des trois enseignantes de liaison responsables du programme.

Maria Manwell, EAO, une autre enseignante de liaison, explique que la capacité de lecture d’un enfant devrait se situer au niveau 16 à la fin de la 1re année et 22 à la fin de la 2e année.

Les enseignantes et enseignants de Renfrew, comme ceux d’au moins 70 pour cent des écoles de la province, suivent l’évolution de leurs élèves au moyen de l’outil d’évaluation de la compétence en lecture, le Nelson Education’s PM Benchmark.

Les compétences en lecture des enfants qui participent au programme Booster sont habituellement inférieures à celles escomptées à leur niveau scolaire.

«Certains enfants de six et sept ans commencent à avoir une attitude négative par rapport à l’école. Les pédagogues du programme sont déterminés à renverser la vapeur, à favoriser leur réussite et à leur montrer que l’apprentissage et l’école peuvent être agréables», ajoute Mme Baker.

Les enfants ont l’impression d’être dans un camp d’été. Les parents, grands-parents ou une sœur ou un frère plus âgé déposent les enfants à 8 h 30 et reviennent les chercher à 12 h 30. Chaque semaine porte sur un nouveau thème et chaque jour commence par une activité de groupe, comme chanter autour d’un feu de camp imaginaire. Les enfants participent à des activités structurées, individuelles ou en groupes, telles la lecture partagée et guidée, les mots mémorisés de façon globale et la rédaction d’un journal intime.

Les élèves constatent leurs progrès presque immédiatement.

Mme Baker explique que la lecture guidée en tête-à-tête est l’activité quotidienne la plus importante du programme, car elle influe sur le progrès des élèves et vise à développer leur assurance et leur autonomie. Les enfants lisent un livre avec un adulte chaque jour; un enseignant ou un étudiant-assistant d’âge universitaire, formé à cette fin, indique ce que l’élève fait bien et ce qu’il doit améliorer.

«Les élèves constatent leurs progrès presque immédiatement, dit Mme Baker. Pour les enfants qui avaient de la difficulté à lire pendant l’année scolaire, c’est ultra-motivant lorsque, du jour au lendemain, ils se rendent compte qu’ils peuvent lire. Ils retournent chez eux contents et ont hâte de lire d’autres livres avec leurs parents. C’est un succès instantané et c’est l’une des raisons pour lesquelles notre programme est si efficace. Les enfants se rendent compte qu’ils progressent très rapidement.»

La lecture guidée aide les 21 pédagogues à créer un milieu d’apprentissage qui permet aux élèves de prendre des risques et de profiter de rétroaction immédiate. Elle leur permet aussi de communiquer individuellement avec chaque élève, de recueillir une foule de données, de suivre leurs progrès et de dresser leur profil pour mieux personnaliser leur apprentissage.

«La lecture guidée en tête-à-tête est une occasion en or de développer des relations élèves-enseignants qui favorisent la littératie et l’apprentissage», ajoute-t-elle.

Comme les groupes de lecture guidée sont petits, les enseignantes et enseignants sont témoins de l’enthousiasme des élèves quand le déclic se fait.

«Être aux côtés d’un élève qui finit par maîtriser un mot mémorisé de façon globale ou lire un court passage pour la première fois, c’est le sentiment le plus gratifiant pour un pédagogue», de dire Mme Baker.

Le programme Booster est intense sur le plan scolaire, mais l’important c’est de jouer et s’amuser, explique Jody Alexander, EAO, troisième enseignante de liaison. «Les enfants ne réalisent pas à quel point ils travaillent fort», affirme-t-elle.

Un parent de Pembroke a déclaré : «Au lieu de se détériorer, les compétences en lecture de mon enfant s’améliorent régulièrement pendant les vacances d’été. Il ne se plaint jamais du programme, ce qui veut dire qu’il s’amuse.»

Un autre parent a dit : «Mon fils n’a jamais aimé l’école. Pourtant, il sourit lorsqu’il va au camp Booster et me demande de ne pas venir le chercher trop tôt. Ce simple détail m’a fait plaisir. Il apprend sans même s’en rendre compte.»

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De gauche à droite : Jody Alexander, EAO; Roger Clarke, EAO, directeur de l’éducation; Brent McIntyre, EAO, directeur du programme Booster; Maria Manwell, EAO; et Trista Baker, EAO. Mmes Alexander, Manwell et Baker sont les trois enseignantes de liaison responsables du programme.

Le programme

Chaque année, les enseignantes et enseignants de liaison conçoivent le programme pour incorporer des jeux à la fois amusants et motivants qui sont rattachés à un objectif. La cohérence est vitale à l’échelle du conseil scolaire : le programme est le même à chacune des huit écoles (Deep River, Petawawa, Pembroke, Eganville, Killaloe, Cobden, Renfrew et Arnprior).

Mme Alexander décrit deux des jeux de mots mémorisés de façon globale les plus prisés.

Dans le jeu crash, les élèves ramassent des cartes où sont inscrits des mots mémorisés de façon globale. S’ils lisent correctement le mot, ils gardent la carte. Lorsqu’un élève tire une carte dont il ne peut lire le mot, il perd toutes les cartes qu’il a accumulées et doit les remettre dans le paquet. L’élève qui possède le plus de cartes à la fin du jeu gagne.

Un autre jeu fort prisé est la pêche aux mots mémorisés de façon globale, où chaque enfant à tour de rôle prend une canne à pêche et tire un mot de l’étang. L’enfant doit lire à voix haute le mot qu’il a pêché.

Les élèves adorent ces jeux, surtout les garçons, ce qui est important puisqu’ils constituent environ 60 pour cent des élèves cet été.

«Non seulement ces jeux sont amusants et motivants, déclare Mme Alexander, mais ils sont aussi une excellente façon pour les enseignants de voir rapidement si les élèves apprennent de nouveaux mots, maîtrisent ceux qu’ils savent déjà et traitent la nouvelle matière aussi rapidement qu’ils le devraient. En plus, les enfants adorent les jeux, surtout la pêche.»

Il n’y a pas que la littératie à Booster. Les enfants font aussi des activités physiques afin d’améliorer leurs aptitudes sociales au moyen d’activités structurées. Ils apprennent l’importance d’attendre leur tour et de partager la canne à pêche, par exemple, d’être patient et de se réjouir de la réussite des autres.

«Nombre de nos élèves ont vécu des difficultés scolaires et hésitent parfois à participer aux activités en salle de classe, explique le directeur, M. McIntyre.

«La réussite vient rapidement, ajoute-t-il. Ils évoluent sur le plan scolaire, mais aussi sur le plan social, ce qui est tout aussi important. Ils ont davantage confiance en eux et ont un sentiment d’appartenance, et cela se répercute sur la nouvelle année scolaire.»

La «toile d’araignée», exercice de formation de la personnalité, sert à la réflexion à la fin d’une activité ou de la journée, ou à apprendre le nom de tout le monde la première ou deuxième journée du programme. Les élèves se placent en cercle, assis ou debout. L’enseignant ou quelqu’un d’autre tient une grosse pelote de laine et dit quelque chose de positif sur l’activité, la journée ou un élève, en déroulant un peu la pelote. Ensuite, tout en tenant le bout du fil, l’enseignant lance la balle à un élève en disant son nom. À son tour, l’élève dit quelque chose de positif à propos d’un élève et lance la balle à cet élève, et ainsi de suite, jusqu’à ce que tout le monde ait participé au moins une fois. Cela forme une toile qui relie tous les membres du groupe. Les élèves apprennent à faire confiance aux autres, ils apprennent le nom de leurs camarades et apprennent à parler en bien des autres.

Mme Baker souligne l’importance des données pour le programme. Les pédagogues doivent recueillir des données précises sur chaque enfant et leur faire faire les activités dont ils ont le plus besoin.

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Les élèves sont regroupés selon leurs compétences, pas seulement selon leur niveau de lecture.

Les élèves sont regroupés selon leurs compétences, pas seulement selon leur niveau de lecture. Un enfant de niveau 4 peut être jumelé à un autre de niveau 20 s’ils ont tous les deux de la difficulté avec les terminaisons, le son des ­voyelles ou la compréhension du texte.

Mme Baker explique que les pédagogues prennent en note tous les mots que leurs élèves connaissent et ciblent certains mots mémorisés de façon globale.

«C’est l’un des avantages du faible ratio élève-enseignant, dit-elle. Il permet aussi de former des groupes d’élèves ayant des difficultés similaires et de faire des jeux-intervention ciblés.»

Mme Manwell ajoute que les enfants découvrent l’amour de la lecture et que la plupart continuent de lire tout l’été. Chacune des huit écoles offre une variété de livres que les enfants peuvent apporter à la maison pour lire le soir et les fins de semaine. «Le monde des livres s’ouvre soudainement à eux et ils l’apprivoisent», conclut-elle.

M. McIntyre déclare que presque tous les enfants ont terminé le programme avec un niveau PM supérieur à ce qu’il était au début de l’été.

Habituellement, ils s’améliorent de un ou deux niveaux, maintiennent ce niveau en août et continuent de progresser en septembre. Cette année, un enfant s’est amélioré de six niveaux. Même ceux qui n’ont pas haussé leur niveau PM se sont améliorés sur d’autres plans.

«Chaque enfant a réussi, selon M. McIntyre, grâce aux énormes efforts, à la collaboration et au professionnalisme des pédagogues, des étudiants-assistants et des enseignantes de liaison.»

Beaucoup d’enfants ont fini leur deuxième année au camp Booster avec des compétences en lecture supérieures à celles de leur niveau scolaire.

«À sa première année au camp Booster, déclare M. McIntyre, une élève de Deep River se situait au niveau 6, soit 10 niveaux sous la normale. Cette année, après sa deuxième participation au camp Booster, elle a terminé au niveau 27, soit cinq niveaux au-dessus des attentes pour son propre niveau.»

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Par le biais du jeu de la toile d’araignée, les élèves apprennent le nom de leurs camarades, mais aussi à parler en bien des autres.

Numératie en vedette

Bien que le camp Booster se concentre sur la littératie depuis de nombreuses années, on accorde désormais plus d’attention à la numératie.

Après la récréation et la collation, les enseignantes et enseignants organisent des activités de résolution de problèmes et des jeux pour améliorer les compétences en mathématiques.

Les enfants sont à même de constater leurs progrès.

Un élève de 1re année de Petawawa a dit : «J’ai appris à compter jusqu’à 100 par multiples de 2, de 5 et de 25! Avant, c’était très difficile et déroutant. Je bloquais tout le temps, mais grâce à Booster, j’y arrive!»

Un élève de 2e année de Pembroke qui en est à sa ­deuxième année au camp Booster a dit : «J’ai appris à compter par multiples de 10 et de 25. Au début, j’y arrivais parfois, mais j’oubliais; maintenant, je m’en souviens toujours.»

Un parent de Pembroke a déclaré : «J’ai remarqué un énorme changement chez ma fille depuis le début du camp. Elle ne se plaint plus des mathématiques, la matière qui lui donnait le plus de problèmes. Vous lui avez très certainement redonné confiance en elle; elle n’en avait plus du tout à la fin de l’année scolaire. C’est fantastique ce que vous faites et je recommanderais le programme à tout le monde. Beaucoup d’enfants pourraient en profiter, même ceux qui n’ont pas de difficulté à l’école, car il leur donne de l’assurance, ce qui manque à beaucoup d’enfants.»