Ian Malcolm, EAO, l’enseignant remarquable de Chilina Kennedy
de Richard Ouzounian
Souvent, l’influence d’un enseignant se manifeste de manière générale sur un élève, par un je ne sais quoi de confiance, de gentillesse ou de karma.
Mais il arrive parfois qu’un enseignant ait une influence très particulière sur la façon dont un élève envisage les choses et que cette influence le marque à jamais.
En ce qui concerne Amber Marshall, vedette de la télévision canadienne, et Dwayne Campbell, EAO, enseignant de l’école secondaire A.B. Lucas de London, c’était vraiment une question d’attitude.
Mme Marshall réfléchit à l’influence que son enseignant a eue sur elle tout en construisant des enclos pour les quelque 50 animaux qu’elle élève sur sa propriété dans la campagne albertaine. Quand on lui demande si M. Campbell a influencé sa vie, l’actrice de la série à succès Heartland, diffusée sur les ondes de la CBC, répond : «Oh oui, il m’a complètement changée. En classe, nous discutions toujours d’un mode de vie écologique et de l’importance de faire partie de la solution et non du problème. J’y pense tous les jours.
«J’élève mes propres poulets et mes propres porcs. Je les garde en santé, car ils finiront dans mon assiette.
«Alors oui, même aujourd’hui, son influence se fait sentir. C’est ce qui m’a incitée à vous appeler, en fait. J’étais en train de construire cet enclos et je me suis dit : “Je suis un peu en train de vivre ce dont nous parlions en classe”. Il est intéressant de voir que je peux me servir de ces apprentissages dans ma vie de tous les jours.»
Amber Marshall, 22 ans, a grandi à London, où elle a habité jusqu’à l’âge de 18 ans. Sa carrière l’a ensuite amenée en Alberta, où le tournage de Heartland en est à sa quatrième saison.
Il est réjouissant de voir un enseignant aussi passionné par un sujet.
M. Campbell a lui aussi grandi à London. Il a fréquenté l’Université Western Ontario, puis le Teachers’ College de London.
«Je ne suis jamais vraiment parti, dit-il en riant. Je me plais bien ici.» Amber Marshall et M. Campbell se sont connus alors qu’elle était en 11e année et qu’elle suivait le cours de 12e année en gestion de l’environnement et des ressources qu’il donnait.
«Ce cours est un peu différent des autres, explique l’enseignant. Nous faisons partie de la section de géographie; c’est d’ailleurs ce que j’enseigne à temps plein. Nous faisons donc aussi partie du domaine des sciences sociales. Nous nous intéressons aux aspects humains et nous établissons des liens entre les humains et l’environnement pour voir quels effets il a sur nous et lesquels nous avons sur lui.»
La matière du cours et la manière de l’enseigner ont immédiatement impressionné Mme Marshall.
Quand on lui demande si elle était une bonne ou une mauvaise élève, Mme Marshall répond qu’elle était probablement entre les deux. «Je n’étais certainement pas la chouchoute des enseignants, mais j’adorais ce cours. Je crois que c’est la raison pour laquelle M. Campbell a laissé une telle empreinte dans mon esprit.
«Il est réjouissant de voir un enseignant aussi passionné par un sujet. À mon avis, cela fait toute une différence. Quand l’enseignant présente la matière en disant : “Voici comment les choses se passent dans notre monde aujourd’hui; si nous agissons comme ceci, voilà les conséquences”, cela capte l’attention.
«M. Campbell s’assurait également que son cours soit intéressant et actuel en ayant recours à du matériel comme des DVD, des émissions de télé et des articles de journaux, explique Mme Marshall.
«Il regardait de nouvelles émissions de télé qui avaient un rapport avec le cours et se disait : “Voici quelque chose d’intéressant”, et il l’apportait en classe, plein d’enthousiasme à l’idée de nous le montrer, se rappelle-t-elle. Ou bien, il nous recommandait des films ou des vidéos et nous disait : “Cette vidéo va changer votre vie. Apportez-la à la maison pour la regarder.” Il s’efforçait de nous en donner plus, j’imagine.»
Dwayne Campbell est ravi du compliment. «La passion est contagieuse. En tant qu’enseignant, on motive les élèves. C’est un aspect du travail. Trouver le moyen de faire des liens entre la matière et les élèves est un élément clé.»
À l’époque où nous vivons, donner un cours sur l’environnement est probablement un moyen bien plus rapide d’établir un lien entre la matière et les élèves qu’enseigner l’algèbre, par exemple.
«De ce côté, ma tâche est certainement plus facile, admet M. Campbell. Toutefois, vous seriez étonné de voir le nombre d’élèves qui arrivent en classe avec des connaissances très limitées de leur environnement.
«Il ne faut jamais présumer des connaissances des élèves; dix ans d’enseignement me l’ont appris. En discutant avec eux d’un sujet en particulier, on découvre très rapidement ce qu’ils savent et ce qu’ils ne savent pas.»
M. Campbell croit fermement que les sorties scolaires sont un élément fondamental du processus d’apprentissage.
«Faire sortir les jeunes, surtout pour apprendre une matière comme la géographie, est tellement important. Cela permet aux élèves de vous voir sous un nouvel angle et de faire des liens entre ce que vous enseignez en classe et la réalité.
«Je ne me rappelle plus si Amber était dans ma classe la première ou la deuxième année où j’ai organisé cette sortie, mais au cours de notre module sur l’eau, nous avons fait une sortie que les élèves ont surnommée la “visite du caca”.
«On pourrait croire qu’il est difficile de convaincre des élèves de 12e année de passer une matinée à l’usine d’épuration. Mais on vend l’idée et cela pique leur curiosité. C’est même la seule sortie à laquelle tous les élèves ont toujours participé. Quand on arrive à la fin du module et que les élèves doivent expliquer les différentes étapes du traitement de l’eau, ils s’en souviennent car c’est devenu concret pour eux.»
M. Campbell était déjà persuadé, à ce moment-là, qu’Amber Marshall était une élève particulière. «Elle se distinguait par sa maturité, se souvient-il.
«Au lieu d’écrire une dissertation, je voulais qu’ils fassent quelque chose de concret. Ils devaient cerner un problème environnemental dans leur collectivité et trouver une solution. Amber, qui adore les animaux, a choisi l’étalement urbain qui empiète sur l’habitat des animaux sauvages.
Dwayne Campbell, EAO, et Amber Marshall récoltent des fonds et participent à des activités de sensibilisation pour la réhabilitation de la faune.
«Je connaissais Brian Salt, du Salthaven Wildlife Rehabilitation, alors elle est allée là-bas faire du bénévolat. Elle s’y rendait deux fois par semaine durant le trimestre pour nourrir les chevreuils, les écureuils et les huards.
«Ce qui reflète réellement la personnalité des élèves, c’est ce qu’ils font après les cours, ajoute-t-il. Et c’est là qu’Amber était différente. Quatre ans plus tard, elle vient encore assister aux assemblées de sensibilisation et elle récolte des fonds pour Salthaven. Je trouve ça extraordinaire.»
Quand on lui demande d’expliquer sa philosophie de l’enseignement, M. Campbell déclare : «Ça peut sembler étrange, mais je crois qu’il est important d’être honnête avec les élèves. Lorsqu’ils nous font confiance, ils nous accordent leur respect. Une fois que nous avons leur respect, le travail qu’ils accomplissent est étonnant.
«Dis ce que tu penses et pense à ce que tu dis.» Cette phrase, que Dwayne Campbell affectionne, résonne encore dans l’esprit d’Amber Marshall, la poussant à être plus consciente de l’environnement et à agir de manière responsable.
«D’une certaine manière, j’ai laissé savoir à M. Campbell qu’il avait eu une grande influence sur moi en lui racontant les choses que je fais maintenant et en lui disant que son cours m’a en quelque sorte encouragée, dit Mme Marshall.
«Même si je ne lui ai jamais concrètement dit : “Vous savez, vous êtes le meilleur enseignant que j’aie jamais eu”, je crois que M. Campbell sait qu’il a compté dans ma vie.»