<i>Pour parler profession</i>RubriquesChroniquesArticles de fondRessourcesAutoréglementation

Articles de fond

Le courage d'enseigner en Afghanistan

Bien que les écoles soient ouvertes, les menaces de mort persistent.

de Sally Armstrong  

Article complet 

Transition à l'enseignement : Les perles rares du marché du travail

de Gabrielle Barkany et Frank McIntyre

Article complet 

Transition à l'enseignement : Le meilleur et le pire

de Brian Jamieson et Frank McIntyre  

Article complet

Transition à l'enseignement : L'aide pour le nouveau personnel se fait attendre

de Brian Jamieson et Frank McIntyre  

Article complet

Normes révisées

de Lois Browne  

Article complet 

Nouveaux programmes pour devenir enseignant

Des étudiantes et étudiants en parlent

de Francis Chalifour

Article complet 

Revivre Vimy

Dave Robinson, enseignant de Port Perry, guide 3 600 élèves vers le lieu historique.

de Leanne Miller  

Article complet 

Nouveaux programmes pour devenir enseignant

Deux programmes de formation à l'enseignement à temps partiel visent à pallier la pénurie de personnel enseignant dans les systèmes scolaires de langue française.

de Francis Chalifour

Vous connaissez quelqu'un qui a besoin d'un nouveau défi et qui songe à changer de carrière? Cette personne rêve d'avoir sa propre salle de classe et voudrait se lancer dans l'enseignement. Mais une seule ombre se profile sur son beau tableau vert : son budget ne lui permet pas de laisser tomber son emploi pour reprendre les études à temps plein. Que peut-elle faire? Quelles options s'offrent aux personnes qui cherchent à relever les défis d'une deuxième carrière dans la profession enseignante?

Depuis 2004, l'Ordre a agréé deux programmes de formation à l'enseignement de langue française en mode alternatif, à temps partiel, pour répondre au manque d'enseignantes et enseignants dans les conseils scolaires de langue française. Ces deux programmes sont offerts par l'Université d'Ottawa (à laquelle sont affiliés le campus de Windsor et celui de Glendon) et l'Université Laurentienne. La particularité de ces programmes réside dans le fait que les étudiants peuvent obtenir une carte de compétence limitée et donc enseigner tout en finissant leur B. Éd. après avoir terminé une partie de leur programme de formation à l'enseignement.

Cette solution contribue à pallier la pénurie qui perdure dans nos systèmes scolaires de langue française. Pour être admissible à ces programmes, il faut bien sûr répondre à certaines exigences, dont détenir un baccalauréat reconnu avec une moyenne de 66 % calculée en fonction des vingt meilleurs cours d'une session ou l'équivalent, réussir l'examen de compétence linguistique, enseigner dans une école de langue française de l'Ontario en vertu d'une permission intérimaire ou encore vouloir obtenir la qualification nécessaire pour enseigner en vue d'une deuxième ou d'une troisième carrière.

(Photo)

Donald Albert, étudiant à la faculté d'éducation de l'Université Laurentienne

Ces programmes demandent un certain courage car ils peuvent être très chargés. Il n'est pas rare de voir des étudiants, au départ très motivés, décrocher dès la fin du premier trimestre. En effet, non seulement nombre de ces étudiants ont des responsabilités familiales importantes et un travail à temps plein, mais ils doivent en plus suivre les cours et les stages prévus dans le cadre du programme, ainsi que s'acquitter des lectures, recherches et autres devoirs requis pour leurs études.

Donald Albert, inscrit à la faculté d'éducation de l'Université Laurentienne et père de trois enfants entre 13 et 21 ans, est d'avis que le programme est très chargé. «Vingt-quatre heures dans une journée, c'est peu, car en plus de suivre le programme, on doit bien sûr corriger les tests, participer à des activités parascolaires, préparer les cours, faire les bulletins, sans oublier les stages qui ne sont pas de tout repos, non plus sans oublier notre famille!, explique-t-il. Vous savez, parfois on n'a pas le choix, mais j'ai tout de même apprécié la possibilité de faire de la formation à distance pour obtenir la qualification requise. Il faut aussi savoir garder un équilibre dans la gestion de son temps.» Paula Xavier, inscrite au même programme, abonde dans le sens de M. Albert : «En général, c'est une charge qui est très lourde. Le temps personnel est très limité pendant ces deux années. Ce n'est pas toujours facile, mais comme je suis une personne très organisée, je me fixe un horaire et j'y tiens. Chaque jour, sauf le dimanche, je prévois du temps pour mes cours et mes devoirs.»

«Comme je suis une personne très organisée, je me fixe un horaire et j'y tiens.»

(Photo)

Michel Démoré, coordonnateur du B. Éd. alternatif à la faculté d'éducation de l'Université Laurentienne

Michel Démoré, coordonnateur du B. Éd. alternatif à l'école des sciences de l'éducation de l'Université Laurentienne, Claire Maltais, directrice du programme de formation à l'enseignement de la faculté d'éducation de l'Université d'Ottawa, et Lorraine Eaglesham, directrice à l'école secondaire Étienne-Brûlé de Toronto, s'entendent eux aussi pour dire que les étudiants ont plus de chance d'apprécier le programme et de réussir leurs études s'ils s'engagent, s'informent en détail sur les attentes et savent comment planifier leur temps. Comme l'indique M. Démoré, «La charge de travail est en quelque sorte déterminée par l'Ordre, qui accrédite nos programmes de formation à l'enseignement. Nous ne pouvons diluer le programme parce que ces personnes ont choisi de travailler en même temps qu'elles poursuivent leurs études. Comme elles auront la même carte de compétence que les autres étudiants à temps plein, on doit s'assurer de garder la même qualité de formation que le cours régulier.»

La décision de créer ce programme fait suite en partie à la pénurie d'enseignantes et enseignants francophones qualifiés et certifiés en Ontario. Quelles autres solutions pourrait-on envisager pour palier à cette pénurie? Mme Eaglesham a quelques idées là-dessus : «Tout d'abord, il faudrait que le salaire tienne compte du coût de la vie de la région dans laquelle l'enseignant travaille; en ce sens, c'est plus cher de vivre à Toronto qu'à Sudbury. Pour les étudiants du bac en éducation à temps plein, il faudrait les encourager à rester en Ontario en leur accordant une année ou deux d'expérience s'ils ont déjà enseigné dans nos écoles au cours de leur formation à l'enseignement».

«Les étudiants de ce programme ont l'avantage de côtoyer pendant plus longtemps des enseignants sur le terrain qui ont un bagage incroyable de connaissances et d'expérience dans la profession.»

(Photo)

Lorraine Eaglesham, directrice à l'école secondaire Étienne-Brûlé de Toronto

Selon Mme Eaglesham, les étudiants de ce programme ont l'avantage de côtoyer pendant plus longtemps des enseignants sur le terrain qui ont un bagage incroyable de connaissances et d'expérience dans la profession. M. Démoré est bien d'accord. Il pense que les candidats sont mieux préparés à assumer leur tâche en enseignement puisqu'ils auront la chance d'apprendre la théorie et de la «tester» le lendemain même dans leur salle de classe. Quant à Mme Maltais, elle va encore plus loin dans ses commentaires : «Oui, ils seront prêts, mais ils devront continuer à se perfectionner. Les conseils scolaires et le FARE ont mis sur pied plusieurs ateliers de formation visant à aider les nouveaux enseignants.»

Deux ans, c'est bien jeune dans la vie d'un programme de cette importance et on en note encore les points forts et les améliorations potentielles. «Il serait bien qu'à la fin de notre programme, on sorte avec des outils concrets, mais surtout des outils applicables dans notre salle de classe. Trop souvent, les cours sont abstraits et il est difficile de les relier à la réalité de tous les jours», dit M. Albert. En ce qui concerne la reconnaissance des acquis, il ajoute qu'il aimerait que l'on explore la possibilité de reconnaître davantage les expériences connexes des nouveaux candidats. Mme Xavier, elle, s'inquiète des délais. «Quand on a une question à poser au professeur, on doit s'attendre à ce qu'il ne réponde pas tout de suite comme dans une salle de classe. Cela peut prendre plusieurs jours. Entre-temps, on doit s'assurer de ne pas gaspiller son temps à attendre, mais continuer le travail en attendant la réponse. Heureusement, on peut communiquer avec le reste de la classe et parfois obtenir de l'aide autrement.»

«Chaque jour, sauf le dimanche, je prévois du temps pour mes cours et mes devoirs.»

(Photo)

Paula Xavier, étudiante à la faculté d'éducation de l'Université Laurentienne

Selon Claire Maltais, le programme possède des avantages importants. «Il permet aux étudiants d'obtenir une formation universitaire de qualité, de se qualifier tout en continuant d'occuper un emploi et de suivre les cours à l'aide des nouvelles technologies (ce qui minimise le besoin de déplacement). De plus, les sessions les plus intensives se donnent pendant les mois de juillet et août alors qu'ils ne sont pas en classe. Finalement, ils peuvent effectuer leur stage dans la classe qu'ils enseignent déjà s'ils bénéficient d'une permission intérimaire. Quant à ceux qui ne travaillent pas ou qui occupent un emploi dans un autre domaine que l'enseignement, la faculté d'éducation les aide à trouver un placement dans une école», dit-elle. En tant que directrice d'école, Mme Eaglesham trouve que le programme facilite le processus d'embauche : «L'atout de ce programme est de pouvoir, dans plusieurs cas, observer l'étudiant à l'œuvre et de juger de son potentiel en tant que futur enseignant. Cela étant dit, le programme pourrait aller encore plus loin et prévoir que l'étudiant possède tout le matériel requis dès le début du cours.»

Enfin, si c'était à refaire, les étudiants s'inscriraient-ils au programme en mode alternatif? D'après Claire Maltais, ils disent que oui sur toute la ligne : «Nous avons comme mandat de desservir la population de langue française en milieu minoritaire et ce baccalauréat contribue à la formation d'enseignants pour ce milieu». Michel Démoré avoue lui aussi que, si l'expérience était à recommencer, il contribuerait une fois de plus au programme car il répond à un besoin réel, le taux de satisfaction est très élevé et la demande reste forte pour chaque cohorte. Paula Morris, également étudiante en enseignement, ajoute : «Certainement. Ma situation personnelle ne me permettait pas de prendre une année sans solde pour suivre le programme régulier en salle de classe. Mais, ce qui rend le tout possible, c'est quand je prends un moment pour penser à la raison pour laquelle j'ai voulu suivre ce programme. Ce qui me pousse est le désir intense qu'un jour, j'aurai le privilège d'être enseignante auprès des enfants. Quel honneur!»

«Nous avons comme mandat de desservir la population de langue française en milieu minoritaire.»

(Photo)

Claire Maltais, directrice du programme de formation à l'enseignement de l'Université d'Ottawa

Il est donc possible pour ceux et celles qui rêvent d'enseigner de suivre l'un des programmes de formation accrédités par l'Ordre. En effet, les modèles en éducation ne manquent pas de nous inspirer et de donner à ceux qui le désirent le goût de poursuivre une carrière dans le merveilleux monde de l'enseignement.


Francis Chalifour enseigne l'éducation physique à l'école secondaire Étienne-Brûlé de Toronto. En plus d'avoir écrit des articles pour Maclean's, The Toronto Star, The Walrus Magazine, La Presse et Le Devoir, son roman After (McClelland & Stewart, 2005) a été nominé au Prix du Gouverneur général du Canada et traduit en français sous le titre Le Fils du pendu. Chalifour travaille maintenant sur un troisième roman dont l'un des thèmes principaux est l'intimidation à l'école secondaire. M. Chalifour est membre de l'Ordre depuis maintenant six ans.