Transition à l'enseignement
2006
Les perles rares du marché du travail
À l'heure actuelle, si vous êtes formé pour
enseigner en français dans un conseil scolaire de langue
française ou anglaise, vous êtes une perle rare en
Ontario.
de Gabrielle Barkany et Frank McIntyre
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L'étude de l'Ordre sur la transition à l'enseignement
révèle que si vous venez de terminer votre formation à l'enseignement
et que vous pouvez enseigner en français, vous avez bien plus
de chances d'obtenir votre premier poste régulier dès la
sortie de la faculté que tout autre nouvel enseignant en Ontario.
Les personnes capables d'enseigner en français, ainsi que les
nouveaux diplômés qui se spécialisent en mathématiques,
en physique, en chimie et en études technolo-giques, que ce soit
en français ou en anglais, sont les plus en demande aujourd'hui.
Sept diplômés des programmes de langue française
sur dix ont déclaré avoir décroché un poste
régulier comparativement à moins de la moitié de
ceux des programmes de langue anglaise. Quatre-vingt-dix-huit pour cent
des diplômés des programmes de langue française ont
rapporté avoir occupé un poste durant l'année scolaire
2005-2006, tandis que la proportion s'élève à 92
pour cent pour leurs homologues des programmes de langue anglaise.
Sous-employés
L'étude révèle que plus d'un diplômé des
programmes de langue anglaise sur quatre a dit ne pas avoir enseigné autant
qu'il l'espérait durant l'année suivant l'obtention du
diplôme, contre un diplômé des programmes de langue
française sur dix.
Les enseignantes et enseignants de langue française ont un peu
plus de chance de décrocher un premier emploi régulier
dans la région du Grand Toronto que dans toute autre région
de la province. Près de neuf répondants sur dix ont déclaré y
avoir trouvé un poste régulier sans compter ceux qui peuvent
enseigner en français et qui ont décroché un poste
régulier dans cette région.
D'autres régions jouissent d'un marché de l'emploi solide
en enseignement, puisque deux diplômés des programmes de
langue française sur trois ont décroché des emplois
réguliers durant leur première année de carrière.
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Priscille Desrochers enseigne les mathématiques
et la musique de la 9e à la 12e année à l'école
secondaire catholique Sainte-Marie de Woodstock.
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On retrouve davantage de sous-emploi dans l'est de l'Ontario où un
quart des enseignants en première année déclarent
qu'ils n'ont pas trouvé autant de travail qu'ils l'auraient voulu
durant l'année, comparé à 5 % des enseignants
du Grand Toronto et à 3 % dans le sud-ouest de l'Ontario.
Il y a une telle demande d'enseignantes et enseignants francophones
et bien que les élèves fréquentant les conseils
scolaires de langue française représentent 5 % de
la population estudiantine en Ontario, 20 % des demandes de permissions
au ministère de l'Éducation pour embaucher des personnes
n'ayant pas l'autorisation d'enseigner proviennent de ces conseils scolaires.
Ces permissions permettent à un conseil scolaire d'employer,
pendant au plus un an, des personnes qui ne sont pas qualifiées
pour enseigner, si la ministre de l'Éducation est persuadée
qu'il est impossible de trouver des membres de l'Ordre pour le faire.
Pénurie pour le français langue seconde
En Ontario, plus d'un million des deux millions d'élèves
des conseils scolaires de langue anglaise sont inscrits à des
programmes de français de base, de français intensif ou
d'immersion française. Pour répondre à leurs besoins,
les enseignantes et enseignants de français langue seconde sont
en forte demande.
Sept enseignants de français langue seconde sur dix au palier élémentaire
dans les conseils scolaires de langue anglaise occupent des postes réguliers
avant la fin de leur première année d'enseignement. Seulement
trois membres du personnel enseignant sur dix détenant d'autres
qualifications ont eu la même chance dans les conseils scolaires
anglais.
«Au cours des dix dernières années,
le nombre annuel de personnes n'ayant pas les qualifications requises
qui se sont retrouvées à enseigner le français
langue seconde a augmenté de façon radicale.»
Les conseils scolaires se débattent pour trouver du personnel
enseignant qualifié en français langue seconde. Au cours
des dix dernières années, le nombre annuel de personnes
n'ayant pas les qualifications requises qui se sont retrouvées à enseigner
le français langue seconde a augmenté de façon radicale.
L'Ordre a émis 719 appro-bations temporaires pour l'enseignement
du français langue seconde dans les conseils anglophones au cours
de l'année scolaire 2005-2006, deux fois plus qu'il y a cinq ans.
Les conseils scolaires demandent des approbations temporaires quand
ils désirent affecter un membre en règle de l'Ordre à un
poste pour lequel il n'a pas les qualifi-cations requises.
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Clément Ruracenyeka enseigne l'éducation
physique de la maternelle à la 3e année, ainsi que
le programme d'actualisation linguistique du français en
maternelle et au jardin d'enfants à l'école élémentaire
Renaissance de Burlington.
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En raison de la pénurie incessante, la tentation d'être
moins exigeant relativement aux qualifications en français devient
une réalité. Nombre d'enseignantes et d'enseignants en
première année de carrière ont dit avoir été affectés à un
poste comportant des classes de français langue seconde simplement
parce qu'ils pouvaient parler français et que les postes à combler
n'intéressaient pas les enseignants d'expérience. «Le
fait que je parle français ne fait pas de moi un enseignant de
français qualifié», nous a-t-on confié.
La pénurie est telle que certains suppléants qui ne parlent
pas français se retrouvent à enseigner dans des classes
de français.
«On m'offre souvent de remplacer des enseignants de français
de base. Et j'accepte, même si je ne parle pas français»,
a avoué une autre personne.
Pas de tendance définie
Au cours des quelques dernières années, on n'a pas remarqué de
tendance définie au sujet du nombre d'enseignants qualifiés
en français. Bien que les inscriptions dans les programmes de
langue française aient augmenté en 2005-2006 comparativement à l'année
précédente, cette augmentation fait suite à une
baisse qui a duré deux ans, et les inscriptions pour 2006-2007
ne sont pas équivalentes à celles de 2003-2004.
Malgré quelques améliorations au chapitre du nombre de
places disponibles dans les programmes de formation à l'enseignement
en français, comme le programme à temps partiel et celui
offert sur plusieurs semestres à l'Université Laurentienne
et à l'Université d'Ottawa, rien n'indique clairement que
l'intérêt pour la profession augmente au sein de la communauté francophone.
«Le fait que je parle français ne fait
pas de moi un enseignant de français qualifié.»
Tandis que l'on n'arrive pas à combler la demande d'enseignants
qualifiés en français dans tous les conseils scolaires,
ceux de langue française doivent être d'autant plus concurrentiels
afin d'attirer et de garder leur personnel. L'étude révèle
qu'un quart des diplômés des programmes de langue française
travaillent dans des conseils scolaires anglais, dans des écoles
privées ou à l'extérieur de l'Ontario.
Le recrutement ciblé jouera un rôle clé pour contrer
la pénurie actuelle et persistante, et ce, malgré la baisse
générale du besoin de nouveau personnel enseignant dans
les systèmes de langue anglaise.
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Lilika Vretou enseigne au jardin d'enfants à l'école élémentaire
Pierre-Elliott-Trudeau de Toronto.
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Les facultés d'éducation de langue française, les
conseils scolaires et le ministère de l'Éducation ont tout
intérêt à promouvoir l'enseignement comme carrière
gratifiante au sein de la communauté francophone.
Les personnes qui recrutent les étudiantes et étudiants
dans les programmes de formation à l'enseignement de langue française
et en français langue seconde doivent exprimer clairement que
le marché de l'emploi dans ce domaine en Ontario demeure très
dynamique.
Dans cet article
Enseigner en français signifie enseigner n'importe quelle
matière en français, que ce soit dans les conseils scolaires
de langue française dans les programmes d'immersion, de français
intensif ou de français de base dans les conseils scolaires de
langue anglaise.
Enseigner le français langue seconde signifie enseigner
des compétences linguistiques en français à des
personnes qui ne parlent pas le français. Le français langue
seconde n'est enseigné que dans les systèmes de langue
anglaise, que ce soit en immersion, en français langue seconde
ou comme option dans le curriculum régulier.
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