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Revivre Vimy

Dave Robinson, enseignant de Port Perry, guide 3 600 élèves vers le lieu historique.

de Leanne Miller  

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Revivre Vimy

Chaque année, les enseignantes et enseignants d'histoire s'efforcent d'aider une nouvelle fournée d'élèves de 15 ans à comprendre les facteurs sociopolitiques ayant mené de jeunes Canadiens à peine plus âgés qu'eux à participer à la «guerre qui mettrait fin à toutes les guerres», où 66 000 compatriotes ont trouvé la mort et 173 000 ont été blessés «pour Dieu et l'Empire.»

L'une des solutions proposées par Dave Robinson, enseignant à l'école secondaire de Port Perry, est «l'enseignement expérientiel».

de Leanne Miller

 

Certains affirment que la bataille de la crête de Vimy a donné naissance à notre pays. Dave Robinson espère que, 90 ans plus tard, un périple à destination de ce lieu historique fera renaître à une compréhension à la fois profonde et durable de cet événement chez ses élèves.

Directeur du programme d'histoire du Canada et du monde à l'école secondaire Port Perry du Durham District School Board, M. Robinson donne le cours obligatoire d'histoire du Canada du XXe siècle au moins une fois par année d'aussi longtemps qu'il s'en souvienne. Il adore chaque minute de son travail. Ni son enthousiasme ni son engagement n'ont fléchi au fil des ans.

M. Robinson croit que pour motiver les élèves, il faut leur proposer des expériences authentiques riches en conséquences. C'est ce qu'il a découvert, il y a plusieurs années, au moment de participer à l'élaboration d'un programme destiné aux élèves à risque. M. Robinson a demandé à ses élèves d'organiser la parade du père Noël de Port Perry.

«Les élèves devaient trouver des commanditaires, retenir les services de fanfares et encourager les membres de la collectivité à créer des chars allégoriques – ou se trouver devant une conséquence très réelle, celle de décevoir les milliers d'enfants venus se ranger le long du trajet de la parade. Ces conséquences, de concert avec les efforts des élèves, ont renforcé l'apprentissage en classe.» La parade a connu un succès retentissant, et M. Robinson et ses élèves – provenant de programmes théoriques et appliqués, et regroupant des élèves à risque – ont continué sur leur lancée.

Grâce aux ordinateurs, les élèves d'aujourd'hui peuvent simuler la bataille historique de leur choix. De plus, en regardant des films et des émissions télévisées connus – comme Il faut sauver le soldat Ryan et Frères d'armes – ils s'imprègnent de la brutalité et des sacrifices qu'impose la guerre.

Cela dit, M. Robinson estime qu'une perspective canadienne est importante. «Les élèves savent que leurs grands-pères et arrière-grands-pères ont été soldats, et bon nombre d'entre eux désirent comprendre cet engagement émotionnel qui s'inscrit dans leur patrimoine familial.»

M. Robinson offre aux élèves l'occasion d'acquérir une perspective individuelle en marchant sur le no man's land et dans les tranchées, en visitant les cimetières de la Première Guerre mondiale en France et en Belgique, et en escaladant la crête de Vimy.

Au mois d'avril, M. Robinson dirigera une délégation canadienne composée de quelque 3 600 élèves du secondaire, de 200 parents, d'un corps de cornemuses et de 360 superviseurs en Angleterre, en Belgique et en France. Sur place, ils retraceront les pas des soldats canadiens pendant la Première Guerre mondiale et prendront part à des cérémonies commémoratives à l'occasion du 90e anniversaire de la bataille de la crête de Vimy.

Cette bataille recèle une signification particulière pour les Canadiens, car des soldats venus d'un bout à l'autre du pays ont uni leurs forces, élaboré des plans minutieux et – pour la première fois sous la tutelle d'un officier supérieur canadien – réussi là où d'autres forces alliées avaient échoué, soit prendre d'assaut la crête de Vimy pour conquérir ce bastion longuement défendu par les Allemands.

Cette victoire coûteuse, qui a fait 3 600 morts et plus de 7 000 blessés en quatre jours, a incité le brigadier-général canadien A.E. Ross à déclarer : «En ces quelques minutes, j'ai été témoin de la naissance d'un pays.»

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«La logistique d'un voyage de cette ampleur est très complexe.»

Le Monument commémoratif du Canada à Vimy surplombe le site où les Canadiens ont combattu. Sa partie supérieure – qui représente la paix – se dresse au-dessus de la plaine, 110 mètres plus bas. Sur ses murs est gravé le nom de 11 285 soldats canadiens tués en France pendant la guerre dont le lieu de repos final demeure inconnu.

Ce monument fait actuellement l'objet d'un projet de restauration de 20 millions de dollars. Une cérémonie commémorative sera télévisée dans tout le pays le 9 avril 2007. Parmi les dignitaires devant être présents, notons la reine Elizabeth, les premiers ministres du Canada et de l'Angleterre, et le président de la France. Plus de 3 600 élèves, dont la majorité font partie du voyage coordonné par M. Robinson, y assisteront aussi. Appelés à y jouer un rôle clé, ces élèves porteront la réplique d'une chemise de l'armée canadienne arborant le nom d'un soldat tué pendant la bataille.

Le nombre d'élèves est significatif. À l'automne de 2006, chaque élève participant a effectué des recherches sur les antécédents de l'un des quelque 3 600 soldats canadiens tués pendant la bataille et a créé un enregistrement de leurs découvertes. Dans la mesure du possible, Nancy Hamer Strahl, collègue de M. Robinson, a mis les élèves en contact avec un membre de la famille du soldat tué.

Les élèves ont fait appel à divers médias pour présenter leur projet dans le cadre d'un devoir régulier en histoire. On scellera dans une capsule les copies papier du projet et les cédéroms renfermant des anecdotes, des images, des enregistrements sonores et des films. Ces projets seront aussi exposés au Centre éducatif de Vimy.

Parmi les autres faits saillants du voyage, citons une visite guidée de Londres, la traversée de la Manche, une visite sur les plages de Dieppe et de la Normandie, un séjour en Belgique pour voir le Champ d'honneur et assister à la cérémonie de la Dernière sonnerie à la Porte de Menin, à Ypres, et une visite à Paris.

Seront du voyage des élèves de la majorité des 20 écoles secondaires de Durham ainsi que du Kawartha Pine Ridge District School Board, un conseil scolaire avoisinant, et d'ailleurs en Ontario. On retrouvera aussi des élèves et des enseignants de la Colombie-Britannique, de l'Alberta, du Manitoba, du Québec, de la Nouvelle-Écosse, de Terre-Neuve, du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest.

Julian Hall, enseignant à l'école secondaire St. Mark de Manotick, coordonne le voyage pour les 14 écoles secondaires de l'Ottawa-Carleton District School Board. Il estime à 300 élèves et 40 enseignants le nombre de participants.

«La logistique d'un voyage de cette ampleur est très complexe et le souci du détail de Dave est évident dans sa planification méticuleuse, déclare Michael Barrett, président du Durham District School Board, qui fera le voyage en compagnie de sa fille de 17 ans, Meagan. C'est un peu comme coordonner la mobilisation des soldats volontaires des petites villes du Canada en 1914 et 1915.»

Ce voyage permettra à M. Barrett de faire un lien avec son passé. Son arrière-grand-père, Alfred Barrett, a lutté à Vimy et a survécu, pour être tué au combat en août 1918. «Ce voyage représentera aussi un pèlerinage personnel pour Meagan et moi, explique-t-il. Bien que je sois déjà allé à Vimy et que j'aie déposé des fleurs sur la tombe de mon arrière-grand-père, Meagan s'y rendra pour la première fois.»

M. Barrett est enthousiaste à l'égard de l'importance des efforts de M. Robinson pour la communauté scolaire. «Les élèves et leurs parents sont chanceux de compter un tel visionnaire parmi les membres de leur système scolaire. Ce voyage reflète les efforts d'une équipe dévouée d'enseignantes et d'enseignants, et concrétise les rêves d'un homme qui transmet à nos élèves – nos enfants – que l'histoire, ce n'est pas que des mots dans un livre, mais une partie vivante de nos expériences d'aujourd'hui.»

Janice Gilmour, son mari Michael et leurs trois enfants figurent parmi les participants à ce voyage.

«Je ne sais pas à quoi m'attendre, admet Mme Gilmour. J'en ai peu appris sur la Première Guerre mondiale à l'école et je n'avais jamais entendu parler de Vimy. Mais ma fille Kirsten étudie cette guerre avec Mme Hamer Strahl et, lorsqu'elle rentre à la maison, elle parle des horreurs de la vie dans les tranchées pour ces braves jeunes soldats. C'est fascinant. Je crois que personne d'entre nous ne verra le jour du Souvenir de la même façon après notre visite à Vimy.»

Leslie McGuiness a entendu parler de Vimy l'an dernier, en 10e année. «Ce voyage concrétisera nos lectures et je suis certaine qu'il sera fantastique.»

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«Tous les élèves devraient avoir l'occasion de voyager à l'étranger.»

M. Robinson croit fermement que tous les élèves – pas seulement ceux qui en ont les moyens – devraient avoir l'occasion de voyager à l'étranger. C'est pourquoi il consacre autant d'efforts aux levées de fonds qu'à la planification des excursions. Le coût de ce voyage s'élève à 3 416 $ pour les élèves et 3 749 $ pour les adultes.

Depuis le mois d'avril 2006, M. Robinson envoie des courriels bimensuels pour faire le point sur les initiatives de recrutement et de levée de fonds. Il y annexe des photos et des faits historiques visant à informer les destinataires et à stimuler leur intérêt. Il estime que 10 000 personnes d'un bout à l'autre du pays lisent ces missives.

À l'instar de bon nombre des enseignants participants, M. Robinson coordonne des levées de fonds locales et organise des conférences mensuelles: «Grâce à la bienveillance et à la générosité de certains des meilleurs écrivains, chercheurs et vétérans du Canada, nous sommes en mesure d'organiser des soirées d'histoire fascinantes.»

Julian Hall et les élèves de l'école secondaire St. Mark ont décidé de lever des fonds en organisant une marche symbolique sur Vimy le jour du Souvenir de 2006. Tous les élèves participant au voyage ont recueilli des commandites et marché de Manotick au Musée canadien de la guerre à Ottawa en l'honneur des vétérans. En avril, tous ces efforts porteront fruit quand des élèves d'un bout à l'autre du pays feront le voyage scolaire de leur vie. Ils en reviendront sans doute avec un bagage de souvenirs personnels à même de leur rappeler l'importance des événements d'il y a 90 ans.


Le compte à rebours vers Vimy 2007 est amorcé. M. Robinson planifie aussi d'autres voyages avant sa retraite en juin 2009. Le voyage Hands across the Generations – Remembrance in Korea and Japan – est prévu pour 2008.

Bien que le groupe de M. Robinson soit le plus imposant, de nombreux autres voyages d'élèves à Vimy sont prévus au printemps. Maintes compagnies offrent des forfaits pour les élèves et le personnel enseignant.


Les images de la bataille de Vimy, de la crête de Vimy et du Monument commémoratif du Canada à Vimy sont publiées avec la permission d'Anciens Combattants Canada.

Campagne nationale de levée de fonds

Des initiatives de levée de fonds pour cet ambitieux projet de voyage incluent une campagne d'une année complète auprès d'entreprises d'un bout à l'autre du pays et la tenue d'événements locaux.

M. Robinson a été soucieux d'obtenir le soutien financier des entreprises pour des aspects importants du voyage allant au-delà des frais de déplacement et de logement.

«Pour tenir compte des enjeux de sécurité et s'assurer que nos élèves représentent les jeunes du pays», M. Robinson réunit des fonds pour acheter des vestes et des chapeaux saisonniers permettant de repérer facilement les élèves qui participeront au voyage.

«Nous voulons montrer que nous sommes fiers du prestigieux patrimoine militaire de notre pays.»

M. Robinson cherche à obtenir des dons d'ordinateurs portatifs pour chaque autobus afin que les élèves puissent afficher chaque jour des photos dans leur site web. Il prévoit aussi obtenir des téléphones cellulaires internationaux et du temps d'antenne interurbain pour permettre aux élèves de partager leur expérience avec leur famille et leurs camarades de classe.

Craig Burch, directeur du Durham District School Board, admire le dévouement de M. Robinson. «Les efforts que Dave déploie pour recueillir des fonds et planifier ce voyage vont bien au-delà des tâches régulières d'un enseignant. Il est déterminé à permettre aux élèves n'ayant pas les moyens de vivre de telles expériences de participer à ce voyage.»

Cette campagne nationale inclut un tirage au sort pour gagner des objets souvenirs de la Première Guerre mondiale, un marchethon, un patinothon, une vente de bric-à-brac massive dans plusieurs écoles, un lave-auto communautaire à Port Perry, des conférences d'histoire bimensuelles, des pièces de théâtre, une soirée de gala et plus encore.

M. Robinson a également coordonné le don et la vente aux enchères d'une motocyclette baptisée Birth of a Nation (Naissance d'une nation) offerte en don par la boutique Cranked Customs de Port Perry (www.crankedcustoms.com). Conçue sur mesure, cette moto évaluée à plus de 40 000 $ porte des scènes du Monument commémoratif du Canada à Vimy et de la bataille de la crête de Vimy, et est décorée de médailles de la Première Guerre mondiale. Elle sera vendue aux enchères sur eBay de la mi-janvier au début de mars.

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Le lave-auto de Port Perry en octobre était l'une des nombreuses activités, locales et nationales, pour ramasser des fonds servant à couvrir les frais du voyage.