Le nouveau monde de l’enseignement
Une vague d’enseignants innovateurs émerge des programmes
de formation à l’enseignement d’infrastructure technologique
de Gabrielle Barkany
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«Si vos élèves en savent plus que vous, accrochez-vous!
Ils profiteront de la situation, affirme Parand Ghaemi, enseignante de
sciences à l’école secondaire Bramalea. De nos jours, les élèves
grandissent avec des jeux vidéos. Ils sont à l’aise avec
les ordinateurs et, dans bien des cas, ils sont même meilleurs
que les enseignants.»
Mme Ghaemi a récemment terminé sa formation à l’Institut
universitaire de technologie de l’Ontario (IUTO), s’attardant principalement à l’enseignement
des sciences, des mathématiques et de l’informatique aux cycles
intermédiaire et supérieur.
«Mes connaissances technologiques me permettent d’enseigner d’une
façon qui intéresse les élèves et cela m’aide
aussi à mieux gérer ma classe.»
L’IUTO est la première université de la province axée
sur les ordinateurs portatifs. Les étudiants payent 1 500 $ pour
louer l’un des derniers modèles portatifs d’IBM qui leur permettra
d’avoir accès au matériel de cours, de faire des recherches
et des présentations, et de communiquer avec leurs pairs et les
professeurs.
«Nous préparons nos étudiants pour qu’ils soient à l’aise
avec les ordinateurs», explique Bill Hunter, doyen de l’École
d’éducation de l’Institut. Ils utilisent leur ordinateur pour
organiser leur travail et comme outil de recherche, d’enseignement et
de gestion pour les classes qu’ils auront à enseigner. Ils recueillent
et analysent les données de laboratoire scientifique et utilisent
les ressources Internet pour leurs besoins et ceux de leurs élèves.
L’IUTO n’est pas le seul établissement de la province à offrir
une formation axée sur la technologie. Il y a quatre ans, le programme
ITeach de la Faculté d’éducation de l’Université Nipissing était
le seul en son genre en Ontario et le deuxième du pays.
Dans ce programme, tous les étudiants et les professeurs louent
un ordinateur portatif par l’intermédiaire de l’université.
Le programme a été mis à l’essai en 2001-2002, puis,
l’année suivante, il a été mis en œuvre au cycle
moyen-intermédiaire pour être ensuite offert à tous
les niveaux.
Accès et participation
Les programmes de formation à l’enseignement d’infrastructure
technologique permettent aux futurs enseignants de se familiariser avec
la technologie et de prendre de l’assurance afin d’avoir un avantage
concurrentiel sur le marché du travail.
Les étudiants suivent des cours comme ils le feraient dans n’importe
quelle université, mais chaque groupe a son propre site web. Par
exemple, à l’Université Nipissing, le cours de pédagogie
contemporaine repose fortement sur l’étude de cas et maintes discussions
se déroulent en ligne, ce qui permet aux étudiants qui
ne vivent pas sur le campus de participer. Une page web affiche les changements
au programme et les dates de tombée des travaux.
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«Je peux intégrer n’importe
quelle technologie en classe, c’est super!»
Jaime Edwards, enseignante au conseil scolaire
de Kawartha Pine Ridge.
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Grâce aux ordinateurs portatifs, les étudiants peuvent
apprendre et travailler partout où ils ont accès à Internet. À l’IUTO,
ils y ont accès sur tout le campus, que ce soit en résidence,
en classe, dans les couloirs, à la cafétéria ou à la
bibliothèque, grâce à la dernière technologie
des hyperfréquences. Dans la plupart des classes, on trouve même
une prise de transmission Internet à chaque pupitre!
Dans les deux établissements, étudiants et professeurs
utilisent le même logiciel et ont accès aux données
et informations scientifiques portant sur le curriculum provincial et
les stratégies d’évaluation.
Des débuts prometteurs
«J’ai adoré le programme. C’était un environnement
très stimulant, déclare Jaime Edward, diplômée
de l’IUTO qui enseigne les sciences, la géographie, l’anglais
et le théâtre en 8e année au conseil scolaire de
Kawartha Pine Ridge. J’étais déjà capable d’intégrer
toutes sortes de technologies à mon arrivée en classe.»
Les programmes ne comprennent pas de cours sur la technologie, mais
celle-ci fait partie intégrante de tous les cours. C’est peut-être
pourquoi les diplômés peuvent utiliser diverses technologies
dans les cours qu’ils enseignent, pas seulement ceux de sciences et de
technologie.
«Mes connaissances technologiques me permettent
d’enseigner d’une façon qui intéresse les élèves.»
«Dans mon cours de théâtre, j’ai recours aux vidéocaméras
numériques pour enseigner les angles de la caméra et expliquer
comment monter une vidéo. Mes élèves trouvent cette
approche stimulante. Ils vivent à une époque où la
technologie joue un rôle clé. Le fait de l’incorporer à la
classe maintient leur intérêt. Ils retrouvent dans leurs
cours quelque chose qui les intéresse déjà et dans
lequel ils ont envie de s’engager», déclare Mme Edward.
Kent MacNeill, qui a fini sa formation en enseignement à Nipissing
en 2001, enseigne maintenant l’histoire, la géographie et la religion
en 8e année à l’école élémentaire
Ste-Anne d’Hanmer près de Sudbury.
Il est persuadé que le programme lui a donné un avantage
certain quand il était en quête d’un emploi. Les personnes
qui lui ont fait passer une entrevue ont beaucoup prêté attention
au portfolio qu’il avait créé sur son ordinateur.
«Les deux conseils scolaires qui m’ont rencontré m’ont
offert un emploi immédiatement», rapporte-t-il. Il est d’autant
plus heureux d’avoir décroché, dès le début,
un emploi à temps plein, que le conseil scolaire de Sudbury emploie
généralement les nouveaux diplômés comme suppléants.
Les diplômés des deux programmes d’infrastructure technologique
croient que cette approche les démarque des autres sur le marché de
l’emploi.
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À l’IUTO, les étudiants ont
accès à Internet sur tout le campus grâce à la
dernière technologie des hyperfréquences.
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Pauline Shou, diplômée d’un programme d’informatique à l’Université de
Toronto et présentement étudiante à l’IUTO, était
si impressionnée par le programme qu’elle a refusé des
bourses de deux autres universités. Pour elle, il était
important d’apprendre à manier les ordinateurs tout en apprenant à enseigner.
L’expérience de Mme Shou peut s’avérer rassurante pour
ceux qui pensent que cette façon d’enseigner est impersonnelle. «J’aime étudier
ici car l’enseignement est personnalisé. J’ai suivi des cours
où il y avait 2 000 étudiants et où je ne pouvais
même pas voir le visage du professeur. Ici, on est 20 par classe
et on connaît tout le monde.»
Des outils de classe
«Les cours que j’enseigne sont différents de ceux de mes
collègues, affirme Mme Ghaemi. J’utilise des didacticiels dans
mes cours de chimie où les élèves peuvent jouer à des
jeux et construire ou visualiser des molécules. C’est un excellent
outil qui pique leur intérêt car ils peuvent travailler
tout en s’amusant.»
Le programme de planification des unités du curriculum est également
très prisé. «Il m’aide vraiment à planifier
mes leçons car il incorpore les attentes du curriculum pour chaque
unité, déclare Mme Ghaemi. Par exemple, les élèves
de chimie de la 12e année doivent pouvoir nommer des constituants
organiques. Ce logiciel me permet de voir toute une liste de stratégies
d’enseignement et d’évaluation comme le travail de groupe, les
discussions orales ou les présentations. Je gagne énormément
de temps. Avant, je passais six ou sept heures à planifier une
unité de cours. Maintenant, je le fais en une heure.»
«J’ai adoré le programme. Il
m’a permis d’intégrer toutes sortes de technologies
dès mon arrivée en classe.»
«En tant qu’enseignant, il faut avoir confiance en soi. J’ai des
collègues qui ne savent pas se servir d’ordinateurs et ils en
sont stressés. J’aime les aider autant que possible à se
familiariser avec la technologie et à gagner de l’assurance»,
dit-elle.
Les diplômés comme Mmes Ghaemi et Edwards deviennent rapidement
des leaders dans leurs écoles à mesure qu’ils partagent
une mine de connaissances et de ressources avec leurs collègues.
Pas seulement pour les technophiles
Faut-il avoir la bosse des ordis pour s’inscrire à ces programmes? «Pas
du tout, répond Mme Shou. Il suffit de vouloir devenir enseignant.»
«Nombre de nos étudiants sont à l’aise avec les
ordinateurs dès le début, mais certains le sont moins que
d’autres et peut-être un peu nerveux à cause de leur manque
d’expérience. Nous leur offrons de l’appui et après une
semaine ou deux, ils sont plus détendus», explique M. Hunter.
Les étudiants ont accès à un service d’assistance
technique et à une ligne d’aide 24 heures sur 24.
Si certains conseils scolaires utilisent la technologie dans leurs écoles,
d’autres ne se sont pas encore mis au diapason. «Certains de nos étudiants
sont frustrés car ils se rendent dans une classe avec leur ordinateur
portatif, prêts à essayer de nouvelles choses, et ils n’ont
même pas accès à un projecteur d’image-écran»,
fait remarquer Ron Weeks, professeur d’enseignement des sciences et coordonnateur
du projet ITeach à Nipissing.
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À Nipissing, sur le campus comme à la
maison, les étudiants peuvent communiquer entre eux et avec
leurs professeurs en ligne, et obtenir l’information dont
ils ont besoin.
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«Dans un certain nombre d’écoles, nos diplômés
trouvent que les méthodes d’enseignement ne permettent pas facilement
d’utiliser la technologie de l’information», explique M. Weeks.
Mais il croit que ses diplômés ont les moyens de surmonter
ces obstacles. «Ils compenseront ce manque car ils comprennent
les possibilités de cette technologie et savent comment rehausser
l’apprentissage.»
«Nos recherches et notre expérience révèlent
que les élèves adorent la technologie, ajoute M. Weeks.
Il est crucial qu’elle soit utilisée par des enseignants avertis
qui peuvent créer un cadre d’apprentissage enrichissant.»
Les diplômés de ces programmes d’infrastructure technologique
apportent du nouveau dans le système d’éducation.
Ils seront bien équipés pour enseigner et mèneront
les écoles
vers le milieu d’apprentissage de demain.
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