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Septembre 1999

Des changements en éducation à l’horizon
Deux conférences sur la façon de les aborder


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Consommation de tabac, de drogues et d'alcool en hausse chez les élèves du secondaire

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Purpball.gif (183 bytes) Incertitude persistante sur de nombreuses questions complexes relatives à l'attestation de qualifications
Purpball.gif (183 bytes) Le harcèlement entre
élèves pourrait donner lieu à des poursuites contre les écoles

Purpball.gif (183 bytes) La rédaction d’un journal à l’ère d’Internet

Purpball.gif (183 bytes) Des professeurs remarquables

Purpball.gif (183 bytes) Pages bleues

Purpball.gif (183 bytes) Des changements en éducation

Purpball.gif (183 bytes) De la lumière au bout du tunnel : des solutions pour aider les élèves en difficulté à éviter les comportements de crise

Purpball.gif (183 bytes) Un mode de vie sain pour un cœur en santé : Les enfants sont le point de mire

Purpball.gif (183 bytes) La télévision par câble : des trésors sans publicité pour les éducateurs
Purpball.gif (183 bytes) Revoir le mythe de l’invincibilité
de l’adolescence

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Purpball.gif (183 bytes) Lu, vu, écouté

Purpball.gif (183 bytes) ... en terminant

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«Il n’existe vraiment que trois types de personnes : celles qui font bouger les choses, celles qui regardent les choses bouger et celles qui se demandent encore ce qui s’est passé.»

de Rick Chambers

Au cours de la dernière décennie, bon nombre d’éducatrices et d’éducateurs ont été dépassés par les changements survenus en éducation. Pendant des années, le système s’était retranché dans une tradition et des méthodes dites sûres qui n’incitaient en rien les enseignantes et enseignants à changer quoi que ce soit.

Les modes allaient et venaient. Les administrations, directions d’école ou chefs de secteur armés de nouveaux plans ou de nouvelles directives, en règle générale, ne faisaient pas long feu. Les innovations provenaient ou voyaient le jour aux échelons supérieurs et l’effet d’entraînement était minimal.

Les enseignantes et enseignants continuaient de tenir fermée la porte de leur classe pour continuer de faire ce qu’ils avaient toujours fait. Jusqu’à tout récemment, ne pas tenir compte des changements n’avait que peu de conséquences.

Comme Michael Fullan et Andy Hargreaves de l’Institut des études pédagogiques de l’Ontario de l’Université de Toronto (IEPO/UT) l’ont indiqué dans What’s Worth Fighting for Out There?, les enseignantes et enseignants n’ont plus le luxe ni la liberté d’ignorer les changements, car ils sont là pour durer.

Ce qui se passait «ailleurs» auparavant se passe maintenant «ici».

Les décideurs de politiques gouvernementales ont imposé leurs idées au système d’une manière jamais vue auparavant. Les parents sont mieux informés et plus actifs que jamais dans l’éducation de leurs enfants. L’éducation reste rarement dans l’ombre, et parents, journalistes et décideurs posent aux enseignantes et enseignants et aux administrateurs des questions difficiles sur ce qu’ils font et pourquoi ils le font de cette façon.

ANXIÉTÉ ET STRESS
Tout cela, bien entendu, a entraîné une hausse de l’anxiété et du stress chez le personnel enseignant, ce qui a incité certains à réfléchir à une retraite hâtive ou un changement de carrière. D’autres ont perdu le moral, sont devenus en colère voire cyniques. En fait, comme Fullan l’a dit, étant donné la façon dont les changements ont été mis en œuvre en Ontario, bon nombre d’enseignantes et d’enseignants croient qu’ils ont obtenu le droit d’être cyniques.

Otto Neurath, philosophe et scientifique du XXe siècle, envisageait les scientifiques comme des «marins en haute mer qui doivent reconstruire leur navire mais qui semblent incapables de commencer à zéro… Ils doivent se servir de bois de l’ancienne structure flottant à la surface, mais demeurent incapables d’amarrer le bateau au port pour commencer à neuf. Pendant le travail, ils restent sur l’ancienne structure et doivent affronter des tempêtes violentes et des vagues monstres.»

Comme métaphore de la situation actuelle en éducation, celle de Neurath convient tout à fait. Le rythme du changement va en s’accélérant, et il n’y a que peu de temps pour prendre du recul ou simplement s’arrêter pour évaluer là où on en est rendu et savoir quelle est la prochaine étape. Il faut s’adapter à toute vitesse et s’assurer que le système continue de fonctionner.

Deux conférences qui ont eu lieu au printemps dernier portaient sur la force du changement du point de vue de la communauté scolaire et d’un système scolaire.

Un atelier de deux jours, («Breaking Through Change Barriers») avec Michael Fullan et Carol Rolheiser, doyen et vice-doyenne de l’IEPO/UT, a présenté des exemples de changements tirés de leur recherche et de leur participation à des exercices de changements en milieu scolaire; ils ont par la suite mis en commun les observations des communautés scolaires, des directions d’école et des enseignantes et enseignants participants.

«Partners in Facilitating Whole System Change», colloque de quatre jours à l’intention de leaders en éducation et de facilitateurs de changements de la Banque de Montréal, s’est tenu à l’Institute for Learning de la Banque de Montréal, au nord de Toronto. L’événement était parrainé par The Learning Partnership, groupe de partenaires des secteurs privé, culturel, gouvernemental et scolaire, le Staff Development Council of Ontario et la Banque de Montréal. Suzanne Bailey, de Bailey Alliance en Californie, a coordonné le colloque.

DES AUDITOIRES DIFFÉRENTS
Fait intéressant à noter, la conférence à l’IEPO/UT a attiré un auditoire principalement américain d’enseignants, de directeurs d’école et d’administrateurs qui sont venus voir et entendre deux des principales sommités en éducation en Ontario. Le colloque organisé par The Learning Partnership et la Banque de Montréal réunissait un auditoire composé principalement de conseillers pédagogiques et de surintendants ontariens qui voulaient en apprendre davantage d’une spécialiste américaine dans le processus du changement.

Malgré la différence entre les auditoires, Fullan, Rolheiser et Bailey ont abordé les mêmes questions sur le changement qui laissent les enseignants et administrateurs sans réponse.

Michael Fullan a dit que les écoles doivent devenir des organismes d’apprentissage qui doivent s’adapter à la surcharge, la fragmentation, l’incohérence et la confusion qui accompagnent le changement. Comportement, méthodes et compétences demeurent au cœur du changement. Souvent, une personne changera son comportement avant de changer ses croyances; en d’autres termes, certains sont prêts à amorcer le processus du changement sans pour autant y croire. La croyance vient plus tard au fur et à mesure que les résultats positifs se font sentir grâce au changement.

Suzanne Bailey a mis l’accent sur le fait que, traditionnellement, le perfectionnement professionnel s’est concentré sur les compétences, les activités et les comportements alors que, de nos jours, bon nombre de réformes nécessitent un transfert de croyances et de valeurs. Ce type de transfert requiert diverses interventions comme le dialogue, un rappel des pratiques exemplaires et une interaction auprès de divers groupes et individus intéressés.

Pour Chris Hurst, surintendant du Conseil scolaire de district catholique de Durham et participant au colloque, croire au changement représente la première étape à franchir vers une solution possible. Il est essentiel d’inclure dans le dialogue les groupes et individus intéressés pour établir des croyances avant de mettre en œuvre des solutions ou des changements.

Dans le roman de Harper Lee, Alouette, je te plumerai, Atticus Finch dit à sa jeune fille, Scout : «On ne comprend vraiment quelqu’un qu’après avoir considéré son point de vue… qu’après avoir enfilé ses souliers et avoir marché dans ces souliers» [trad. libre]. Pour mettre en œuvre le changement, Fullan et Rolheiser ont dit qu’il faut faire preuve d’empathie et créer des liens. Il est essentiel de créer des liens avec des personnes que l’on ne connaît pas et même que l’on n’aime pas.

INVITER CEUX QUI RÉSISTENT
Ils ont recommandé que les agents du changement évitent de ne s’associer qu’avec des gens qui pensent comme eux. Ce comportement entraîne la création de cliques et nuit au changement. Plutôt, il est recommandé d’inviter ceux qui résistent au changement à participer et, tant que l’on ne perd pas de vue l’objectif d’origine, d’incorporer leurs idées si possible. Persistance, patience et «enfiler les souliers des autres», voilà ce qui importe.

Dans la même veine, Suzanne Bailey a suggéré un transfert de points de vue multiples. Au fur et à mesure que les groupes de chaque conseil scolaire commençaient à relever un problème devant faire l’objet d’une étude au colloque, les facilitateurs de la Banque de Montréal devaient les aider à étudier ce problème de perspectives diverses. Après avoir écouté le problème, ils tentaient de découvrir de quel angle on décrivait le problème.

En d’autres mots, dans quels souliers les représentants des conseils scolaires se trouvaient-ils pour décrire leur problème? L’équipe du Conseil scolaire de district de la région de York a étudié la question de l’inclusion des élèves ayant des besoins particuliers, directive que le conseil a décidé de mettre en œuvre.

Pour les représentants de York, la question était de savoir comment y parvenir. L’un des principaux avantages de cette rencontre, d’après Diane Finley, surintendante au conseil, tenait dans la présence de personnes de l’extérieur du monde de l’éducation qui les ont poussés à aller au-delà des limites établies par leur équipe. Au départ, les questions ont mis l’équipe du conseil sur la défensive, mais éventuellement, il s’est dégagé une image plus large, clarifiant ainsi l’orientation à prendre par l’équipe.

«Breaking Through Change Barriers» et «Facilitating Whole System Change» ont encouragé les participants à trouver un certain équilibre dans leur travail. Michael Fullan a parlé de l’importance de faire le point sur son intelligence émotive pour favoriser la compréhension des personnes avec lesquelles nous travaillons, de prendre de soi, de son habileté à gérer son humeur, à se motiver et à motiver les autres, ainsi que de raffiner son habileté à s’identifier aux autres et à mieux travailler avec les autres.

Tant Fullan que Bailey ont incité les participants aux deux événements à se servir de ce que Bailey appelle la «perspective hélicoptère», à garder l’œil sur l’ensemble de ce qui s’offre à nous.

Fullan a fait une mise en garde – il ne faut pas devenir un organisme du type arbre de Noël où il faut s’accrocher à toutes les décorations que l’on nous tend pour que les innovations en viennent à reléguer à l’arrière-plan le caractère même de l’organisme.

Dans le même ordre d’idée, Bailey a incité les participants à apprendre à faire la différence entre «bruit» et «signal». Le bruit est cacophonique, un signal, rythmique. Apprendre à filtrer la différence aide à gérer le changement.

En dernière analyse, le point de vue de Suzanne Bailey était pratique et axé sur le processus où l’on cherche des lieux communs plutôt que le consensus. Ses tableaux et icônes ont encouragé les participant à remettre en question leurs hypothèses et à les mettre dans un contexte renouvelé.

Michael Fullan et Carol Rolheiser ont tracé la voie de plus en plus familière des séries de publications Change Forces et What’s Worth Fighting For et ce, d’une manière invitante et stimulante. Si, comme le dit l’adage grec, «La seule constante, c’est le changement», les deux événements ont permis de mieux préparer les participants à relever les obstacles du changement et à mettre en œuvre le changement à l’échelon du système.

Pour avoir plus de renseignements sur le programme de Suzanne Bailey, visitez le www.baileyalliance.com. Les ouvrages de Michael Fullan, Change Forces et Sequel sont disponibles auprès de Irwin Publishing à Toronto au 1-800-263-7824; la série What’s Worth Fighting For est disponible auprès de l’Elementary Teachers’ Federation of Ontario Teachers au (416) 962-3836 ou au 1-888-838-3836.