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Septembre 1999

De la lumière au bout du tunnel :

des solutions pour aider
les élèves en difficulté à éviter les comportements de crise


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Consommation de tabac, de drogues et d'alcool en hausse chez les élèves du secondaire

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Purpball.gif (183 bytes) Incertitude persistante sur de nombreuses questions complexes relatives à l'attestation de qualifications
Purpball.gif (183 bytes) Le harcèlement entre
élèves pourrait donner lieu à des poursuites contre les écoles

Purpball.gif (183 bytes) La rédaction d’un journal à l’ère d’Internet

Purpball.gif (183 bytes) Des professeurs remarquables

Purpball.gif (183 bytes) Pages bleues

Purpball.gif (183 bytes) Des changements en éducation

Purpball.gif (183 bytes) De la lumière au bout du tunnel : des solutions pour aider les élèves en difficulté à éviter les comportements de crise

Purpball.gif (183 bytes) Un mode de vie sain pour un cœur en santé : Les enfants sont le point de mire

Purpball.gif (183 bytes) La télévision par câble : des trésors sans publicité pour les éducateurs
Purpball.gif (183 bytes) Revoir le mythe de l’invincibilité
de l’adolescence

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chaos.jpg (5976 bytes) L’enseignant d’anglais de 10e année de Maggie, absent depuis quelques jours, est remplacé par un suppléant. Réagissant au changement, la classe est plus bruyante et plus chaotique que d’habitude. Le suppléant propose des activités spéciales et ne suit pas les routines habituelles. Au deuxième jour, Maggie commence à se balancer d’avant en arrière et à fredonner tout haut. Lorsqu’on lui demande d’arrêter, elle se frappe la tête sur le bureau.

Lorsque Joseph retrouve sa classe de 3e année après avoir été malade pendant quelques jours, il découvre que des mobiles, des affiches et des activités sur le thème d’Halloween ont remplacé le thème de l’Action de grâce. La réaction de Joseph est de détruire un mobile et d’égratigner le bras de son enseignant.

 L’intégration des élèves ayant des besoins particuliers est à l’ordre du jour dans les écoles ontariennes. De nombreux conseils scolaires essaient d’abattre les barrières qui séparent les élèves en difficulté de leurs camarades. À chaque année qui s’écoule, le nombre d’écoles et de classes spéciales diminue. Certains conseils ont adopté une politique d’intégration exhaustive. Le Conseil scolaire de district catholique d’Hamilton Wentworth célèbre 30 ans d’intégration.

La plupart des élèves ayant des besoins particuliers parviennent à travailler et à jouer dans des environnements intégrés sans incident. Un petit nombre d’élèves trouve malheureusement l’école si déroutante et si stressante que leur anxiété se traduit parfois par de l’agressivité, ce qui les met eux-mêmes, leurs éducatrices et éducateurs et leurs camarades dans des situations peu sécuritaires.

Les étiquettes et termes utilisés pour désigner les élèves ayant des besoins particuliers sont multiples : déficit de la capacité d’attention, maladie de Tourette, trouble obsessivo-compulsif, troubles autistiques, etc. Il peut arriver que l’on soit submergé par la masse d’information rattachée à ces termes.

Il existe heureusement des stratégies qui, à un degré plus ou moins grand selon l’individu, s’appliquent à tous les enfants qui ont des besoins particuliers.

On peut réduire les comportements de crise en offrant des milieux plus prévisibles n’offrant pas trop de stimulations.

L’HYPERSENSIBILITÉ
Certains élèves ayant des besoins particuliers sont distraits et perturbés par les allées et venues dans la classe, même si celles-ci ne posent aucun problème à la plupart des élèves.

Brenna, une élève de 17 ans souffrant d’hyperactivité avec déficit de l’attention, compare la classe à une pièce où 20 téléviseurs seraient allumés et passeraient des émissions différentes, le tout à un niveau sonore élevé, et où elle aurait à résoudre des problèmes présentés sur l’un des canaux.

Pour comprendre ce qu’un élève atteint de la maladie de Tourette ressent pendant une journée scolaire, il suffit d’imaginer que plusieurs de ces téléviseurs produisent un bruit d’ongles crissant sur un tableau noir à longueur de journée.

On peut faire taire ces téléviseurs imaginaires en reconnaissant que l’hypersensibilité est un problème et en ayant recours à diverses stratégies pour minimiser la stimulation :

  • en permettant l’utilisation de casques ou de baladeurs qui produisent un bruit blanc
  • en fournissant du matériel écrit sur le tableau ou le papier pour que l’élève ne dépende pas uniquement de la parole
  • en reconnaissant le caractère stressant du bruit et des allées et venues dans la classe et en essayant d’en diminuer l’impact pour réduire l’anxiété de l’élève.

On peut aussi introduire des périodes calmes dans l’emploi du temps de l’élève (période calme pour la planification le matin, temps de bibliothèque, etc.). On peut en fait se servir d’un temps quotidien passé hors de la classe comme d’une «carotte» qui motive l’élève tout au long de la journée.

Une ancienne élève atteinte du trouble obsessivo-compulsif nous rappelle que l’enseignante ou l’enseignant ne doit pas oublier que les élèves en difficulté font également partie de la classe.

«En 8e année, mon enseignante profitait du temps de lecture pour essuyer les tableaux ou réorganiser la pièce. J’avais beaucoup de peine à me concentrer sur mon travail. Je finissais par suivre ce qu’elle faisait au lieu de travailler.»

La sensibilité aux activités des autres élèves et personnes n’est pas la seule source d’anxiété pour les élèves en difficulté. L’environnement physique peut lui aussi présenter des problèmes, notamment :

  • les vacillements des lampes fluorescentes
  • la lumière du soleil qui passe à travers des stores agités par le vent
  • le clignotement de la pendule sur le magnétoscope
  • le parfum ou l’eau de Cologne de l’enseignante ou l’enseignant
  • le bruit d’une chasse d’eau que l’on tire.

Toutes ces manifestations peuvent provoquer de l’agitation chez certains élèves, surtout ceux qui sont atteints de la maladie de Tourette ou de troubles autistiques.

Les changements de saison constituent une autre source éventuelle d’agitation. Le fait de passer des shorts d’été aux pantalons et aux chandails d’hiver, d’enlever ou d’ajouter des vêtements sur les bras et les jambes peut provoquer de l’irritation. Pour imaginer ce que les élèves en difficulté ressentent, on peut considérer que c’est comme si l’on était sourd et aveugle à leur monde.

Une fois que l’on comprend qu’ils réagissent aux stimuli de différentes façons, on peut chercher les raisons des comportements de crise et adapter l’environnement de façon à les prévenir.

L’IMPORTANCE DE LA PRÉVISIBILITÉ
En introduisant des routines et des espaces prévisibles, on peut également réduire l’anxiété de façon significative chez de nombreux élèves qui ont des besoins particuliers. Un environnement structuré où chaque élève sait ce que l’on attend d’elle ou de lui est indispensable pour bon nombre d’entre eux.

Tina Kresina, qui travaille auprès des enfants et des jeunes à l’école élémentaire St. Columba à Hamilton, déclare : «Lorsque nous avons des élèves atteints du trouble obsessivo-compulsif ou de problèmes de comportement, nous commençons par introduire une routine que nous pouvons suivre chaque jour.»

«Lorsqu’un élève a eu une crise, un changement de routine dans sa vie familiale ou scolaire en est souvent l’origine.» Elle ajoute que «pour être bien acceptées, les routines doivent tenir compte des aptitudes et des intérêts des élèves et non pas être simplement imposées.»

Le changement fait partie de la vie et il est parfois impossible à éviter. On peut aider les élèves en difficulté à faire face au changement en les prévenant à l’avance. Pour certains élèves, il est bon d’avoir des rappels à intervalles réguliers avant de changer d’activité.

Pour d’autres élèves, un rappel visuel est préférable. Steve Darby, consultant en troubles autistiques, se rappelle «avoir aidé un élève de 15 ans atteint de trouble déficitaire de l’attention à accepter de passer d’une activité à une autre en lui offrant un chronomètre qui indiquait la fin d’une activité et un emploi du temps illustré par des images annonçant la prochaine activité.»

Surtout dans le cas d’élèves atteints du trouble obsessivo-compulsif, il faut éviter de mettre fin à une activité de façon brutale et de commencer une activité qui ne pourra pas être terminée.

L’espace prévisible est un espace qui ne semble pas changer avec le temps. Beaucoup d’enfants ayant des besoins particuliers, surtout ceux qui sont atteints de troubles autistiques, ont besoin d’un espace prévisible à un degré plus ou moins grand. Ce besoin peut être satisfait en laissant l’élève utiliser chaque jour le même bureau et en lui attribuant une place qui offre un champ de vision plus constant — où il sera moins gêné par les allées et venues des autres.

Les écoles qui font appel à des systèmes de rotation constituent une source supplémentaire d’imprévisibilité. Marilyn O’Brien, enseignante au Conseil d’écoles séparées de Halton, a découvert une stratégie qui permet de rendre la situation moins chaotique pour les élèves atteints de troubles autistiques. Elle leur permet d’emmener dans chaque classe un élément de l’espace prévisible.

«Nous encourageons les élèves à avoir un napperon plastifié personnalisé qui les suit de classe en classe, explique O’Brien. En mettant ce napperon sur leur bureau, ils créent un bureau qui reste le même d’une pièce à l’autre.»

Les corridors de l’école peuvent être des endroits particulièrement stressants pour les élèves atteints de troubles autistiques, les allées et venues constantes des élèves étant peu prévisibles. Une façon de surmonter ce problème est d’éviter carrément les corridors pleins d’élèves ou de choisir les moments où ils sont vides. Ceci n’est toutefois pas toujours possible ni pratique.

Un «bouclier humain» peut s’avérer utile dans des situations chaotiques de ce genre. Une enseignante ou un enseignant marche aux côtés de l’élève de façon à le protéger autant que possible des mouvements des autres élèves. L’adulte devient ainsi l’espace prévisible de l’élève.

Le degré auquel il faut répondre au besoin de prévisibilité et de sensibilité ne dépend pas de l’étiquette qui suit l’élève, mais de la personnalité de chaque enfant et de l’ensemble de ses besoins, ainsi que de l’environnement spécifique à la classe. Pour bon nombre d’élèves, il s’agit simplement d’adapter légèrement le programme alors que pour une petite minorité, il faut faire des changements plus importants.

Offrir un espace prévisible et tenir compte de l’hypersensibilité aux stimuli sont des stratégies attrayantes, car elles sont positives, proactives et préventives. Doug Trimble, directeur de l’école intermédiaire Highview à Hamilton, souligne que ces stratégies permettent d’éviter les crises plutôt que d’y réagir. «Il est beaucoup plus facile de créer un environnement le moins propice possible à l’anxiété ou à l’agressivité que de devoir assumer les conséquences d’un comportement agité», affirme-t-il.

Ed Mahony est enseignant-ressource en langue à l’école élémentaire St. Columba et Steve Darby travaille avec des enfants autistes à l’école intermédiaire Highview de Hamilton. Ils donnent un cours de prévention des crises et d’intervention intitulé «Rethinking Restraint», portant essentiellement sur les troubles autistiques, à l’intention des groupes de parents et des enseignantes et enseignants intéressés de la province. On peut les joindre à edmahony@hwcn.org.