Le succès de l’autonomie

Il faut promouvoir les bons coups et arrêter d’être le secret le mieux gardé!

de Gabrielle Barkany et Véronique Ponce
illustration de Marie-Ève Tremblay, colagene.com

L’année 2008 marque le 10e anniversaire des conseils scolaires de langue française, soit une décennie de défis, de changements et de réussites. Le succès de l’autonomie, rendu possible grâce à un ensemble de réalisations, reste toutefois un secret bien gardé.

«Il faut promouvoir les bons coups et arrêter d’être le secret le mieux gardé!» C’est ce que suggère Janine Griffore pour promouvoir les réalisations du système scolaire de langue française, lequel fête cette année son 10e anniversaire.

Il y a 10 ans, l’éducation en langue française était gérée en grande partie par des sections de langue française au sein du système de langue anglaise. Mme Griffore était alors agente de supervision pour la section de langue française du London-Middlesex Roman Catholic Separate School Board.

En janvier 1998, le gouvernement de l’Ontario exauçait les souhaits des Franco-Ontariens par une importante réforme qui donnait aux francophones le contrôle de leurs conseils scolaires, huit catholiques et quatre publics. Par ce geste, on confirmait ce que la communauté franco-ontarienne défendait depuis longtemps, soit que l’école est la pierre angulaire de son développement.

«L’autonomie nous a donné la liberté – en fonction de nos moyens financiers – pour ne pas dépendre d’une majorité anglophone, explique Laurent Joncas, ancien directeur général de l’AEFO, organisme qui a longtemps milité pour la création de conseils de langue française. Cela a permis aux francophones de mieux cerner leurs besoins et d’agir sur ces besoins. Par exemple, on a pu planifier l’établissement d’écoles sur l’ensemble de notre territoire, mais il reste encore beaucoup de défis à relever à ce sujet.»

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À l’époque, Mme Griffore était agente de supervision pour la section de langue française du London-Middlesex Roman Catholic Separate School Board. Elle est d’avis que le système scolaire de langue française devrait promouvoir ses réussites.

Chacun s’entend pour dire que la gestion scolaire par et pour les francophones était essentielle afin d’assurer l’épanouissement, la protection et la promotion de la langue et de la culture française en Ontario.

Michel L. Robineau, directeur de l’éducation au Conseil scolaire du Nord-Est de l’Ontario, affirme que «c’était le seul moyen qui permettait aux francophones de rejoindre la communauté francophone au sens large, d’offrir un lieu de rassemblement pour célébrer ses succès et de créer des partenariats avec des organismes qui offrent des services en français».

«Expliquer le fait francophone en milieu minoritaire représentait vraiment un grand défi, car ce n’était pas facile à comprendre pour quelqu’un qui ne vit pas cette réalité», se souvient Mme Griffore.

Poser la première brique

Une refonte aussi profonde et rapide du système scolaire a forcément entraîné de nombreux défis logistiques et ce, presque du jour au lendemain.

Madeleine Champagne, qui était alors directrice de l’éducation au Conseil scolaire de district catholique Centre-Sud, se souvient : «La mise en œuvre a été vraiment une période enivrante et difficile. On travaillait d’arrache-pied, car il fallait bâtir une infrastructure, recruter le personnel, harmoniser des centaines de conventions collectives, se faire connaître de la communauté, créer des liens avec les parents tout en continuant notre travail auprès de nos élèves».

«Une refonte aussi profonde et rapide du système scolaire a forcément entraîné de nombreux défis logistiques.»

Les premières années furent consacrées à structurer les opérations administratives des conseils, à trouver des locaux et à bâtir de nouvelles écoles, à recruter du personnel administratif francophone spécialisé dans des domaines comme les communications, les ressources humaines et la technologie, à créer des ressources pédagogiques et à organiser le transport scolaire.

Marc Dionne, aujourd’hui agent de supervision pour les administrations scolaires Dubreuilville et Folliet, était à cette époque directeur de l’éducation du Conseil scolaire public de district du Grand Nord. Il se souvient de la charge énorme de travail et combien tout le monde était fatigué. Toutefois, une collaboration créative entre les conseils a énormément contribué à leur réussite : «On s’est entendu pour se partager une personne avec le Conseil du Nord-Est pour s’occuper des ressources humaines, car nous n’avions pas les fonds pour engager chacun une personne à temps plein», dit-il.

Une approche qui rapproche

Petit à petit, un réseau de conseils scolaires et d’associations professionnelles a pris forme, et le profond désir de collaborer dans l’intérêt de la communauté franco-­ontarienne a grandement contribué au succès du développement du système scolaire de langue française.

«La décision de collaborer et de créer le Conseil ontarien des directrices et des directeurs de l’éducation de langue française [CODELF] a assuré la survie des écoles de langue française après 1998, affirme M. Dionne. Cela nous a permis de nous rencontrer régulièrement, d’aller chercher l’expertise, d’aller puiser dans des conseils qui avaient davantage d’infrastructure au début.»

Il est vrai qu’à une époque où tout était à faire en matière d’éducation en langue française, la création du CODELF, en janvier 1998, a été fort bien accueillie par les directions de l’éducation, car elle a facilité la mise en œuvre de projets importants, tant en pédagogie qu’en administration.

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«Il était important de donner une voix aux régions au nord de l’Ontario où les populations diminuent», dit Marc Dionne, alors directeur de l’éducation du Conseil scolaire public de district du Grand Nord.

Mme Champagne est d’accord : «Les rencontres périodiques nous ont permis de partager nos expériences, de résoudre nos problèmes et nous ont procuré un soutien moral hors du commun».

Mais nombre d’autres organismes importants ont permis au réseau de se solidifier, comme l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC) et l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO).

Pour sa part, l’Association des directions et directions adjointes des écoles franco-ontariennes (ADFO) a permis aux directions d’école de se prendre davantage en main. «Grâce notamment aux bénévoles de l’association, nous sommes maintenant grandement sollicités pour participer à des consultations, à des projets de formation et à des initiatives gouvernementales», a déclaré Serge Plouffe, directeur général de l’ADFO.

De plus, l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO), fondée à Ottawa en 1939 sous l’égide de l’Association de l’enseignement bilingue de l’Ontario (et qui a adopté en 1985 le nom sous lequel elle est connue aujourd’hui), a également joué un rôle primordial en incitant les communautés à aborder des questions difficiles touchant directement à l’enseignement.

Tous ces organismes ont grandement contribué à appuyer la transformation du système éducatif de langue française pour offrir la même qualité de services, les mêmes débouchés et les mêmes activités de formation que le système de langue anglaise.

 «Les relations positives entre les fonctionnaires de la Division de l’éducation en langue française du Ministère et les gestionnaires de l’éducation franco-ontarienne ont grandement facilité l’avancement des dossiers», affirme M. Dionne.

Autonomie au niveau du curriculum

Depuis la réforme qui a commencé dans les années 1990, le curriculum était adapté aux besoins des francophones et les programmes-cadres et documents d’appui étaient élaborés par et pour des francophones. Il reste malgré tout des progrès à faire pour obtenir davantage de matériel pédagogique de source franco-ontarienne. La gestion scolaire a toutefois entraîné une vision concertée sur le plan de la pédagogie, et le nombre d’utilisateurs justifie davantage la création de matériel ciblé.

«Avant, on aurait utilisé des textes de mathématiques avec des exemples de villes dont les circonstances étaient nettement anglophones, affirme M. Dionne. Aujourd’hui, on utilise des textes formulés à partir de situations particulières aux francophones. L’élève se sent chez lui et c’est donc plus pertinent pour lui.»

«Cette autonomie a aussi entraîné dans son sillage la mise en place de programmes et de services d’appui en français dans divers domaines comme le travail social, la psychologie et l’orthophonie pour les élèves ayant des besoins particuliers», explique Mme Griffore, directrice de l’éducation au Conseil scolaire de district des écoles catholiques du Sud-Ouest.

Mais de ce côté également, on reconnaît des lacunes. Plusieurs enseignants souhaitent, par exemple, qu’on augmente les ressources en santé mentale afin de pouvoir offrir des services de soutien aux élèves (psychologues et travailleurs sociaux). «Ces professionnels de la santé font la rotation des écoles et couvrent, dans bien des cas, de grands territoires, explique Dominic Tremblay, enseignant à l’école élémentaire Marc Garneau de Trenton. Ils ne peuvent pas toujours intervenir quand un élève vit une situation de crise.»

Vidéoconférence et internet

Le système de vidéoconférence, l’internet et autres technologies se sont avérés être des moyens économiques d’abolir les distances, afin d’appuyer les communautés francophones dispersées un peu partout dans la province et de leur offrir des services.

S’il est vrai que les cours par internet n’ont pas l’approbation de tous les pédagogues car ce n’est pas toujours le moyen d’apprentissage idéal, il est indéniable que les progrès fulgurants de la technologie ont ouvert des portes aux élèves.

Les cours d’apprentissage électronique (également appelés cours médiatisés autogérés) offerts par le Service d’apprentissage médiatisé franco-ontarien (SAMFO), permettent notamment d’inciter les élèves à poursuivre leurs études dans les écoles de langue française en leur offrant plus d’options de cours grâce au programme de récupération de crédits, en adaptant les études des élèves en fonction de leurs points forts et de leurs intérêts, mais aussi en répondant aux besoins des petites écoles, des écoles isolées ou des écoles situées en milieu rural dont les ressources sont limitées et qui font face à une pénurie de personnel enseignant spécialisé.

«Sans la contribution de la communauté locale, l’éducation en langue française n’aurait pas connu une telle croissance.»

Aujourd’hui, tous les élèves du secondaire ont accès à près de 40 cours en ligne. Ces cours portent sur des sujets variés comme l’histoire mondiale, le droit canadien et international, la biologie, le français, la philosophie et les mathématiques, et il est prévu que plus de 900 de ces élèves obtiendront cette année des crédits obtenus grâce à l’apprentissage électronique.

Le Conseil catholique Franco-Nord, par exemple, indique qu’une majorité de ses classes aux cycles primaire et moyen sont dotées de tableaux blancs interactifs sur lesquels enseignants et élèves peuvent écrire des notes en encre numérique et interagir entre eux. «Cet outil permet d’engager les élèves dans des présentations multimédias et ainsi de captiver leur attention en rendant le processus d’apprentissage plus interactif», explique Raymond Lessard, directeur de l’éducation.

Du côté des conseils scolaires, nombre d’entre eux trouvent que c’est une façon efficace et économique de contrer l’isolement du personnel enseignant. Par exemple, il peut y avoir plus de six heures de route entre les écoles du Conseil scolaire public du Nord-Est de l’Ontario. «Sans la vidéoconférence et l’internet, les pédagogues et les élèves des régions éloignées n’auraient pas souvent l’occasion de travailler en équipe. De plus, ces technologies permettent d’avoir accès à davantage d’activités de formation professionnelle et de former des groupes de travail inter écoles», affirme M. Robineau.

Participation communautaire

Nombreux sont ceux qui sont persuadés que, sans la contribution de la communauté locale, l’éducation en langue française n’aurait pas connu une telle croissance.

«Sans les conseillères et les conseillers, nous aurions pris des décisions à l’échelle provinciale qui privilégient surtout les régions où les besoins semblent les plus grands, dans des endroits où il y a une croissance de la population, explique M. Dionne.

«Il était important de donner une voix aux régions au nord de l’Ontario où les populations diminuent. Les conseillers scolaires ont veillé à ce que les fonds soient distribués adéquatement afin de combler, notamment, les besoins de très petites écoles.»

«Dans notre coin, explique Mme Griffore, plusieurs communautés francophones n’étaient pas desservies. Les conseillers scolaires ont fait connaître ces régions et leurs besoins, et on y a ouvert des écoles.»

Dans les cinq années suivant la séparation des systèmes, le Conseil scolaire public du Grand Nord a presque triplé le nombre de ses écoles élémentaires, et il n’est pas le seul.

École Ste-Marie de Chatham

Dans le Conseil scolaire de district des écoles catholiques du Sud-Ouest, trois nouvelles écoles ouvrent présentement leurs portes, soit à Chatham, à Amherstburg et à London. De plus, l’école secondaire Notre-Dame sera construite d’ici deux ans à Sarnia. Pour l’année scolaire 2008-2009, des travaux de rénovation et de construction d’un centre communautaire et scolaire sont également prévus à l’école secondaire Saint-François-Xavier de Sarnia afin d’accueillir les élèves du conseil ainsi que ceux du conseil public de la région.

En tout, 28 nouvelles écoles doivent être construites afin de répondre à la demande croissante de régions qui sont jusqu’ici sous-desservies.

En effet, d’après les chiffres du ministère de l’Éducation, bien que l’Ontario accuse une baisse du nombre d’enfants d’âge de fréquentation scolaire, le système d’éducation en langue française connaît une croissance de son effectif. Cette année, on s’attend à ce que le nombre d’inscriptions dans le système de langue anglaise accuse une baisse de plus de 46 000 élèves depuis 2004-2005, tandis qu’il aura augmenté de 1 500 élèves durant la même période, dans le système de langue française.

Toutefois, si plusieurs nouvelles écoles ont vu le jour ces dernières années et que d’autres s’agrandissent, certaines ont dû fermer leurs portes pour diverses raisons.

Expansion d’organismes, d’écoles et de programmes

L’autogestion scolaire a permis l’expansion d’organismes d’appui à la pédagogie et au perfectionnement professio­n­nel du personnel enseignant.

Le Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques (CFORP) est aujourd’hui un centre multiservices en éducation qui a élaboré nombre de programmes comme la Formation du personnel à l’amélioration de la réussite scolaire des élèves (FARE) et le Service d’apprentissage médiatisé franco-ontarien (SAMFO). Ce dernier offre des cours et des ressources médiatisés aux élèves et au personnel enseignant.

«Les conseils de langue anglaise auraient approché les conseils de langue française pour connaître le secret de leur succès.»

Du côté pédagogique, on a révisé les programmes-cadres, et les options offertes aux élèves continuent de se multiplier et de se diversifier pour répondre à leurs besoins et intérêts individuels. Aujourd’hui, on offre 32 majeures spécialisées et près de 600 élèves s’en prévalent au sein de 40 écoles secondaires dans la province.

Une panoplie de cours a vu le jour aux quatre coins de la province dans des domaines comme l’agriculture, l’écotourisme, l’art culinaire, la coiffure, la technologie et la construction.

 «Au secondaire, on a réussi à augmenter le choix des programmes dans de plus petits villages comme à Manitouwadge et Marathon», affirme M. Dionne.

Succès des élèves

Depuis 1998, les résultats des élèves francophones aux tests de 3e année de l’OQRE se sont améliorés de 12 % en lecture, de 21 % en écriture et de 22 % en mathématiques.

Depuis 2000, les résultats aux tests de mathématiques de 9e année ont augmenté de 23 % pour le cours appliqué et de 35 % pour le cours théorique.

En plus de l’amélioration remarquable des résultats en 6e année, où les élèves ont pratiquement atteint ou ont dépassé la cible provinciale en écriture et en mathématiques, on note une très grande amélioration au Test provincial de compé­tences linguistiques en 10e année, lequel est requis pour l’obtention du diplôme.

De plus, l’écart sur le plan du rendement entre les garçons et les filles a été réduit ou complètement éliminé pour les mathématiques de 3e et de 6e année, et pour la 9e année théorique. Le taux d’obtention du diplôme surpasse celui des élèves anglophones.

Plusieurs personnes affirment que les conseils de langue anglaise auraient approché les conseils de langue française pour connaître le secret de leur succès. «On fait des envieux chez les anglophones à cause des excellents résultats qu’ont obtenu nos élèves, explique Roger Paul, directeur de l’éducation du Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien. Ils voient qu’il y a un lien direct entre notre mandat scolaire et notre Politique d’aménagement linguistique.»

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Des élèves de l’École secondaire catholique Ranaissance à Aurora participent à la 20e édition du tournoi provincial de l’Association franco-ontarienne des Ligues d’Improvisation étudiantes (l’AFOLIE). Le tournoi a eu lieu du 30 avril au 3 mai 2008 et a compté un record de 41 écoles participantes.

Il existe également d’autres facteurs. Certains attribuent le succès des élèves à des décisions s’appuyant sur le résultat de recherches en éducation effectuées par des organismes ontariens à l’échelle nationale et internationale, qui portent notamment sur l’investissement dans les écoles à risque, la littératie, les communautés d’apprentissage professionnel et les programmes de maternelle et de jardin d’enfants à temps plein.

Par exemple, plusieurs conseils scolaires ont mis en place des communautés d’apprentissage qui permettent d’introduire de nouvelles méthodes d’enseignement et qui respectent les styles d’apprentissage de chaque élève en améliorant leur rendement. Pour cela, on s’est inspiré du résultat de recherches sur la pratique réflexive des Américains Robert Ecker et Richard Dufour, et des observations sur le constructivisme du Québécois Jacques Tardif.

D’autres conseils scolaires ont ciblé leurs efforts dans le domaine de la communication orale et de la construction identitaire en se reposant sur des chercheuses comme Anne-Marie Caron-Rhéaume et Sylvie Lamoureux.

Les conseils scolaires ont mis sur pied des programmes structurés de maternelle et de jardin à temps plein qui ont grandement contribué au succès des élèves. Les enfants des familles exogames en ont tout particulièrement profité, car les programmes ont permis de s’assurer que les tout-petits possèdent leur langue avant de commencer leur apprentissage formel de la lecture et de l’écriture. «Le personnel enseignant de 1re année a observé une différence énorme», explique François Lavictoire, coordonnateur des services en français à l’OQRE.

Il ajoute que «les filles francophones de la 6e année sont en tête en ce moment dans toutes les classes de 6e de l’Ontario, car elles sont les seules à avoir atteint la cible du Ministère de 75 % en lecture, en écriture et en mathématiques. Les garçons et d’autres groupes ne sont pas loin», ajoute-t-il.

Conserver sa vitalité

Si la création des conseils scolaires de langue française a offert une occasion unique de rationaliser la gestion scolaire, de la rendre plus cohérente et ainsi d’améliorer l’éducation en langue française, on reconnaît qu’il reste beaucoup à faire.

Un vif intérêt pour la protection des droits de la minorité, un financement adéquat au fédéral comme au provincial, un engagement des ayants droit envers l’éducation en langue française, la promotion de l’éducation en langue française, un personnel scolaire qualifié et compétent, des programmes et services de qualité, des programmes d’accueil personnalisés et le soutien des parents sont autant de facteurs clés qui doivent exister afin d’assurer la vitalité de la gestion scolaire franco-ontarienne.

«Pour que notre vitalité soit à la hauteur des besoins réels et tienne compte d’un environnement scolaire en constant changement, nous devons maintenir nos mécanismes de collaboration», souligne Jean-Luc Bernard, directeur de l’éducation au Conseil scolaire de district du Centre-Sud-Ouest. 

Pour sa part, M. Paul envisage une collaboration à grande échelle : «Pour garder notre élan, il ne faut pas se fermer sur le monde. On fait partie intégrante de la francophonie mondiale», affirme-t-il de façon convaincante.

Le secret de la réussite des conseils scolaires de langue française a ainsi de fortes chances de s’ébruiter dans le monde entier.

Historique de la scission

Cette mesure était le point culminant d’une longue plaidoirie de la part de la communauté franco-ontarienne et de plusieurs initiatives dans les années 1980 et 1990. En 1986, le Projet de loi 75, qui venait modifier la Loi sur l’éducation, octroie aux Franco-Ontariens le droit de gérer leurs propres écoles. Cependant, ce droit est mitigé. En 1988, le Projet de loi 109, Loi sur le Conseil scolaire de langue française d’Ottawa-Carleton, est adopté. Quatre conseils scolaires de langue française sont créés, deux à Ottawa et un à Toronto en 1989, un autre à Prescott-Russell en 1992.

En 1990, l’arrêt Mahé en Alberta avait servi de pilier à la cause franco-ontarienne en transformant le paysage scolaire des communautés minoritaires de langue officielle du Canada. Ce jugement confirmait que ces minorités avaient droit à leurs propres écoles, mais surtout, il a permis au reste du pays de mieux comprendre que les minorités sont les mieux placées pour prendre les décisions les concernant.

En 1991, les recommandations au sujet de la formation des conseils scolaires de langue française sont sorties d’un rapport rédigé par le Groupe consultatif sur la gestion de l’éducation en langue française (Commission Cousineau) qui était chargé de proposer les critères pour la gestion de l’éducation en langue française en Ontario. Après la parution, en décembre 1994, du rapport de la Commission royale d’enquête sur l’éducation, le Groupe d’étude sur la réduction du nombre de conseils scolaires en Ontario (Comité Sweeny) a été formé pour étudier des moyens de rationaliser le système d’éducation de langue française tout en veillant à ce que les obligations constitutionnelles soient respectées. En février 1996, le Comité Sweeny a publié son rapport à ce sujet. C’est ainsi que la Commission d’amélioration de l’éducation s’est chargée d’établir les 12 conseils scolaires de langue française que l’on connaît aujourd’hui et qui ont été officiellement créés le 1er janvier 1998.

«Ce droit de gestion veut dire que nous sommes maîtres chez nous et non pas des citoyens de deuxième classe, explique Trèva Cousineau, présidente du Groupe consultatif sur la gestion de l’éducation en langue française. Les conseils scolaires de langue française ont donc pu établir leurs propres programmes et services sans dépendre des autres.»

Troisième symposium sur la PAL

Les membres de la communauté éducative de langue française de l’Ontario se sont réunis en avril dernier à l’occasion du troisième symposium sur la Politique d’aménagement linguistique (PAL) organisé par le ministère de l’Éducation, TFO, le Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques et leurs partenaires en éducation.

Cette rencontre sous le thème «Des racines, des visages et des ailes» a permis aux pédagogues de célébrer le 10e anniversaire de la création des 12 conseils scolaires de langue française et de faire le point sur les progrès effectués dans la cadre de la politique. Des invités de marque, dont Madeleine Meilleur, ministre déléguée aux Affaires francophones et Kathleen Wynne, ministre de l’Éducation, ont parlé, entre autres, des réussites qui se produisent dans les écoles et de l’importance de créer un espace culturel et communautaire de langue française là où les francophones vivent.

«Notre taux d’obtention de diplôme surpasse celui de nos collègues anglophones», se réjouit Dominic Giroux, sous-ministre adjoint de l’Éducation en langue française.

Plus de 600 personnes ont assisté à une soirée de grande célébration où l’émotion était au rendez-vous alors que les convives se sont rappelés des moments marquants qui ont permis de faire grandir l’éducation de langue française en Ontario.

«On a eu la chance de voir tout ce qu’on a accompli en peu de temps. Se retrouver tous ensemble – les pionniers et ceux qui se sont ajoutés au fil des ans – autour d’une même cause et constater qu’on est capable de s’occuper de l’éducation à notre façon et probablement mieux, c’est émouvant», a constaté Marc Dionne.

Des représentants de pays de langue française, dont la Belgique, la France et la Suisse, ainsi que des représentants du Pays de Galles, ont discuté des défis que posent la dualité linguistique et les solutions envisagées. Tous s’entendent pour dire que l’Ontario, avec la mise en place de la PAL, a une longueur d’avance en ce qui a trait aux moyens mis en œuvre pour renforcer la communication orale des élèves en langue française.

La PAL entre actuellement dans sa 3e phase depuis sa création en 2006, au cours de laquelle on se penchera plus particulièrement sur la mesure des progrès grâce à un mécanisme de fonctionnement régional concerté. Un cadre d’imputabilité composé d’indicateurs précis permettra de mesurer le progrès qu’ont accomplis les conseils scolaires de langue française d’ici à la fin de l’année scolaire 2009-2010.

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