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Décembre 1998

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Enseigner au Japon : la reconnaissance professionnelle assortie d’une forte pression

Dans ce numéro, nous proposons une nouvelle chronique Les membres à l’étranger qui donnera la possibilité aux membres de l’Ordre à l’étranger de parler de leur expérience dans d’autres systèmes scolaires. Voici pour commencer les observations d’un enseignant d’immersion anglaise de mathématiques.

de Wayne Burnett

Au Japon, le terme sensei (enseignant) inspire le respect; il est également utilisé pour désigner les médecins et autres personnes au rang social élevé. Il ne faut donc pas se surprendre qu’avec toutes les attentes de la société japonaise envers les enseignantes et enseignants, l’importance attachée à la formation scolaire, ainsi que les excellents résultats aux tests internationaux, la profession enseignante est très estimée.

À Katoh Gakuen, où j’enseigne les mathématiques dans un programme d’immersion anglaise, il est intéressant de voir cet aspect se refléter dans le code vestimentaire. La plupart des enseignants japonais arrivent à l’école cravate au cou. La plupart se changent immédiatement pour ensuite porter un survêtement de sport, à moins que des parents ne viennent faire de l’observation en classe ce jour-là.

À mon avis, cette pratique vise d’abord à préserver l’image professionnelle de l’enseignant en route vers son travail et ensuite, à mieux s’intégrer à la classe. Bien que les élèves viennent à l’école en uniforme, ils se changent de vêtements pour porter un survêtement de sport presque toute la journée. En portant un survêtement, il est plus facile de jouer avec les enfants avant l’école et pendant la récréation. Le midi, nous devons manger avec nos élèves et sortir dehors avec eux pendant la récréation, principalement pour jouer avec eux.

Probablement, avec la reconnaissance vient une responsabilité accrue, réelle ou perçue. Il est intéressant de constater le déroulement d’événements récents entourant des crimes graves commis par des élèves, notamment un meurtre et un homicide involontaire. Dans bien des cas, le directeur de l’école fréquentée par l’élève en question donnait une conférence de presse pour excuser le comportement de son élève, même si l’incident s’est déroulé hors de la cour d’école. Les parents étaient rarement visés par l’enquête des journalistes. La direction devait redoubler d’efforts pour aider son personnel enseignant à tisser de meilleurs liens avec les élèves.

PLUS DE PRESSION

Une école peut représenter un milieu stressant pour les élèves. On a souvent lu des articles sur l’enfer des examens par lequel les élèves japonais doivent passer. Bon nombre d’entre eux suivent des cours d’appoint après l’école trois à quatre fois par semaine et souvent le samedi après-midi. Parfois, ils prennent des cours de musique, de ballet ou de karaté. Ils tentent aussi parfois de se trouver un passe-temps ou de jouer avec leurs amis.

Les enseignantes et enseignants subissent une bonne partie de cette pression. Pour les parents et les administrateurs, un personnel enseignant bon et attentionné représente la clé des problèmes de rendement scolaire. Ainsi, les périodes de stress élevé chez un élève ont une incidence chez son enseignante ou son enseignant.

Au Japon, être accepté dans une école intermédiaire, une école secondaire et à l’université est essentiel à son avancement. C’est pourquoi les personnes qui enseignent aux années d’études précédant les examens d’admission (6e, 9e et 12e années) subissent une pression inhabituelle en veillant à ce que tous leurs élèves soient acceptés dans de bonnes écoles.

Ironiquement, l’importance du rôle que je peux jouer dans le succès de mes élèves demeure encore un mystère pour moi. Après tout, quelle est l’incidence des cours d’appoint? Il existe déjà une certaine présélection chez les élèves qui fréquentent une école privée. Les cours d’appoint donnent-ils des outils supplémentaires à mes élèves? Ces cours supplémentaires les aident-ils ou peuvent-ils leur nuire en raison de la fatigue supplémentaire accumulée et des devoirs additionnels?

La vie d’un enseignant en immersion anglaise au Japon ne reflète pas vraiment cette réalité. Pour certains élèves, un enseignant étranger sera toujours deuxième violon. Sans une connaissance poussée du japonais, l’enseignant étranger manque beaucoup de choses à l’école. Bien que le salaire soit supérieur à celui versé à quelqu’un qui enseigne la conversation anglaise, il compense à peine pour les samedis, les dimanches et les étés passés à l’école.

Il existe un système de responsabilité intégré pour les enseignants en immersion qui ajoute beaucoup de pression. Un faible rendement au test de japonais, qui suit le test de mathématiques et de sciences en anglais, est souvent lié à la faiblesse de la prestation de l’enseignant d’immersion. Malheureusement, le taux de renouvellement du personnel enseignant à Katoh reflète les défis et difficultés inhérents au poste.

Malgré les longues heures et le stress, enseigner à Katoh est intéressant et satisfaisant. La possibilité de participer à la croissance de cette invention canadienne qu’est l’immersion et celle d’être un témoin direct de l’enseignement et de l’apprentissage au Japon valent bien les deux samedis par mois où je dois enseigner.

Enfin, presque.

Wayne Burnett est membre de l’Ordre et enseigne les mathématiques en 6e année au Japon. Il a enseigné au Conseil de l’éducation de North York et a été membre du personnel de recherche de la Commission royale sur l’éducation. On peut communiquer avec lui à burnettw@hotmail.com