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Décembre 1998

 

En couverture :
Pénurie d’enseignants à l’horizon


AG00041_.gif (503 bytes) Retour à la page d’accueil de l’Ordre

La moitié du personnel enseignant de l’Ontario prendra sa retraite au cours des dix prochaines années.

Pour la toute première fois, les données compilées dans le tableau de l’Ordre permettent aux chercheurs de projeter non seulement combien d’enseignantes et d’enseignants prendront bientôt leur retraite, mais aussi les matières pour lesquelles ils détiennent des qualifications et la région où ils vivent. Ces données montrent que des pénuries se manifesteront bientôt, dans presque toutes les matières, partout en Ontario.

Purpball.gif (183 bytes) Tableaux et encadrés


de Frank McIntyre

Une étude réalisée par l’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario indique que la profession doit se préparer à un roulement massif des effectifs au sein du corps enseignant de la province. La banque de données de l’Ordre montre que, parmi les quelque 171 500 membres de l’Ordre, 41 000 enseignantes et enseignants prendront leur retraite d’ici cinq ans et plus de 78 000 au cours des dix prochaines années, ce qui est considérable.

Les conseils scolaires de l’Ontario sont déjà aux prises avec une pénurie qui se fait sentir dans certains domaines spécialisés – français langue seconde, maths, sciences et technologie – en plus d’avoir de la difficulté à trouver du personnel apte à assurer le leadership dans l’utilisation des ordinateurs à l’école. Ces pressions en matière de dotation en personnel ne sont que la pointe de l’iceberg : un problème plus profond et plus répandu de pénurie de personnel pourrait bientôt se manifester, au moment où la vague croissante de départs à la retraite risque de submerger les conseils d’un bout à l’autre de la province au cours de la prochaine décennie.

En raison de son rôle de réglementation, l’Ordre se doit d’alerter la profession qu’une pénurie pourrait survenir dans la province. Des pénuries imprévues et une planification insuffisante pourraient gravement restreindre la capacité des conseils et des écoles indépendantes de recruter du personnel dûment qualifié pour les classes de l’Ontario. De telles pénuries pourraient nuire aux programmes et éventuellement amoindrir la qualité de l’éducation.

UNE PREMIÈRE

Pour la première fois depuis que l’on fait des prévisions concernant l’offre et la demande dans le domaine de l’enseignement, le tableau de l’Ordre permet d’étudier la réserve de personnel qualifié pour enseigner en Ontario. Qu’ils vivent en Ontario ou ailleurs, qu’ils travaillent ou non à l’heure actuelle, en enseignement ou dans un autre domaine, dans une école financée par les fonds publics ou dans une école indépendante, qu’ils enseignent à temps plein, à temps partiel ou comme suppléants, tous les titulaires d’une carte de compétence conférant le droit d’enseigner en Ontario sont inscrits au tableau de l’Ordre.

L’Ordre a examiné la répartition selon l’âge des 171 500 membres en règle de l’Ordre en septembre 1998, en accordant une attention particulière aux 164 500 enseignantes et enseignants titulaires d’une carte de compétence et vivant en Ontario.

Le caractère unique de la répartition selon l’âge et la croissance rapide du taux de retraite au sein du personnel enseignant de l’Ontario sont des phénomènes abondamment documentés. Le facteur 85, un nouvel incitatif à la retraite, est offert jusqu’à la fin de 2002, ce qui accélère encore davantage le taux de retraite parmi le personnel enseignant de l’Ontario. Le Conseil du Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario signale que plus de 10 000 membres ont décidé de prendre leur retraite jusqu’en octobre, cette année.

Le retour au facteur 90 en 2003 pourrait avoir pour effet de ralentir le taux de retraite pendant un certain temps pour ceux qui auraient raté cette période spéciale d’admissibilité à la retraite. Même là, les mesures prévues dans les dispositions régulières du régime de pension invitant les enseignantes et enseignants à prendre leur retraite à 55 ans, ou peu après, continueront de présenter un fort attrait pour un grand nombre d’entre eux. Il faut prévoir des taux élevés de retraite jusqu’à ce que les enseignantes et enseignants qui ont profité de la grande vague d’embauche des années 60 aient pris leur retraite et que les contingents beaucoup plus modestes d’enseignants embauchés dans les années 70 aient atteint à leur tour l’âge de la retraite, vers la fin de la première décennie du siècle prochain.

ROULEMENT MASSIF

L’étude effectuée par l’Ordre présente des prévisions concernant les retraites dans cinq ans (2003) et dans dix ans (2008). Les catégories de certification, les matières enseignées et la région de résidence en Ontario sont tous des facteurs pris en considération pour prédire les répercussions que la situation pourrait avoir sur le plan de la dotation en personnel d’un bout à l’autre de la province. L’étude démontre que la profession doit se préparer dès aujourd’hui à faire face à un roulement massif de la population enseignante de l’Ontario.

Notre analyse ne tient pas compte de la situation professionnelle. La population étudiée comprend tous les enseignantes et enseignants en Ontario, un groupe beaucoup plus nombreux que les personnes enseignant à temps plein dans les écoles financées par les fonds publics. Néanmoins, étant donné la proportion d’enseignantes et d’enseignants inscrits occupant actuellement un poste en enseignement, les conseils devraient s’attendre à avoir des postes vacants en raison de la retraite d’environ un enseignant sur quatre au cours des cinq prochaines années et d’un enseignant sur deux au cours des dix prochaines années et ce, tant à l’élémentaire qu’au secondaire.

À LA GRANDEUR DE LA PROVINCE

Toutes les régions de la province sont menacées par le problème imminent de pénurie de main-d’œuvre. À partir de l’adresse des membres et de la répartition selon l’âge dans six grandes régions de la province – centre, est, sud-ouest, nord, nord-est et Toronto – et malgré certaines différences, nous prévoyons la retraite d’un enseignant sur quatre d’ici cinq ans et d’un sur deux d’ici dix ans dans chaque région de la province. Pour le nord, le sud, l’est et l’ouest, nous prévoyons que la moitié des effectifs aura pris sa retraite d’ici 2008.

LE FRANÇAIS, SECTEUR PROBLÉMATIQUE

La pénurie de personnel qualifié pour enseigner le français est un problème de longue date pour les conseils scolaires de l’Ontario. Les conseils qui subissent des pressions de la part des parents pour offrir davantage de programmes en français ne devraient pas se rassurer outre mesure du fait que le personnel ayant des qualifications en français langue première est un peu plus jeune que la population enseignante dans son ensemble.

En effet, on prévoit que, parmi ce groupe, près d’un enseignant sur cinq prendra sa retraite d’ici cinq ans, et un peu plus d’un sur trois d’ici dix ans.

Plus de 1 800 enseignants de français langue première prendront leur retraite d’ici 2003, et 3 700 d’ici 2008. Dans l’est et le nord de l’Ontario, où habitent la plupart des enseignantes et enseignants de langue française, le taux de retraite prévu sur dix ans est plus près de 40 pour cent, soit 2 900 personnes prenant leur retraite au cours de la prochaine décennie.

Le personnel enseignant de français langue première est aussi une source de recrutement pour les programmes de français langue seconde donnés dans les conseils scolaires de district de langue anglaise. Ces enseignantes et enseignants sont très en demande, et ce, dans les systèmes scolaires des deux langues; on peut même dire que la demande dépasse l’offre. Sans compter que certains d’entre eux choisissent d’enseigner en anglais.

Parmi les étudiants inscrits aux facultés d’éducation de la province en 1998, il y en a moins de 450 qui suivent un programme en français langue première. À moins d’un changement dans la demande ou d’une rapide vague d’inscription dans les programmes de langue française, la pénurie qui se fait déjà sentir dans de nombreux conseils scolaires prendra des proportions alarmantes, tant dans les conseils de langue française que dans les conseils de langue anglaise.

TECHNOLOGIE

La répartition selon l’âge chez les enseignantes et enseignants des programmes de technologie révèle que le point culminant des départs à la retraite chez ce groupe se produira plus tôt que pour l’ensemble de la profession. On prévoit que plus de 1 500 enseignantes et enseignants en technologie, soit un sur trois, prendront leur retraite d’ici cinq ans. Près de 2 500, soit 52 pour cent, prendront leur retraite d’ici dix ans.

LES MATIÈRES DE BASE NE SONT PAS À L’ABRI

La plupart des programmes de base au secondaire connaîtront le même roulement extraordinaire du personnel enseignant d’ici dix ans. En histoire, en mathématiques, en géographie, en sciences et en anglais, on assistera au départ à la retraite de quatre enseignants sur dix possédant ces qualifications aux cycles moyen et intermédiaire ou intermédiaire et supérieur au cours de la prochaine décennie.

Au cours de la prochaine décennie, on assistera au départ à la retraite de 6 300 enseignantes et enseignants en anglais au secondaire et de 5 200 enseignants en histoire, en plus de voir un énorme roulement du personnel dans de nombreuses autres matières obligatoires: sciences – 4 500; éducation physique et santé – 4 100; mathématiques – 3 600; géographie – 2 900; français – 2 600.

Pour l’instant, le nombre élevé d’enseignantes et d’enseignants des matières générales offre une certaine souplesse dans la gestion des ressources humaines, ce qui permet aux directions des écoles secondaires de s’adapter aux départs à la retraite. Cependant, le taux de retraite est si élevé en histoire, en anglais et en géographie, que la profession enseignante devrait encourager les élèves des écoles secondaires et des universités ayant un intérêt pour ces matières à envisager l’enseignement comme une merveilleuse possibilité de carrière.

Le secteur de la formation du personnel enseignant en Ontario n’était pas bien préparé à la grande vague d’embauche nécessaire pour faire face à l’explosion des effectifs scolaires des années 60. Mais à l’aube du siècle prochain, il n’y a plus d’excuses pour être pris au dépourvu. Certes, le programme de retraite anticipée, le facteur 85, aide la profession à s’adapter à l’évolution profonde des politiques. Cependant, le taux accéléré de retraite intensifie les défis qui se posent aux conseils scolaires en matière de recrutement.

Les excédents de personnel dans le passé et certains des changements actuels dans le monde de l’éducation ont entraîné une baisse artificielle de l’intérêt que suscite une carrière en enseignement. Le nombre d’étudiants dans les facultés d’éducation de l’Ontario a légèrement augmenté en 1998, après le niveau le plus bas jamais enregistré en 1997. Lorsque les nouvelles de l’embauche d’enseignantes et enseignants remplaceront celles des mises à pied au cours des quelques prochaines années, il y a fort à parier que l’intérêt pour la profession se ravivera.

DIRECTION D’ÉCOLE : PÉNURIES IMMINENTES

Le taux de retraite augmente plus rapidement chez les directrices et directeurs d’école qu’au sein de la population enseignante en général. Comme on peut s’y attendre, l’obtention de la qualification et d’un poste de directrice ou de directeur d’école se produit généralement à une étape avancée de la carrière. Notre étude révèle que 44 pour cent des directrices et directeurs d’école prendront probablement leur retraite d’ici cinq ans, et 64 pour cent d’ici dix ans.

Frank McIntyre est conseiller en ressources humaines à l’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario. Dans les numéros à venir, il abordera à nouveau la situation de l’offre et de la demande de personnel enseignant. On peut le joindre à fmcintyre@oct.on.ca